mercredi 21 décembre 2011

Une pause bien méritée!

Durant le temps des Fêtes, je serai en vacances et je ne serai donc pas disponible pour écrire de nouvelles critiques de CD. Je serai de retour avec de nouvelles critiques le premier samedi de janvier. En attendant, vous pouvez toujours relire mes anciennes critiques de CD, consulter mon blog à votre convenance et laisser vos commentaires si le coeur vous en dit. En tous cas, je vous souhaite de passer de très belles Fêtes.

JOYEUX NOËL & BONNE ANNÉE !

samedi 17 décembre 2011

GWEN STEFANI - The Sweet Escape

La première chose qui m'a frappé quand j'ai écouté l'album The Sweet Escape de Gwen Stefani pour la toute première fois est de constater comment des chansons de pop aussi traditionnelle que Early Winter et 4 In The Morning pouvaient côtoyer des pièces complètement éclatées comme Wind It Up et Yummy. Cette ambivalence entre tradition et expérimentation, il faut le dire, est cependant totalement assumée par Gwen Stefani. Il faut dire aussi que Gwen Stefani est la chanteuse du groupe rock No Doubt et qu'elle avait déjà prouvé auparavant qu'elle pouvait chanter aussi bien du rock que de la pop commerciale (la chanson Don't Speak fut un énorme succès des années '90) et même du hip hop avec sa participation à une chanson de la rappeuse américaine Eve. Avec son album The Sweet Escape paru en 2006, Gwen Stefani semble plus encline à expérimenter sans renier son attachement à des mélodies pop léchées. Cela explique cette différence de style très marquée entre les chansons de l'album qui vont du hip hop à l'électro en passant par la pop incontournable. Sur Wind It Up, Gwen Stefani y va avec un clin d'oeil au chant tyrolien dans une pièce hip hop expérimentale vraiment incroyable, faut le faire! La chanson-titre de l'album, The Sweet Escape, avec la participation du rappeur Akon, rappelle les bluettes des années '50 et s'avère fortement contagieuse avec sa mélodie accrocheuse qui a beaucoup tourné dans la seconde moitié des années 2000. Yummy avec la participation du rappeur Pharrell, comme je l'ai déjà mentionné, est une chanson plutôt éclatée, surtout avec sa conclusion sur des bruits de machines rythmés qui s'apparentent à une esthétique constructiviste. Le rythme est d'ailleurs au coeur de la musique de Gwen Stefani sur cet excellent album inspiré notamment par le hip hop. On doit également mentionner les deux dernières chansons de l'album, U Started It et Wonderful Life, qui sont influencées par les années '80, une grande inspiration pour Gwen Stefani tout au long de sa carrière. Cet album de Gwen Stefani est très accrocheur et ne présente aucune mauvaise chanson, vous pouvez vous le procurer sans crainte. Je le considère même plus réussi que son album précédent de 2004 qui s'intitulait Love.Angel.Music.Baby. et qui copiait allègrement les années '80, au point où ça en devenait presque gênant. Les références de The Sweet Escape, hormis quelques exceptions, sont plus actuelles et bien de leur époque. Je recommande donc The Sweet Escape pour ses rythmes, son style, ses mélodies et sa légèreté. Gwen Stefani est ici à son meilleur.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 10 décembre 2011

PJ HARVEY - Stories From The City, Stories From The Sea

Dans les années '90, PJ Harvey se renouvelait constamment à chaque album, si bien que l'on ne savait jamais trop à quoi s'attendre de sa part. En l'an 2000, elle nous arriva avec Stories From The City, Stories From The Sea, un album plus mature et sérieux que ses albums précédents. Dès la première chanson, Big Exit, PJ Harvey annonce la couleur: ce sera le noir. Le couplet de Big Exit résonne comme un cri désespéré dans la nuit où elle nous chante qu'elle a tant besoin d'un fusil... Heureusement, le refrain est moins dramatique. Good Fortune, la chanson qui suit, fut un morceau à succès dans les palmarès alternatifs dont l'accompagnement me fait personnellement penser à About A Girl de Nirvana à chaque fois que je l'écoute. One Line et Beautiful Feeling sont des chansons où PJ Harvey approfondit son exploration psychologique par l'expression fine des sentiments. Thom Yorke de Radiohead accompagne PJ Harvey sur Beautiful Feeling mais prête aussi sa voix à The Mess We're In où cette fois, c'est bien PJ Harvey qui l'accompagne. Kamikaze est une pièce complètement folle comme les Japonais l'aiment bien. This Is Love, avec son martèlement sur tous les temps de la mesure comme Rebel, Rebel de David Bowie, prouve avec son vidéoclip simple mais accrocheur que PJ Harvey est une jolie fille intelligente qui veut faire du rock. Horses In My Dreams est une chanson qui languit jusqu'à la mort... We Float est une pièce heureusement plus zen. À l'endos de l'album, il est indiqué un treizième morceau intitulé This Wicked Tongue qu'on n'entend pas à l'écoute de l'album. C'est que cette pièce secrète se retrouve uniquement sur la version japonaise de Stories From The City, Stories From The Sea. Voilà pour l'analyse succincte des principales chansons, mais qu'en est-il de l'album dans son ensemble? Il faut d'abord savoir qu'il est beaucoup plus accessible et commercial que ses précédents albums. Il présente douze morceaux relativement standards composés par une PJ Harvey réinventée de toutes pièces. Même son image a changé comme on peut le constater sur la pochette de l'album et dans son vidéoclip Good Fortune. PJ Harvey semble se prendre plus au sérieux et vouloir qu'on prenne son talent d'auteure et de compositrice plus au sérieux. Il en résulte un album certes plus sévère mais aussi plus accrocheur paradoxalement. Le tout est moins éclaté, moins fou mais plus confortable à l'écoute. Ce n'est pas un album difficile; il s'écoute en définitive fort bien. Si vous ne connaissez pas encore l'excellente PJ Harvey, l'album Stories From The City, Stories From The Sea est un excellent album pour vous introduire à cette artiste d'exception.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 3 décembre 2011

