samedi 29 octobre 2011

HOLLY McNARLAND - Stuff

La chanteuse canadienne Holly McNarland est l'exemple typique de l'artiste féminine restée dans l'ombre de la mégastar Alanis Morissette en même temps qu'elle a profité de la vague de nouvelles chanteuses révoltées qui ont suivi Alanis Morissette à partir du milieu des années '90. Holly McNarland a certes connu un certain succès avec son album Stuff, paru en 1997, grâce notamment à sa chanson Numb qui a joué sur les chaînes musicales de télé spécialisées, au Canada du moins. Mais son album n'a jamais connu le destin glorieux de Jagged Little Pill, en dépit d'excellentes compositions et de paroles tourmentées à souhait. C'est que Stuff est un album inégal: il commence très fort avec des pièces fort inspirées comme Numb et Elmo, mais se corse dans le dernier tiers de l'album avec Mystery Song qui a des sonorités Nouvel Âge hors de propos ici, Just In Me qui est franchement affreux et complètement raté et Twisty Mirror qui détone un peu. Heureusement, l'album conclut avec I Won't Stay, une chanson simple mais qui fait beaucoup de bien. Holly McNarland est avant tout une excellente interprète qui sait varier sa voix dans de splendides nuances et exprimer les tourments de son âme. C'est aussi une bonne auteure et parolière aux propos parfois provocants, toujours dérangeants. Il suffit pour cela d'écouter le texte de Coward par exemple où Holly semble bien tourmentée. Mes chansons favorites toutefois, à part bien sûr le succès Numb, sont Water et The Box, mais les sept premières chansons sur onze au total ont toutes un petit je-ne-sais-quoi qui me fait personnellement vibrer. Le talent de l'auteure-compositrice-interprète canadienne Holly McNarland est assez manifeste et il est dommage que les dernières chansons de Stuff laissent à désirer. Ce n'est pas que Holly McNarland innove vraiment la formule inventée par Alanis Morissette mais disons qu'elle a en dépit de tout son petit style bien à elle et immédiatement reconnaissable. L'album Stuff de Holly McNarland, pour ses petits trésors cachés, ne méritait pas de passer inaperçu dans le flot de nouvelles chanteuses des années '90. Au contraire, on peut juger aujourd'hui du talent de cette artiste sensible oubliée de nos jours.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 22 octobre 2011

PRIMUS - They Can't All Be Zingers

Primus est certainement un des groupes les plus sous-estimés des années '90. Quand vient le temps de dresser des listes des meilleurs groupes de cette décennie, on a toujours tendance à inexpli-cablement les oublier. They Can't All Be Zingers vient heureusement rectifier le tir en nous rappelant combien Primus était fou et original. Cette compilation parue en 2006 retrace la carrière de Primus à partir de ses débuts avec un minutage généreux de plus de 76 minutes réparties en seize chansons présentant le meilleur de Primus. Les chansons sont classées par ordre chronologique, ce qui est une bonne chose car cela permet de suivre l'évolution de Primus au fil des années '90. On y trouve le succès My Name Is Mud, paru en 1993, qui fit beaucoup pour la renommée de Primus. À cette époque, plusieurs groupes avaient émergé de la scène funk rock alternative: on n'a qu'à penser aux Red Hot Chili Peppers, à Infectious Groove, etc... Mais la folie et l'humour de Les Claypool, chanteur et bassiste de Primus, le distingue de tous les autres. Son univers baroque et singulier transparaît autant dans l'excentricité de ses paroles que dans le groove funky de sa basse électrique. Sur la chanson Coattails Of A Deadman, Les Claypool chante en duo avec un autre excentrique et non le moindre, soit le génial Tom Waits. They Can't All Be Zingers est une étrange compilation dont la pochette du CD ressemble à l'emballage en plastique d'un paquet de tranches de fromage (on connaît bien les affinités de Les Claypool pour le fromage) mais c'est une compilation de rêve car elle présente tous les moments savoureux de Primus comme My Name Is Mud et Coattails Of A Deadman. D'ailleurs, mes chansons préférées issues de la compilation sont la bestiale Jerry Was A Race Car Driver, la très funky Tommy The Cat, la mystérieuse Southbound Pachyderm et puis bien sûr My Name Is Mud ainsi que Coattails Of A Deadman pour Tom Waits, sur le rythme à trois temps d'une curieuse valse fantastique. Les autres chansons sont également excellentes et cette compilation de Primus est un must pour quiconque veut s'initier à l'univers bien particulier de Primus. They Can't All Be Zingers est l'album idéal pour une première incursion qui garantit à coup sûr de très heureuses découvertes.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 18/20

