samedi 24 septembre 2011

HOLE - Celebrity Skin

Après 4 ans d'attente, il était temps que Hole revienne avec un nouvel album. Entre-temps, l'industrie de la musique avait beaucoup changé. Du temps de leur album Live Through This (1994), les membres de Hole faisaient du rock au goût du jour, c'est-à-dire du grunge. Il faut dire que Courtney Love, chanteuse de Hole, était alors la petite copine de Kurt Cobain de Nirvana et que celui-ci a probablement contribué à la composition des chansons. Mais le grunge est ensuite passé de mode et en 1998, au moment de la parution de Celebrity Skin, le goût du public était plutôt orienté vers le techno. De fait, Hole n'avait pas le choix de changer de style pour ne pas avoir l'air démodé. Le résultat est un album très différent de tout ce que Hole avait fait jusqu'à ce jour. Celebrity Skin me fait personnellement un peu penser à Eight Arms To Hold You de Veruca Salt paru l'année précédente, en 1997. S'étant adjoint les services de la bassiste montréalaise Melissa Auf Der Maur, il adopte un son résolument plus accessible, délibérément commercial. Les chansons ne sont plus des moments de grunge rageur mais désormais du pop rock léché et accrocheur. Ce virage spectaculaire peut causer la déception chez les adeptes de rock alternatif qui aimaient l'ancien style de Hole. Mais les chansons sont tellement sucrées et accrocheuses qu'il est difficile d'y résister. Mes chansons favorites sont Malibu et Northern Star. L'album contient bien ses moments troubles, comme on l'entend dans la voix plaintive de Courtney Love sur Dying, la sublime désolation de Petals ou surtout ce poignant cri du coeur qu'est Northern Star. Mais il laisse néanmoins l'impression d'être facile, un peu superficiel et trop commercial. Doit-on se plaindre que la mariée est trop belle? Celebrity Skin est un bon album, sans plus. Il ne réinvente certainement pas la roue mais prouve que les filles peuvent faire du rock elles aussi. C'est toujours ça de pris.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 17 septembre 2011

PIXIES - Bossanova

Pixies est l'archétype même du groupe alternatif bizarre. Et pourtant, sa musique ne ressemble à celle d'aucun autre groupe, même alternatif. Il y a bien Nirvana qui se réclame de son influence. Mais j'ai personnellement un peu de difficulté à voir en quoi cela a pu influencer Kurt Cobain. Les deux célèbres formations ont leur son propre immédiatement reconnaissable et qui ne ressemble à rien d'autre. Je décèle bien une influence mais Nirvana n'a pas cette façon propre à Pixies de structurer les phrases mélodiques sur 3 mesures au lieu de 4 mesures comme le veut le rock classique. L'influence est plutôt présente dans la ligne mélodique tellement originale de Pixies et ainsi donc de Nirvana. Bossanova est rempli de surprises mélodiques, harmoniques et rythmiques. L'album débute par une excellente reprise d'un groupe obscur, The Surftones. Il enchaîne par un flot de rock bestial avec Rock MusicBlack Francis, leader de la formation, semble ici déchaîné... avant de poursuivre avec le très célèbre Velouria. Le vidéoclip de cette chanson produit un effet hypnotique étonnant malgré sa simplicité: on y voit les membres du groupe (dont la très jolie Kim Deal) courir sur des rochers au ralenti. Notons également Dig For Fire qui me fait penser, je ne sais pas pourquoi, à du rap des années '80... Mais ma chanson préférée est The Happening à cause de son rythme irrésistible. Havalina conclut l'album sur une musique de carte postale... Il y a en tout 14 chansons pour moins de 40 minutes de musique, c'est dire que les chansons sont ultra-courtes. Il ne s'agit même pas du meilleur album de Pixies et il se classe néanmoins très haut par rapport au reste de ce qui se faisait à l'époque dans le rock alternatif. Black Francis (Frank Black pour les intimes) y expérimente comme toujours des mélodies et des structures musicales révolutionnaires pour le rock'n'roll. Bossanova est paru en 1990. Voilà une belle façon de commencer une décennie. Était-ce une manière d'annoncer le vent de folie et de changement qui allait souffler sur les années '90? Il faut dire que je soupçonne Frank Black d'être un malade mental. Je le sens dans sa musique de fou...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 18/20

