samedi 26 mai 2012

YEAH YEAH YEAHS - Fever To Tell

On la compare parfois à Siouxsie Sioux du groupe des années '80 Siouxsie & The Banshees mais Karen O, la chanteuse des Yeah Yeah Yeahs, me fait surtout penser, avec son album Fever To Tell paru en 2003, à la chanteuse des années '90 PJ Harvey (dont j'ai d'ailleurs fait une excellente critique d'album précédemment). Elle a la même exubérance, le même air fantasque et une volonté de provoquer. Sa façon de chanter est très sexy et d'ailleurs Karen O se distingue par son attitude et son sex-appeal. Les Yeah Yeah Yeahs viennent de la scène rock new-yorkaise du début des années 2000, avec The Strokes et Interpol entre autres. L'album Fever To Tell se divise plus ou moins en deux parties avec une première partie très rock'n'roll qui ralentit progressivement la cadence dans la seconde partie jusqu'à la fin. En ce sens, les Yeah Yeah Yeahs me font penser aux céréales Mini-Wheats de Kellogg: le groupe a un côté givré très amusant et un côté de blé entier plus sérieux. Dans la première partie, Karen O dit des gros mots vilains qui justifient le logo "Parental Advisory Explicit Content" en bas à gauche de la pochette telle qu'illustrée ici. Elle fait sa mauvaise fille pour le plus grand plaisir de ses nombreux fans dont je fais d'ailleurs partie. Disons-le: Karen O pousse de petits cris qui évoquent la sexualité... On dirait qu'elle nous simule un orgasme! Ses cris de jouissance ajoutent beaucoup au son très sexy des Yeah Yeah Yeahs. L'album Fever To Tell en est un de rock sale, les guitares sont livrées de manière brute et Karen O crie souvent dans le micro. Dans la deuxième partie, on a droit au côté plus mature des Yeah Yeah Yeahs avec notamment la chanson Maps qui a connu un succès international bien mérité. Toutefois, je dois avouer que personnellement, j'ai un faible pour la chanson Pin, profonde et expressive elle aussi. En fait, les meilleurs chansons de l'album sont à mon avis Date With The Night, Tick, Pin et Maps, mais toutes les chansons sont intéressantes et font de Fever To Tell un album fascinant du début à la fin. En fait, Fever To Tell se classe aisément dans les 25 meilleurs albums des années 2000 et s'avère un incontournable de l'an 2003. Pourtant, l'album est très court puisqu'il ne fait même pas 38 minutes pour douze chansons (il y a onze chansons inscrites à l'endos de l'album mais une douzième piste cachée pour la chanson Poor Song joue à la toute fin). Les dernières chansons, Modern Romance et Poor Song, sont très lentes, à la limite d'être à l'état léthargique. La progression de pièces très rock et énergiques de la première partie vers des pièces calmes dans la deuxième est très impressionnante et réussie. Fever To Tell par les Yeah Yeah Yeahs est fort étonnant et un album de ce genre ne se produit que rarement et ne peut être répété. C'est un album unique qui vaut certainement son pesant d'or... À recommander chaudement pour quiconque aime le rock "made in NYC" du début du siècle!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 19 mai 2012

