samedi 28 avril 2012

TREBLE CHARGER - Detox

La formation canadienne Treble Charger est passée par bien des orientations artistiques différentes au cours de son existence. Treble Charger est surtout connu pour son succès American Psycho issu de Wide Awake Bored, leur album précédent. Je n'ai pas encore écouté Wide Awake Bored, aussi je ne puis me prononcer sur cet album. Avec Detox, paru en 2002, je constate que Treble Charger semble bien mêlé avec leur direction musicale. C'est que Treble Charger était jadis un groupe de rock alternatif intéressant au Canada. Mais le groupe a changé son style pour quelque chose de totalement adolescent et commercial, une sorte de pop punk sans grande originalité. Sur Detox, Treble Charger essaie de mélanger les deux styles, c'est-à-dire leur style alternatif des années '90 avec le son pop rock à la Sum 41. Non seulement Treble Charger adopte un style sans intérêt, mais en plus le groupe n'est même pas capable d'y aller à fond, ce qui fait que Detox est composé de chansons disparates qui ne fonctionnent pas du tout ensemble. En fait, Hole In Your Head est peut-être la chanson dont ce croisement hybride est le plus réussi, ou le moins raté. Ailleurs, l'album tangue tantôt vers un style résolument commercial avec des chansons comme Don't Believe It All et Hundred Million dont le vidéoclip contient une brève apparition de la chanteuse pop Avril Lavigne (ce qui ne laisse aucun doute sur leur volonté de rejoindre un public adolescent), ou tantôt vers un style alternatif dont le plus parfait exemple est Drive, la dernière chanson de l'album, une pièce de plus de sept minutes qui n'a rien à voir avec le reste. C'est la meilleure chanson de Detox mais aussi celle qui a le moins rapport! En raison de l'orientation délibérément commerciale de Detox, il va de soi que les mélodies sont très accrocheuses et contagieuses. Don't Believe It All est la ballade obligée de cet album de rock énergique très adolescent. J'ai décidé de faire une critique de cet album car j'avais un message à lancer aux musiciens en herbe. Pitié, quand vous avez trouvé un style qui soit intéressant, n'essayez pas de l'édulcorer ou pire, de l'abandonner au profit d'un autre style moins original pour obtenir du succès commercial. Le résultat pourrait bien être Detox. Inutile de dire que l'album est à reléguer aux oubliettes... Detox ne passera pas à l'Histoire, ni même à l'Histoire du rock canadien. Jadis, Treble Charger était pourtant un groupe canadien qui avait de bonnes qualités musicales, on pouvait être fier de Treble Charger au Canada! Dire que tout cela est parti en fumée...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 13/20