ELASTICA - Elastica

Au royaume de la musique britpop, il n'y a pas que des garçons. Elastica est un groupe presque exclusivement féminin qui fit sensation en 1995 avec la parution de son album homonyme, grâce notamment au succès irrésistiblement accrocheur de la chanson Connection dont le vidéoclip a beaucoup tourné à la télévision. La chanteuse d'Elastica, Justine Frischmann, était la petite copine de Damon Albarn du groupe Blur avant de fonder Elastica et de fait, les deux groupes ont en commun de faire une musique pop vitaminée très accrocheuse. Le son d'Elastica est très éclectique, empruntant à la new wave, à la musique pop, beaucoup au punk. L'influence du punk est manifeste par la brièveté des chansons et le son cru des guitares dans des chansons comme Annie, Smile, All-Nighter et Stutter par exemple. L'album contient 16 chansons pour seulement 40 minutes de musique, c'est dire que la plupart des chansons font à peine 2 minutes. Cette brièveté et cet éclectisme accentuent l'impression d'avoir entre les mains un album un peu frustre et inachevé, à la façon de la musique punk. Contrairement aux albums de Blur qui sont solidement construits et présentent une grande unité, Elastica est un album qui semble aller dans toutes les directions, s'essayant à tous les styles et manquant peut-être de vision d'ensemble. Cela n'enlève rien cependant au plaisir d'écouter ce qui ressemble parfois presque à des pastiches. Le ton de l'album est joyeux et éclaté et s'écoute sans effort. C'est une musique vivante et amusante qui saura vous égayer les jours de pluie. L'album a un petit côté nostalgique à cause de ses références new wave comme c'est le cas du succès Connection qui doit son introduction à une pièce du groupe Wire ou encore la chanson Hold Me Now qui n'a pourtant rien à voir avec le succès des Thompson Twins. À part Connection, mes chansons favorites sont Line Up, Hold Me Now, Waking Up, Stutter et Never Here mais toutes les chansons sont bonnes, elles sont seulement hétéroclites les unes par rapport aux autres. Ce défaut est bien pardonnable puisqu'il donne un certain charme à l'ensemble, comme si les chansons étaient livrées à l'état brut. Elastica n'est certes pas un album parfait mais il s'écoute fort bien et témoigne du style rafraîchissant qui a secoué l'Angleterre au milieu des années '90 et qu'on appelle britpop. Elastica n'est peut-être pas un groupe génial comme Blur mais il mérite certainement au moins une écoute. Ou bien plus.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

mercredi 30 novembre 2011

MATTHEW GOOD BAND - Beautiful Midnight

S'il est un groupe des années '90 très injustement sous-estimé, c'est bien le Matthew Good Band. En 1999, la parution de l'album Beautiful Midnight par l'excellent groupe rock canadien Matthew Good Band dirigé, on s'en doute bien, par le grand et talentueux chanteur Matthew Good, attira l'attention des médias sur ce qui semble être avec raison le meilleur album du groupe, plus réussi que son très bon précédent album intitulé Underdogs. L'introduction de l'album est épatante. Dès le début de Giant, la première chanson de Beautiful Midnight, notre curiosité est piquée par un groupe de filles scandant un air de cheerleaders. Hello Time Bomb, la pièce qui suit, est le plus grand succès de l'album et un des morceaux les plus accrocheurs de Beautiful Midnight avec son tic tac de bombe à retardement. La première moitié de l'album est absolument excellente et mérite qu'on s'y arrête. Parmi les chansons de cette première moitié, mentionnons la superbe et très profonde chanson I Miss New Wave avec son atmosphère à trancher au couteau et son ambiance à se trancher les veines... Par contraste, la chanson qui suit I Miss New Wave et qui s'intitule Load Me Up est une pièce rock énergique qui n'exclut pas un ton sérieux. D'ailleurs, c'est la marque du Matthew Good Band d'aller droit au but dans son propos et d'aborder toutes ses chansons avec beaucoup de sérieux et de professionnalisme. L'émotion transparaît dans la voix de Matthew Good à chaque instant. Ce parti pris de sérieux dans toutes les chansons comporte toutefois un piège, celui de lasser l'auditeur par manque de fantaisie. Et effectivement, l'intérêt baisse un peu dans la seconde moitié de l'album. Faisons exception cependant de la chanson The Future Is X-Rated qui a de l'aplomb et s'avère fort accrocheuse ainsi que Born To Kill, vraiment très expressive (même si elle ne l'est pas autant que I Miss New Wave). Parmi mes chansons préférées de l'album, il y en a plusieurs mais je peux nommer I Miss New Wave, Failing The Rorschach Test et The Future Is X-Rated. C'est certain que Beautiful Midnight présente quelques lacunes, comme ce manque de fantaisie dans sa seconde partie ou son manque de variété dans l'instrumentation et la réalisation. Mais l'émotion qui se dégage de l'album est remarquable et ne fait jamais défaut. Comment passer sous silence la fin de la chanson Born To Kill avec sa montée cacophonique et sa note aiguë finale qui se veulent être un clin d'oeil à la fin de l'album Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles que j'ai critiqué précédemment (voir ma critique de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band du 26 novembre 2011)? Pour quiconque s'intéresse au rock canadien ou au rock des années '90, Beautiful Midnight est un must et trouvera sa place dans toute bonne discothèque. La musique du Matthew Good Band vous hantera pour des jours à venir et vous y reviendrez comme à une étrange drogue...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 26 novembre 2011

THE BEATLES - Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band

Aimez-vous la drogue? Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band a été écrit par une bande de drogués. Paul, John, George et Ringo étaient sous l'emprise de stupéfiants lorsqu'ils créèrent le plus fabuleux album de tous les temps. Peut-être avaient-ils bien consommé du LSD comme le suggèrent les initiales de leur chanson Lucy in the Sky with Diamonds. C'est Timothy Leary qui devait être bien content. En tous cas, une chose est sûre, c'est que cet album des Beatles a changé le cours de l'Histoire de la musique et de l'Histoire tout court. Cet impressionnant et ambitieux album-concept se propose de défier les barrières entre la culture populaire et la culture savante et de concurrencer la musique classique occidentale. Même la pochette de l'album de 1967 est un événement car on y voit les quatre membres des Beatles en compagnie de personnages célèbres de différents niveaux de culture, de classe sociale. C'est ainsi que Karl Marx et Albert Einstein y côtoient Marilyn Monroe et Laurel & Hardy. Musicalement, l'album explore et expérimente également entre pop music et musique classique contemporaine en introduisant des sons étranges et des bruits divers. D'ailleurs, un autre personnage qu'on aperçoit sur la pochette est nul autre que Karlheinz Stockhausen en personne, un compositeur de musique contemporaine de réputation internationale, une sorte de Beethoven des temps modernes. C'est au carrefour d'influences éclectiques parfois contradictoires mais toujours parfaitement intégrées à l'ensemble que se situe cet album étonnant. C'est ainsi que la musique psychédélique, le classique contemporain, la musique de cirque, le hard rock et le tabla indien se retrouvent tous réunis sur le même album sans que l'ensemble des chansons ne semble dépareillé. Comment peut-on enchaîner Within You Without You, une pièce de musique indienne composée par George Harrison, avec la pièce de clarinette When I'm Sixty-Four? Mais les Beatles l'ont fait, prouvant qu'ils pouvaient tout se permettre. À la fin de A Day In The Life, la dernière chanson de l'album, on entend une montée cacophonique d'instruments d'orchestre suivi d'un accord libérateur des tensions accumulées. L'effet est tout simplement saisissant. Ensuite, il y a un ultrason qui a été placé là, paraît-il, pour que les chiens se mettent à aboyer en l'entendant. C'est que les chiens n'ont pas le même spectre auditif que les êtres humains. Puis la célèbre boucle à répétition clôt l'album, un clin d'oeil à la musique classique contemporaine. La première fois que j'ai entendu Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, j'ai senti un grand frisson me parcourir l'échine. Encore aujourd'hui, je me sens toujours un peu bizarre après chaque fois que je l'écoute. C'est un chef-d'oeuvre absolu, un morceau monumental de la culture pop, une oeuvre d'art intemporelle et un sommet de toute la musique du vingtième siècle. Encore mieux, Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band est le meilleur album des Beatles, le meilleur album des années '60, le meilleur album depuis l'invention du rock'n'roll et le meilleur album de toute l'Histoire de l'Humanité, point final.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 20/20