TRACI LORDS - 1000 Fires

Oui! Il s'agit bien ici de Traci Lords, l'actrice porno qui a tourné dans des films XXX pour adultes alors qu'elle était encore mineure et qui a été par la suite la petite copine de Marilyn Manson. La belle Traci a tenté l'aventure d'un album techno en 1995 et le résultat en fut 1000 Fires. On aurait pu s'attendre au désastre mais l'album 1000 Fires est en tous points exemplaire. Dès la première chanson, Control, on reste littéralement collé sur notre chaise pour ne pas en manquer une seule note. Control nous propulse dans l'univers trouble de Traci Lords avec un rythme d'enfer et des paroles aux résonances S&M. Sur cet album, elle nous fait très vite savoir qu'il n'y a qu'un maître, une maîtresse en fait, et c'est Traci Lords. La seconde chanson intitulée Fallen Angel, ma préférée de l'album, a produit un vidéoclip troublant et dérangeant que j'adore sur une musique qui l'est tout autant. On y voit Traci se mettre trop de rouge à lèvres en un geste qui se veut sale et impur. La musique est glauque et nocturne, c'est le genre de musique qui convient parfaitement pour la trame sonore d'une sortie la nuit dans le quartier chaud de sa ville où on marche les fesses serrées de peur d'y faire la rencontre d'étranges spécimens de la faune urbaine... La troisième chanson, Good-N-Evil, est inspirée manifestement par la jungle et on en ressort complètement stressé. Fly est une chanson qui détend l'atmosphère alors qu'on en avait grand besoin. Distant Land est la plus tranquille de l'album mais pas pour longtemps car le rythme techno reprend le dessus avec Outlaw Lover. Cette chanson-ci est parfaite pour les clubs de nuit qui diffusent de la musique alternative pour danser. C'est suivi de I Want You, une chanson très envoûtante et presque hypnotisante... Say Something est plus expérimentale. Puis vient Father's Field. Traci y raconte avec l'émotion à fleur de peau la tentative de viol qu'elle a subie alors qu'elle n'avait que dix ans. Encore une fois, il se dégage une atmosphère très bizarre qui peut perturber l'auditeur. Cette chanson controversée laisse un sentiment de profond malaise. Puis 1000 Fires se termine étonnamment sur un ton léger et badin, presque humoristique, avec le morceau Okey Dokey, comme si Traci voulait chasser tous ses démons avec cette ultime chanson. 1000 Fires est un album éminemment personnel, à la fois alternatif et pourtant très accrocheur, qui ne laisse pas indifférent. Il a connu un succès d'estime dans les cercles branchés de musique techno de l'époque et bien que le son soit très daté (il est un pur produit du milieu des années '90), il conserve sa charge émotive et ses ambiances qui ne devaient pas déplaire à Marilyn Manson. La petite voix enfantine de Traci accentue encore plus le côté trouble de l'album, par contraste avec la musique techno infernale et énergique. Il n'y a que dix chansons au total sur l'album mais la moitié d'entre elles durent plus de 6 minutes en raison de la production techno. Toutes les chansons sont excellentes mais j'ai un faible pour Control, Fly, Outlaw Lover et bien sûr Fallen Angel, le succès alternatif de cet album. Si vous aimez les chansons techno qui traitent de domination sexuelle, d'anges déchus et de la limite ambiguë entre le bien et le mal, cet album est pour vous.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 12 mai 2012

GARBAGE - Beautiful Garbage

À la parution en 2001 de Beautiful Garbage (on écrit aussi parfois beautifulgarbage en un mot), le son du groupe Garbage commençait à être passé de mode. Le son typique et presque stéréotypé de Garbage est un mariage de rock et de la musique électronique avec une orientation pop. Au milieu des années '90, ce style était très à la mode avec des groupes comme Nine Inch Nails ou Prodigy (quoique Prodigy n'utilise pas de guitares dans leurs chansons) mais en 2001, ils sonnaient déjà un peu d'une autre époque. Beautiful Garbage est évidemment moins bon que Garbage (1995), leur album homonyme qui a connu beaucoup de succès, ou même que Version 2.0 (1998). Pourtant, Beautiful Garbage est un peu la suite logique de Version 2.0, et d'ailleurs lui ressemble beaucoup. Garbage reprend la recette de Version 2.0 sans en changer grand-chose, avec des grosses guitares sur des rythmes électroniques. L'exploration psychologique est toutefois moins fine et approfondie que sur Version 2.0, comme si elle était noyée dans les guitares. Il y a bien des chansons plus douces et émotives mais Beautiful Garbage semble un peu dépersonnalisé si on compare avec l'album Garbage par exemple. En fait, Garbage aime le "gros son" et n'essaie pas de faire du rock élitiste. C'est pour les masses que compose Garbage, d'où cette orientation pop commerciale qui fait défaut à Nine Inch Nails et Prodigy, plus élitistes dans leurs orientations musicales respectives. Le "gros son" destiné au peuple est une facette de Garbage dont je ne suis pas très enthousiaste. Autant l'avouer tout de suite, je ne suis pas un grand fan de Garbage. Je reconnais toutefois le travail et l'efficacité qu'on retrouve dans leurs chansons. Après tout, le légendaire Butch Vig fait partie du groupe et participe à sa musique! Mais c'est surtout la très charismatique Shirley Manson, chanteuse de Garbage, qui m'émoustille. Je l'ai toujours trouvée très sexy et sa personnalité donne du style à la formation. Sans Shirley Manson, je crois que Garbage serait une coquille vide. Beautiful Garbage est là pour le prouver avec ses chansons qui veulent à tout prix être accrocheuses avec le son de guitare et les rythmes martelés. Parmi mes chansons préférées de Beautiful Garbage, c'est-à-dire celles qui se démarquent le plus de l'album, il y a Shut Your Mouth qui commence l'album en assénant un coup de poing à l'auditeur. Le son est très typique de Garbage. Androgyny, la pièce qui suit, est intéressante mais c'est surtout le vidéoclip associé à la chanson qui m'émoustille le plus. On y voit notamment la très jolie Shirley Manson dans un look androgyne qui lui va à ravir. Can't Cry These Tears me tape un peu sur les nerfs, aussi je vais plutôt parler de Cup Of Coffee. Cette chanson fortement émotive va dans le très mélodramatique et se termine sur les couinements pathétiques des violons. L'ambiance est très particulière et prouve que Garbage peu faire d'autres choses que du "gros son". Silence Is Golden est à mon avis la plus faible de l'album, aussi passons à Cherry Lips (Go Baby Go). Le refrain semble sorti du film Grease avec Olivia Newton-John. Le couplet est très ludique, voire sexy. Il y a ensuite quelques chansons plus standards et aussi un peu moins intéressantes jusqu'à Nobody Loves You, une pièce aux allures trip hop certes démodées mais très réussies. Enfin, l'album conclut avec une ballade très lente et très inspirante pour So Like A Rose. En tout, il y a treize chansons sur l'album avec une belle variété de styles, de tempos et d'atmosphères mais pourtant, à cause de la volonté d'en faire un produit absolument commercial, Beautiful Garbage innove peu et est nécessairement décevant. Qu'à cela ne tienne, il reste le coquin vidéoclip de Androgyny avec la ravissante Shirley Manson pour nous consoler un peu...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 5 mai 2012

