samedi 28 juillet 2012

THE HIVES - Veni Vidi Vicious

À la fin du siècle dernier en Suède, un groupe rock fort intéressant est apparu dans le paysage musical de l'époque. Il s'agit de The Hives, un groupe punk original qui apportait du sang neuf à une industrie musicale en perte de vitesse pour ce qui est du rock de qualité. The Hives sont un groupe punk mais n'ont rien à voir avec la mode pop punk de blink-182 ou de Simple Plan. Il s'agit ici d'un authentique groupe punk, certains disent qu'ils font du garage punk pour les différencier du punk plus commercial du pop punk. Le punk est un style qui a déjà été rebelle mais on est bien loin aujourd'hui du vrai punk d'origine des années '70 avec tous ces "teen idols" du pop punk qu'on présente aux enfants pour les divertir. The Hives sont tout à fait punk, débridés et énergiques, mais cela ne les empêche pas d'avoir des chansons bien construites et accrocheuses. Avec leur album Veni Vidi Vicious paru en l'an 2000 sur étiquette Epitaph, The Hives ont frappé dans le mille en s'imposant comme un groupe marquant du renouveau du rock'n'roll avec notamment les fameux groupes The Vines et The White Stripes. L'album ne dure même pas une demi-heure tant les douze chansons de Veni Vidi Vicious sont courtes, effrenées et exubérantes, et The Hives pratiquent un rentre-dedans sans scrupules visant à faire bondir leur auditoire en délire. Les chansons Main Offender ainsi que Hate To Say I Told You So sont les plus connues mais aussi les plus tranquilles de l'album. Les autres chansons sont emportées dans le tourbillon de folie et d'insouciance du rock'n'roll festif de The Hives. Je fais exception toutefois de Find Another Girl, la ballade obligée de l'album, qui a été écrite par Curtis Mayfield mais qui est interprétée ici de façon hors pair par The Hives. Les autres chansons ont été composées par Randy Fitzsimmons, un mystérieux sixième membre du groupe que personne n'a jamais vu. En réalité, les chansons sont d'excellentes compositions de The Hives qui ont inventé ce canular pour unir le groupe sous un pseudonyme. Les titres des chansons sont aussi originales et facétieuses, par exemple on a The Hives - Declare Guerre Nucleaire ou bien Die, All Right! ou encore Knock Knock. Musicalement, la formule de chansons punk jetées en plein visage sur un tempo d'enfer pourrait tourner vite à quelque chose de systématique et de lassant avec le temps mais The Hives font par bonheur des chansons aussi inventives que les titres de leurs chansons, des pièces où l'inspiration est constamment renouvelée par le fameux Randy Fitzsimmons. Les dernières chansons de Veni Vidi Vicious ont peut-être légèrement moins de panache que les premières pièces de l'album mais ce n'est qu'une remarque subjective relativement sans importance. The Hives sont certainement un des meilleurs groupes rock des années 2000 avec Franz Ferdinand et Yeah Yeah Yeahs et il faut avoir écouté Veni Vidi Vicious si on s'intéresse à cette période faste de l'Histoire de la musique. Tout simplement phénoménal!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 21 juillet 2012

