samedi 26 octobre 2013

WEEZER - Weezer (red album)

Weezer (red album) est un album déroutant. Tout d'abord, la pochette de l'album où on aperçoit les membres du groupe dans de fort drôles accoutrements, en particulier le chanteur Rivers Cuomo avec sa jolie moustache et son magnifique chapeau de cow-boy. Le fond est coloré comme c'est l'habitude pour Weezer lorsqu'il fait paraître un album homonyme. Il y a eu le bleu pour l'album Weezer en 1994, puis ensuite le vert en 2001 et maintenant le rouge avec Weezer (red album) en 2008. Bien sûr, le vrai titre est Weezer mais on le surnomme Weezer (red album) pour le différencier des autres. La pochette de Weezer (red album) n'est en fait qu'un feuillet plié en deux montrant une photographie des membres de Weezer en train d'enregistrer. Je ne sais pas mais on dirait que Weezer ne prend pas cet album très au sérieux. Ensuite, l'album est déroutant pour sa musique. Tandis que Weezer (green album) était un album linéaire, convenu et ennuyant (voir ma critique de Weezer (green album) du 23 février 2013), Weezer (red album) est surprenant, bizarre et titillant. La première moitié de l'album va dans plusieurs directions et il semble que Rivers Cuomo, en composant les morceaux de Weezer (red album), ait voulu explorer différentes avenues. En fait, il semble surtout vouloir casser son image de tronche de la musique, de nerd et de geek. C'est assez évident avec la première chanson intitulée Troublemaker où il se pose en faiseur de trouble. La pièce suivante, cependant, trahit son penchant pour les procédés de la musique classique puisqu'il s'agit rien de moins qu'un thème et variations. Intitulée pompeusement The Greatest Man That Ever Lived (Variations On A Shaker Hymn) avec des applaudissements au début (on retrouvera des appaluadissements à la fin de l'album), c'est la pièce où Rivers Cuomo expérimente le plus puisque chaque variation adopte un style différent, allant du rock à la musique classique. Après une variation parlée où il explique sa philosophie des choses, Weezer entonne a cappella une variation dans le style contrapuntique de Palestrina! C'est complètement malade. Non mais est-ce qu'il y a un style plus éloigné du rock alternatif de Weezer que la musique du maître Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525-1594)? Surtout après Troublemaker? Rivers Cuomo n'a pas fini de nous étonner puisqu'avec Everybody Get Dangerous, il proclame son désir de causer du dommage et de briser du matériel, en se posant comme jamais en rebelle du rock'n'roll. Rivers Cuomo montre son côté plus tronche avec les variations en contrepoint puis son côté qui ne veut plus être associé à une tronche avec Everybody Get Dangerous... Quant à Pork And Beans, c'est le grand succès extrait de l'album dont le vidéoclip farfelu retrace ces conneries que l'on pouvait retrouver en 2008 sur l'Internet, notamment sur Youtube. Le côté plus doux du chanteur de Weezer ressort avec Heart Songs où il énumère des chansons qui sont dans son coeur pour toujours comme celles de Gordon Lightfoot et de Debbie Gibson, mais aussi celles de... Judas Priest et même de Slayer! Encore une fois, on voit l'ambivalence de Rivers Cuomo, cette dualité qui rend Weezer (red album) tellement surprenant. La dernière moitié de l'album, comble de l'étonnement, est constitué de morceaux composés par les autres membres de Weezer. Ce sont de bonnes chansons mais on s'éloigne encore plus du style auquel Weezer nous avait habitué par le passé. En outre, le fait que Rivers Cuomo ne chante pas sur la plupart des chansons contribue à rendre l'expérience de l'écoute encore plus déroutante. Par exemple, la pièce Automatic, composée et chantée par Patrick Wilson, pourrait figurer sur l'album Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band par le fameux Fab Four (voir ma critique de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band du 26 novembre 2011). Que ce soit The Beatles, Palestrina ou Slayer, on voit que Weezer mange à tous les râteliers...! Bref, même si le succès d'une pièce standard comme Pork And Beans pourrait laisser présager un album conforme à ce que l'on s'attend d'un album de Weezer, homonyme de surcroît, il n'en est strictement rien. Weezer (red album) est original, imprévisible et tout ce qu'il y a de plus anticonformiste. Weezer ne réinvente peut-être pas le rock avec cet album, mais il réinvente certainement Weezer.
 
COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 19 octobre 2013

SPIDERBAIT - Tonight Alright

L'Australie ne nous aura pas seulement donné AC/DC, Silverchair et Midnight Oil. Dans le créneau rock, il y a aussi Spiderbait. Cette formation méconnue en Amérique du Nord a connu son plus grand succès avec l'album Tonight Alright paru en 2004, en particulier avec la chanson Black Betty. Curieusement, ce n'est pas une chanson écrite par le groupe puisqu'il s'agit en fait d'une reprise d'une pièce de Leadbelly du début du 20e siècle. La version décapante que propose Spiderbait est à cent lieues de la version d'origine, avec de la guitare électrique bruyante et une section rythmique très musclée. D'ailleurs, la plupart des chansons sur l'album Tonight Alright sont très pesantes, avec le son de la guitare électrique au maximum. Le style de Tonight Alright s'inspire du metal et surtout du punk. L'influence du punk est nettement perceptible sur une pièce comme In This City par exemple. En général, les pièces qui sont le plus punk sont chantées par Janet English alors que les autres, dont Black Betty, sont entonnées par Kram, le batteur du groupe. Il y a deux morceaux très lents sur Tonight Alright, très différents du reste de l'album, qui sont chantés, je suppose, par le guitariste Damian Whitty. Je pensais au début que la chanteuse de Spiderbait était en fait Katie B. de la formation Jakalope car elles ont la même voix angélique. D'ailleurs, l'album Tonight Alright de Spiderbait et l'album It Dreams de Jakalope me font tous les deux penser au groupe de metal industriel Ministry à cause de la guitare tonitruante (voir ma critique de It Dreams du 20 juillet 2013). Les pièces ne durent que trois minutes en moyenne, ce qui fait en sorte que l'album est fort court. Tonight Alright est un album très joyeux, terriblement efficace et mettra de l'entrain et du soleil dans votre journée. Malheureusement, l'élan de l'album est coupé avec la pièce Tonite, une des deux pièces lentes, pour ne pas dire léthargiques, de l'album. Heureusement, l'autre pièce lente arrive en dernier sur Tonight Alright, ce qui peut faire une sorte de conclusion. Mais cet album de Spiderbait est tout de même mal foutu parce que les styles de Janet English et de Kram ne se marient pas bien ensemble. Tonight Alright ressemble plus à une collection de chansons dépareillées qu'à un vrai album. Ce manque flagrant d'unité est en plus rehaussé par une impression d'inachèvement, comme si Tonight Alright était un album inachevé, un peu comme la Symphonie Inachevée de Schubert (1797-1828). Mais l'album de Spiderbait est très loin d'être un chef-d'oeuvre comme le morceau de Franz Schubert, c'est même plutôt un album raté. L'idée de Spiderbait est très simplette, celle de faire bouger l'auditeur avec des pièces de rock endiablées. Dans le genre, Black Betty est la plus réussie mais j'aime bien aussi 5th Set avec son petit côté maniaque ainsi que Fucken Awesome dont les mots sonnent paradoxalement de façon très mignonne avec la jolie voix de Janet English. Le reste n'est pas d'une très grande originalité, en particulier les pièces punk de la chanteuse. Quand tu dis que ton plus grand succès est une chanson que tu n'as même pas composée, ça en dit long sur la qualité réelle de ta musique. Les paroles ne sont guère mieux, se résumant souvent à "yeah" ou "alright"... Ce n'est pas Spiderbait qui remportera le Prix Nobel de littérature! La pièce qui débute l'album, Take Me Back, est coupée en deux avec un début et une fin qui ne vont pas ensemble. Bref, je pourrais continuer encore longtemps mais l'important est de savoir que si vous voulez acheter la chanson Black Betty, ce n'est pas vraiment nécessaire d'acheter tout l'album sur l'Internet. Moi j'ai acheté l'album mais je ne l'écoute pas très souvent. Néanmoins, c'est agréable de se rappeler que Black Betty a été un succès mineur au milieu des années 2000 et de réécouter ce petit bijou de musique rock... À noter qu'il existe diverses couvertures pour la pochette d'album. Moi, je possède la version illustrée ici, excepté que le logo Parental Advisory est situé à droite au lieu d'être à gauche. Pour une raison mystérieuse, il semble que l'emplacement du fameux logo diffère selon le pays où la marchandise est distribuée...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 13/20

