samedi 28 février 2015

AVRIL LAVIGNE - Goodbye Lullaby

Depuis la sortie en 2004 de Under My Skin que j'avais adoré (voir ma critique de Under My Skin du 17 août 2013), la petite Canadienne Avril Lavigne semble être incapable de produire un album qui ne soit pas douteux. C'est ainsi qu'elle nous a offert l'indigeste The Best Damn Thing qui m'avait horripilé au plus haut point (voir ma critique de The Best Damn Thing du 9 août 2014). Avec Goodbye Lullaby, elle revient à une sorte d'introspection qui peut évoquer Under My Skin. Je devrais être content mais ce n'est pas exactement le cas. Goodbye Lullaby est un album résultant de son expérience amoureuse avec Deryck Whibley, chanteur de la formation punk Sum 41 bien connue en sol canadien. Ce sont des chansons où Avril Lavigne exprime tantôt son amour pour son mari, tantôt ses désillusions amoureuses, jusqu'à la pièce Remember When qui expose sa rupture avec une certaine candeur. Car le problème avec Goodbye Lullaby est bien là: pour une femme adulte de 26 ans au moment de la parution de l'album, il semble que le constat de son mariage soit bien immature, pour ne pas dire enfantin. Avril Lavigne semble ne pas avoir vécu grand-chose dans sa vie sentimentale et nous le relate avec beaucoup de naïveté. Je croyais que la femme qu'elle incarne était rendu plus loin en termes d'évolution, surtout après les méandres psychologiques qu'on retrouvait sur Under My Skin, mais il semble que ce ne soit pas le cas. D'un point de vue des paroles, Goodbye Lullaby est un album pauvre, vraiment insatisfaisant. Pourtant, c'est paradoxalement l'album le plus personnel de la petite Avril Lavigne, car elle nous fait directement des confidences sur sa relation amoureuse. Elle croit peut-être apporter un éclairage nouveau sur le thème de l'amour mais ne réussit qu'à nous pondre un album vraiment prétentieux, indigne de son âge et de son intelligence. Musicalement, Goodbye Lullaby est également décevant, puisque le style de l'album semble curieusement anachronique et dépassé. Si Goodbye Lullaby était paru en 1995, ce serait génial mais l'album date bien de 2011. La vague des chanteuses à texte douces-amères comme Alanis Morissette et compagnie est maintenant passée et Goodbye Lullaby est totalement déconnecté de la scène musicale de la décennie 2010. La guitare acoustique un peu folk prend toute la place sur Goodbye Lullaby et le moins que l'on puisse dire est que l'album présente une forte unité de style, en dépit d'une chanson comme Smile Avril Lavigne semble vouloir nous ressasser encore le genre prisé sur l'exécrable The Best Damn Thing. Sans doute, Avril Lavigne cherchait à inclure une chanson à succès sur son album, hélas! Malgré tout, Goodbye Lullaby sonne très beau à cause de la simplicité des arrangements qui sont très allégés et bien aérés. La meilleure chanson est cependant Alice, une pièce cachée à la fin de l'album après une minute de silence qui a été composée spécialement par Avril Lavigne pour la bande originale du film Alice In Wonderland paru en l'an 2010 et qui est incluse ici sur Goodbye Lullaby. Pourtant la chanson n'est pas vraiment cachée car elle figure à l'endos de l'album! C'est son morceau le plus expérimental et aussi le plus intéressant musicalement. Cela donne l'espoir d'une direction musicale plus évoluée à l'avenir pour Avril Lavigne. Quant à Black Star, la première pièce de Goodbye Lullaby, il ne s'agit pas réellement d'une chanson mais plutôt d'une introduction d'à peine une minute et demie. Il y a donc quatorze titres si on inclut Alice mais seulement treize si on ne compte pas Black StarGoodbye Lullaby n'est pas si mauvais que ça en fin de compte mais Avril Lavigne est capable de faire mieux. Somme toute, Goodbye Lullaby est agréable à l'audition si on n'écoute pas trop les paroles et si on fait fi du style suranné, presque nostalgique de la musique. C'est un plaisir coupable, c'est-à-dire un album qu'on a honte d'aimer mais qui s'avère malgré tout accrocheur, peu importe son âge. Après tout, il faut quand même reconnaître que la petite Avril Lavigne a eu le courage de faire un album différent de ses albums précédents et le fait de s'éloigner du style de The Best Damn Thing fait beaucoup de bien...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20