JANE'S ADDICTION - Strays

Vous pensez qu'au 21e siècle il ne se fait plus du bon vieux rock comme dans le temps? Laissez-moi corriger le tir et vous présenter l'album Strays de Jane's Addiction paru en 2003. Le chanteur Perry Farrell et le guitariste Dave Navarro forment un tandem dur à battre pour ce qui est de jouer du rock à tue-tête et de brasser la cage. Dès True Nature, la première chanson de Strays, le groupe annonce ses couleurs et ce sera rouge comme le danger. True Nature a l'effet d'un coup de massue dans le front. Le vidéoclip sulfureux associé à la chanson montre un regroupement de voyous punk et de délinquantes plutôt sexy qui tourne à l'émeute... La guitare électrique est au maximum et Jane's Addiction maîtrise très bien les ficelles d'un rock'n'roll puissant et affirmé. Les compositions sont certes un peu moins originales et imprévisibles que dans le temps où Jane's Addiction a produit ses meilleurs albums (que ce soit Nothing's Shocking ou bien Ritual De Lo Habitual) mais il y a quand même des changements de tempo ainsi que de violents contrastes entre certains passages musicaux et le résultat ciblé en fait un album avec un plus grand potentiel commercial malgré que les jeunes de nos jours semblent ne plus savoir ce qu'est le vrai rock'n'roll avec les "teen idols" montés de toutes pièces qu'on leur présente. Strays est l'antidote qu'il fallait à cette aseptisation de la musique commerciale d'aujourd'hui. Tout le vocabulaire du rock y passe et oui, il y a même des solos de guitare, gracieuseté de Dave Navarro! Pourtant, Strays ne se veut pas être nostalgique bien qu'il soit clair que Jane's Addiction ait voulu créer l'album rock de rêve du temps de leur adolescence. Strays n'innove sûrement pas la formule du rock'n'roll mais qui peut remplacer Jane's Addiction quand vient le temps de nous jouer du putain de rock? Aussi il faut en profiter pendant ça passe car la discographie de Jane's Addiction est entrecoupée de longs hiatus selon les projets musicaux des principaux membres du groupe. À part peut-être Superhero dont le refrain est malheureusement raté, toutes les chansons sont ici excellentes. Toutes les chansons sont bruyantes et décapantes ou profondes et introspectives, selon l'humeur de Jane's Addiction. Le rockeur Perry Farrell est au meilleur de sa forme et il est complètement dans son élément ici, bien plus que sur son album solo Song Yet To Be Sung qui m'avait déçu (voir ma critique de Song Yet To Be Sung du 17 mars 2012). Strays est certes anachronique mais c'est tant mieux. Le rock n'est pas encore mort... Longue vie à Jane's Addiction!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 14 juillet 2012

THE KILLERS - Sam's Town

Il est de bon ton, dans certains cercles spécialisés, de faire la moue sur The Killers, en particulier sur leur album Sam's Town. Plusieurs critiques de rock pensent que Sam's Town est une farce, une comédie. En réalité, ils en veulent peut-être à la facilité avec laquelle The Killers composent leurs mélodies, alors ils sont jaloux... Il est vrai que The Killers créent des chansons si accrocheuses qu'on peut être tenté de les accuser de facilité. De plus, Sam's Town se présente presque comme un album-concept et se veut être très ambitieux, aussi a-t-il été tourné en dérision par quelques bien-pensants de la musique. L'introduction avec la chanson-titre Sam's Town, ainsi que Why Do I Keep Counting?, l'avant-dernière piste de l'album qui se termine par des coups de timbales comme à l'orchestre, semblent donner un style opératique à Sam's Town. D'ailleurs, dans sa façon de pousser sa voix, Brandon Flowers, le chanteur de The Killers, rappelle un peu une voix de ténor. En fait, il me fait surtout penser au rockeur respecté et chéri de l'Amérique, Bruce Springsteen, notamment avec la chanson This River Is Wild. The Killers troquent ici Duran Duran pour Bruce Springsteen et délaisse le son "new wave" de leur précédent album Hot Fuss au profit d'un rock un peu plus traditionnel. La chanson Bones qu'on retrouve sur Sam's Town annonce quant à elle l'album Day & Age (2008). Mais que ce soit la guitare obsédante de Uncle Jonny ou encore la section de cuivres sur Bones, The Killers essaient plein de trucs nouveaux qu'ils n'avaient pas eu le temps d'explorer avec Hot Fuss dont la production laissait parfois à désirer. Avec Sam's Town, on a un album qui sonne très bien et très fort, supérieur à Hot Fuss pour ce qui est de la réalisation. Toutefois, les critiques n'ont pas tout à fait tort lorsqu'ils disent que Sam's Town n'invente pas grand-chose car avec U2 et Bruce Springsteen, il puise encore dans les années '80, comme Hot Fuss...! Le talent qu'on trouve dans The Killers tient plus à leur capacité à intégrer les styles du passé à leur musique et à les rendre actuels grâce à une grande facilité mélodique et harmonique. En ce sens, The Killers sont un des groupes majeurs des années 2000, même si Sam's Town ne peut pas vraiment être considéré comme un classique du rock, en raison surtout de son plagiat des styles qui l'ont précédé. Mais des chansons comme When You Were Young ou bien Bling (Confession Of A King) ou encore Read My Mind, pour ne nommer que celles-là, résonnent longtemps dans la mémoire et figurent certainement parmi mes préférées. Sam's Town est-il un album rempli de "plaisirs coupables"? On s'en fout. Oubliez donc la notion d'album-concept ou les prétentions artistiques de Sam's Town (la pochette en noir et blanc de l'album est d'ailleurs esthétisante à souhait). Avec cet album majeur de l'année 2006 et mémorable de la décennie 2000, on a droit à dix chansons excellentes (et non pas douze car Enterlude et Exitlude ne sont que des interludes) que l'on a envie de fredonner avec le chanteur Brandon Flowers. Pourquoi bouder son plaisir?