samedi 12 octobre 2013

QUEENS OF THE STONE AGE - Songs For The Deaf

La musique de Queens Of The Stone Age est inclassable. Je dis que la musique de Queens Of The Stone Age est inclassable parce que plusieurs tentatives pour définir le son de cette formation ont été formulées sans succès. Queens Of The Stone Age (ne pas confondre avec le groupe Queen de Freddie Mercury), ou QOTSA pour les intimes, ont rejeté l'appellation de "stoner rock" qui d'ailleurs ne veut pas dire grand-chose. Le "stoner rock" supposerait un son rock nostalgique mais Queens Of The Stone Age ne sonnent pas archaïques ni anachroniques. Bien que ne ressemblant à rien de ce qui se fait au 21e siècle, le groupe est pourtant très actuel. Comme on le voit, les choses ne sont pas si simples. Pour définir le son de ce groupe, j'emploierai donc le vocable "rock alternatif" dans un sens très large. Josh Homme, le chanteur et véritable leader de la formation, s'est entouré sur l'album Songs For The Deaf de sérieux talents comme l'ancien membre de Kyuss (un autre groupe de "stoner rock") Nick Oliveri à la basse et l'ancien membre de Nirvana (un certain groupe grunge, vous connaissez?) Dave Grohl à la batterie. Je n'ai pas encore donné mes critiques sur Kyuss mais j'ai par bonheur critiqué l'album Nevermind de Nirvana que vous pouvez aller consulter (voir ma critique de Nevermind du 15 octobre 2011). Il y a beaucoup de changements de personnel au sein de Queens Of The Stone Age mais Josh Homme demeure le pivot central de la formation. Avec leur album Songs For The Deaf paru en 2002, Queens Of The Stone Age sont devenues un groupe majeur de la décennie. Ce succès s'explique par le dosage réussi de rock alternatif et de rock commercial. Songs For The Deaf est juste assez bizarre pour être apprécié des critiques mais juste assez ludique pour remporter un franc succès populaire. Une chanson comme No One Knows est indubitablement originale mais étonnamment pleine de potentiel commercial. Ce fut d'ailleurs un grand succès et selon moi, elle est possiblement la meilleure chanson des années 2000. C'est cependant la seule dans ce genre. Il y a tout de même The Sky Is Fallin' avec une mesure à 12/8 pas évidente. Dave Grohl y accomplit un travail remarquable de rythmes complexes. Avec No One Knows et Go With The Flow, cette chanson est une de mes préférées sur l'album en raison de son accompagnement à la fois charmant et grisant à la guitare. Il y a de la poésie dans cette belle musique... D'ailleurs, c'est souvent l'enrobage musical qui est surtout intéressant sur Songs For The Deaf. Par exemple, les intros des chansons sont très accrocheuses. Il y a un intéressant "fade out" au milieu de la pièce God Is In The Radio mais revient à un volume normal pour la finale. Les compositions ne sont pas toujours intrinsèquement valables pour elles-mêmes et il y a des chansons un peu faibles à mon avis comme First It Giveth par exemple. Songs For The Deaf n'est pas parfait mais il est néanmoins impossible d'y résister. Toutefois, ce qui distingue vraiment Songs For The Deaf des autres albums de Queens Of The Stone Age et qui fait de cet album un classique des années 2000, c'est l'idée géniale qu'a eu Josh Homme de simuler un voyage au son de la radio de sa voiture. Pour cela, il s'est permis d'insérer des séquences sonores imitant le changement de stations de radio, comme si on prenait une balade en automobile dans le Sud des États-Unis. Cette idée rend l'album plus dynamique et très divertissant. Il y a treize chansons sur Songs For The Deaf mais à la fin de l'album, il y a une quatorzième piste cachée avec la chanson Mosquito Song. Cette pièce n'est pourtant pas vraiment cachée car elle est inscrite à l'endos de l'album. Avec cette piste cachée, l'album dure presque une heure. Mais la véritable piste cachée sur Songs For The Deaf se trouve plutôt... avant le début de l'album! Ordinairement, les pistes cachées se retrouvent à la fin des albums mais Queens Of The Stone Age, c'est bien connu, ne font rien comme les autres. Pour accéder à la piste cachée, il faut reculer le lecteur de CD dès que commence la première piste. On entend alors un son étrange. Je voulais donner 17/20 à Songs For The Deaf mais uniquement à cause de son concept radiophonique original, j'ai décidé de lui ajouter un point supplémentaire. C'est un peu beaucoup pour cet album mais Josh Homme mérite bien cela.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 18/20