samedi 21 février 2015

P!NK - I'm Not Dead

P!nk n'est pas morte, voilà le message de cet album! C'est que la chanteuse américaine n'avait rien produit de très marquant depuis son album M!ssundaztood paru en 2001 que j'avais trouvé intéressant (voir ma critique de M!ssundztood du 16 août 2014). Avec I'm Not Dead paru en 2006, on assiste donc en quelque sorte à la résurrection de P!nk, ce qui est une fort bonne chose. C'est d'autant plus vrai que I'm Not Dead marque un jalon important dans la carrière de P!nk car elle semble avoir trouvé une nouvelle maturité artistique avec cet album. I'm Not Dead est le plus sérieux des albums de P!nk, pour ne pas dire le plus sombre. Elle emprunte de nouvelles sonorités folk dans sa musique, évoquant l'ère glorieuse du protest song américain. C'est particulièrement évident avec la chanson I Have Seen The Rain qu'elle chante en duo avec son père James Moore. Cette chanson cachée, la quatorzième de l'album alors qu'il n'est indiqué que treize titres à l'endos, porte sur la douloureuse guerre du Viêt Nam. C'est une chanson d'une simplicité désarmante que P!nk chantait dans sa jeunesse pour les vétérans du Viêt Nam. La formule du protest song est encore plus évidente avec Dear Mr. President qu'elle interprète ici en compagnie des Indigo Girls. J'aimais bien les Indigo Girls dans le temps, il faudrait bien que je me décide à critiquer un de leurs albums un de ces jours. Mais revenons à nos moutons. Cette chanson de P!nk interpelle George W. Bush, le pire président de toute l'Histoire des États-Unis d'Amérique à mon avis, alors qu'il était en poste à la Maison-Blanche à ce moment, et lui pose des questions embarrassantes sur sa gouvernance dans sa chanson éloquente. Bien sûr, il ne répond pas... C'est la même chose avec la pièce à succès Stupid Girls, d'inspiration plus dance, où P!nk interpelle plutôt des célébrités peu édifiantes comme Paris Hilton et Kim Kardashian sur la bêtise de leurs actions fortement médiatisées. D'une certaine façon, c'est un réquisitoire contre l'image sexiste de la femme que ces "filles stupides" sont en train de véhiculer. Le vidéoclip associé à la chanson semble assez rigolo à regarder mais quand on y réfléchit, on rit jaune. Stupid Girls s'inscrit dans une vague de féminisme ayant déferlé dans les médias vers 2006. C'est cependant un peu paradoxal que P!nk chante cette chanson car n'a-t-elle point figuré en sous-vêtements dans le vidéoclip Lady Marmelade aux côtés de Christina Aguilera, Mya et même Lil' Kim? N'a-t-elle pas posé pour des publicités de cosmétiques très lucratifs? La démarche de P!nk s'apparente à une sorte d'hypocrisie artistique répréhensible. Elle aime l'argent avant tout, comme elle le chante d'ailleurs sur sa chanson 'Cuz I Can ainsi que I Got Money Now. La chanteuse à la grande gueule jacasse sur ses chansons mais elle le fait d'une bien étrange façon, en n'évitant guère les billevesées et les contradictions. Malgré tout, ou peut-être justement à cause de cela, I'm Not Dead est un album passionnant, bien plus excitant que l'album nul de Paris Hilton. Il figure certainement parmi ses meilleurs albums, surclassant Try This et même son classique M!ssundaztood. Il annonce déjà le ton de son futur album The Truth About Love et égale l'excellent Can't Take Me Home, mon album préféré de P!nk à ce jour. J'ai déjà fait la critique de tous ces albums alors n'hésitez pas à y jeter un coup d’œil car P!nk mérite bien l'attention médiatique dont elle fait l'objet. Elle est bien plus pertinente que Britney Spears ou que The Pussycat Dolls, bien qu'elle ne soit pas aussi sexy.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 14 février 2015

GWEN STEFANI - Love.Angel.Music.Baby.