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 7 juillet 2012

THE WHITE STRIPES - Icky Thump

Icky Thump est le chant du cygne des White Stripes (le groupe s'est séparé en février 2011) et je dois dire d'emblée qu'il est également celui que j'ai le plus de plaisir à écouter. Ce n'est peut-être pas le plus génial car comment oublier Elephant qui était carrément époustouflant (voir ma critique de Elephant du 25 février 2012) mais avec Icky Thump, paru en 2007, on a un disque exceptionnel pour ce qui est de l'inspiration, de la diversité et de la vie que prodigue Jack White, le leader de la formation, à la musique de l'album Icky Thump. Et regardez la pochette de cet album telle qu'elle est illustrée ici, n'est-ce pas que The White Stripes ont le sens de la mode? Les accoutrements extravagants de la pochette correspondent à la musique exubérante de l'album. Des chansons comme Icky Thump, la pièce-titre avec laquelle démarre l'album, ainsi que le rock endiablé de Bone Broke, sont là pour le prouver. Mais il ne faut pas négliger de mentionner des morceaux plus en retenue et introspectifs, comme c'est le cas de 300 M.P.H. Torrential Outpour Blues et surtout A Martyr For My Love For You. Et comment font The White Stripes pour placer sur le même album des pièces aussi divergentes que Conquest, une musique mexicaine du genre que le grand Quentin Tarantino apprécierait pour la trame sonore de ses films, et Prickly Thorn, But Sweetly Worn qui me rappelle les bons albums de Michelle Shocked, avec cornemuse en prime...? Le dynamisme et la variété qui ressortent de cet album étonnant font en sorte qu'on a ici quelque chose d'extraordinaire. J'ai par ailleurs été déçu d'apprendre que Conquest n'est pas une composition originale du groupe, mais l'interprétation qu'en fait Jack White est tout simplement géniale. La fin de Icky Thump, avec notamment des chansons comme I'm Slowly Turning Into You ainsi que Catch Hell Blues, est certes un peu moins intéressante, mais ce n'est que relatif à l'extrême qualité du reste de l'album. D'une certaine façon, Icky Thump annonce Consolers Of The Lonely, l'album que produira Jack White avec son groupe parallèle The Raconteurs que j'avais d'ailleurs vraiment bien apprécié (voir ma critique de Consolers Of The Lonely du 14 avril 2012) puisque The White Stripes empruntent avec Icky Thump des sentiers nouveaux qu'ils n'avaient pas explorés jusqu'à présent. S'il est une qualité manifeste du groupe The White Stripes, c'est qu'ils ne se répètent pas, qu'ils se renouvellent toujours. C'est ce qui fait en sorte qu'il faut posséder tous les albums de The White Stripes, tous aussi intéressants et étonnants les uns que les autres, surtout que le groupe n'existe malheureusement plus à cause de problèmes d'anxiété de Meg White, l'autre membre du groupe avec Jack White. Mais par bonheur, cela n'empêche pas Jack White de continuer à créer sous son nom propre, c'est-à-dire de faire carrière solo. Espérons seulement que Meg White prenne du repos et qui sait, le groupe se reformera peut-être un jour...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20