samedi 31 mars 2012

MANIC STREET PREACHERS - Know Your Enemy

La toute première fois que j'ai écouté Know Your Enemy, l'album que les Manic Street Preachers ont fait paraître en 2001, j'ai trouvé ça vraiment mauvais. Il m'a fallu plusieurs écoutes successives avant de commencer à l'apprécier à sa juste valeur. C'est que Know Your Enemy est passablement plus rock et cru que This Is My Truth Tell Me Yours paru en 1998 (voir ma critique de This Is My Truth Tell Me Yours du 14 septembre 2011). J'avais bien aimé This Is My Truth Tell Me Yours pour ses chansons pop très léchées mais il faut savoir que Know Your Enemy ne va pas tout à fait dans le même sens. Sur cet album-ci, les Manic Street Preachers empruntent toutes sortes d'avenues et se permettent d'explorer différents genres musicaux. C'est ainsi que les Manic Street Preachers s'essaient à la musique pop, au punk, au blues (avec la chanson Wattsville Blues), au country alternatif (avec The Year Of Purification qui fait penser au groupe de country alternatif Meat Puppets) et même au disco (avec l'incroyable Miss Europa Disco Dancer)! Cette chanson disco est cependant plus une parodie qu'autre chose et il est tout à fait surréaliste d'entendre chanter "Braindead motherfuckers" par-dessus ce pastiche disco léché à l'eau de rose... Avec ses violons dans l'aigu et son rythme de basse funky, on se croirait en 1979 même si l'album date bien de 2001. Mais cette pièce disco est vraiment l'exception sur cet album car le reste est rock, bien que les mélodies soient très accrocheuses et plutôt pop. Même si Know Your Enemy est très différent de This Is My Truth Tell Me Yours, on reconnaît bien le style provocant des Manic Street Preachers. Par exemple, sur Freedom Of Speech Won't Feed My Children, la dernière chanson de l'album, on entend les Manic Street Preachers qui chantent "We love to kiss the Dalai Lama's ass because he is such a holy man", s'en prenant au dalaï-lama et à son plaidoyer pour la souveraineté du peuple tibétain. Comment peut-on chanter un truc pareil? Comme à leur habitude, les Manic Street Preachers n'ont pas froid aux yeux et aiment tenir des propos controversés et aller à l'encontre du consensus social. Know Your Enemy ne fait pas exception à la règle, loin de là. Je le trouve certes moins parfait que This Is My Truth Tell Me Yours mais Know Your Enemy se défend très bien par lui-même et ne mérite nullement l'opprobre des bien-pensants. Il est musicalement accrocheur et textuellement intéressant. Il mérite en tous cas certainement qu'on s'y arrête. Un bon album qu'il faut cependant réécouter pour en saisir tous les aspects...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 24 mars 2012

THE BRAVERY - The Bravery

C'était inévitable, il fallait bien que les années '80 reviennent à la mode dans les années 2000. Et un des ambassadeurs de la résurrection du new wave est nul autre que The Bravery. En 2005, ce groupe a fait mouche avec ses chansons punk rock noyées dans les nappes de synthétiseurs vintage et de sons électroniques. La texture sonore est dense, avec plusieurs couches de claviers qui enterrent souvent les guitares électriques dans un bouillon électronique qui nous évoque irrésistiblement les années '80. Son plus grand succès encore à ce jour, An Honest Mistake qui débute cet album intitulé simplement The Bravery, est un hymne pour quiconque adore la new wave. Les claviers et les arrangements électroniques sont omniprésents sur la plupart des pièces, par exemple comment passer sous silence Fearless qui est une chanson punk si sucré qu'on dirait du bonbon ou Tyrant avec son rythme électro si caractéristique? Comment résister à l'aura magnétique de No Brakes, à l'élan vital de Swollen Summer ou encore à l'atmosphère festive de Public Service Announcement? On pourrait arguer que ce pillage des années '80 est parfaitement scandaleux. Mais les arrangements électroniques sont si ingénieux, originaux et inventifs qu'ils ne nous donnent que l'envie de fredonner avec le chanteur Sam Endicott. D'ailleurs, la voix idéale de Sam Endicott pour ce style rappelle bien des chanteurs des années '80. Par exemple, on croirait tellement entendre Robert Smith du groupe The Cure sur certaines chansons qu'on pourrait jurer que c'est lui! Ce n'est pas une question de nostalgie, c'est plutôt une question de travail bien fait. Chaque chanson pourrait être un succès tant les mélodies sont accrocheuses et les arrangements sont élaborés et peaufinés. La complexité des arrangements n'entravent pourtant en rien le plaisir immédiat qu'on ressent en écoutant les chansons. The Bravery est un pur joyau de musique pop, de musique new wave au 21e siècle. Voilà assurément un des meilleurs albums à être parus en 2005. Si vous aimez la new wave, les chansons pop accrocheuses ou encore simplement taper du pied sur des rythmes entraînants, alors il vous faut cet album!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 17 mars 2012

