samedi 16 avril 2016

ANAL CUNT - Morbid Florist

Avec un nom pareil, on voit tout de suite que ce groupe bizarre originaire du Massachusetts cherche la controverse. Plus tard, sur d'autres albums, Anal Cunt proférera des insultes envers les homosexuels mais dans le seul but de repousser les limites de la liberté d'expression. Personnellement, je ne suis pas homophobe et il ne faut pas non plus prendre Anal Cunt au sérieux. Le sens de l'humour chez Anal Cunt est certes très particulier mais ce ne sont que de mauvaises blagues inoffensives. De toute façon, à l'époque du EP de quatorze chansons intitulé Morbid Florist qui est paru sur l'étiquette Relapse Records en 1993 mais qui a été enregistré le 20 septembre 1992 à Weymoth, Anal Cunt n'avait pas encore emprunté la voie de l'homophobie en dépit de son nom qui sera pourtant censuré plus tard, en passant du terme Anal Cunt à l'abréviation A.C. plus acceptable. Le groupe n'est constitué que de trois membres, John Kozik à l'assourdissante guitare électrique et Tim Morse tenant la batterie, feu Seth Putnam (1968-2011) criant et exploitant tous les bruits et borborygmes que sa gorge est capable de faire (la pièce Some More Songs en offre un exemple éloquent). Il n'y a donc aucune parole sur Morbid Florist mais juste des cris et des sons inintelligibles. Lorsque j'ai découvert Anal Cunt au début des années '90 avec ce redoutable EP, ce fut une révélation. Je ne connaissais pas encore Napalm Death ni le grindcore, alors l'écoute de Morbid Florist a été un véritable électrochoc. En remettant tout en question, même la définition de ce qu'est une "chanson" ou de ce qu'est la "musique", en faisant du bruit la matière brute avec laquelle composer, on peut dire que Anal Cunt fait aujourd'hui figure de pionnier dans le monde du metal. J'ai déjà fait la critique de l'album Washing Machine de Sonic Youth sur ce blog mais je crois que Anal Cunt est encore plus expérimental que Sonic Youth (voir ma critique de Washing Machine du 19 octobre 2011)! Morbid Florist propose des pièces d'à peine une minute ou trente secondes où il n'y a aucune mélodie mais uniquement du vacarme, la plus courte d'entre elles, intitulée Morrisey en l'honneur de Tina Morrisey qui a produit le EP, faisant seulement vingt secondes! L'exception qui confirme la règle est Song #5 qui est en réalité la deuxième de l'album et où la redoutable formation grindcore Anal Cunt se lance dans une longue pièce lente de doom metal de quatre minutes et demie. Les deux seules pièces par Anal Cunt qui se rapprochent de ce qui pourraient être des chansons dans le sens traditionnel du terme sont Grateful Dead qui n'a rien à voir avec le groupe hippie des années '60 ainsi que Radio Hit au titre ironique et humoristique. Il est vrai que de l'humour, ça en prend aussi pour apprécier Anal Cunt car sinon, on passerait à côté du véritable propos du groupe. Par exemple, Unbelievable reprend le célèbre succès des années '90 du groupe de jeunes freluquets EMF mais pour s'en moquer un rien méchamment. Le résultat d'un album comme Morbid Florist est évidemment drôle et bruyant, dans le sens où les décibels sont élevés mais aussi dans le sens où tout est atonal et chaotique, l'agression sonore primant sur l'aspect musical. À noter cependant qu'il s'agit d'un EP d'une durée totale d'à peine dix-sept minutes venant dans une simple pochette de carton en noir et blanc au lieu de l'habituel boîtier en plastique transparent. De plus, j'ignore si ce fameux EP Morbid Florist produit par ce groupe grindcore innovateur Anal Cunt est facile à trouver de nos jours car je détiens mon exemplaire depuis plus de vingt ans maintenant. C'est un album important pour moi qui a beaucoup de signification personnelle et c'est aussi pourquoi je suis content de le posséder encore et de ne pas l'avoir offert en cadeau à Marilyn Manson lors de son passage à Montréal en 1996 pour lui signifier son manque d'audace en matière de musique...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 18/20

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