samedi 19 novembre 2011

RICHARD ASHCROFT - Alone With Everybody

Après le succès retentissant de son excellent groupe The Verve, le génial Richard Ashcroft tenta l'aventure d'un album solo. Le résultat en est Alone With Everybody, paru en l'an 2000. Malgré la fin de The Verve, Richard Ashcroft semble en bonne forme dans la composition et l'interprétation de ses chansons. C'est ainsi que pour A Song For The Lovers et pour I Get My Beat, les deux chansons qui débutent superbement l'album, Richard Ashcroft procède par l'exploration psychologique fine des sentiments. Brave New World est une oeuvre élégiaque d'un lyrisme grisant. Dans New York, il introduit une scansion. Le refrain est scandé sur un rythme irrésistible jusqu'à produire un effet hypnotique. Les quatre chansons que je viens de citer sont les quatre premières de l'album et aussi mes quatre préférées. Mais le reste n'est pas à dédaigner et présente des chansons dignes d'intérêt. Partout, les arrangements sont riches et subtils. On y entend entre autres un orchestre à cordes, de la flûte, de la trompette avec sourdine, de la trompette sans sourdine, du saxophone, de l'harmonica, de l'orgue, du piano et bien sûr de la batterie, des guitares et du chant. Mais tous ces instruments ne sont pas mis en valeur, ils sont plutôt fondus dans la texture sonore. D'ailleurs, Alone With Everybody présente un professionnalisme certain, une connaissance sûre du métier. Les arrangements sont superbes et fort attachants. Il y a de bonnes ballades country comme You On My Mind In My Sleep et Slow Was My Heart. Ailleurs, Richard Ashcroft louvoie entre folk et pop pour notre plus grand plaisir. Il y a des chansons plus rythmées comme Money To Burn et C'mon People (We're Making It Now). L'album est diversifié et intelligemment structuré. On ne peut trouver aucune mauvaise chanson sur cet album généreux qui dure une heure. Il n'y a que onze chansons mais elles sont assez longues, ce qui revient à près de 5½ minutes par chanson. Richard Ashcroft prend son temps pour établir l'ambiance et nous convaincre de se laisser transporter avec lui par l'ivresse de ses pièces magnifiques. Alone With Everybody est un album intéressant et bien qu'il ne soit pas certain que vous l'aimiez si vous avez apprécié Urban Hymns, l'album à succès de The Verve, il est quand même probable que vous tombiez ici sous le charme de Richard Ashcroft. Je recommande définitivement l'acquisition de cet album.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 12 novembre 2011

RADIOHEAD - Pablo Honey

Il est difficile de faire la critique de Pablo Honey en faisant abstraction de l'évolution ultérieure de Radiohead. Le groupe de Thom Yorke est en effet allé si loin sur ses albums suivants que Pablo Honey paraît mièvre en comparaison. D'ailleurs, Thom Yorke a même déclaré qu'il reniait cet album, son premier opus. En fait, Pablo Honey vaut surtout pour son succès Creep, une ballade poignante qui ressort nettement de cet album plutôt moyen. Creep est d'ailleurs repris à la fin de l'album dans sa version censurée. C'est que la version originale contient l'expression controversée "fucking special" alors que l'autre version qui apparaît sur une piste cachée après Blow Out en est expurgée. Avec Pablo Honey, Radiohead semble tiraillé entre la volonté de bien faire un album avec un potentiel commercial et celle d'expérimenter des idées musicales. Par ailleurs, Pablo Honey présente quelques lacunes d'inspiration. Par exemple, l'intro et le couplet de Anyone Can Play Guitar sont superbes mais le refrain est complètement raté. Dommage car cela aurait fait une excellente chanson. D'autre part, certaines chansons ont tendance à se ressembler comme Lurgee qui est totalement superflue. Mais Pablo Honey a quand même des chansons fort intéressantes. À part Creep, mes chansons préférées sont Prove Yourself et surtout Blow Out qui annonce déjà The Bends. D'ailleurs, Pablo Honey est un peu en avance sur son temps en étant un des premiers albums britpop à être sorti en Angleterre. Paru en 1993, il devance d'un an Parklife de Blur et Definitely Maybe de Oasis, deux albums incontournables du genre parus en 1994. Est-ce que Pablo Honey mérite qu'on le renie? Je ne le pense pas car il a pour lui de bonnes chansons britpop et puis surtout il y a Creep. Si j'avais à choisir entre Kid A, OK Computer et Pablo Honey, je ne prendrais probablement pas Pablo Honey, mais si on ne connaissait pas les autres albums de Radiohead, on se dirait que c'est finalement un bon album tout à fait convenable.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20