Love.Angel.Music.Baby., c'est bien sûr le premier album solo tant attendu de Gwen Stefani dont les initiales qui forment l'acronyme L.A.M.B. signifient "agneau" dans la langue de Shakespeare. L'album qui est paru en 2004 marque une étape importante pour Gwen Stefani car c'est avec cet album qu'elle laissa de côté son travail au sein de No Doubt pour s'investir entièrement dans sa carrière personnelle. Cet hiatus musical devait nous donner encore un autre album au succès planétaire, ce qui n'est pas peu dire quand on songe aux albums retentissants qu'elle avait déjà fait paraître avec No Doubt, dont le dernier en date était Rock Steady que j'avais trouvé tout bonnement extraordinaire (voir ma critique de Rock Steady du 5 mai 2012). Pourtant, le son de L.A.M.B. est différent de celui de No Doubt, en particulier de Tragic Kingdom. Pour comprendre cet album, il faut le scinder en deux. La première partie est simplement constituée d'une kyrielle de succès, que ce soient la très stylisée What You Waiting For? composée avec Linda Perry qui faisait partie de 4 Non Blondes à une autre époque et qui est responsable de d'autres succès inimaginables de P!nk, Christina Aguilera et Kelly Osbourne, l'entraînante Rich Girl qui est une reprise d'un vieux morceau chantée ici avec la rappeuse Eve mais dont ce n'est pas la première collaboration puisque Gwen Stefani et Eve avaient uni leurs voix pour le rap Let Me Blow Ya Mind, la très accrocheuse Hollaback Girl qui est un chant de cheerleaders évoquant le tube des années '80 de Toni Basil pour Mickey, etc... Même Cool, plus conventionnelle, et Luxurious qui est construite sur un extrait d'une pièce des années '80 par The Isley Brothers, ont connu du succès en vidéoclips. La pièce Bubble Pop Electric est par ailleurs un étrange morceau qui sonne comme si The Stray Cats, légendaire groupe des années '80, s'étaient mis à déconner avec des instruments électroniques. Quant à la deuxième partie de L.A.M.B., elle plonge carrément dans les années '80, comme si ce n'était pas déjà suffisant avec la première partie. Ce sont des morceaux moins connus de Gwen Stefani car elles n'ont pas fait l'objet de vidéoclips mais aussi peut-être à cause de ses sonorités désuètes. Il est évident que Gwen Stefani se fait plaisir avec ces chansons qui sont à la limite du pastiche des années '80, et ce parti pris de kitsch est tout à fait assumé par la chanteuse cool. Gwen Stefani se livre ici à des plaisirs impurs mais on lui pardonne car elle est si déterminée, investie dans ce projet de dépoussiérer ses influences de jeunesse que c'est finalement convaincant. Seule la dernière pièce, chantée en tandem avec André 3000 du groupe rap Outkast dont ce n'est pas la première collaboration sur l'album puisqu'il avait participé à la pièce Bubble Pop Electric, a des sonorités électroniques plus actuelles mais c'est parce qu'elle devait à l'origine être incluse sur un album du fameux rappeur. Les autres chansons de cette seconde partie sont donc malgré tout intéressantes, que ce soient Harajuku Girls qui est une ode offerte aux petites Japonaises qui accompagnent partout Gwen Stefani, la chanson The Real Thing qui tente d'émuler les années '80 au point où ça en est presque gênant mais qui fait sourire ou Serious dont l'intro avec des claviers à cinq sortis tout droit des années '80 est fort douteuse mais qui se rattrape heureusement bien vite. Il va de soi que L.A.M.B. n'est pas mon album préféré de Gwen Stefani, que ce soit en solo ou avec son groupe No Doubt, mais tout ce que fait Gwen Stefani est toujours une coudée en avant de ce que font les autres artistes pop, que ce soit Rihanna, Lady Gaga ou même Madonna. Ce n'est pas de la pop prévisible et Gwen Stefani parvient toujours à nous surprendre au fil de ses chansons aux influences très disparates, ce qui est tout à son honneur. Somme toute, L.A.M.B. de Gwen Stefani est un très bon album pop, très divertissant et vraiment cool à écouter. À se procurer sans faute si on s'intéresse à la musique pop des années 2000... ou '80!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 7 février 2015

