SMASHING PUMPKINS - MACHINA/The Machines Of God

Après l'échec commercial de son album Adore, Billy Corgan, chanteur et leader de la formation Smashing Pumpkins, nous revenait avec son groupe en l'an 2000 pour nous présenter son album MACHINA/The Machines Of God. Sur ce nouvel opus, les Smashing Pumpkins délaissent les sons électroniques qui avaient tant nui au succès de l'album Adore. Pour MACHINA/The Machines Of God, la guitare électrique domine sur les seize chansons de l'album. Je dis bien "seize" et non pas quinze comme le suggère l'endos de l'album car il y a une chanson cachée sur la piste 10. Avec seize chansons et plus de 73 minutes de musique, c'est un album fort long, pour ne pas dire par moments interminable. Le problème est que tout l'album est noyé dans le son très léché des guitares électriques, faisant en sorte que toutes les chansons se ressemblent. La production de l'album est fortement homogène, c'est le moins que l'on puisse dire, avec un son certes très beau mais qui devient ennuyant après plusieurs chansons. C'est d'autant plus frustrant parce que l'ensemble sonne magnifique, on voudrait pouvoir aimer les chansons. Les compositions sont bonnes, quoiqu'un peu prévisibles, mais surtout gâchées par une réalisation trop lisse où rien ne dépasse. En fait, Billy Corgan semble parfois indifférent à ce qu'il chante, comme si l'insuccès de Adore lui avait fait perdre ses illusions. À part The Everlasting Gaze, le morceau le plus connu de l'album, aucune chanson ne ressort vraiment du lot. Mentionnons quand même Raindrops + Sunshowers, Stand Inside Your Love dont le vidéoclip est très beau, Heavy Metal Machine avec son air scandé et la dernière pièce de l'album, Age Of Innocence que j'aime bien. Avec seize chansons, il est clair que l'album est trop long et Billy Corgan aurait dû ôté quelques chansons. Ceci dit, MACHINA/The Machines Of God est tout de même un album convenable, bien travaillé et avec un style très accrocheur. Le son est sucré comme de la barbe à papa et on pourrait imaginer que Billy Corgan était comme un enfant dans une confiserie. Malheureusement, il n'arrive que rarement à nous faire partager son excitation. Notons que MACHINA/The Machines Of God a bénéficié de la participation de D'arcy mais qu'après son départ, c'est la bassiste Melissa Auf Der Maur du groupe Hole qui a pris la relève pour la tournée des Smashing Pumpkins. Si vous aimez The Everlasting Gaze, vous aimerez peut-être MACHINA/The Machines Of God mais sachez que toutes les chansons ne se démarquent pas autant. L'album est réservé avant tout aux fans endurcis qui aiment le nouveau style de Billy Corgan. Pour les autres, il y a Mellon Collie And The Infinite Sadness. Il faut savoir que MACHINA/The Machines Of God est un album correct mais pas incontournable. Vous ne pourrez pas dire que vous n'avez pas été prévenus!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20

BLUR - Think Tank

Avant Think Tank, Blur est passé par maints styles musicaux différents. C'est ainsi que Blur a d'abord connu une période Madchester, puis une période britpop, ensuite une période plus rock à l'américaine, une période expérimentale et enfin une période plus "électro-world" avec la parution de Think Tank en 2003. En effet, cet album de Blur utilise les sonorités du Moyen-Orient sur quelques chansons, en plus d'opter pour une réalisation plus électronique. Think Tank débute d'abord par Me, White Noise, une longue piste cachée de presque sept minutes précédant la première pièce. Cette introduction annonce tout de suite la nouvelle orientation électro de Blur. Les deux premières chansons proprement dites, Ambulance et Out Of Time avec son solo d'instrument du Moyen-Orient, laissent présager un album de bonne qualité pour Blur. Malheureusement, la suite n'est pas aussi glorieuse. Crazy Beat rappelle peut-être Song 2 mais la pièce Good Song qui suit, une chanson au titre prétentieux par rapport à sa qualité réelle, ainsi que On The Way To The Club, sont passables mais on peut s'attendre à mieux de la part de Blur. En fait, tout l'album de Blur oscille entre le bon et le passable, révélant que Blur semble être à court d'inspiration sur ce nouvel opus. L'inspiration semble faire cruellement défaut au groupe qui ne présente ici que des morceaux un peu niais comme c'est le cas par exemple de Brothers And Sisters et même de Moroccan Peoples Revolutionary Bowls Club. Après s'être perdu dans des recherches sonores un peu tordues avec leur album 13, Blur semble vouloir faire ici un album plus léger et amusant que leur précédent album. Mais Blur ne parvient qu'à abrutir l'auditeur. Par exemple, Jets est probablement une des pires chansons que j'ai entendu de ma vie. L'horrible pièce se conclut par une touche de jazz au saxophone qui est toutefois la bienvenue. Heureusement, Gene By Gene semble un peu plus réussi dans sa volonté de divertir par son côté humoristique. La dernière pièce de l'album, Battery In Your Leg, est également très touchante et réussie. Mais la plupart des autres chansons de l'album sont à la limite de l'acceptable pour un groupe de la trempe de Blur. Il est difficile de faire la critique de cet album car certaines chansons sont ridicules tandis que d'autres sont très bonnes. Mais en somme, Think Tank est un album trop léger, inégal, qui renferme des chansons médiocres et qui laisse sur notre appétit. Cependant, il est à parier que les vrais fans de Blur voudront quand même se le procurer pour Crazy Beat et les quelques autres bonnes chansons qu'on peut retrouver sur l'album. Think Tank n'est certes pas le meilleur album de Blur, ni même un très bon album, mais il peut faire passer du bon temps à une personne peu exigente musicalement parlant.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20