samedi 5 novembre 2011

LIZ PHAIR - Exile In Guyville

Qui est cette fille au ton impertinent qui apporta un vent de fraîcheur en 1993 avec son album Exile In Guyville? C'est Liz Phair! Bien qu'elle n'ait jamais réussi à faire carrière dans l'industrie de la musique commerciale, elle fit sensation dans les milieux alternatifs. Le titre Exile In Guyville est une référence explicite à l'album blues Exile On Main Street des Rolling Stones. Pourtant, cet album de Liz Phair est bien moins blues et puise ses influences plutôt dans le rock classique. Il oscille entre rock classique et rock alternatif, allant dans ce dernier cas de la musique expérimentale à Patti Smith. Des chansons comme 6'1", Never Said et Mesmerizing sont tout à fait classiques alors que Canary ose explorer un peu plus avec son piano détimbré et que Flower est carrément expérimentale. La musique de Liz Phair agit comme une succession de petits paysages musicaux. Il y a 18 chansons pour 56 minutes de musique, ce qui revient à près de 3 minutes par chanson. Il y a bien des chansons plus longues comme Shatter qui dure 5½ minutes et qui bénéficie d'une longue introduction à la guitare mais, en général, les pièces sont brèves et font donc penser à de petites miniatures se succédant une après l'autre. L'art de Liz Phair consiste à varier ses chansons et renouveler constamment l'intérêt. Aucune des 18 chansons ne ressemble à une autre et nous fait voyager dans un monde musical particulier. Quant aux textes, ils sont parfois tourmentés, parfois choquants comme par exemple Fuck And RunLiz raconte ses déboires amoureux et Flower qui est carrément obscène et provocant. En ce sens, elle s'inscrit dans le courant de nouvelles chanteuses rock féministes avec du cran et de l'audace qui ont vu le jour durant les années '90. Si vous aimez les textes croustillants, vous serez servi avec Exile In Guyville. Le sexe n'est pas seulement suggéré, il est explicitement évoqué. Cette revendication du droit pour les filles de parler de sexe et d'avoir du sexe fit de Liz Phair une chanteuse considérée comme féministe. Toute l'astuce de Liz Phair est de faire du neuf avec du vieux en réinventant le rock classique pour en faire quelque chose de dépoussiéré, de résolument moderne et actuel grâce à des mélodies accrocheuses et des propos controversés. Bien que datant de 1993, Exile In Guyville s'écoute encore fort bien aujourd'hui. Liz Phair est une chanteuse authentique et prolifique qui nous gratifie ici de 18 chansons pleines de fraîcheur et d'impertinence. Que demander de mieux?

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 29 octobre 2011

HOLLY McNARLAND - Stuff

La chanteuse canadienne Holly McNarland est l'exemple typique de l'artiste féminine restée dans l'ombre de la mégastar Alanis Morissette en même temps qu'elle a profité de la vague de nouvelles chanteuses révoltées qui ont suivi Alanis Morissette à partir du milieu des années '90. Holly McNarland a certes connu un certain succès avec son album Stuff, paru en 1997, grâce notamment à sa chanson Numb qui a joué sur les chaînes musicales de télé spécialisées, au Canada du moins. Mais son album n'a jamais connu le destin glorieux de Jagged Little Pill, en dépit d'excellentes compositions et de paroles tourmentées à souhait. C'est que Stuff est un album inégal: il commence très fort avec des pièces fort inspirées comme Numb et Elmo, mais se corse dans le dernier tiers de l'album avec Mystery Song qui a des sonorités Nouvel Âge hors de propos ici, Just In Me qui est franchement affreux et complètement raté et Twisty Mirror qui détone un peu. Heureusement, l'album conclut avec I Won't Stay, une chanson simple mais qui fait beaucoup de bien. Holly McNarland est avant tout une excellente interprète qui sait varier sa voix dans de splendides nuances et exprimer les tourments de son âme. C'est aussi une bonne auteure et parolière aux propos parfois provocants, toujours dérangeants. Il suffit pour cela d'écouter le texte de Coward par exemple où Holly semble bien tourmentée. Mes chansons favorites toutefois, à part bien sûr le succès Numb, sont Water et The Box, mais les sept premières chansons sur onze au total ont toutes un petit je-ne-sais-quoi qui me fait personnellement vibrer. Le talent de l'auteure-compositrice-interprète canadienne Holly McNarland est assez manifeste et il est dommage que les dernières chansons de Stuff laissent à désirer. Ce n'est pas que Holly McNarland innove vraiment la formule inventée par Alanis Morissette mais disons qu'elle a en dépit de tout son petit style bien à elle et immédiatement reconnaissable. L'album Stuff de Holly McNarland, pour ses petits trésors cachés, ne méritait pas de passer inaperçu dans le flot de nouvelles chanteuses des années '90. Au contraire, on peut juger aujourd'hui du talent de cette artiste sensible oubliée de nos jours.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 22 octobre 2011

PRIMUS - They Can't All Be Zingers

Primus est certainement un des groupes les plus sous-estimés des années '90. Quand vient le temps de dresser des listes des meilleurs groupes de cette décennie, on a toujours tendance à inexpli-cablement les oublier. They Can't All Be Zingers vient heureusement rectifier le tir en nous rappelant combien Primus était fou et original. Cette compilation parue en 2006 retrace la carrière de Primus à partir de ses débuts avec un minutage généreux de plus de 76 minutes réparties en seize chansons présentant le meilleur de Primus. Les chansons sont classées par ordre chronologique, ce qui est une bonne chose car cela permet de suivre l'évolution de Primus au fil des années '90. On y trouve le succès My Name Is Mud, paru en 1993, qui fit beaucoup pour la renommée de Primus. À cette époque, plusieurs groupes avaient émergé de la scène funk rock alternative: on n'a qu'à penser aux Red Hot Chili Peppers, à Infectious Groove, etc... Mais la folie et l'humour de Les Claypool, chanteur et bassiste de Primus, le distingue de tous les autres. Son univers baroque et singulier transparaît autant dans l'excentricité de ses paroles que dans le groove funky de sa basse électrique. Sur la chanson Coattails Of A Deadman, Les Claypool chante en duo avec un autre excentrique et non le moindre, soit le génial Tom Waits. They Can't All Be Zingers est une étrange compilation dont la pochette du CD ressemble à l'emballage en plastique d'un paquet de tranches de fromage (on connaît bien les affinités de Les Claypool pour le fromage) mais c'est une compilation de rêve car elle présente tous les moments savoureux de Primus comme My Name Is Mud et Coattails Of A Deadman. D'ailleurs, mes chansons préférées issues de la compilation sont la bestiale Jerry Was A Race Car Driver, la très funky Tommy The Cat, la mystérieuse Southbound Pachyderm et puis bien sûr My Name Is Mud ainsi que Coattails Of A Deadman pour Tom Waits, sur le rythme à trois temps d'une curieuse valse fantastique. Les autres chansons sont également excellentes et cette compilation de Primus est un must pour quiconque veut s'initier à l'univers bien particulier de Primus. They Can't All Be Zingers est l'album idéal pour une première incursion qui garantit à coup sûr de très heureuses découvertes.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 18/20

