samedi 28 juin 2014

LINKIN PARK - Hybrid Theory

À la fin des années '90, le hip hop était à son apogée et l'idée révolutionnaire de faire la synthèse du rap et du heavy metal était dans l'air. En réalité, on avait déjà connu ce mélange des genres (il suffit de penser aux excellents Beastie Boys par exemple). Mais dans l'ère post-grunge de la fin du siècle, un nouveau son voyait le jour que l'on désigna sous le vocable de "nü metal". C'est en partie une erreur, puisque le rap metal est peut-être du nü metal mais le nü metal est beaucoup plus vaste que le seul rap metal. Trêve de bavardage, Linkin Park s'imposa en l'an 2000 comme un digne représentant du nü metal et du rap metal avec son premier album Hybrid Theory. Cet opus fort réussi de Linkin Park est un mélange de hip hop et de rock, avec des mélodies et des structures de chansons accrocheuses empruntées à la musique pop. Hybrid Theory fut un succès immédiat et on comprend pourquoi à l'écoute de l'album. La balance entre doux et fort est idéale entre des pièces rageuses comme One Step Closer et grisantes comme Crawling dont les vidéoclips ont beaucoup tourné sur les chaînes de télévision spécialisées (c'était avant l'arrivée de YouTube). Les atmosphères des chansons sont envoûtantes tandis que les paroles sont enragées et les guitares électriques agressives, offrant ainsi un exemple de mal du siècle idéal pour tous les adolescents à l'affût de MTV. Car il faut le dire, Hybrid Theory de Linkin Park est avant tout un album très adolescent, avec assez de colère pour plaire à une génération furieuse se cherchant un bouc émissaire de la rébellion et juste assez de pop accrocheuse pour plaire au mélomane que l'indigence mélodique du hip hop révulserait. Parlons-en du hip hop: Hybrid Theory présente plusieurs éléments en scratching par le maître des tables tournantes Joe Hahn tandis que le chanteur hip hop Mike Shinoda balance ses vers avec un grand sens du rythme. L'autre chanteur, Chester Bennington, s'occupe du chant principal, beaucoup plus mélodique et plein de rage et d'émotions. D'ailleurs, l'alternance des interventions entre Mike Shinoda et Chester Bennington est très efficace et les deux comparses se complètent avantageusement. Joe Hahn a même droit à son petit moment de gloire sur la piste Cure For The Itch qui est un morceau réservé uniquement à son talent pour les tables tournantes, avec un brin d'humour. L'album entier ne dure que 38 minutes, ce qui est plutôt court pour un album aussi important historiquement. Hybrid Theory de Linkin Park est désormais considéré comme un classique du rap metal de la fin du 20e siècle avec Significant Other de Limp Bizkit et The Gift Of Game de Crazy Town, deux albums parus en 1999 et précédant Hybrid Theory d'un an. Contrairement à Limp Bizkit et Crazy Town, nos amis de Linkin Park ont su survivre à la mode éphémère du rap metal et ont poursuivi une longue carrière après Hybrid Theory. Je considère même que Linkin Park réussira à faire encore mieux après cet album pourtant excellent. Linkin Park a ouvert ses horizons et puise aujourd'hui dans maints styles différents, comme on peut le constater avec éloquence sur l'album Living Things (voir ma critique de Living Things du 7 décembre 2013). Bien sûr, Hybrid Theory est très adolescent mais quand même pas autant que Enema Of The State de blink-182 paru à la même époque et que j'avais trouvé idiot (voir ma critique de Enema Of The State du 13 octobre 2012)...! À savoir maintenant si le pop punk est encore plus adolescent que le rap metal, voilà une question intéressante qu'il faudrait se poser...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 21 juin 2014

