CARRIE UNDERWOOD - Play On

Il existe deux manières de concevoir un album de musique: soit on le considère comme une œuvre d'art, quelque chose qui cherche à innover ou à explorer une nouvelle vision du monde, soit on le produit platement comme une marchandise destinée à divertir, sans plus. Il semble qu'avec Play On, la chanteuse country américaine Carrie Underwood se range du côté de cette deuxième possibilité. Play On est un album outrageusement commercial, très accrocheur et léché, qui vise visiblement le succès avant tout. Il s'ensuit que Play On soit forcément un album très agréable du début à la fin, parce que voulu comme tel, sans chercher à réinventer les formules musicales qui ont déjà fait leurs preuves par le passé. On y trouvera rien de surprenant, il s'agit simplement d'un album de country pop tout ce qu'il y a de plus commercial. Carrie Underwood débute son album avec ce qui est possiblement son plus grand succès en carrière, la chanson Cowboy Casanova qui a un beau son de guitare rock évoquant Shania Twain, autre chanteuse country dont j'ai déjà critiqué précédemment l'album Up! assez similaire à Play On (voir ma critique de Up! du 8 décembre 2012). Pour ceux qui l'ignorent encore, il faut savoir que Carrie Underwood nous provient de la télé-réalité American Idol mais c'est avec Play On qu'elle a connu ses heures de gloire, car c'est avec cet album qu'elle a gagné un vaste auditoire en allant bien plus loin que le style country standard auquel elle nous avait habitués jusqu'alors. Elle a même collaboré à l'écriture de certaines chansons de son album, essayant de nous montrer qu'elle n'est pas aussi nunuche qu'elle en a l'air sur la couverture de son album illustrée ici. Les premières chansons de son album sont un peu rock mais plus on avance sur Play On, plus on a droit à des ballades certes incontournables mais jamais ennuyantes, même si elles sont très convenues. Elle parvient même à émouvoir, par exemple sa chanson Change qui traite de faire la différence en aidant son prochain est chantée avec tellement de conviction qu'on ne peut qu'être convaincu soi-même de ce qu'elle chante. Play On est mon album favori de Carrie Underwood et c'est probablement son meilleur album jusqu'à présent. Ne cherchez pas à vous casser la tête sur Play On, c'est juste un album simple et efficace mais très bien produit et réalisé, ce qui explique qu'il ait remporté quelques prix dans des galas de country notamment. Play On de Carrie Underwood, album paru en 2009, soit il y a une décennie tout rond cette année, est évidemment l'album à se procurer en priorité si on s'intéresse aux belles voix de American Idol, même si on n'aime pas trop la musique country puisqu'il s'agit d'un produit assez pop et générique ne pouvant totalement déplaire à personne. Un peu comme c'est le cas de Keith Urban et de son album Graffiti U que j'avais aimé (voir ma critique de Graffiti U du 5 janvier 2019), la recette de Play On est réussie!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20