mercredi 19 octobre 2011

SONIC YOUTH - Washing Machine

La légendaire formation Sonic Youth avait déjà fait paraître toute une pléthore d'albums lorsque Washing Machine nous arriva en 1995. La capacité de se renouveler a ses limites et Washing Machine montre quelques signes d'essoufflement au niveau de l'inspiration. C'est ce qui explique, du moins en partie, que l'album sonne ici un peu ordinaire. Par "ordinaire", j'entends que c'est "ordinaire" pour Sonic Youth alors que ce serait étrange pour bien d'autres groupes. Ce qui est bizarre pour les uns est normal pour les autres. Sonic Youth conserve sa volonté artistique de faire utilisation du bruit dans sa musique même si la plupart des chansons ont une mélodie soutenue par une section rythmique. Il faut toutefois faire exception de The Diamond Sea, la dernière chanson de l'album. Cette pièce de près de vingt minutes débute normalement mais dérive vers une orgie de bruit à la guitare électrique distortionnée. À cause de cette chanson, l'album dure plus de 68 minutes dont plusieurs minutes de pur bruit pour conclure. Il faut dire que la formation a été fort expérimentale par le passé et le meilleur de Sonic Youth remonte aux années '80. Leurs albums capturaient l'esprit du moment tout en conservant leur style immédiatement reconnaissable entre autres par l'utilisation du bruit généré par des instruments de musique. Toutefois, ici sur Washing Machine, Sonic Youth est moins convaincant. Les premières chansons sont typiques de Sonic Youth mais servent surtout à nous situer dans l'univers habituel de la formation. Les chansons avec davantage de caractérisation arrivent en dernier comme Little Trouble Girl, la chanson d'inspiration country Unwind (qui l'aurait cru?), la piste 9 qui est une pièce cachée instrumentale car elle n'est pas inscrite à l'endos de l'album, No Queen Blues qui fait penser à la fin à un pantin automate déréglé ou ma chanson préférée pour son rythme carré irrésistible, Panty Lies. Ces chansons sont intéressantes et sauvent Washing Machine de l'ennui. En fait, cet album-ci reste préférable à bien d'autres albums timorés de musique commerciale produits à la chaîne par l'industrie. Pour cette raison, Washing Machine demeure un album qu'on doit respecter et aimer. J'aime bien Panty Lies qui est chanté par la voix un peu enfantine de Kim Gordon. Il faut savoir que Sonic Youth est une formation tricéphale. Plusieurs membres prêtent leur voix à Washing Machine: il y a Kim Gordon, Lee Ranaldo et Thurston Moore, ce qui permet à Sonic Youth d'avoir des voix féminines et masculines. Notons aussi la participation de Kim Deal du groupe The Breeders sur la chanson Little Trouble Girl. En somme, Washing Machine n'est certes pas le meilleur album de Sonic Youth mais il est quand même assez bon pour justifier l'achat des fans.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 15 octobre 2011

NIRVANA - Nevermind

Le grunge est né en 1991 avec Nevermind. Cette affirmation n'est pas exagérée si on songe à toutes les portes que Nirvana a ouvertes aux groupes qui ont suivi. La décennie '90 telle qu'on la connaît n'a pas de sens sans Nevermind. Selon l'avis d'experts et de critiques du rock, Nevermind est le meilleur album de toute la décennie. Je dois dire que je partage cette opinion. Nirvana a mis fin au hair metal des années '80 avec Poison, Cinderella et Warrant pour remettre la rébellion du rock en avant de la scène. Le titre de Nevermind fait d'ailleurs penser à Nevermind The Bollocks des Sex Pistols. Et de fait, tous les deux ont été des albums qui ont fait table rase de la mode imposée par l'industrie musicale. Smells Like Teen Spirit, la chanson en ouverture de l'album, aura été un cri de rage, l'hymne de révolte de toute une génération. Nirvana a tellement été associé à cette chanson que Kurt Cobain, le chanteur et leader de Nirvana, ne voulait même plus la jouer à la fin. Pourtant, les autres chansons de Nevermind sont toutes dignes d'intérêt. Les mélodies y sont si accrocheuses et bien travaillées qu'il est impossible d'y résister. D'ailleurs, Kurt Cobain martèle ses mélodies à répétition comme s'il voulait nous dire: «enfoncez-vous bien ça dans le crâne»! Le style original de Nevermind, selon l'aveu de Kurt Cobain lui-même, doit en partie aux Pixies. Mais Nirvana mélange cette influence à bien d'autres choses dont surtout le style punk. Pour Kurt Cobain, le rock'n'roll, c'est avant tout du punk. D'ailleurs, des quatre grands groupes sortis du mouvement grunge (Soundgarden, Alice in Chains, Pearl Jam et Nirvana), il n'y a que Nirvana qui présente l'influence du punk. Cela s'entend clairement entre autres dans l'air rageur de Smells Like Teen Spirit bien sûr, mais aussi le rythme effréné de Territorial Pissings ou le rock débridé de Stay Away. Il y a bien des pièces plus calmes comme Polly en version avec guitare acoustique ou Something In The Way qui est un morceau très lent accompagné au violoncelle. C'est d'ailleurs sur cette pièce-ci que se conclut l'album. Nevermind se conclut sur du violoncelle, vraiment? Pas tout à fait. Après un peu plus de 42 minutes de musique, on a droit à un véritable trou béant d'approximativement 10 minutes de silence avant que Nirvana récidive avec une pièce audacieuse de 7 minutes de musique cacophonique à la limite du bruit. En 1991, insérer des pièces cachées à la fin des CD n'était pas chose courante et je me demande même si c'est Nirvana qui a parti cette mode. Le fait que la pièce cachée soit aussi bruyante ne fait qu'ajouter à la surprise et montre à quel point Nirvana était un groupe avec des couilles. Le suicide en 1994 de Kurt Cobain, le seul vrai cerveau derrière Nirvana, à l'âge fatidique de 27 ans (Jimi Hendrix, Jim Morrisson et Janis Joplin sont tous morts à cet âge), a été une perte terrible pour le rock'n'roll... Le batteur Dave Grohl, libéré de l'emprise de Kurt Cobain, n'a pas perdu de temps et a fondé la formation Foo Fighters qui a aussitôt connu du succès et est encore populaire de nos jours. Quant à Kurt Cobain, il est entré dans la légende pour l'éternité. Nevermind est un classique du rock qui a marqué son époque mais demeure excellent encore aujourd'hui.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 20/20