BOX CAR RACER - Box Car Racer

Il fallait bien que je finisse par faire la critique de l'unique album que le groupe Box Car Racer a fait paraître de son vivant. Cet album homonyme paru en 2002 est bien sûr un des nombreux projets en marge du groupe pop punk américain blink-182. Le batteur de blink-182, le dénommé Travis Barker, vient ainsi à la rescousse de Tom DeLonge, un des deux chanteurs de blink-182 avec Mark Hoppus, pour ce projet parallèle à blink-182. On se rappellera que Travis Barker a également fait partie de Transplants, un autre projet parallèle, tandis que Tom DeLonge s'est essayé à un autre ambitieux projet, celui de Angels & Airwaves et que même Mark Hoppus nous a donné un album avec sa formation +44 peu de temps après Box Car Racer. J'ai critiqué déjà tous ces multiples projets (blink-182, Transplants, Angels & Airwaves et +44) dont vous pouvez aller lire les comptes-rendus sur ce blog en faisant une simple recherche, alors il ne manquait plus que Box Car Racer pour compléter le tout. J'aurais peut-être dû commencer par critiquer Box Car Racer au lieu de finir avec ce groupe car c'est le premier à voir le jour après blink-182 et c'est aussi celui dont la sonorité évoque le plus blink-182. On ne peut pas dire vraiment que Box Car Racer soit un album punk, même si on y retrouve une chanson intitulée My First Punk Song vraiment très agressive dans le style hardcore punk. Tom DeLonge considère que c'est sa première chanson punk et c'est vrai, si on considère que blink-182 n'était pas vraiment punk. My First Punk Song est suivi immédiatement après par une chanson tranquille intitulée Sorrow et le contraste entre fort et doux est saisissant. Tout l'album de Box Car Racer oscille d'ailleurs entre fort et doux mais on ne peut dire qu'il est punk pour autant. La première pièce de l'album, I Feel So, donne peut-être la clé pour définir le style de Box Car Racer. Il s'agit en effet d'une véritable irruption d'émotions et plusieurs ont considéré qu'il s'agissait d'une chanson dans le style emo. Mais c'est quoi, le style emo? Jamais personne n'a réussi à vraiment expliquer c'est quoi ce style. My Chemical Romance est-il emo? Il semble que ce soit davantage une mode vestimentaire et une coupe de cheveux qu'un style musical. Il n'empêche que Box Car Racer peut être, pour les émotions qu'il véhicule, un groupe emo. En réalité, Box Car Racer est simplement une version plus mature et consciente de ses émotions que blink-182. L'album est en fait une sorte de transition entre les premiers albums de blink-182 au tournant du siècle et l'album Neighborhoods paru en 2011 (voir ma critique de Neighborhoods du 14 septembre 2013). Des chansons comme All Systems Go ou encore There Is semblent préfigurer Neighborhoods avec plusieurs années d'avance. Box Car Racer est donc un projet un peu superflu puisqu'il aurait pu simplement faire partie de l'évolution ultérieure de blink-182. C'est d'autant plus vrai si l'on songe que Mark Hoppus chante en tant qu'invité sur la pièce Elevator...! Et Tim Armstrong, chanteur du groupe Rancid qui a fait partie de Transplants avec Travis Barker, chante également sur Cat Like Thief! Ça, c'est le bouquet! Tout le monde couche avec tout le monde, alors aussi bien le faire au sein de blink-182. Je considère donc que Box Car Racer est un album qui ne parvient pas à se démarquer de blink-182, il est trop timide du point de vue du style et expérimente moins que les albums suivants de blink-182. Signalons enfin que la pièce intitulée Instrumental est, comme son nom l'indique, une chanson sans paroles. Si vous aimez beaucoup blink-182, ce qui n'est pas mon cas, vous aimerez probablement Box Car Racer mais il n'empêche que c'est un album qui me laisse un peu indifférent. Tiny Voices, avec un épisode central intéressant, ainsi que I Feel So et Sorrow, sont peut-être les meilleures chansons de l'album mais c'est bien peu. Même si je ne suis pas un fan, je me devais de critiquer Box Car Racer après les blink-182, Transplants, Angels & Airwaves et +44. C'est maintenant chose faite.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20

samedi 14 juin 2014

GOOD CHARLOTTE - The Chronicles Of Life And Death

Good Charlotte est un groupe reconnu comme étant une formation pop punk dans la lignée de blink-182 et de Simple Plan. Cependant, The Chronicles Of Life And Death est un album qui vient changer la donne. En effet, cet album paru en 2004 de Good Charlotte emprunte des avenues nouvelles pour le groupe et semble vouloir adopter un son pop rock plutôt que pop punk. En fait, The Chronicles Of Life And Death est un album bien plus raffiné que ceux de blink-182 et de Simple Plan. The Chronicles Of Life And Death jongle avec les thèmes existentiels qui hantent les frères Joel et Benji Madden dans leurs vies. D'ailleurs, il existe deux versions différentes de cet album, la version de vie et la version de mort. Chacune de ces versions a une chanson différente en bonus. Comme je possède la version de mort, c'est celle-ci que je vais critiquer. La chanson en bonus sur la version de mort s'intitule Meet My Maker mais ce n'est pas la meilleure. Mes préférées sont plutôt Ghost Of You avec des synthétiseurs qui évoque la pièce Smile Like You Mean It par The Killers, la chanson Secrets qui a un bon rythme rock, The Truth qui est une ballade poignante où Joel Madden chante avec sa voix torturée, seulement accompagné par du piano et une section légère de percussion (il est seulement dommage que la pièce qui suit, intitulée The World Is Black, soit plutôt "up-tempo" et ne convienne pas pour succéder à The Truth), la magnifique pièce We Believe que j'aime fredonner et bien sûr I Just Wanna Live, le grand succès tiré de l'album avec un rythme dansant très contagieux. Il ne faut toutefois pas se fier sur I Just Wanna Live pour se faire une idée de l'album de Good Charlotte car le reste est bien plus rock et bien moins disco. Cette chanson raconte la nouvelle réalité des frères Madden maintenant qu'ils sont riches et célèbres et se veut un peu humoristique. Il est difficile de définir le style de l'album The Chronicles Of Life And Death car il y a plusieurs sources différentes d'inspiration. Cependant, tout se tient ensemble et on n'a pas l'impression d'un album éparpillé ou disparate. Au contraire, les chansons vont bien une avec l'autre et sont reliées par le concept de l'album. Car oui, The Chronicles Of Life And Death est bien un album-concept plutôt ambitieux pour Good Charlotte. Ce sont les thèmes des chansons, davantage que la musique, qui permet de tisser les liens entre les morceaux. Le début et la fin de l'album sont assez impressionnants avec l'apport d'un orchestre symphonique. En réalité, la première pièce pour The Chronicles Of Life And Death, intitulée Once Upon A Time: The Battle Of Life And Death, débute de façon bizarre avec des filles qui chantent en japonais et vise à déstabiliser l'auditeur. Les chansons qui suivent sont assez éloignées du pop punk auquel nous avait habitués Good Charlotte et ceci n'a pas toujours été apprécié à sa juste mesure tant par les critiques que par les fans. Je trouve pourtant cette nouvelle démarche artistique stimulante et j'ai bien aimé The Chronicles Of Life And Death. Il est meilleur, plus subtil et plus réussi que ce que certains puissent dire. Bien sûr, il arrive immédiatement après The Young And The Hopeless qui avait été un énorme succès commercial alors peut-être que les attentes étaient trop élevées (voir ma critique de The Young And The Hopeless du 30 mars 2013). À noter en terminant qu'une piste cachée intitulée Wounded, où Joel Madden est accompagné simplement à la guitare acoustique, démarre après deux minutes de silence à la toute fin du disque. L'album The Chronicles Of Life And Death de Good Charlotte, en comptant tous ses chansons en bonus et cachées, dure plus d'une heure alors on en a pour son argent. Il n'y a donc aucune raison d'hésiter à se le procurer, peu importe que ce soit la version de vie ou la version de mort.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 7 juin 2014