mercredi 14 septembre 2011

MANIC STREET PREACHERS - This Is My Truth Tell Me Yours

Chaque fois que j'écoute mon CD des Manic Street Preachers, cela me fait penser à l'album Pet Your Friends de Dishwalla. L'association peut sembler saugrenue, mais une oreille attentive comprendra ce que je veux dire. On a ici affaire à un album sérieux et adulte. Que ceux qui aiment Kiss ou Mötley Crüe passent leur chemin. Ceci n'est pas un album rock, bien que la guitare électrique soit présente sur You Stole The Sun From My Heart, Ready For Drowning et sur Nobody Loved You. C'est plutôt de la pop adulte alternative. En effet, This Is My Truth Tell Me Yours adopte un style plein de maturité et de sagesse. La réalisation est léchée, lisse, propre et parfaitement homogène. On a droit à des textes dénonciateurs comme c'est le cas sur If You Tolerate This Your Children Will Be Next ou sur la chanson qui clotûre l'album, intitulée simplement S.Y.M.M. Les paroles sont peut-être punk mais la musique ne l'est pas. On doit admirer ici le classicisme de la conduite harmonique et mélodique, la précision et le soin apportés aux arrangements. Tout l'album est un miracle de simplicité et de finesse. Manic Street Preachers parviennent à l'émotion et à l'extase grâce à une prodigieuse économie de moyens. Cette apparente simplicité est un leurre qui cache la réelle complexité de cet album fascinant. Il regorge de mélodies accrocheuses qu'on a spontanément envie de fredonner comme If You Tolerate This Your Children Will Be Next, la chanson Tsunami ou encore le refrain de Nobody Loved You. La section des cordes est magnifique sur The Everlasting et Black Dog On My Shoulder. Les chansons durent 5 minutes en moyenne: elles sont longues et lentes, ce qui explique que le disque dure plus d'une heure. La meilleure chanson de This Is My Truth Tell Me Yours est If You Tolerate This Your Children Will Be Next. Il y a bien quelques moments plus faibles, comme la chanson My Little Empire. Mais dans l'ensemble, quel régal pour l'esprit! Il s'agit du meilleur album des Manic Street Preachers. Définitivement, This Is My Truth Tell Me Yours est un des meilleurs albums à être paru en 1998!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 10 septembre 2011

LENNY KRAVITZ - Mama Said

En 1991, Lenny Kravitz fit paraître son deuxième album intitulé Mama Said. Le successeur tant attendu de Let Love Rule ne déçût point. C'est le grand album soul de Lenny Kravitz, celui qui est le plus R'n'B. Il y déploie une grande variété de sons et de timbres, de genres et de styles. Comment ne pas succomber sous le charme des sonorités d'orgue envoûtantes de More Than Anything In This World, du violoncelle de Flowers For Zoë, de la guitare acoustique de Butterfly,  du piano miraculeux de simplicité dans l'introduction de Stand By My Woman ou simplement de la ligne mélodique saccadée des violons sur It Ain't Over 'Til It's Over, la chanson à succès de l'album? Cette pièce épouse le style de Barry White des années '70, sauf la voix de Lenny bien sûr. D'ailleurs, Lenny Kravitz utilise sa voix de fausset à de multiples reprises sur l'album. Il puise ses influences dans les années '60 et '70 avec éclectisme et un goût sûr, un son plein de références indiscutables. Always On The Run est un funk rock irrésistible qui bénéficie de la guitare de Slash de Guns N'Roses. When The Morning Turns To Night est un morceau digne de l'époque Stax et Motown mais accompagné par la guitare électrique. What Goes Around Comes Around est influencé par le style intimiste de Stan Getz des années '60 avec un solo de saxophone free-jazz. Stop Draggin' Around est proche du hard rock des années '70 et What The Fuck Are We Saying? pourrait être sorti tout droit de l'album blanc des Beatles. Que ce soit le jazz, le rock ou le R'n'B, Lenny Kravitz surfe sur ces styles pour notre plus grand bonheur. Le plus étonnant est que l'album conserve une grande unité malgré cette variété sonore. Les chansons sont souvent lentes et minimalistes, ce qui aide à contribuer à cette unité, cette logique indiscutable. Par cet album, Lenny nous prouve son talent extraordinaire de compositeur et d'interprète. Oui, les années '90 devront composer avec Lenny Kravitz, un des artistes les plus talentueux de sa génération.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 3 septembre 2011