NO DOUBT - Rock Steady

Aujourd'hui où j'écris ces lignes, soit le 5 mai 2012, le plus récent album de No Doubt remonte à... 2001! Cet album est Rock Steady et s'écoute cependant encore très bien. Pourtant le groupe ne s'est pas séparé et je fais ici abstraction de la compilation parue en 2003. Ce long hiatus s'explique en partie par la volonté de la très jolie Gwen Stefani, chanteuse de No Doubt, de lancer des albums en solo, c'est-à-dire les excellents albums à succès que sont Love.Angel.Music.Baby. en 2004 et The Sweet Escape en 2006 (voir ma critique de The Sweet Escape du 17 décembre 2011). No Doubt devrait lancer un nouvel album prochainement (il serait temps...). Pour ce qui est de Rock Steady, la formation californienne semble être attirée par toutes sortes de styles dont les musiques du monde (le reggae de Underneath It All ou encore Start The Fire), le rock (Don't Let Me Down ou bien Platinum Blonde Life), voire le disco (avec Hella Good). D'ailleurs, la chanson Hella Good qui a connu beaucoup de succès est une sorte de disco alternatif étrange qui n'est pas sans me rappeler Girls & Boys de Blur pour le côté bizarroïde. Il y a tant de variété sur l'album Rock Steady que No Doubt peut se permettre d'alterner des chansons très pop et conventionnelles comme Don't Let Me Down ou d'explorer des sons moins traditionnels comme c'est bien sûr le cas de Hella Good mais aussi Detective ou Waiting Room par exemple. Pourtant, l'album demeure très accrocheur du début à la fin et recèle un grand potentiel commercial. Rock Steady est un album très pop, ludique et léger, presque enfantin par moments. Les chansons sont comme de petites comptines que l'on prend plaisir à fredonner. C'est le cas notamment de Hey Baby, le plus grand succès de l'album. Toutefois, mes chansons préférées sont Hella Good et Running. Pour Running, le ton enfantin de Gwen Stefani est à la fois candide et métaphysique, avec une sorte de second degré qui confère à l'oeuvre une naïveté supérieure qui n'est pas sans évoquer Mozart (1756-1791). Toutes les pièces semblent avoir été composées sans effort, avec des mélodies faciles et amusantes qui cachent des émotions plus troubles. Il ne faut pas se fier à l'apparence trompeuse de cette facilité factice. Il y a bien des chansons plus faibles comme Making Out et Don't Let Me Down mais dans l'ensemble, Rock Steady est un petit chef d'oeuvre de musique pop par la variété, l'expression et la musicalité des chansons. Des invités de marque ont participé à Rock Steady et chantent sur certains morceaux: Lady Saw sur Underneath It All, Bounty Killer sur Hey Baby mais surtout Prince sur Waiting Room. Signalons également la participation de William Orbit et de Ric Ocasek du groupe The Cars, entre autres. Bref, c'est sous le signe de la diversité et du soleil que s'inscrit l'album Rock Steady de No Doubt, un album moins ambitieux que Tragic Kingdom (1995), certes, mais tout en clin d'oeil et diablement efficace. Je recommande donc l'achat de cet album pour accompagner vos chaudes journées d'été...!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20