samedi 29 septembre 2012

NEW FOUND GLORY - Catalyst

Dès le début de Catalyst, l'album que le groupe punk américain New Found Glory a fait paraître en 2004, on est assommé par une chanson thrash de 37 secondes qui brutalise l'auditeur. C'est que la formation souhaite dès le départ s'affirmer comme un groupe qui ne fait pas de punk pop comme tant de groupes de teen idols. Cette chanson, intitulée laconiquement Intro, ne ressemble toutefois pas au reste de l'album, plus commercial. Il est vrai que New Found Glory veut être pris au sérieux et peut même être politiquement engagé comme c'est le cas par exemple de No News Is Good News où le groupe nous offre une réflexion sur la publicité envahissante dans notre chère société de consommation. Cela n'empêche cependant pas New Found Glory de nous chanter de jolies ballades, comme I Don't Wanna Know ainsi que Ending In Tragedy, sur un rythme ternaire. Musicalement, Catalyst n'est pas très différent de ce qui se fait déjà dans l'univers de la musique punk, ressemblant par exemple à ce que peut nous jouer Yellowcard dont j'ai critiqué l'album Paper Walls précédemment (voir ma critique de Paper Walls du 22 septembre 2012). Je trouve même que Yellowcard a un peu plus de personnalité que New Found Glory. Ce qui distingue les deux groupes, c'est d'abord la présence du violon dans les chansons de Yellowcard alors que New Found Glory a un chanteur avec une petite voix nasillarde plutôt détestable. Pour se donner du style, New Found Glory utilise des synthétiseurs sur leur succès Failure's Not Flattering, histoire de nous rappeler les années '80. Mais ça devient un peu facile de se servir de synthétiseurs pour évoquer les années '80 et ça prend un peu plus que cela. Le reste de l'album est par ailleurs assez commercial et n'échappe pas toujours au style pop punk, même s'il est plus musclé que les autres albums de ce style. Il s'avère que Catalyst est donc un album assez standard, dans la moyenne, mais le travail est bien fait et de qualité. Les chansons sont parfois un peu complexes mais néanmoins accrocheuses et Catalyst est un bon album à n'en pas douter. Signalons que l'album contient quatorze chansons mais il y a une piste cachée à la fin. Oui, on a deux brèves chansons enchaînées une à l'autre et pour le moins curieuses après Who Am I, celle qui conclut Catalyst. La première des deux chansons évoque le vent et le froid hivernal tandis que la seconde prend place sur la mer avec ses cris d'oiseaux. Ce ne sont pas des chansons véritables mais de petites bagatelles, d'innocentes plaisanteries qu'il ne faut pas prendre trop au sérieux. Voilà qui met fin à un album qui ne passera certes pas à l'Histoire mais qui est très bien réalisé et qui mérite l'attention des fanatiques de punk contemporain. Les autres peuvent cependant passer leur chemin ou se contenter des albums de Green Day, plus "mainstream" mais aussi plus satisfaisant émotionnellement, comme c'est le cas notamment de leur grand album American Idiot dont j'ai également fait la critique (voir ma critique de American Idiot du 27 août 2011)...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 22 septembre 2012