mercredi 19 octobre 2011

SONIC YOUTH - Washing Machine

La légendaire formation Sonic Youth avait déjà fait paraître toute une pléthore d'albums lorsque Washing Machine nous arriva en 1995. La capacité de se renouveler a ses limites et Washing Machine montre quelques signes d'essoufflement au niveau de l'inspiration. C'est ce qui explique, du moins en partie, que l'album sonne ici un peu ordinaire. Par "ordinaire", j'entends que c'est "ordinaire" pour Sonic Youth alors que ce serait étrange pour bien d'autres groupes. Ce qui est bizarre pour les uns est normal pour les autres. Sonic Youth conserve sa volonté artistique de faire utilisation du bruit dans sa musique même si la plupart des chansons ont une mélodie soutenue par une section rythmique. Il faut toutefois faire exception de The Diamond Sea, la dernière chanson de l'album. Cette pièce de près de vingt minutes débute normalement mais dérive vers une orgie de bruit à la guitare électrique distortionnée. À cause de cette chanson, l'album dure plus de 68 minutes dont plusieurs minutes de pur bruit pour conclure. Il faut dire que la formation a été fort expérimentale par le passé et le meilleur de Sonic Youth remonte aux années '80. Leurs albums capturaient l'esprit du moment tout en conservant leur style immédiatement reconnaissable entre autres par l'utilisation du bruit généré par des instruments de musique. Toutefois, ici sur Washing Machine, Sonic Youth est moins convaincant. Les premières chansons sont typiques de Sonic Youth mais servent surtout à nous situer dans l'univers habituel de la formation. Les chansons avec davantage de caractérisation arrivent en dernier comme Little Trouble Girl, la chanson d'inspiration country Unwind (qui l'aurait cru?), la piste 9 qui est une pièce cachée instrumentale car elle n'est pas inscrite à l'endos de l'album, No Queen Blues qui fait penser à la fin à un pantin automate déréglé ou ma chanson préférée pour son rythme carré irrésistible, Panty Lies. Ces chansons sont intéressantes et sauvent Washing Machine de l'ennui. En fait, cet album-ci reste préférable à bien d'autres albums timorés de musique commerciale produits à la chaîne par l'industrie. Pour cette raison, Washing Machine demeure un album qu'on doit respecter et aimer. J'aime bien Panty Lies qui est chanté par la voix un peu enfantine de Kim Gordon. Il faut savoir que Sonic Youth est une formation tricéphale. Plusieurs membres prêtent leur voix à Washing Machine: il y a Kim Gordon, Lee Ranaldo et Thurston Moore, ce qui permet à Sonic Youth d'avoir des voix féminines et masculines. Notons aussi la participation de Kim Deal du groupe The Breeders sur la chanson Little Trouble Girl. En somme, Washing Machine n'est certes pas le meilleur album de Sonic Youth mais il est quand même assez bon pour justifier l'achat des fans.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 15 octobre 2011