samedi 8 octobre 2011

MEAT PUPPETS - Too High To Die

Oui, ce sont bien les Meat Puppets qui sont à l'origine de la chanson qu'on entend à la fin de Too High To Die en tant que piste cachée placée immédiatement après Comin' Down mais qui avait auparavant été reprise par Nirvana lors de l'enregistrement d'un concert acoustique pour MTV. La chanson s'intitule Lake Of Fire et a été composée il y a plusieurs années par Curt Kirkwood, le chanteur des Meat Puppets, avant d'être popularisée par Nirvana en 1994 qui est aussi l'année de parution de Too High To Die. Meat Puppets n'ont donc pas perdu de temps et l'ont enregistrée de nouveau afin de profiter du succès remporté par la reprise de Nirvana, puis l'ont ajoutée comme quatorzième chanson de Too High To Die. L'estime que porte Nirvana pour Meat Puppets est méritée et montre à quel point ce groupe est injustement mal connu auprès d'un large public. Serait-ce ses influences country qui empêchent Meat Puppets d'être appréciés d'une audience plus vaste? Pourtant, ce country est complètement intégré au rock alternatif de Meat Puppets et ne devient que rarement apparent comme c'est le cas avec Shine et surtout Comin' Down. Les autres chansons sont du rock entraînant et bon enfant, très agréable à l'écoute. D'ailleurs, l'album est très accessible, c'est-à-dire facile à suivre et à écouter. La musique est souvent très animée, que ce soit We Don't Exist avec son tempo d'enfer, Things et son rythme irrésistible ou encore Station et son allure ludique et amusante avec sa petite guitare rigolote. Mais Meat Puppets savent aussi être plus sérieux comme sur Roof With A Hole qui est un slow rock presque blues au tempo plus modéré. Mes chansons favorites sont toutefois Lake Of Fire et Evil Love. Pour l'anecdote, sur Severed Goddess Hand, le chanteur prouve qu'il a du souffle avec une longue note tenue sans respirer vers le milieu de la chanson... Mais parfois, la voix de Curt Kirkwood est à la limite de la justesse, comme c'est le cas par exemple sur Shine. Il faut dire que Curt Kirkwood n'est certes pas un grand chanteur. Cependant, cela lui donne un certain charme ingénu. Si Meat Puppets faisaient de la peinture, ce serait sûrement de l'art naïf! Il est franchement regrettable que Meat Puppets ne soient pas connus davantage. Si vous ne connaissez pas Meat Puppets, il est grand temps de remédier à cette situation!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 1 octobre 2011

TORI AMOS - Little Earthquakes

Rarement un premier album n'aura été aussi réussi et parfait. Les chansons qui composent Little Earthquakes de Tori Amos sont comme de petites oeuvres d'art personnalisées. C'est ainsi que les cinq premières chansons de Little Earthquakes sont des chefs-d'oeuvre absolus. C'est indubitable. Ensuite, Tori Amos se permet d'explorer diverses avenues telles que l'humour intelligent dans Happy Phantom, l'allure semi-improvisée de Mother et la musique a cappella avec Me And A Gun qui raconte une tentative de viol dont elle fut victime. La puissance d'évocation de Tori Amos est étonnante. Dans Winter, on sent bien que c'est l'hiver. Happy Phantom fait surgir le spectre d'un fantôme joyeux et China évoque l'éloignement de contrées lointaines. Cette capacité d'évoquer des idées précises se double du pouvoir d'émouvoir l'auditeur. Chaque fois que j'entends Girl, j'ai la chair de poule. Crucify, le grand succès de l'album, est à la fois douloureux et impitoyable. Dans le climax de Winter, on croirait entendre un choeur de 1000 personnes accompagné par un orchestre philharmonique au grand complet... Non, j'exagère beaucoup mais c'est l'impression que me fait la musique de Tori Amos. D'où lui vient un talent pareil? Je l'ignore mais une chose est sûre, Tori Amos a reçu une formation classique. Cela paraît dans sa façon d'aborder la musique, de jouer du piano. Le contact avec les grands maîtres l'a peut-être influencée, ne serait-ce que sur le plan technique. Mais en dépit de cet enseignement académique auquel elle était peu attentive cependant, l'émotion n'est jamais sacrifiée à la technique ou aux règles musicales. Au contraire, cette connaissance lui permet de mieux exprimer son univers personnel et lui donne la maîtrise totale de son art. C'est d'ailleurs Tori Amos qui a remis le piano au goût du jour en tant qu'instrument d'accompagnement à la place de la guitare, ce qui a influencé plusieurs artistes populaires dont Fiona Apple, Chantal Kreviazuk et toutes les autres. Tori Amos a été souvent imitée, jamais égalée. Avec ce premier album paru en 1992 (ne pas se fier à la date inscrite au dos de l'album), Tori Amos prouve qu'elle est véritablement une artiste accomplie. Little Earthquakes est un des meilleurs albums des années '90. Il faut absolument que vous ayez cet album hors du commun dans votre collection.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 19/20

samedi 24 septembre 2011

HOLE - Celebrity Skin

Après 4 ans d'attente, il était temps que Hole revienne avec un nouvel album. Entre-temps, l'industrie de la musique avait beaucoup changé. Du temps de leur album Live Through This (1994), les membres de Hole faisaient du rock au goût du jour, c'est-à-dire du grunge. Il faut dire que Courtney Love, chanteuse de Hole, était alors la petite copine de Kurt Cobain de Nirvana et que celui-ci a probablement contribué à la composition des chansons. Mais le grunge est ensuite passé de mode et en 1998, au moment de la parution de Celebrity Skin, le goût du public était plutôt orienté vers le techno. De fait, Hole n'avait pas le choix de changer de style pour ne pas avoir l'air démodé. Le résultat est un album très différent de tout ce que Hole avait fait jusqu'à ce jour. Celebrity Skin me fait personnellement un peu penser à Eight Arms To Hold You de Veruca Salt paru l'année précédente, en 1997. S'étant adjoint les services de la bassiste montréalaise Melissa Auf Der Maur, il adopte un son résolument plus accessible, délibérément commercial. Les chansons ne sont plus des moments de grunge rageur mais désormais du pop rock léché et accrocheur. Ce virage spectaculaire peut causer la déception chez les adeptes de rock alternatif qui aimaient l'ancien style de Hole. Mais les chansons sont tellement sucrées et accrocheuses qu'il est difficile d'y résister. Mes chansons favorites sont Malibu et Northern Star. L'album contient bien ses moments troubles, comme on l'entend dans la voix plaintive de Courtney Love sur Dying, la sublime désolation de Petals ou surtout ce poignant cri du coeur qu'est Northern Star. Mais il laisse néanmoins l'impression d'être facile, un peu superficiel et trop commercial. Doit-on se plaindre que la mariée est trop belle? Celebrity Skin est un bon album, sans plus. Il ne réinvente certainement pas la roue mais prouve que les filles peuvent faire du rock elles aussi. C'est toujours ça de pris.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 17 septembre 2011