PAPA ROACH - The Paramour Sessions

J'aime bien la formation metal Papa Roach, en particulier les premiers albums du groupe. Malheureusement, The Paramour Sessions n'en fait pas partie. Après quelques albums à succès fort intéressants, Papa Roach a en effet décidé de se conformer au son stéréotypé du hard rock commercial et The Paramour Sessions en est un exemple frappant. Il faut dire que le rap metal était devenu ringard au moment de la parution de l'album The Paramour Sessions en 2006 et pour ne pas avoir l'air démodé, il fallait changer. Les débuts rap metal de Papa Roach ont donc laissé place à du hard rock sans grande originalité et assez peu édifiant. Dès le commencement de l'album, on pourrait croire que le rap est toujours là mais non, ce n'est que quelques phrases jetées pour introduire ...To Be Loved, la première pièce de l'album. Il y a bien No More Secrets qui rappelle légèrement la chanson accrocheuse She Loves Me Not de l'album lovehatetragedy de Papa Roach que j'avais apprécié (voir ma critique de lovehatetragedy du 2 novembre 2013) mais c'est tout. Ce qui faisait le charme de Papa Roach a disparu ipso facto pour notre grand dam. Le nouveau hard rock commercial de Papa Roach occupe tout le terrain et il faut attendre les deux dernières chansons (The Fire et Roses On My Grave) pour retrouver un peu de la magie à laquelle nous avait habitué Papa Roach avec ses premiers albums. The Fire rappelle la belle époque de lovehatetragedy tandis que Roses On My Grave fait appel à tout un orchestre symphonique et c'est une très belle chanson. Mais c'est trop peu trop tard, hélas! Le mal est fait: les morceaux qui composent The Paramour Sessions sont assez vides et remplis de clichés. Le comble de l'horreur est atteint avec l'exécrable What Do You Do? qui sonne comme du mauvais Hinder. Je déteste Hinder et tout ce que ce groupe représente avec son album Extreme Behavior (voir ma critique de Extreme Behavior du 5 avril 2014). Être pire que Hinder, faut le faire! Pourtant, le début de l'album The Paramour Sessions est plutôt entraînant et la fin est réussie mais certains numéros sont vraiment trop médiocres et indignes de Papa Roach. Soyons tout de même clément et signifions que les chansons énergiques comme Alive (N'out Of Control) ainsi que I Devise My Own Demise permettent un bon équilibre avec les pièces plus lentes comme Forever. Le morceau Time Is Running Out est festive et donne de la couleur à The Paramour Sessions. La réalisation sonore de Howard Benson (P.O.D., Three Days Grace, Kelly Clarkson), sans être géniale, est tout de même bien faite et sied bien à Papa Roach. Malgré toutes ces qualités, Papa Roach ne parvient pas à convaincre l'auditeur que je suis de l'urgence de sa musique et l'ensemble de son album The Paramour Sessions, quoiqu'il puisse plaire à une frange de l'auditoire qui aime ce style prévisible et dénué d'originalité (ils sont assez nombreux aux États-Unis à aimer le rock commercial), ne réussit qu'à décevoir l'oreille et l'intelligence. J'aurais aimé décerner une meilleure cote d'appréciation personnelle à Papa Roach mais il semble que sa musique ait pris un virage malencontreux auquel il n'y a pas de retour possible. Le rap metal n'était peut-être pas le style de musique le plus intéressant qui soit mais Papa Roach se distinguait jadis dans ce genre désormais moribond...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 13/20