samedi 21 avril 2012

THE VINES - Highly Evolved

Pixies a influencé Nirvana, Nirvana a influencé The Vines. C'est ainsi qu'on peut suivre la chaîne des influences qui conduit jusqu'à Highly Evolved. Dès le début de l'album, avec la chanson-titre Highly Evolved, le rock adolescent de The Vines résonne comme si Kurt Cobain avait ressucité et s'était présenté aux séances d'enregistrement de l'album. Les chansons à succès du groupe, comme Outtathaway et Get Free, ressemblent fort curieusement à des pastiches de grunge au 21e siècle. En fait, l'album est paru en 2002 mais on dirait que The Vines sont restés en 1992, avec 10 ans de retard. Ce plagiat évident de Nirvana, on s'en doute, nuit à l'impression de qualité qui ressort de Highly Evolved. The Vines ont beau faire partie de cette mode du renouveau rock du début de la décennie 2000 avec ses confrères The Strokes et The Hives, il n'en reste pas moins que le son grunge du groupe les marginalise dans ce mouvement musical. En fait, The Vines n'ont eu qu'à surfer sur cette mode pour passer à la postérité, même si leur son n'a rien à voir avec cette mode. En réalité, les chansons ne sont pas si mauvaises mais le style grunge du groupe n'est évidemment pas très original. Les chansons sont fortement contrastées d'une à l'autre, The Vines passant du rock très tordu aux ballades très soft qui fondent sur vous comme de petits caramels chauds et mous. Pour les ballades, The Vines s'écartent fort heureusement de leur son grunge pour faire place à de la musique planante comme Autumn Shade et Mary Jane. D'ailleurs, les membres de The Vines ont probablement fumé de la marijuana en composant Mary Jane... En ce sens, Highly Evolved se présente comme un album léger avec un grand potentiel commercial. Les chansons plus rock ont des ritournelles accrocheuses et irrésistibles tandis que les ballades sont hypnotisantes ou hallucinantes. Le tout donne l'impression d'avoir été composé sans effort. Bien entendu, ce n'est qu'un leurre. The Vines sont avant tout des professionnels qui ont une idée très précise de ce qu'ils veulent créer. Par exemple, ils savaient ce qu'ils faisaient en écrivant Factory, une chanson qui se démarque du lot à cause de son couplet au style si pittoresque qu'il me fait penser à la mauvaise trame musicale d'un voyage au Club Med. Heureusement que son refrain retourne à un style plus rock et conventionnel car le couplet est assez ridicule à mon humble avis. Ma chanson préférée de Highly Evolved est plutôt In The Jungle qui présente une composition un peu plus complexe et élaborée que les autres pièces. Cependant, il faut savoir que l'album Highly Evolved est tout sauf "hautement évolué". Ne vous fiez pas à ce titre trompeur et pernicieux. C'est plutôt un album couci-couça dont on ne sait trop s'il faut l'aimer ou le détester. Moi, je préfère écouter Nevermind...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 14 avril 2012

THE RACONTEURS - Consolers Of The Lonely

À regarder la photo en noir et blanc qui figure sur la couverture de la pochette de l'album Consolers Of The Lonely telle qu'illustrée ici, on pourrait croire que The Raconteurs sont un vieux groupe de musique folk ou bluegrass du début du siècle dernier. Mais non, l'album est paru en 2008 et bien qu'il s'inspire largement du passé de la musique américaine, il sonne actuel grâce au génie de Jack White, ancien leader de la réputée formation The White Stripes qui nous présente ici un autre de ses multiples projets. Jack White, ou Jack White III comme il se plaît à s'appeler lui-même (ça lui donne un air de roi, comme si on disait le roi Jack White III), puise beaucoup dans le rock des années '70 pour son tout nouvel album Consolers Of The Lonely avec son groupe The Raconteurs, s'éloignant ainsi du blues de ses anciens albums avec The White Stripes. Pourtant, Consolers Of The Lonely se présente un peu comme la suite logique de Icky Thump, le dernier album par The White Stripes paru en 2007, qui commençait déjà à lorgner vers un son plus "seventies". La facture de Consolers Of The Lonely est ainsi beaucoup plus professionnelle que le blues amateur et le rock garage de Jack White avec The White Stripes. Les arrangements sont ici très étoffés, très peaufinés et professionnels et n'ont absolument rien de l'amateurisme des anciens albums avec The White Stripes. Pour The Raconteurs, le chanteur s'est adjoint des musiciens solides et expérimentés. Fini le charme du fabriqué à la maison. Ici, c'est plutôt la beauté du fignolé en studio. L'ensemble sonne ici de superbe façon, proposant une alternative crédible à son statut de musicien adulé. Le son est très rock, même dans les pièces au tempo plus posé comme c'est le cas de la chanson aux racines soul Many Shades Of Black, et particulièrement dans des pièces au rythme effréné comme Hold Up ainsi que Five On The Five. Ma chanson préférée cependant est Attention pour son rythme irrésistible qui donne juste envie de hocher de la tête. D'ailleurs, j'ai tendance à aimer les chansons qui s'intitulent Attention car il y avait dans le temps une chanson techno avec ce titre par Commander Tom que j'aimais bien, mais c'est une autre histoire... Pour ce qui est du groupe The Raconteurs, la dernière pièce de Consolers Of The Lonely est véritablement le clou de l'album. Intitulée à juste titre Carolina Drama, cette chanson se présente comme un conte situé en Caroline du Sud et raconté par un Jack White fascinant et horrifiant tout à la fois. L'histoire hautement dramatique n'a pas de fin, laissant l'auditeur sur une note de suspense irrésolue. Voilà qui conclut brillamment un album dont toutes les chansons sont excellentes et qui pourraient obtenir du succès si on les lançait chacune en simple. Consolers Of The Lonely est un album diversifié qui parvient à faire sonner actuel le rock des années '70 grâce à la touche magique de Jack White. L'écriture musicale en est complexe, dense et riche, mais toujours divertissante. L'ensemble est tout simplement accrocheur et intéressant par son dynamisme contagieux. Voilà un album qu'il faut écouter absolument si vous avez aimé jadis The White Stripes, même si le résultat s'en écarte passablement. Il est tellement bon que j'ai failli donner une note de 17/20 mais je me suis retenu. J'aurais peut-être dû en effet octroyer cette cote mais 16/20 est quand même une note fort appréciable.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 7 avril 2012