FLORIDA GEORGIA LINE - Here's To The Good Times

Avec l'arrivée d'artistes country tels que Garth Brooks et Shania Twain dans les années '90, c'est tout le genre musical au complet qui a changé en profondeur. Un de ses représentants actuels est la formation Florida Georgia Line. Leur premier album, paru en 2012 et intitulé Here's To The Good Times, les a mis sur la carte des gros noms du country moderne grâce à leur chanson Cruise mais c'est surtout la collaboration avec la chanteuse pop Bebe Rexha pour la chanson Meant To Be qui les a propulsés sur le devant de la scène musicale en bénéficiant du support des radios pop commerciales qui les ont fait découvrir par un grand nombre d'auditeurs. Florida Georgia Line a ainsi dépassé les ornières du country, un peu comme Shania Twain, pour devenir très populaire en Amérique du Nord. Comme Shania Twain et son album Up! que j'avais plus ou moins apprécié (voir ma critique de Up! du 8 décembre 2012), Florida Georgia Line ne brille pas par son intelligence. Here's To The Good Times use des mêmes ficelles déjà éprouvées par maints artistes avant eux en exploitant des clichés ennuyants et redondants. On a les immanquables et prévisibles chansons pour faire la fête (It'z Just What We Do ou Party People) ou abordant le thème amoureux (Stay ou Dayum, Baby) au travers de l'évocation de la vie simple des petites gens. Surtout, on a cette mixture musicale fort peu raffinée et préparée pour le plus grand nombre, une pâte sonore uniforme comme du vomi qui me fait dire que la réalisation musicale pas très subtile de Here's To The Good Times est franchement navrante et presque de mauvais goût. Il semble que le nouveau country soit un peu comme le pop punk, c'est-à-dire assez laid à écouter, puisque Up! était aussi un album qui échouait à plaire aux oreilles du mélomane averti. Florida Georgia Line est un groupe franchement nul, qui fait reculer le country au lieu de l'aider à avancer. On est bien loin d'un vrai artiste comme Johnny Cash par exemple. À la fin de Dayum, Baby, alors qu'on avait enfin une pièce presque tolérable, le chanteur se met à parler en déconnant, ce qui mine la chanson de façon inexplicable... Cela ne devrait pas offenser les "rednecks" qui écoutent l'album Here's To The Good Times de Florida Georgia Line en croyant candidement qu'il s'agit là de musique véritable! D'ailleurs, la version que je critique ici se vante fièrement de comporter quelques Exclusive Bonus Tracks et en effet, il y a deux chansons supplémentaires, soient What Are You Drinking About ainsi que Country In My Soul. Curieusement, cette mention spéciale dont se targue Florida Georgia Line est peut-être justifiée puisque les deux pistes en bonus sont possiblement les meilleures de l'album, surtout What Are You Drinking About. Enfin bref, si on y tient vraiment, il vaut mieux se procurer cette version de l'album. En terminant, je dois préciser que l'album que je possède et que je critique présente une couverture sensiblement différente que celle illustrée ici puisque le ciel sur ma version est blanc et sans nuages contrairement à ce que vous pouvez voir. Cela est anecdotique mais peut vous aider à choisir la bonne version au moment de votre achat... si vous souhaitez acquérir malgré tout une merde puante comme Here's To The Good Times de Florida Georgia Line.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 10/20

THE STRUMBELLAS - Hope

Le mouvement des années 2010 pour un retour au folk et à la guitare acoustique, mené par des groupes-phares comme Mumford & Sons et The Lumineers, nous aura donné aussi The Strumbellas et leur album Hope paru en 2016. Ce qui est spécial avec ce groupe, c'est qu'il est canadien; en tant que natif de ce pays, je ne puis que me réjouir d'une telle situation. On sait que The Strumbellas ont connu leur heure de gloire, leur 15 minutes de célébrité pour paraphraser Andy Warhol, grâce à la chanson à succès Spirits qui a beaucoup tourné sur les radios commerciales au Québec; en tant que natif de cette province, je ne puis que me réjouir d'une telle situation. Car il faut bien le dire, The Strumbellas méritent largement le succès qu'ils ont reçu, notamment avec les prix dont ils sont les récipiendaires comme ceux des Juno Awards par exemple. Spirits est bien sûr leur chanson la plus connue mais il ne faudrait pas oublier les autres, toutes les pièces de l'album Hope étant du même calibre. Si vous avez aimé comme moi Spirits, alors précipitez-vous sur l'album puisque les onze chansons de l'album Hope sont semblables et toutes aussi accrocheuses. Il y a par ailleurs quelque chose qui fait du bien quand on écoute l'album, je ne pourrais pas préciser quoi mais je le trouve fort attachant. En quelque sorte, il a ce je-ne-sais-quoi qui le distingue des autres albums du nouveau folk des années 2010, pas toujours brillants faut-il se l'avouer (Phillip Phillips par exemple... je ne suis pas méchant, c'est juste la vérité). Hope a quelque chose de curieux que je n'arrive pas à définir; le chanteur est un peu bizarre. Peu importe, je trouve que cet album est thérapeutique et qu'il a le pouvoir de me rasséréner. Cela me suffit pour le comparer avec un album que j'ai déjà critiqué, Need You Now (voir ma critique de Need You Now du 27 octobre 2018). Hope est bien meilleur que cet album de Lady Antebellum, dans le genre folk et country. Il est scandaleux que The Strumbellas soient moins connus que Lady Antebellum. Hope est certes de meilleure qualité du point de vue des compositions mais il est aussi plus crédible qu'un album aussi complaisant que Need You Now. Par ailleurs, on notera la présence de cuivres sur certaines chansons de Hope qui leur donnent une grandeur, une noblesse qui lui sied à merveille. On remarquera aussi que la couverture dessinée de l'album illustrée ici fait écho au clip lancé par The Strumbellas pour la pièce Spirits. Est-ce que le phénomène que sont The Strumbellas dépasse leur chanson Spirits? The Strumbellas sont-ils seulement une sorte de "one hit wonder"? J'espère bien que non même si j'en ai bien peur que oui. Cela est fort dommage pour un groupe qui est capable de nous créer une pléthore de morceaux de folk accrocheurs sans sourciller. Il ne fait donc pas de doute en définitive que j'aie apprécié grandement Hope par The Strumbellas et que je le recommande sans sourciller moi non plus.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