PERRY FARRELL - Song Yet To Be Sung

Perry Farrell est un homme de projets. Après avoir été le leader de la très légendaire formation Jane's Addiction et lancé en parallèle son groupe Porno For Pyros, le voici qu'il nous offre un projet solo en 2001 avec son album Song Yet To Be Sung. Le virage assez électronique de cet album a de quoi surprendre, Perry Farrell nous ayant habitués à des albums de rock alternatif. Song Yet To Be Sung est un album "électro-world", un peu comme le sera l'album Think Tank de Blur quelques années plus tard (voir ma critique de Think Tank du 21 janvier 2012). Sans son habillage d'instruments exotiques et de sons électroniques, Song Yet To Be Sung est pourtant un album qui n'est pas très différent de ce que faisait Jane's Addiction moins le côté rock'n'roll. Perry Farrell est un original avec un son très caractéristique immédiatement identifiable et cela ne se dément pas avec Song Yet To Be Sung malgré les rythmes quasi tribals et électroniques. Et c'est bien là le problème. Sung Yet To Be Sung est un album où l'enrobage électronique semble avoir été ajouté par-dessus les compositions sans que celles-ci ne se démarquent vraiment de la production antérieure de Perry Farrell. Le son de cet artiste incomparable est certes original, mais ne se répète-t-il pas un peu avec Song Yet To Be Sung? Par exemple, la chanson Happy Birthday Jubilee qui commence l'album et qui est reprise à la fin a beau être du drum'n'bass typique des groupes électroniques à la mode du tournant du siècle, il n'en reste pas moins que la chanson est de faible intérêt par rapport au style habituel de Perry Farrell. On ne se souvient pas vraiment de la chanson, même après plusieurs écoutes. Ce qui m'embête avec Song Yet To Be Sung et la musique de Perry Farrell en général, c'est l'absence de structure traditionnel dans les chansons sans couplets ni refrains ainsi que l'absence quasi généralisée de mélodies accrocheuses. Mais je fais exception toutefois de la pièce-titre Song Yet To Be Sung qui est une très bonne chanson et à peu près la seule qui soit commercialement exploitable. Je ne suis pas personnellement un grand fan de Jane's Addiction, ni de Porno For Pyros, ni de Perry Farrell et encore moins de l'album Song Yet To Be Sung. Mais je reconnais qu'il s'agit d'un album bien fait, bien réalisé, bien senti, voire profond. C'est pourquoi je lui accorde la note de 14/20 qui est généreuse en les circonstances. J'ai failli donner seulement 13/20 mais hey, c'est tout de même Perry Farrell. Un être aussi marginal, on en a besoin avec l'uniformisation de la musique pop depuis les années 2000...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20