PIXIES - Bossanova

Pixies est l'archétype même du groupe alternatif bizarre. Et pourtant, sa musique ne ressemble à celle d'aucun autre groupe, même alternatif. Il y a bien Nirvana qui se réclame de son influence. Mais j'ai personnellement un peu de difficulté à voir en quoi cela a pu influencer Kurt Cobain. Les deux célèbres formations ont leur son propre immédiatement reconnaissable et qui ne ressemble à rien d'autre. Je décèle bien une influence mais Nirvana n'a pas cette façon propre à Pixies de structurer les phrases mélodiques sur 3 mesures au lieu de 4 mesures comme le veut le rock classique. L'influence est plutôt présente dans la ligne mélodique tellement originale de Pixies et ainsi donc de Nirvana. Bossanova est rempli de surprises mélodiques, harmoniques et rythmiques. L'album débute par une excellente reprise d'un groupe obscur, The Surftones. Il enchaîne par un flot de rock bestial avec Rock MusicBlack Francis, leader de la formation, semble ici déchaîné... avant de poursuivre avec le très célèbre Velouria. Le vidéoclip de cette chanson produit un effet hypnotique étonnant malgré sa simplicité: on y voit les membres du groupe (dont la très jolie Kim Deal) courir sur des rochers au ralenti. Notons également Dig For Fire qui me fait penser, je ne sais pas pourquoi, à du rap des années '80... Mais ma chanson préférée est The Happening à cause de son rythme irrésistible. Havalina conclut l'album sur une musique de carte postale... Il y a en tout 14 chansons pour moins de 40 minutes de musique, c'est dire que les chansons sont ultra-courtes. Il ne s'agit même pas du meilleur album de Pixies et il se classe néanmoins très haut par rapport au reste de ce qui se faisait à l'époque dans le rock alternatif. Black Francis (Frank Black pour les intimes) y expérimente comme toujours des mélodies et des structures musicales révolutionnaires pour le rock'n'roll. Bossanova est paru en 1990. Voilà une belle façon de commencer une décennie. Était-ce une manière d'annoncer le vent de folie et de changement qui allait souffler sur les années '90? Il faut dire que je soupçonne Frank Black d'être un malade mental. Je le sens dans sa musique de fou...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 18/20

mercredi 14 septembre 2011

MANIC STREET PREACHERS - This Is My Truth Tell Me Yours

Chaque fois que j'écoute mon CD des Manic Street Preachers, cela me fait penser à l'album Pet Your Friends de Dishwalla. L'association peut sembler saugrenue, mais une oreille attentive comprendra ce que je veux dire. On a ici affaire à un album sérieux et adulte. Que ceux qui aiment Kiss ou Mötley Crüe passent leur chemin. Ceci n'est pas un album rock, bien que la guitare électrique soit présente sur You Stole The Sun From My Heart, Ready For Drowning et sur Nobody Loved You. C'est plutôt de la pop adulte alternative. En effet, This Is My Truth Tell Me Yours adopte un style plein de maturité et de sagesse. La réalisation est léchée, lisse, propre et parfaitement homogène. On a droit à des textes dénonciateurs comme c'est le cas sur If You Tolerate This Your Children Will Be Next ou sur la chanson qui clotûre l'album, intitulée simplement S.Y.M.M. Les paroles sont peut-être punk mais la musique ne l'est pas. On doit admirer ici le classicisme de la conduite harmonique et mélodique, la précision et le soin apportés aux arrangements. Tout l'album est un miracle de simplicité et de finesse. Manic Street Preachers parviennent à l'émotion et à l'extase grâce à une prodigieuse économie de moyens. Cette apparente simplicité est un leurre qui cache la réelle complexité de cet album fascinant. Il regorge de mélodies accrocheuses qu'on a spontanément envie de fredonner comme If You Tolerate This Your Children Will Be Next, la chanson Tsunami ou encore le refrain de Nobody Loved You. La section des cordes est magnifique sur The Everlasting et Black Dog On My Shoulder. Les chansons durent 5 minutes en moyenne: elles sont longues et lentes, ce qui explique que le disque dure plus d'une heure. La meilleure chanson de This Is My Truth Tell Me Yours est If You Tolerate This Your Children Will Be Next. Il y a bien quelques moments plus faibles, comme la chanson My Little Empire. Mais dans l'ensemble, quel régal pour l'esprit! Il s'agit du meilleur album des Manic Street Preachers. Définitivement, This Is My Truth Tell Me Yours est un des meilleurs albums à être paru en 1998!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 10 septembre 2011

LENNY KRAVITZ - Mama Said

En 1991, Lenny Kravitz fit paraître son deuxième album intitulé Mama Said. Le successeur tant attendu de Let Love Rule ne déçût point. C'est le grand album soul de Lenny Kravitz, celui qui est le plus R'n'B. Il y déploie une grande variété de sons et de timbres, de genres et de styles. Comment ne pas succomber sous le charme des sonorités d'orgue envoûtantes de More Than Anything In This World, du violoncelle de Flowers For Zoë, de la guitare acoustique de Butterfly,  du piano miraculeux de simplicité dans l'introduction de Stand By My Woman ou simplement de la ligne mélodique saccadée des violons sur It Ain't Over 'Til It's Over, la chanson à succès de l'album? Cette pièce épouse le style de Barry White des années '70, sauf la voix de Lenny bien sûr. D'ailleurs, Lenny Kravitz utilise sa voix de fausset à de multiples reprises sur l'album. Il puise ses influences dans les années '60 et '70 avec éclectisme et un goût sûr, un son plein de références indiscutables. Always On The Run est un funk rock irrésistible qui bénéficie de la guitare de Slash de Guns N'Roses. When The Morning Turns To Night est un morceau digne de l'époque Stax et Motown mais accompagné par la guitare électrique. What Goes Around Comes Around est influencé par le style intimiste de Stan Getz des années '60 avec un solo de saxophone free-jazz. Stop Draggin' Around est proche du hard rock des années '70 et What The Fuck Are We Saying? pourrait être sorti tout droit de l'album blanc des Beatles. Que ce soit le jazz, le rock ou le R'n'B, Lenny Kravitz surfe sur ces styles pour notre plus grand bonheur. Le plus étonnant est que l'album conserve une grande unité malgré cette variété sonore. Les chansons sont souvent lentes et minimalistes, ce qui aide à contribuer à cette unité, cette logique indiscutable. Par cet album, Lenny nous prouve son talent extraordinaire de compositeur et d'interprète. Oui, les années '90 devront composer avec Lenny Kravitz, un des artistes les plus talentueux de sa génération.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 3 septembre 2011

OASIS - (What's The Story) Morning Glory?

