samedi 26 janvier 2013

RADIOHEAD - Amnesiac

Le siècle a débuté avec un album fort important: Amnesiac de Radiohead. En effet, cet opus paru en 2001 marque un jalon notable tant dans la discographie de Radiohead que dans l'évolution du rock. En fait, Amnesiac a plutôt déçu la critique à sa sortie parce qu'on en attendait juste trop de Radiohead après la parution de leur album Kid A en 2000. D'ailleurs, Amnesiac provient des mêmes séances d'enregistrement que Kid A bien qu'il soit paradoxalement plutôt différent, l'album Kid A utilisant les claviers et explorant les sons électroniques tandis que Amnesiac nous revenant avec des guitares et les sons organiques habituels pour Radiohead. Avec le recul des années, toutefois, on se rend compte que l'album Amnesiac est un très bon album qui se défend bien par lui-même. Bien sûr, il n'est pas aussi génial que Kid A (je n'ai pas encore critiqué cet album mais surveillez mon blog car j'en ferai peut-être la critique dans les prochaines années à venir), ni même que In Rainbows (voir ma critique de In Rainbows du 14 janvier 2012). Alors qu'avec In Rainbows on a un album achevé, laissant toute la place à l'expression des émotions, Amnesiac est un album plus fruste et éparpillé, plus interessé par l'expérimentation et la recherche d'un son nouveau pour Radiohead. Une pièce comme Pulk/Pull Revolving Doors montre bien que le groupe est attiré par la recherche sonore avant tout. Il y a quand même des chansons très expressives sur Amnesiac comme c'est le cas de Pyramid Song avec son grisant rythme irrégulier ou encore de Dollars And Cents avec la voix magnifique de Thom Yorke. Cependant, alors que In Rainbows est un album de maturité, Amnesiac ressemble un peu à un fourre-tout où des pièces encore imprégnées par le passé, comme Knives Out qui semble reculer au temps de l'album OK Computer ou encore Morning Bell/Amnesiac qui est une reprise de la pièce Morning Bell de l'album Kid A qui n'était pas vraiment nécessaire, cohabitent avec des pièces plus avant-gardistes comme Pulk/Pull Revolving Doors et des ébauches d'idées incomplètes (Hunting Bears sonne davantage comme un intermède que comme une vraie chanson) ou simplement à part avec Life In A Glasshouse qui termine l'album sur du jazz décadent. C'est donc un album qui se cherche encore mais qui présente de bonnes chansons. Malgré tout ces bémols (la musique de Radiohead est aussi riche de bémols que de dièses), Amnesiac demeure un passionnant album de rock expérimental, le premier du siècle et peut-être aussi le premier de Radiohead (OK Computer n'est pas expérimental à mon avis et Kid A est un album électro avant d'être rock). Voilà pourquoi je considère que l'album Amnesiac est une oeuvre marquante pour l'évolution du rock des années 2000.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 19 janvier 2013