samedi 10 mars 2012

AFGHAN WHIGS - Congregation

«I know your ass is fine but I'm the only one who can say... that it's mine». C'est ainsi que débute l'album Congregation paru en 1992 des Afghan Whigs avec la pièce Her Against Me qui ne dure que cinquante secondes. Le ton est donné pour cet album étonnant et souvent dérangeant. Baroque, excentrique, douloureux, intense, ce ne sont pas les qualificatifs qui manquent pour décrire la musique bien particulière qu'on retrouve sur Congregation. Si on fait un bref survol des chansons, on constate pour commencer que c'est le cas aussi de la seconde chanson qui enchaîne, I'm Her Slave. Les paroles sont dérangeantes mais la musique aussi avec la façon plutôt erratique de chanter de Greg Dulli ainsi que la guitare électrique qui l'accompagne. Congregation est un excellent album dans le genre du rock alternatif. Les connaisseurs et les experts de la musique rock vous diront qu'il s'agit d'un mélange détonnant de soul et de rock alternatif. Je dois avouer personnellement que l'influence soul ne m'apparaît pas évidente. Les mélodies, bien que parfaitement stylisées à la manière du rock alternatif, s'avèrent néanmoins accrocheuses pour quiconque est un peu ouvert d'esprit. C'est le cas notamment de Turn On The Water et de Conjure Me, les troisième et quatrième chansons de l'album. Conjure Me est rapide et enlevante, parfaitement accrocheuse. Kiss The Floor, la cinquième chanson, est plus modérée mais tout aussi intense. L'introduction à la sixième chanson, la pièce-titre Congregation, est excellente. C'est une des chansons les plus alternatives de l'album. Greg Dulli a cette façon de chanter très caractéristique comme s'il simulait la fin du monde... J'exagère un peu mais c'est bien l'impression que ça me fait! Dans This Is My Confession, le septième morceau, Greg Dulli chante « you were only meat to me, this is my confession angel», récidivant avec l'aspect dérangeant de Congregation. Si on poursuit l'écoute, on arrive à la huitième chanson, Dedicate It, qui semble plus désolée mais demeure assez rock. Le morceau suivant, The Temple, n'est pas une composition des Afghan Whigs mais plutôt de Andrew Lloyd Webber puisqu'il s'agit d'un extrait de la fameuse comédie musicale des années '70 Jesus Christ Superstar. Les Afghan Whigs réussissent à interpréter ce classique comme s'il s'agissait d'une de leurs oeuvres. Une oreille non avertie pourrait facilement croire qu'il s'agit d'une pièce composée par Greg Dulli. Congregation est très rock et intense, aussi fallait-il ralentir la cadence vers la fin de l'album avec la dixième chanson, Let Me Lie To You. Greg Dulli chante ici: «feeling sick you open it and discover your lover between the legs of another and he's loving it»... ce qui se passe de commentaires! Enfin, Tonight, la onzième et dernière chanson, est la plus calme de l'album tout en étant aussi trouble que le reste de Congregation. La dernière chanson? Pas tout à fait. L'album nous réserve une ultime douzième chanson en tant que piste cachée. C'est fort apprécié car l'album est relativement court et cette chanson cachée est ma préférée de l'album. Il s'agit de Miles Iz Ded dont le vidéoclip sulfureux contient tout ce qu'il faut pour la controverse comme du sexe, de l'alcool et des drogues dures! Je ne conseillerais pas forcément l'achat de cet album car il est assez alternatif et pourrait ne pas plaire à toutes les oreilles mais si vous aimez le style, Congregation est excellent dans le genre. Moi en tous cas, cela me plaît vraiment beaucoup.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 18/20

samedi 3 mars 2012

LENNY KRAVITZ - Baptism

Dès le début de Baptism, Lenny Kravitz chante Minister Of Rock 'N Roll puis I Don't Want To Be A Star. Il est le "ministre du rock 'n roll" mais ne "veut pas être une star". Ce paradoxe résume très bien Baptism. Sur certaines chansons, Lenny Kravitz nous joue du putain de rock'n roll mais sur d'autres, il se fait plus intimiste (écoutez la chanson Destiny). Comme c'est son habitude, Lenny Kravitz embrasse une grande variété de genres et de styles, même le glam rock sur California ainsi que Flash qui me rappelle un peu Rebel, Rebel de David Bowie, voire même le hip hop avec Storm qui reçoit la participation du grand rappeur Jay-Z. Pourtant, Storm n'est pas vraiment hip hop, ce n'est que l'épisode avec Jay-Z qui l'est, montrant par contraste que Lenny Kravitz est plus rock, soul ou funky que véritablement hip hop. Mais il n'y a pas que du rock sur Baptism, il y a aussi de merveilleuses ballades comme Calling All Angels dont la superbe mélodie est une des plus belles et émouvantes que Lenny Kravitz ait composées, avec la présence discrète des cordes. La palette sonore de Baptism est cependant assez réduite, Lenny Kravitz se contentant pour la plupart du temps de s'accompagner au piano et à la guitare. On entend toutefois du saxophone sur Flash, sur What Did I Do With My Life? ainsi que The Other Side. L'album ne s'en ressent pas de cette économie de moyens car Lenny Kravitz sait varier ses chansons et chacune ne ressemble à aucune autre. Baptism est très différent du cinquième album de Lenny Kravitz simplement intitulé 5 et revient plutôt au son original de ses débuts. En quelque sorte, c'est un peu Lenny Kravitz qui copie... Lenny Kravitz! Baptism ne fait peut-être pas avancer l'idée qu'on se fait de Lenny Kravitz mais c'est un album correct et satisfaisant. Il n'est bien sûr pas aussi bon que les premiers albums de Lenny Kravitz mais il vaut certainement mieux que la note d'une étoile et demie sur cinq que lui accorde l'infâme site http://www.allmusic.com/ avec lequel je ne suis pas d'accord. N'écoutez pas ce site et écoutez plutôt Baptism de Lenny Kravitz. C'est un des bons albums parus en 2004 et il n'est pas déshonorant ni pour Lenny Kravitz, ni pour vous. C'est simplement un album moyen qui présente le pain quotidien du chanteur, c'est-à-dire des chansons qu'on prend plaisir à fredonner. Un plaisir certes coupable, mais un plaisir tout de même. Merci Lenny.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20