YELLOWCARD - Paper Walls

Il est de bon ton, dans certains cercles spécialisés, de faire la fine bouche sur la musique de Yellowcard. Ces snobs associent le groupe avec des entités pop punk comme Simple Plan, Paramore et Avril Lavigne. Tout d'abord, je dois ici personnellement dire qu'il n'y a rien de honteux à écouter Simple Plan et Paramore... Ce ne sont peut-être pas de grands artistes comme Paul McCartney et Tori Amos mais ils font leur petite affaire et c'est bien correct. Mais surtout, Yellowcard n'a que peu à voir avec ces "entités pop punk". C'est vrai, on peut qualifier la musique de Yellowcard de pop punk, puisque les mélodies sont bien travaillées au-dessus d'un accompagnement de guitares tout à fait punk. Sauf que Yellowcard est tout de même plus pesant que la moyenne des groupes pop punk, et leur engagement artistique est beaucoup plus crédible que les groupes pop punk de musique commerciale pour adolescents. En fait, si j'avais un adolescent, je préférerais qu'il écoute Yellowcard, et en particulier l'album Paper Walls, paru en 2007. Cet album est très solide au point de vue des compositions et bénéficie, comme sur les albums précédents du groupe, de l'apport du violoniste Sean Mackin et du chanteur Ryan Key. La caractéristique principale de Yellowcard, c'est bien sûr le violon qui donne un style pittoresque à la musique du groupe. Toutefois, le violon est assez discret en général et on entend d'autres instruments, notamment du violoncelle sur leur succès Light Up The Sky. L'album est très bien équilibré entre le côté plus pesant de Yellowcard et les ballades émouvantes. Dès le début de Paper Walls, on est catapulté dans l'univers musical de Yellowcard avec une pièce à l'élan irrésistible, The Takedown. S'enchaînent alors différentes pièces enjouées et dynamiques qui démontrent que Yellowcard a bien l'intention de nous jouer du rock qui déménage. The Takedown et Five Becomes Four sont parmi les plus décapantes. Il y a toutefois les ballades, comme Shadows And Regrets qui débute à la guitare acoustique et You And Me And One Spotlight qui agit comme une grande procession. Malheureusement, certaines ballades sont parfois un peu empruntées, c'est-à-dire que Yellowcard semble être sur le pilote automatique et préfère s'en tenir à des formules creuses plutôt que d'exprimer vraiment les émotions. Je fais néanmoins exception de Dear Bobbie, un hommage à la vieillesse tout à fait touchant et sincère. C'est seulement dommage que grand-père vienne se rappeler ses souvenirs des années '40 avec sa grosse voix horrible... C'est que pépé a une voix vraiment insupportable, on dirait qu'il déglutit dans le micro, c'est franchement pénible à endurer. Sinon il y a aussi la chanson-titre Paper Walls qui est très bonne, placée en dernière position et concluant l'album sur une note spéciale avec son choeur d'enfants en introduction et son émotion retenue. Encore une fois, Yellowcard vient gâcher la sauce au centre de la chanson avec des airs empruntés à l'émotion factice. On sait que Yellowcard est un groupe avec du métier et un savoir-faire professionnel irréprochable. C'est seulement dommage que le groupe ne fasse pas toujours la distinction entre sincérité et musique préfabriquée. Le résultat pourtant très accrocheur est d'une grande beauté et on s'y laisse prendre. Malgré ces quelques réserves, je suis donc d'avis que Paper Walls est un bon album, ne renouvelant certes pas la roue, mais très divertissant et honnête. Le consommateur ne se fera pas rouler s'il se procure cet album. Voilà du punk moderne qui sait faire la part des choses entre produit commercial et intégrité artistique. Ce n'est évidemment pas un album de la trempe de l'impressionnant album 21st Century Breakdown de Green Day, autrement plus crédible et expressif (voir ma critique de 21st Century Breakdown du 1er septembre 2012), mais Paper Walls tient le juste milieu entre les deux extrêmes du commerce et de l'art et procure satisfaction à l'auditeur amateur de punk bien dosé et de ballades assurées...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 15 septembre 2012