OASIS - (What's The Story) Morning Glory?

Plusieurs clichés circulent autour du groupe Oasis. On raconte qu'ils sont tellement influencés par les Beatles qu'ils n'ont rien apporté de neuf. On raconte aussi que dans la bataille qui les oppose à Blur, ils sont plutôt réactionnaires tandis que les gars de Blur font figure de révolutionnaires. On raconte enfin que les coups de gueule des deux frères Gallagher, membres principaux de la formation toujours en guerre un contre l'autre, ont conduit à la fin du groupe le plus populaire de la scène britpop. Malheureusement, tout cela est vrai. Pourtant, ceci n'empêche pas Oasis d'être un des groupes les plus épatants de sa décennie. Il nous reste leur musique et c'est ce qui compte. D'ailleurs, parlons-en de la musique: est-elle si mauvaise que cela? (What's The Story) Morning Glory? est l'album le plus vendu d'Oasis et aussi le plus vendu de tout le bitpop. Paru en 1995, c'est un album plutôt court qui ne contient que dix chansons, mais certaines sont de véritables hymnes. C'est le cas notamment de Wonderwall, succès planétaire qui ne s'est jamais démenti, et de Champagne Supernova. L'album est hétérogène et va dans plusieurs directions, fragilisant l'unité de l'ensemble. Pour comprendre cet album, il faut regrouper les chansons par deux. D'abord, les deux premières chansons débutent l'album plutôt mal, avec Hello qui est une copie de Hello, Hello I'm Back Again (Good To Be Back) de Gary Glitter et Roll With It qui semble un peu forcé. Mais l'album enchaîne avec Wonderwall et Don't Look Back In Anger, deux chansons à succès du groupe qui témoignent des talents de compositeur de Noel Gallagher. Ensuite, il y a Hey Now! et Some Might Say dont la qualité de l'inspiration est manifeste. Mais la suite est moins réussie avec Cast No Shadow qui semble être un remake raté de Wonderwall, et She's Electric, amusante mais trop légère et hors contexte ici. D'ailleurs, cela enchaîne mal ensuite avec deux pièces aussi intenses que Morning Story et Champagne Supernova, qui terminent l'album sur une note grandiose. Personnellement, je considère que ce sont là les deux meilleures chansons de l'album, bien supérieures à Wonderwall. L'émotion de ces deux pièces est énorme et indescriptible. L'album commence en mouton mais se termine en lion! D'ailleurs, c'est avec Morning Glory que l'album aurait dû commencer au lieu d'une pièce comme Hello qui semble mièvre en comparaison. C'est un album qui n'est pas parfait mais qui présente tout de même de grandes chansons déjà devenues des classiques du rock, et il vaut son pesant d'or. Les critiques de rock et les experts sont d'avis qu'il s'agit d'un album historique pour le britpop. Je suis un fan d'Oasis et j'aime (What's The Story) Morning Glory? mais ce n'est pas mon préféré (l'album précédent, Definitely Maybe, était encore plus réussi) et en raison de son inspiration inégale, je ne peux lui accorder la note parfaite de 20/20. Toutefois, il faut avoir écouté cet album au moins une fois dans sa vie. À vous de le faire entrer dans la vôtre...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20