samedi 27 février 2016

CHILDREN OF BODOM - Hate Crew Deathroll

Le sympathique bougre qui orne le dessus de la couverture de l'album Hate Crew Deathroll qui est paru en 2003 sur l'étiquette Spinefarm Records par la formation finlandaise Children Of Bodom et qui est illustré ici revient en fait nous hanter sur la plupart des albums du groupe, un peu comme la mascotte Eddie The Head l'est également chez Iron Maiden. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard car la musique de Children Of Bodom fait parfois penser à Iron Maiden, mais aussi à Megadeth et même à Nightwish selon moi à cause de la présence de claviers sur Hate Crew Deathroll, ce qui donne à la sonorité de l'album une rondeur et une joliesse qui sont cruellement absentes sur Are You Dead Yet?, un de mes albums pourtant préférés de Children Of Bodom dont j'ai notamment écrit la critique élogieuse sur ce blog (voir ma critique de Are You Dead Yet? du 25 avril 2015). Hate Crew Deathroll est le prédécesseur de Are You Dead Yet? mais s'en écarte un tantinet, malgré la présence de claviers et de solos fulgurants de guitares sur les deux albums. C'est le grain du son qui est différent, il y a quelque chose de cru sur Are You Dead Yet? qu'on ne retrouve pas ni sur Hate Crew Deathroll, ni sur aucun autre album de Children Of Bodom. Pour le reste, ce sont à peu près les mêmes options qui priment sur Hate Crew Deathroll, avec cette compacité de l'action musicale qui n'est pas sans évoquer Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)! Il y a beaucoup de choses qui se produisent à la minute et il faut être attentif pour tout piger, un peu comme c'est le cas du Concerto pour piano no. 20 en ré mineur... Écouter du Mozart peut aider à comprendre Hate Crew Deathroll si vous êtes paresseux de l'oreille. Mais ne nous trompons point, Children Of Bodom ne fait pas dans la dentelle, le groupe adoptant un langage ordurier qui en a choqué plus d'un avec Hate Crew Deathroll, ce qui explique le logo Parental Advisory que l'on aperçoit ici mais qui est placé à droite sur la version que je possède (pourquoi il n'est pas à gauche comme sur l'illustration, je n'en sais fichtrement rien). Les solos de l'album par ces incroyables virtuoses que sont Children Of Bodom sont généralement inventifs et démentiels et font l'intérêt qu'il y a à se procurer une copie de Hate Crew Deathroll absolument. Des chansons comme Needled 24/7 ainsi que You're Better Off Dead ou encore Lil' Bloodred Ridin' Hood sont carrément épatantes par leurs solos généreux et échevelés, qui vous décoiffent. Par ailleurs, dès la première piste qui est Needled 24/7, on est littéralement propulsé dans l'action infernale de Children Of Bodom, aussi est-il inutile de résister. Les pièces les plus agressives se retrouvent au début et à la fin de l'album, avec respectivement Needled 24/7 qui est extraordinaire et la pièce-titre Hate Crew Deathroll qui est également une chanson qui cogne très fortement. Attention car écouter ces chansons pourrait vous faire taper du pied! Au contraire, le milieu de l'album de Children Of Bodom ralentit la cadence, surtout avec ce morceau qui est presque une ballade, Angels Don't Kill. Tout est excellent, du début à la fin. Le seul problème avec Hate Crew Deathroll, c'est le même qu'avec Are You Dead Yet?, il n'y a que neuf chansons. De surcroît, Hate Crew Deathroll s'arrête après quarante minutes mais il y a trois minutes inexplicables de silence à la fin! On croit qu'il y aura une piste cachée mais non, seulement du silence. Il n'y a donc même pas trente-sept minutes pour neuf chansons, c'est trop peu et on en attend plus de Children Of Bodom. Néanmoins, je recommande certainement l'acquisition de cet album, car même si je l'aime un peu moins que Are You Dead Yet? qui est légèrement plus original, il n'en demeure pas moins que pour sa virtuosité, son agressivité, sa compacité d'écriture et son inventivité musicale, Hate Crew Deathroll de Children Of Bodom est un must qui doit figurer dans toutes les bonnes discothèques de heavy metal.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 20 février 2016