PEARL JAM - No Code

Kurt Cobain de Nirvana a déjà dit qu'il doutait de l'intégrité artistique du chanteur et leader de la célèbre formation Pearl Jam, le dénommé Eddie Vedder, et que selon lui, Eddie Vedder n'était pas un "vrai". Et en effet, dès l'introduction de l'album No Code, on dirait que Pearl Jam cherche à tout prix à être bizarre pour se faire passer pour un groupe alternatif. Que ce soit avec la brève pièce d'ouverture Sometimes, la longue ligne mélodique de la guitare électrique de Hail, Hail ou le début de Who You Are, la volonté de passer pour un groupe étrange est plutôt manifeste. Ces tentatives forcées d'être bizarre finissent par agacer, d'autant plus que Pearl Jam est à son meilleur quand il n'essaie pas de mystifier l'auditeur. La musique sur No Code va ainsi du rock alternatif parfois presque punk au folk traditionnel et cette variété musicale peut étonner le mélomane. Pourtant, d'un point de vue purement stylistique, cette synthèse du folk et du rock sur un même album est réussie et semble bien aller de soi. Que ce soient les pièces plus rock comme Habit, Mankind et Lukin, une pièce qui dure moins d'une minute, ou les pièces folk comme Off He Goes et Around The Bend, Pearl Jam parvient à ce mariage étonnant. Dans les pièces folk, la bizarrerie fait place à l'émotion et à la profondeur et dissipe les reproches qu'aurait pu lui adresser Kurt Cobain s'il n'était pas mort avant la parution de No Code en 1996. En fait, les tentatives forcées d'être bizarroïde sont plutôt limitées, fort heureusement. Elles se produisent surtout avec les pièces plus rock, où Eddie Vedder semble vouloir crier ses chansons tout en se retenant. Il y a aussi I'm Open Eddie Vedder opte pour la prose parlée sur une pièce qui ressemble un peu à un cliché de musique mystique. Malgré ces erreurs artistiques, No Code est quand même satisfaisant, même avec les attentes élevées qu'on peut avoir envers un album d'une formation aussi mythique que Pearl Jam. No Code n'est certes pas l'album le plus populaire de Pearl Jam et il ne concurrence sûrement pas Ten, le premier et meilleur album du groupe, mais il mérite tout de même d'être plus connu, ce qui est difficile puisque Pearl Jam a décidé de ne plus produire de vidéoclips après son album Ten, une façon pour le groupe de dénoncer les façons de faire mercantiles de l'industrie musicale. Il n'y a donc aucun vidéoclip associé à No Code. Pearl Jam a tout de même changé d'idée depuis et a recommencé à tourner des vidéoclips pour ses chansons. No Code, somme toute, reste un album de qualité malgré certains choix artistiques discutables et devrait plaire aux "vrais" fans de la formation!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20