NIRVANA - Nevermind

Le grunge est né en 1991 avec Nevermind. Cette affirmation n'est pas exagérée si on songe à toutes les portes que Nirvana a ouvertes aux groupes qui ont suivi. La décennie '90 telle qu'on la connaît n'a pas de sens sans Nevermind. Selon l'avis d'experts et de critiques du rock, Nevermind est le meilleur album de toute la décennie. Je dois dire que je partage cette opinion. Nirvana a mis fin au hair metal des années '80 avec Poison, Cinderella et Warrant pour remettre la rébellion du rock en avant de la scène. Le titre de Nevermind fait d'ailleurs penser à Nevermind The Bollocks des Sex Pistols. Et de fait, tous les deux ont été des albums qui ont fait table rase de la mode imposée par l'industrie musicale. Smells Like Teen Spirit, la chanson en ouverture de l'album, aura été un cri de rage, l'hymne de révolte de toute une génération. Nirvana a tellement été associé à cette chanson que Kurt Cobain, le chanteur et leader de Nirvana, ne voulait même plus la jouer à la fin. Pourtant, les autres chansons de Nevermind sont toutes dignes d'intérêt. Les mélodies y sont si accrocheuses et bien travaillées qu'il est impossible d'y résister. D'ailleurs, Kurt Cobain martèle ses mélodies à répétition comme s'il voulait nous dire: «enfoncez-vous bien ça dans le crâne»! Le style original de Nevermind, selon l'aveu de Kurt Cobain lui-même, doit en partie aux Pixies. Mais Nirvana mélange cette influence à bien d'autres choses dont surtout le style punk. Pour Kurt Cobain, le rock'n'roll, c'est avant tout du punk. D'ailleurs, des quatre grands groupes sortis du mouvement grunge (Soundgarden, Alice in Chains, Pearl Jam et Nirvana), il n'y a que Nirvana qui présente l'influence du punk. Cela s'entend clairement entre autres dans l'air rageur de Smells Like Teen Spirit bien sûr, mais aussi le rythme effréné de Territorial Pissings ou le rock débridé de Stay Away. Il y a bien des pièces plus calmes comme Polly en version avec guitare acoustique ou Something In The Way qui est un morceau très lent accompagné au violoncelle. C'est d'ailleurs sur cette pièce-ci que se conclut l'album. Nevermind se conclut sur du violoncelle, vraiment? Pas tout à fait. Après un peu plus de 42 minutes de musique, on a droit à un véritable trou béant d'approximativement 10 minutes de silence avant que Nirvana récidive avec une pièce audacieuse de 7 minutes de musique cacophonique à la limite du bruit. En 1991, insérer des pièces cachées à la fin des CD n'était pas chose courante et je me demande même si c'est Nirvana qui a parti cette mode. Le fait que la pièce cachée soit aussi bruyante ne fait qu'ajouter à la surprise et montre à quel point Nirvana était un groupe avec des couilles. Le suicide en 1994 de Kurt Cobain, le seul vrai cerveau derrière Nirvana, à l'âge fatidique de 27 ans (Jimi Hendrix, Jim Morrisson et Janis Joplin sont tous morts à cet âge), a été une perte terrible pour le rock'n'roll... Le batteur Dave Grohl, libéré de l'emprise de Kurt Cobain, n'a pas perdu de temps et a fondé la formation Foo Fighters qui a aussitôt connu du succès et est encore populaire de nos jours. Quant à Kurt Cobain, il est entré dans la légende pour l'éternité. Nevermind est un classique du rock qui a marqué son époque mais demeure excellent encore aujourd'hui.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 20/20