INTERPOL - Turn On The Bright Lights

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Turn On The Bright Lights n'est pas un album qui s'adresse au fan moyen typique de Good Charlotte et de Simple Plan! C'est un album plutôt reservé aux intellos et aux fins connaisseurs de musique rock. Moi-même, j'aime bien la musique de certains albums de Good Charlotte et de Simple Plan mais j'apprécie pourtant aussi Interpol. J'en déduis que je ne suis décidément pas le fan typique...! La musique de l'album Turn On The Bright Lights paru en 2002 par Interpol m'a beaucoup impressionné quand je l'ai écouté pour la première fois. Je ressens de l'angoisse et du stress chaque fois que je l'écoute. Cet album a pour effet sur moi que je deviens à la fois crispé et tendu comme une barre de fer. La musique d'Interpol nous fait passer par toute la gamme des sentiments, du désespoir à la sérénité en passant par la mélancolie et le sentiment d'urgence. Il y a des moments plus sereins comme la chanson NYC ou Leif Erikson mais en général, Interpol crée une musique intense aux atmosphères étranges et aux accents paranoïdes et tordus. On le sent notamment dans la façon de chanter de Paul Banks, fort robotique et déshumanisée comme sur Obstacle 1, et le jeu de guitare très typé de Daniel Kessler. On y dénote l'emploi de notes répétées comme on en trouve notamment sur l'album Is This It par The Strokes (voir ma critique de Is This It du 7 janvier 2012). Le meilleur exemple de ce que je veux dire est la chanson PDA Interpol construit sa chanson avec des notes répétées très caractéristiques de son style. Sur la chanson The New, après un moment d'attente insoutenable avec un accompagnement de guitares qui tournent en rond, une guitare électrique éclate avec un "bending" sur la note répétée qui produit un effet à vous glacer le sang. Interpol est vraiment un groupe de malades mentaux... Pourtant, la musique de l'album Turn On The Bright Lights est inspirée de groupes reconnus du rock alternatif comme Joy Division et Sonic Youth. Personnellement, la chanson Stella Was A Diver And She Was Always Down me fait penser à Frank Black et ses acolytes de Pixies. Turn On The Bright Lights est un album où chaque chanson est intéressante et différente des autres, avec de la variété dans le style des chansons. Les seules pièces qui ressemblent à des chansons normales seraient peut-être Say Hello To The Angels ou encore Obstacle 2. Les autres sont plutôt expérimentales ou atmosphériques. Il y a onze chansons mais la première, intitulée Untitled, donc sans titre, n'est qu'une introduction à l'album en tant que tel. Ma préférée est certainement The New mais j'adore aussi Hands Away avec bien sûr les deux principales chansons extraites de l'album, Obstacle 1 et PDA. Je trouve que Turn On The Bright Lights est un album plutôt intimidant à l'écoute. Il n'est pas facile d'approche et peut désorienter le mélomane moyen ou non averti. Toutefois, si on persévère à l'écoute, on est grandement récompensé. Avec un son original et audacieux, Interpol a marqué les années 2000 comme aucun autre groupe de la scène new-yorkaise d'avant-garde. Turn On The Bright Lights se classe aisément dans le Top 20 des meilleurs albums de la décennie, avec ces autres classiques que sont Elephant par The White Stripes et l'excellent Is This It par The Strokes (deux albums que j'ai d'ailleurs critiqués précédemment). C'est un véritable exploit pour un album aussi hermétique et peu commercial que Turn On The Bright Lights. Écouter cet album, c'est accéder à un nouveau monde.

 COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 19/20

samedi 12 janvier 2013

YEAH YEAH YEAHS - Show Your Bones

Show Your Bones est l'album de la frustration. Cet album est l'album de la frustration pour la bonne raison qu'on ne reconnaît plus rien de ce qui était amusant sur Fever To Tell, l'album précédent qui nous avait fait découvrir les Yeah Yeah Yeahs en 2003 (voir ma critique de Fever To Tell du 26 mai 2012). Autant la jolie chanteuse Karen O sur Fever To Tell était passionnée, fantasque et pleine de sex-appeal, autant sur Show Your Bones elle semble désincarnée, éteinte, voire frigide. Mais que s'est-il donc passé? Il semble que Karen O, suite au succès incroyable remporté par sa chanson Maps extraite de Fever To Tell, ait décidé d'attraper au vol cette opportunité pour nous servir des chansons plus sérieuses et matures avec Show Your Bones, son nouvel album paru en 2006. Et le problème est bien là. Toute la charge sexuelle que contenait Fever To Tell a disparu comme si Karen O, après nous avoir bien émoustillés et fait fantasmer dans notre libido musicale, nous plantait là et nous laissait cruellement sur notre appétit. C'est vraiment frustrant et irritant au plus au point. Show Your Bones évite systématiquement de nous aguicher au nom d'une supposée maturité expressive. Mais on n'en a rien à foutre de la maturité de Karen O, tout ce qu'on veut c'est qu'elle soit insolente et dégourdie, pas indolente et engourdie... Pour une fois qu'on avait une fille qui faisait du putain de rock'n'roll et qui s'envoyait musicalement en l'air, il fallait qu'elle fasse comme cette satanée de PJ Harvey et se mette à vouloir être mature! Le rock, c'est supposé être sale, insolent et stupide! En ce sens, Show Your Bones n'est pas un album rock. C'est un album alternatif adulte comme tout ce qui se fait en ce moment dans la musique alternative... Show Your Bones est peut-être plus adulte mais il n'est certainement pas plus original et n'innove sûrement pas. Ceci dit, je dois quand même admettre qu'une fois la déception passée, une fois la frustration sexuelle ressentie, Show Your Bones est un album correct à l'écoute et présente quelques qualités. Gold Lion, la première chanson de l'album et le plus grand succès qui en est extrait, est aussi celle dont on se souvient le plus après quelques écoutes. Gold Lion donne le ton pour Show Your Bones et nous indique tout de suite que le groupe n'est plus le même. La rigolade est terminée et voici une nouvelle Karen O. Il y a certes Mysteries qui déconne un brin sur l'album mais c'est l'exception qui confirme la règle et c'est bien peu. The Sweets, la pièce qui suit immédiatement après, retourne bien vite au nouveau style propre, sage et mature de Karen O. C'est peut-être la chanson la plus émouvante de l'album. La chanson suivante, Warrior, est ma préférée de l'album et je reconnais que c'est une bonne chanson. Show Your Bones se termine avec Turn Into et une blague un peu douteuse de Karen O. En somme, Show Your Bones est un album convenu, adulte, timoré et décevant en comparaison avec Fever To Tell. Pour bien apprécier Show Your Bones, il faut oublier Fever To Tell et faire table rase des préjugés favorables qu'on pouvait avoir pour cet album coquin et sur Karen O. Honnêtement, Show Your Bones n'est pas si mauvais en fin de compte, mais cette conclusion est faite au prix d'immenses sacrifices au point de vue de ma libido...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20