ARTISTES VARIÉS - Punk-O-Rama 8

J'aime le punk. Et conséquemment, j'adore les compilations de musique punk. J'ai déjà fait la critique d'une compilation punk sur ce blog avec Punk Rock Is Your Friend 5 (voir ma critique de Punk Rock Is Your Friend 5 du 18 février 2012) mais je ne pouvais pas me retenir d'en faire une autre. Alors voici Punk-O-Rama 8, la huitième compilation de la célèbre série Punk-O-Rama de la maison de disques réputée Epitaph. Comme son nom l'indique, la série Punk-O-Rama offre un panorama du punk annuel depuis déjà quelques années. Punk-O-Rama 8 est l'édition de l'année 2003. Cette édition est particulière car il s'agit d'un album double. Il y a 15 chansons sur le premier disque et 17 chansons sur le deuxième pour un total de 32 chansons en tout avec en bonus un vidéoclip de Death By Stereo pour la chanson Wasted Words sur le premier disque. Toutefois, la dernière chanson du deuxième disque est une reprise remixée par le collectif Error de Quick Death de Transplants, également sur le deuxième disque. Comme il s'agit plus ou moins d'un doublon, on peut dire qu'il n'y a réellement que 16 chansons sur le deuxième disque. Tous les styles sont représentés, du punk hardcore de Death By Stereo avec Unstoppable au pop punk de Pulley avec The Ocean Song, en passant par le punk au féminin sur I Am A Revenant par The Distillers et l'électro-punk minimaliste sur Trapped In par Division Of Laura Lee, et même le hip hop engagé avec Makeshift Patriot de Sage Francis ainsi que le blues avec Thickfreakness du groupe The Black Keys (avant qu'il ne devienne célèbre). Comme à son habitude, cette compilation regorge de noms prestigieux comme Rancid, NOFX, Bad Religion, Pennywise, Millencolin etc... mais aussi des noms moins connus comme Hot Water Music, Ikara Colt, US Bombs, Atmosphere, j'en passe et des meilleurs. Mes chansons préférées sont celles qui foncent dans le tas, c'est-à-dire les plus agressives comme c'est le cas de l'anarchique Sweating Blood de F-Minus, l'irrésistible A New Morning, Changing Weather par The (International) Noise Conspiracy, le terrible Coup d'État de Refused, l'excellent Train Of Flesh de Turbonegro, le violent Get This Right! de Raised Fist et même le classique Shattered Faith de Bad Religion. Cependant, j'aime beaucoup moins Holiday In The Sun de Pennywise, Incorporeal de Tiger Army et Contribution de Guttermouth. En outre, certains artistes pèchent par manque d'originalité comme Randy avec Welfare Problems qu'on croirait extrait de l'album Veni Vidi Vicious du groupe punk suédois The Hives que j'avais toutefois bien aimé (voir ma critique de Veni Vidi Vicious du 28 juillet 2012) ou encore No Fun At All avec Lose Another Friend qui ressemble à s'y méprendre à du Pennywise. C'est vrai que la voix du chanteur de No Fun At All ressemble à celle de Jim Lindberg. Je trouve enfin que Punk-O-Rama 8 est une édition moins intéressante que par les années passées, signe que le punk est peut-être en train de s'essouffler un peu dans les années 2000 comparativement à l'embellie que ce style avait connue dans les années '90. Il reste que la compilation Punk-O-Rama 8 est tout de même intéressante et puis avec deux disques au lieu d'un, on en a pour son argent. À conseiller donc aux fans de punk, mais il faut découvrir toutes les éditions des années antérieures, encore meilleures que celle-ci de l'excellente année 2003. Punk's not dead!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 8 septembre 2012

GOLDFINGER - Disconnection Notice

Ne vous fiez pas à la couverture de la pochette de cet album de Goldfinger illustrée ici qui laisse présager du punk très agressif et rebelle. Disconnection Notice est plutôt un album de musique pop et rock assez léger, avec quelques rares réminescences de musique ska, la spécialité traditionnelle de Goldfinger qui remonte aux années '90. Il est vrai que les paroles sont ici plus contestataires que la musique: par exemple, Goldfinger inclut dans sa chanson Behind The Mask quelques extraits d'une allocution donnée par la présidente de l'organisation PETA qui milite contre la cruauté envers les animaux. Il faut dire que l'engagement de John Feldmann, le chanteur et leader de la formation Goldfinger, pour les droits des animaux est bien connue et remonte à plusieurs années déjà. Ainsi, le côté rebelle de Goldfinger réside bien plus dans les paroles de leurs chansons que dans leur musique, suivant ainsi une démarche qui n'est pas sans rappeler celle de la formation punk engagée et légendaire The Clash. Ce groupe jouait davantage de reggae que de punk, montrant ainsi que la rébellion n'est pas obligée de passer par des guitares électriques à tue-tête et une batterie d'enfer. Au lieu du reggae, Goldfinger opte d'habitude plutôt pour le ska, un cousin musical du reggae mais avec Disconnection Notice, le groupe semble plutôt attiré pour des mélodies très accrocheuses et des arrangements soignés, riches et colorés, ce qui le rapproche de la musique pop. Disconnection Notice est un album où musicalement règne la bonne humeur, avec des chansons dynamiques et bon enfant. D'ailleurs, l'album conclut par une touche d'humour avec la chanson Stalker John Feldmann chante qu'il veut marier la fille fanatique qui le harcèle! L'album, paru en 2005, est malheureusement un peu anachronique si on le compare avec des albums de punk au son plus moderne comme Veni Vidi Vicious de The Hives, paru pourtant en l'an 2000 (voir ma critique de Veni Vidi Vicious du 28 juillet 2012). L'album laisse en outre l'impression d'être inachevé, en partie parce que les chansons sont très courtes (la plupart d'entre elles ne durent même pas trois minutes), faisant en sorte que l'on ait fait le tour de l'album entier en moins de 35 minutes. On a donc un peu l'impression de rester sur notre appétit. C'est le cas notamment de Faith, la chanson la plus brève de Disconnection Notice, qui dure à peine un peu plus de deux minutes. La concision de l'album est d'ailleurs le seul point commun avec l'album punk de The Hives, bien plus intéressant. Disconnection Notice est un album moyen composé de chansons moyennes par un groupe moyen qui fait de la musique moyenne. Il est agréable et distrayant, sans plus. Ce n'est pas un mauvais album mais on peut s'en passer sans sourciller, malgré la qualité des mélodies et des arrangements. À réserver donc aux inconditionnels de la formation, les autres pouvant se contenter de leur album Hang-Ups, davantage ska que Disconnection Notice et que j'avais bien aimé. L'année 2005 ne restera donc pas dans les mémoires comme étant celle de la parution de Disconnection Notice mais il est tout de même réconfortant de savoir que le militantisme de Goldfinger se poursuive dans les années 2000 et au-delà...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20