LUSCIOUS JACKSON - Fever In Fever Out

J'aurais bien du mal à décrirer le style original de l'album Fever In Fever Out de Luscious Jackson. C'est un mélange étonnant et fort réussi de hip hop, de pop alternative et d'électro. En quelque sorte, ces filles qui aiment explorer des sons et des styles variés peuvent faire penser à la démarche artistique, dans un tout autre genre, du groupe britpop et punk féminin Elastica dont j'avais fait la critique de leur album homonyme il y a quelques années (voir ma critique de Elastica du 3 décembre 2011). Cependant, la musique de Luscious Jackson rappelle plutôt le rap naissant des années '70 et me fait penser à des artistes comme The Sugarhill Gang et Grandmaster Flash. Écouter Fever In Fever Out me donne personnellement envie de m'installer par terre et d'exécuter des mouvements de breakdance. Il y a aussi des chansons plus tranquilles comme Don't Look Back, Take A Ride et Faith mais l'importance du rythme est toujours présente. L'album est paradoxalement à la fois entraînant et apaisant. Il a été réalisé par le grand Daniel Lanois et est paru sur l'étiquette de la maison de disques des Beastie Boys. C'est dire que Luscious Jackson joue dans la cour des grands. Bien que ce quatuor exclusivement féminin soit surtout connu dans les cercles de musique alternative, il a connu un succès mineur avec la chanson qui débute l'album et qui est intitulée Naked Eye. C'est une excellente chanson mais il y en a d'autres sur l'album comme Electric, Water Your Garden et Why Do I Lie? qui figurent parmi mes préférées. Cette dernière pièce se questionne à savoir pourquoi il est si difficile d'être vrai et honnête. À l'endos de l'album, il est indiqué quatorze chansons mais en réalité, il y en a que douze car Door et Parade sont seulement des bruits enregistrés qui durent à peine cinq secondes. Les chansons sont concises, pas trop courtes ni trop longues, d'une durée idéale pour un succès à la radio. Mais Luscious Jackson est trop original pour passer à la radio. L'instrumentation y est pour beaucoup. Il y a des instruments acoustiques et des claviers, ainsi que des loops de percussion programmés. J'aime bien l'introduction de Water Your Garden à la flûte sur un fond de batterie. Sur certaines chansons, la prise de son est très rapprochée, ce qui donne l'impression que la chanteuse nous susurre sa chanson à l'oreille, surtout si vous écoutez l'album de Luscious Jackson dans des écouteurs. Le son est chaleureux et réconfortant et s'écoute avec grand plaisir. Le ton est généralement ludique, bien que certaines chansons soient plus sérieuses comme l'atmosphérique Take A Ride, l'existentielle Why Do I Lie? ou la pièce qui clôt l'album, Stardust. Toutes les chansons sont dignes d'intérêt, même si Naked Eye est la meilleure de l'album, sinon la plus connue, et il s'avère que Fever In Fever Out sait transcender les années '90 et demeure très agréable d'écoute aujourd'hui. L'album Fever In Fever Out est paru en 1996, soit la même année que Odelay de Beck avec lequel il partage des influences de style similaires, mais bien qu'il respire l'ambiance de l'époque, il est encore pertinent de nos jours, pour ne pas dire incontournable à tous les mélomanes véritables qui sont curieux de partir à la rencontre de sons rafraîchissants. Fever In Fever Out de Luscious Jackson est un must de la musique alternative qui se joue des modes et des époques. Si vous voulez faire une découverte, je vous le conseille.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 18/20