samedi 5 janvier 2013

THE CRANBERRIES - No Need To Argue

Qui ne connaît point Zombie? Cette chanson du groupe irlandais The Cranberries a connu un tel succès au milieu de la décennie '90 qu'on en oublie presque les autres chansons pourtant géniales de leur album No Need To Argue. Paru en 1994, cet album de treize chansons est un pur joyau qu'il faut absolument découvrir. Parmi les meilleures chansons de l'album, qui sont cependant toutes excellentes, mentionnons Twenty One qui rappelle leur album précédent tout aussi extraordinaire, Ridiculous Thoughts qui est une chanson tellement poignante, Dreaming My Dreams qui est accompagné de violoncelle, Yeat's Grave qui est plus dynamique et No Need To Argue, la chanson-titre qui termine très bien l'album avec de l'orgue. Bien sûr, il y a aussi Zombie, un réquisitoire contre la guerre qui bénéficie de la voix splendide de Dolores O'Riordan, la chanteuse du groupe. Elle applique à sa voix un effet inoubliable qui fit beaucoup pour le succès de Zombie. Son utilisation d'effets dans sa voix est traitée généralement avec parcimonie mais elle en use abondamment dans Zombie, pour notre plus grand plaisir de mélomane. C'est une fort bonne chose car cela contribue à rendre Zombie encore plus expressif. Il y a aussi la guitare électrique très pesante de Zombie qui donne un air sombre à la chanson. Toutefois, cela ne reflète guère le reste de l'album car les autres chansons sont beaucoup plus douces et délicates. L'art des Cranberries est toujours raffiné et exigeant; pour s'en convaincre, il suffit de regarder la pochette de l'album No Need To Argue où les membres du groupe, vêtus sombrement avec des bottes Doc Martens aux pieds et arborant un air austère, semblent afficher un refus certain de la facilité. The Cranberries s'adressent aux oreilles averties, qu'on se le tienne pour dit. Leur album précédent était encore plus puriste et élitiste. No Need To Argue adopte une approche plus conviviale, ce qui explique peut-être en partie le succès de l'album, avec un ton plus tendre et chaleureux. L'album s'est ensuite vendu à des millions d'exemplaires, même aux États-Unis qui est un pays habituellement frileux et peu enthousiaste pour ce genre de groupe alternatif. Cet exploit est digne de mention et il faut féliciter The Cranberries en se procurant leur album, pourquoi pas? Car je recommande chaudement l'acquisition de No Need To Argue qui est un excellent album et pas seulement à cause de Zombie... L'excellent album No Need To Argue par The Cranberries est désormais un classique des années '90 pour son originalité, son sens du style, sa profondeur d'expression et sa sincérité. Quiconque s'intéresse un tant soit peu à cette période de la musique se doit de posséder cet album dans sa collection de disques. C'est personnellement mon cas et je peux témoigner que je ne l'ai jamais regretté... Je suis sûr qu'il en sera de même pour vous.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20