samedi 1 septembre 2012

GREEN DAY - 21st Century Breakdown

Le punk avait besoin de Green Day. Après le triomphe de l'album American Idiot au milieu des années 2000, qu'est-ce que Green Day pouvait bien faire? Il aura fallu attendre cinq ans pour que Green Day nous donne la réponse et sorte un nouvel album concept qui forcément se compare à American Idiot. Mais est-ce que 21st Century Breakdown est un digne successeur de American Idiot? La comparaison passe-t-elle le test? D'emblée, je dois dire oui! Green Day a réussi l'impossible, refaire le même album sans qu'on puisse à proprement parler de répétition ou de stagnation artistique. Laissez-moi vous présenter le chef-d'oeuvre. 21st Century Breakdown est un ambitieux album punk de Green Day paru en 2009 qui rappelle un peu les albums d'opéra rock de The Who comme Tommy et Quadrophenia. Green Day utilise ici des sonorités un peu éloignées du punk comme du piano et un orchestre à cordes. Toutefois, ce sont les guitares électriques qui sont à l'avant-plan de cet album à la fois énergique et introspectif, puissant et sensible. L'équilibre entre le punk pur et dur (Know Your Enemy, Horseshoes And Handgrenades) et les ballades émouvantes (Last Night On Earth, 21 Guns) est parfaitement dosé et réussi, faisant de 21st Century Breakdown un album qui peut plaire à un vaste public. L'imagination débordante de Green Day pour renouveller sans cesse l'intérêt de l'auditeur, la qualité des mélodies, la diversité des styles et des émotions, le sens du spectacle et l'intelligence de la musique et des textes forcent véritablement l'admiration. Pourtant, ce n'était pas une gageure gagnée d'avance puisque American Idiot avait été un sommet pour la musique rock (voir ma critique de American Idiot du 27 août 2011). Il semble que le savoir-faire et la créativité du groupe ne se soient pas taris après American Idiot. En tous cas, Green Day a davantage réussi sa carrière musicale et sa longévité que The Offspring par exemple. Les deux formations avaient fait paraître des albums marquants pour le punk en 1994 (Green Day avait fait paraître Dookie alors que The Offspring avait lancé Smash) et bien que leurs styles soient très différents, on pouvait toujours les comparer comme les deux principaux groupes du renouveau du punk en Amérique après les révolutionnaires Ramones dans les années '70. Mais tandis que The Offspring a vendu son âme au diable, Green Day est encore respecté de nos jours et a même renforcé sa crédibilité. Regardez où sont rendus les gars de The Offspring aujourd'hui... On est assez loin de 21st Century Breakdown! Il faut dire que cet album bénéficie de l'apport du légendaire Butch Vig à la réalisation (ce membre essentiel de Garbage avait réalisé notamment Nevermind de Nirvana et Siamese Dream des Smashing Pumpkins, ce n'est pas rien...) et l'album, à mon avis, sonne encore mieux que American Idiot. Il est remarquable que Green Day ait réussi à survivre à la mode du punk des années '90 (ce que malheureusement The Offspring n'a pas fait) et ait même produit des albums encore meilleurs dans les années 2000. Tandis que le rock, et à plus forte raison le punk, semble s'essouffler et se perdre au profit du dance pop (David Guetta, Timbaland...), 21st Century Breakdown conclut en beauté la décennie.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20