KINGS OF LEON - Aha Shake Heartbreak

Kings Of Leon est un groupe qui est passé par maints différents styles au cours de son étonnante carrière et ce, en fort peu de temps. Dès son deuxième album intitulé Aha Shake Heartbreak et paru en 2005 ici en Amérique du Nord, Kings Of Leon bifurquait déjà de trajectoire pour emprunter un style nettement plus audacieux qu'avec son premier opus composé dans un style southern rock plus réactionnaire. À vrai dire, il est difficile de définir précisément le style de Aha Shake Heartbreak tant le groupe adopte un style original et inédit jusqu'alors. Bien sûr, c'est du rock alternatif, on pourrait peut-être dire de l'indie rock mais ça ne ressemble en rien à quelque chose que j'aurais déjà entendu. De fait, Aha Shake Heartbreak est mon album préféré de Kings Of Leon parce qu'il me désarme à chaque fois que je l'écoute. En tout cas, il est certainement plus original et captivant que son album Only By The Night qui était malheureusement raté (voir ma critique de Only By The Night du 19 mai 2018). Certaines chansons de Aha Shake Heartbreak se rapprochent beaucoup du rock comme Pistol Of Fire ou encore Four Kicks par exemple, mais d'autres sont bien plus douces comme Milk ou Day Old Blues. Quant à Velvet Snow, elle est carrément débridée avec son tempo effréné. Il y a surtout des pièces de Kings Of Leon franchement bizarres, presque complaisantes par moments à trop vouloir désarçonner l'auditeur, mais c'est quand même mieux que la sauce prévisible que nous livre les radios commerciales par les temps qui courent. L'album termine d'ailleurs par la chanson la plus bizarre de l'album, une pièce intitulée Rememo qui évoque un cortège de clowns ou une musique de cirque, je ne sais trop comment la définir, mais qui tangue allègrement vers la folie. Tout l'album de Kings Of Leon nous montre d'ailleurs chez Caleb Followill, chanteur du groupe, un être tantôt pitoyable, tantôt pathétique, au point où l'on se demande si c'est sérieux ou si c'est humoristique. Les paroles sont en effet déconcertantes, comme par exemple sur la pièce Soft dont les paroles traitent de la difficile question de la dysfonction érectile, mais sous un angle presque drôle. Bref, je ne sais pas trop quoi penser de cet album vraiment spécial et pittoresque de Kings Of Leon à recommander aux curieux que Only By The Night a déçu. Curieusement, ce n'est pas un album difficile à digérer, en partie parce qu'il dépasse à peine les 35 minutes pour une douzaine de chansons, ce qui revient en moyenne à des chansons de moins de trois minutes chacune, ce qui n'est vraiment pas très long. Ceci est sans considérer que la première chanson Slow Night, So Long est en fait divisée en deux, avec une deuxième partie non mentionnée à l'endos de l'album mais qui s'intitule Too Good To Tango. Ainsi, je peux dire que cet album stupéfiant de Kings Of Leon nous présente sa musique sous la forme de miniatures amusantes et accrocheuses. Enfin, mentionnons également que le titre Aha Shake Heartbreak provient en fait des paroles rigolotes de Taper Jean Girl et que le plateau blanc à l'intérieur du boîtier cache en réalité une photographie mystérieuse. À découvrir...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20