Plusieurs clichés circulent autour du groupe Oasis. On raconte qu'ils sont tellement influencés par les Beatles qu'ils n'ont rien apporté de neuf. On raconte aussi que dans la bataille qui les oppose à Blur, ils sont plutôt réactionnaires tandis que les gars de Blur font figure de révolutionnaires. On raconte enfin que les coups de gueule des deux frères Gallagher, membres principaux de la formation toujours en guerre un contre l'autre, ont conduit à la fin du groupe le plus populaire de la scène britpop. Malheureusement, tout cela est vrai. Pourtant, ceci n'empêche pas Oasis d'être un des groupes les plus épatants de sa décennie. Il nous reste leur musique et c'est ce qui compte. D'ailleurs, parlons-en de la musique: est-elle si mauvaise que cela? (What's The Story) Morning Glory? est l'album le plus vendu d'Oasis et aussi le plus vendu de tout le bitpop. Paru en 1995, c'est un album plutôt court qui ne contient que dix chansons, mais certaines sont de véritables hymnes. C'est le cas notamment de Wonderwall, succès planétaire qui ne s'est jamais démenti, et de Champagne Supernova. L'album est hétérogène et va dans plusieurs directions, fragilisant l'unité de l'ensemble. Pour comprendre cet album, il faut regrouper les chansons par deux. D'abord, les deux premières chansons débutent l'album plutôt mal, avec Hello qui est une copie de Hello, Hello I'm Back Again (Good To Be Back) de Gary Glitter et Roll With It qui semble un peu forcé. Mais l'album enchaîne avec Wonderwall et Don't Look Back In Anger, deux chansons à succès du groupe qui témoignent des talents de compositeur de Noel Gallagher. Ensuite, il y a Hey Now! et Some Might Say dont la qualité de l'inspiration est manifeste. Mais la suite est moins réussie avec Cast No Shadow qui semble être un remake raté de Wonderwall, et She's Electric, amusante mais trop légère et hors contexte ici. D'ailleurs, cela enchaîne mal ensuite avec deux pièces aussi intenses que Morning Story et Champagne Supernova, qui terminent l'album sur une note grandiose. Personnellement, je considère que ce sont là les deux meilleures chansons de l'album, bien supérieures à Wonderwall. L'émotion de ces deux pièces est énorme et indescriptible. L'album commence en mouton mais se termine en lion! D'ailleurs, c'est avec Morning Glory que l'album aurait dû commencer au lieu d'une pièce comme Hello qui semble mièvre en comparaison. C'est un album qui n'est pas parfait mais qui présente tout de même de grandes chansons déjà devenues des classiques du rock, et il vaut son pesant d'or. Les critiques de rock et les experts sont d'avis qu'il s'agit d'un album historique pour le britpop. Je suis un fan d'Oasis et j'aime (What's The Story) Morning Glory? mais ce n'est pas mon préféré (l'album précédent, Definitely Maybe, était encore plus réussi) et en raison de son inspiration inégale, je ne peux lui accorder la note parfaite de 20/20. Toutefois, il faut avoir écouté cet album au moins une fois dans sa vie. À vous de le faire entrer dans la vôtre...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 27 août 2011

GREEN DAY - American Idiot

On se demandait si Green Day parviendrait à créer un album aussi bon que Dookie (1994). Une décennie plus tard, ils y sont parvenus avec American Idiot. Effectivement, cet incroyable et impressionnant album-concept paru en 2004 a rejoint Dookie et l'a même dépassé. Green Day a réussi l'incroyable pari de faire un grand album punk qui soit à la fois commercial et intransigeant au niveau artistique. C'est l'intérêt de cet album que de faire le pont entre musique alternative et succès grand public grâce à d'irrésistibles chansons accrocheuses telles que American Idiot (la chanson-titre qui débute l'album avec aplomb), Holiday ou She's A Rebel et à des ballades touchantes comme Give Me Novacaine ou Wake Me Up When September Ends. L'inspiration mélodique de Billie Joe Armstrong, leader de la formation, est à son meilleur comme elle ne l'a jamais été. Pourtant, Green Day est reconnu pour son talent à créer des mélodies mémorables qui ont fait sa réputation au fil des ans. C'est incroyable tout ce que Green Day arrive à faire avec seulement la formation rock de base guitare-basse-batterie. L'album Green Day Presents American Idiot dénonce la propagande des médias de masse et est un violent réquisitoire contre toutes les politiques controversées menées par l'ancien président américain George W. Bush (2001-2009) suite aux attentats du 11 septembre 2001 qui ont conduit à la Guerre en Irak de 2003. Il contient deux chansons à programme de plus de 9 minutes, c'est-à-dire qu'elles sont structurées en cinq parties chacune: Jesus Of Suburbia et Homecoming. La première a fait l'objet d'un vidéoclip, inhabituellement long pour MTV, on s'en doutera, bien qu'il ne surpasse pas en longueur le mini-film Thriller de Michael Jackson. Cet ambitieux album est réussi du début à la fin et permet à Green Day de réaliser un voeu cher, celui de ne pas être seulement le meilleur groupe punk au monde mais bien d'être le meilleur groupe au monde, point final. En écoutant American Idiot, on se dit qu'il a peut-être remporté la première place.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 19/20

samedi 20 août 2011

SUPERGRASS - I Should Coco

Ce disque est le premier à paraître en 1995 de la légendaire formation britpop Supergrass. C'est un des meilleurs albums du courant britpop du milieu des années '90. Des chansons telles que Caught By The Fuzz, Mansize Rooster et Alright témoignent de la qualité de cet album explosif. Le son punk et énergique de I Should Coco est manifeste dès le début de l'album. Le son est cru, presque sale mais il s'adoucit vers la fin du CD. Il peut être dense et intense comme I'd Like To Know qui ouvre l'album ou plus détendu comme la chanson Time. Mais il est surtout très rock avec ses chansons accrocheuses de moins de trois minutes jetées en plein visage... Il faut toutefois noter la chanson Sofa (Of My Lethargy) qui est l'exception qui confirme la règle avec ses six minutes. L'album bénéficie d'une forte cohésion et d'une grande unité sauf vers la fin où Supergrass délaisse son ardeur juvénile pour un rock bien plus posé. Contrairement à ses pairs Blur et Pulp qui aiment bien expérimenter, Supergrass n'invente rien ici car il puise ses influences surtout dans les années '70, même si on entend parfois l'influence plus récente de Blur. Il opte plutôt pour un rock certes adolescent mais très efficace. On doit tout de même mentionner quelques surprises comme l'alternance de sections en rythmes binaires et ternaires dans Strange Ones, le début inusité de Lenny ou encore la chanson We're Not Supposed To qui joue en accéléré. La principale qualité de cet album est qu'on ne s'en lasse pas. Son pire défaut serait peut-être qu'il est vraiment trop court et qu'il nous laisse sur notre faim (l'album dure à peine 40 minutes). Il est franchement regrettable que les membres de Supergrass se soient séparés en 2010. Oui, I Should Coco peut être considéré comme un grand classique du rock. Si vous aimez le britpop, le punk ou simplement le rock n'roll, vous devez avoir cet album!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20