samedi 5 octobre 2013

TRANSPLANTS - Transplants

Transplants est un projet musical réunissant Tim Armstrong du groupe punk Rancid, le fameux batteur Travis Barker du groupe pop punk blink-182 et le rappeur moins connu Rob Aston. Le premier album à voir le jour par cette formation hybride est un album homonyme en 2002 sur l'étiquette Hellcat Records de Tim Armstrong. J'ai déjà parlé de Tim Armstrong sur ce blog car il a participé à l'album Try This de la célèbre chanteuse P!nk en lui imposant sa marque indélébile et facilement reconnaissable (voir ma critique de Try This du 10 août 2013). J'ai également salué le travail magnifique de Travis Barker sur l'album Neighborhoods de blink-182 (voir ma critique de Neighborhoods du 14 septembre 2013). Tous les membres de blink-182 se sont essayés à des projets parallèles mais c'est Travis Barker qui à mon avis nous a offert le projet le plus intéressant. Quant à Rob Aston, je ne le connaissais pas avant de constater son talent sur l'album Transplants. Le mariage des différents styles de chacun des protagonistes sur cet album donne un résultat étonnant et fichtrement intéressant. L'album Transplants est un mélange de punk, de rap et de manipulations électroniques de D.J. vraiment original (d'ailleurs, un des vidéoclips extraits de l'album s'intitule D.J. D.J.). En fait, tous les styles musicaux qui existent sont à un moment ou l'autre représentés, sauf peut-être la valse viennoise, le doom metal et le jazz be-bop...! Par exemple, la pièce D.R.E.A.M. est ainsi à moitié R'n'B, à moitié hip hop, et se laisse écouter avec grand plaisir. Par contre, la chanson One Seventeen va dans une toute autre direction, soit vers le punk agressif. Quant au morceau Quick Death, ce n'est pas la première fois que j'en parle puisqu'il est également inclus sur la compilation Punk-O-Rama 8 dont j'ai déjà fait ici la critique (voir ma critique de Punk-O-Rama 8 du 15 septembre 2012). Quick Death lorgne vers la musique expérimentale et s'avère difficile d'écoute en raison de la crudité et de l'agressivité de ses arrangements. C'est néanmoins une pièce très intéressante, tout comme le reste de l'album. La formation Transplants se permet d'innover beaucoup sur cet album qui figure certainement parmi les plus originaux à être parus dans les années 2000. La chanson la plus connue de l'album est cependant Diamonds And Guns dont la musique a été utilisée dans quelques publicités télévisées. Quelle excellente chanson originale par nos amis de Transplants! Elle trône dans mon palmarès personnel parmi les meilleures pièces musicales de la décennie. À cause d'elle cependant, on peut considérer Transplants comme un groupe qui n'a eu qu'un seul succès, c'est-à-dire en anglais un "one hit wonder". C'est injuste car les autres chansons de l'album Transplants méritent tous qu'on s'y arrête en raison de leur originalité, de leur qualité d'inspiration. Le plus étonnant avec cet album est que malgré la diversité des influences, le fouillis des styles qu'apporte chacun des membres de Transplants, tout se tient et semble couler de source. Certes, Transplants est plutôt une curiosité musicale mais les curieux de musique seront ravis... Cet album est un petit miracle de la musique et figure aisément parmi les meilleurs albums de 2002.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20