samedi 8 octobre 2011

MEAT PUPPETS - Too High To Die

Oui, ce sont bien les Meat Puppets qui sont à l'origine de la chanson qu'on entend à la fin de Too High To Die en tant que piste cachée placée immédiatement après Comin' Down mais qui avait auparavant été reprise par Nirvana lors de l'enregistrement d'un concert acoustique pour MTV. La chanson s'intitule Lake Of Fire et a été composée il y a plusieurs années par Curt Kirkwood, le chanteur des Meat Puppets, avant d'être popularisée par Nirvana en 1994 qui est aussi l'année de parution de Too High To Die. Meat Puppets n'ont donc pas perdu de temps et l'ont enregistrée de nouveau afin de profiter du succès remporté par la reprise de Nirvana, puis l'ont ajoutée comme quatorzième chanson de Too High To Die. L'estime que porte Nirvana pour Meat Puppets est méritée et montre à quel point ce groupe est injustement mal connu auprès d'un large public. Serait-ce ses influences country qui empêchent Meat Puppets d'être appréciés d'une audience plus vaste? Pourtant, ce country est complètement intégré au rock alternatif de Meat Puppets et ne devient que rarement apparent comme c'est le cas avec Shine et surtout Comin' Down. Les autres chansons sont du rock entraînant et bon enfant, très agréable à l'écoute. D'ailleurs, l'album est très accessible, c'est-à-dire facile à suivre et à écouter. La musique est souvent très animée, que ce soit We Don't Exist avec son tempo d'enfer, Things et son rythme irrésistible ou encore Station et son allure ludique et amusante avec sa petite guitare rigolote. Mais Meat Puppets savent aussi être plus sérieux comme sur Roof With A Hole qui est un slow rock presque blues au tempo plus modéré. Mes chansons favorites sont toutefois Lake Of Fire et Evil Love. Pour l'anecdote, sur Severed Goddess Hand, le chanteur prouve qu'il a du souffle avec une longue note tenue sans respirer vers le milieu de la chanson... Mais parfois, la voix de Curt Kirkwood est à la limite de la justesse, comme c'est le cas par exemple sur Shine. Il faut dire que Curt Kirkwood n'est certes pas un grand chanteur. Cependant, cela lui donne un certain charme ingénu. Si Meat Puppets faisaient de la peinture, ce serait sûrement de l'art naïf! Il est franchement regrettable que Meat Puppets ne soient pas connus davantage. Si vous ne connaissez pas Meat Puppets, il est grand temps de remédier à cette situation!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 1 octobre 2011

TORI AMOS - Little Earthquakes

Rarement un premier album n'aura été aussi réussi et parfait. Les chansons qui composent Little Earthquakes de Tori Amos sont comme de petites oeuvres d'art personnalisées. C'est ainsi que les cinq premières chansons de Little Earthquakes sont des chefs-d'oeuvre absolus. C'est indubitable. Ensuite, Tori Amos se permet d'explorer diverses avenues telles que l'humour intelligent dans Happy Phantom, l'allure semi-improvisée de Mother et la musique a cappella avec Me And A Gun qui raconte une tentative de viol dont elle fut victime. La puissance d'évocation de Tori Amos est étonnante. Dans Winter, on sent bien que c'est l'hiver. Happy Phantom fait surgir le spectre d'un fantôme joyeux et China évoque l'éloignement de contrées lointaines. Cette capacité d'évoquer des idées précises se double du pouvoir d'émouvoir l'auditeur. Chaque fois que j'entends Girl, j'ai la chair de poule. Crucify, le grand succès de l'album, est à la fois douloureux et impitoyable. Dans le climax de Winter, on croirait entendre un choeur de 1000 personnes accompagné par un orchestre philharmonique au grand complet... Non, j'exagère beaucoup mais c'est l'impression que me fait la musique de Tori Amos. D'où lui vient un talent pareil? Je l'ignore mais une chose est sûre, Tori Amos a reçu une formation classique. Cela paraît dans sa façon d'aborder la musique, de jouer du piano. Le contact avec les grands maîtres l'a peut-être influencée, ne serait-ce que sur le plan technique. Mais en dépit de cet enseignement académique auquel elle était peu attentive cependant, l'émotion n'est jamais sacrifiée à la technique ou aux règles musicales. Au contraire, cette connaissance lui permet de mieux exprimer son univers personnel et lui donne la maîtrise totale de son art. C'est d'ailleurs Tori Amos qui a remis le piano au goût du jour en tant qu'instrument d'accompagnement à la place de la guitare, ce qui a influencé plusieurs artistes populaires dont Fiona Apple, Chantal Kreviazuk et toutes les autres. Tori Amos a été souvent imitée, jamais égalée. Avec ce premier album paru en 1992 (ne pas se fier à la date inscrite au dos de l'album), Tori Amos prouve qu'elle est véritablement une artiste accomplie. Little Earthquakes est un des meilleurs albums des années '90. Il faut absolument que vous ayez cet album hors du commun dans votre collection.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 19/20