RADIOHEAD - In Rainbows

In Rainbows de Radiohead est bel et bien paru en 2008. L'album était disponible sur Internet en format numérique en 2007 mais le CD n'est apparu chez les disquaires qu'en janvier 2008. Comme je ne critique que des CD de ma propre collection, la mention de 2008 n'est donc pas erronée. En 2007, Radiohead a beaucoup fait jaser en lançant leur album In Rainbows tout à fait gratuitement sur le Web. Les usagers ne payaient que ce qu'ils désiraient. Radiohead n'a pas beaucoup fait d'argent avec cette idée, aussi il vaut mieux se procurer la version CD pour s'assurer que Radiohead reçoive un peu d'argent. Car ce groupe excellent le mérite grandement et leur album In Rainbows est là pour le prouver. Encore une fois, Radiohead nous propose un album très réussi, émouvant et accrocheur (il n'y a rien de bizarre dans la musique de Radiohead, c'est un mythe qui est entretenu depuis la parution de leur album expérimental Kid A). Avec In Rainbows, Radiohead atteint un autre niveau de perfection musicale avec des pièces sophistiquées mais accessibles et c'est d'ailleurs cela qui explique leur succès: un mélange de recherche sonore avec des mélodies très accrocheuses et expressives. In Rainbows est un album encore plus raffiné que tout ce que Radiohead avait fait auparavant. Des pièces comme Nude et Reckoner par exemple s'en trouvent sublimées, transcendées par la touche incomparable de Thom Yorke, leader de la formation. In Rainbows atteint le statut d'art rock par sa finesse, sa profondeur et sa perfection sonore. Tout est véritablement sublime sur In Rainbows, sauf peut-être Faust Arp qui est un peu moins intéressante, mais c'est l'exception qui confirme la règle comme on dit. En fait, Faust Arp ressemble plutôt à un interlude marquant une pause sur un album dont le reste est absolument génial. L'album se termine sur Videotape, une pièce d'inspiration minimaliste tout à fait obsédante, hypnotisante. Radiohead a également lancé un vidéoclip pour l'excellente chanson House Of Cards dans le but de promouvoir leur album. Il n'y a aucune image filmé pour ce vidéoclip étonnant, seulement le rendu visuel de capteurs qui mesurent la distance entre Thom Yorke et leur point de départ. Le résultat est superbe, surtout grâce au support de l'enivrante musique de House Of Cards. D'ailleurs, si vous aimez l'extrait House Of Cards, vous devriez beaucoup apprécier l'album In Rainbows de Radiohead car cela représente assez bien l'album. Mais n'oubliez pas d'acheter la version physique pour que Radiohead ait un peu d'argent...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 19/20

THE STROKES - Is This It

Il existe deux versions différentes de cet album. Bien s'assurer d'avoir la version avec la chanson New York City Cops et la pochette sexy illustrée ici. Comme cet album est paru en 2001, l'année des attentats terroristes contre le World Trade Center à New York, la chanson New York City Cops a été remplacée par une autre aux États-Unis. Pourtant, cette chanson est très bonne et se démarque même du reste de l'album. Voilà donc pourquoi il faut posséder la version originale dont la pochette, comme vous pouvez le constater, est d'ailleurs bien plus émoustillante que celle de l'autre version. Musicalement, Is This It a fait du groupe The Strokes l'un des meilleurs groupes des années 2000. Is This It est arrivé à une époque où les groupes rock à la mode s'appelaient Limp Bizkit, Kid Rock et Crazy Town. Is This It tranche franchement avec la mode du "rap rock" de l'époque et apporta un véritable vent de fraîcheur dans l'industrie musicale d'alors. Sans The Strokes, il n'y aurait peut-être pas eu des groupes comme Interpol ou Franz Ferdinand. En ce sens, The Strokes sont un des groupes les plus originaux de leur génération et aussi un des plus importants. Is This It peut déjà être considéré comme un classique du rock par son influence et son rôle déterminant dans la création du son de la décennie 2000. Les chansons sont courtes et l'album ne dure que 36 minutes, puisant son inspiration dans le rock alternatif des années '70 mais aussi le britpop des années '90. D'ailleurs, Is This It fait penser à plein de groupes et de styles tout en ne ressemblant à aucun autre. Sur Is This It, The Strokes sacrifient les belles mélodies à une conception plus portée sur de courts motifs musicaux sur lesquels ils construisent les chansons. L'utilisation très caractéristique de notes répétées comme dans Alone, Together et Hard To Explain par exemple se retrouve dans la musique de certains autres groupes alternatifs qui ont suivi (dont Interpol). D'un point de vue souverainement classique, la musique de leur album Is This It est bourrée de fautes et d'incongruités musicales et Mozart doit se retourner dans sa tombe. Mais The Strokes font avant tout du rock'n'roll et c'est cette liberté vis-à-vis des règles de l'harmonie, ce salissage qui fait justement tout l'attrait et le charme de Is This It. De plus, on ne s'en lasse pas et l'album conserve encore toute sa fraîcheur, même aujourd'hui. The Strokes, avec leur album Is This It, sont très certainement à connaître absolument pour comprendre les années 2000 ou simplement pour apprécier l'originalité de leur art. Remarquable.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 19/20