APOCALYPTICA - Worlds Collide

Avec des artistes aujourd'hui disparus aussi fameux que Jacqueline du Pré, Mstislav Rostropovitch ou Pablo Casals, le violoncelle a connu bien des interprètes de grand talent. Il ne faudrait toutefois pas oublier dans la liste Apocalyptica, un collectif d'artistes qui se proposent de marier le rock au violoncelle et de pousser à leurs extrêmes limites les capacités de cet instrument normalement associé à la stricte musique classique. Apocalyptica fait donc avancer la musique classique en la combinant au style metal et rock. Ce sont des virtuoses accomplis, comme le prouve leur album Worlds Collide paru en 2007. Toutes les possibilités du violoncelle sont explorées par Apocalyptica sur Worlds Collide, du pizzicato jusqu'aux sons harmoniques, avec souvent des effets de pédales de guitare électrique qui altèrent la sonorité du violoncelle en lui donnant un timbre plus dur et corrosif. Apocalyptica n'a pas de chanteur, c'est plutôt un groupe qui aime inviter des artistes de différents horizons pour venir jouer avec eux. Avec Worlds Collide, on a donc affaire avec un album plus pop dans le sens mélodique et commercial du terme que l'album homonyme Apocalyptica dont j'avais fait une critique mitigée (voir ma critique de Apocalyptica du 13 décembre 2014). Worlds Collide expérimente moins mais il gagne en mélodies accrocheuses et en structures pop. Le violoncelle y joue un rôle plus effacé lorsque des chanteurs se joignent à la musique. Les deux premières pièces de l'album sont vraiment bonnes, elles introduisent bien l'auditeur au son d'Apocalyptica en captant immédiatement son attention. Il faut cependant attendre la troisième pièce intitulée I'm Not Jesus pour que des paroles soient ajoutées à l'ensemble, avec l'artiste invité Corey Taylor de Slipknot. Il y a quelque chose qui rappelle curieusement les années '90 sur I'm Not Jesus, donnant un aspect anachronique à la chanson. La nostalgie est également présente avec la pièce Helden qui est en fait une version en allemand de la chanson Heroes de feu David Bowie (1947-2016) interprétée par Till Lindemann du groupe Rammstein. Quelle belle version de Heroes nous offre Apocalyptica sur son album, donnant un point fort à ne pas manquer sur Worlds Collide. Malheureusement, les chansons instrumentales qui viennent ensuite sont un peu moins intéressantes, malgré la présence de Dave Lombardo de Slayer à la batterie pour le frénétique morceau Last Hope qui détonne ici, ou bien alors l'ennuyante Burn. C'est un peu dommage que la meilleure chanson de la deuxième moitié de l'album soit I Don't Care chantée par Adam Gontier de Three Days Grace, une pièce qui ne ressemble pas du tout au style d'Apocalyptica mais plutôt carrément à du Three Days Grace. Il est évident que I Don't Care n'a pas sa place ici et devrait au lieu se retrouver sur un album de Three Days Grace, d'autant plus que le violoncelle est pratiquement absent de l'interprétation. Signalons enfin S.O.S. (Anything But Love) qui nous fait la surprise de Cristina Scabbia de la formation italienne Lacuna Coil pour la partie chantée. Là encore, on reconnaît tout de suite le style de Lacuna Coil, ce qui ne devrait pas non plus dépayser mes lecteurs. J'ai en effet déjà fait la critique des albums de Slipknot, Three Days Grace et Lacuna Coil sur ce blog, n'hésitez pas alors à les consulter en entrant les noms de ces groupes dans le moteur de recherche du blog. Dans l'ensemble, Worlds Collide du groupe finlandais Apocalyptica est plus réussi que l'album homonyme Apocalyptica mais ne parvient pas à surprendre l'auditeur qui connaît déjà bien le style du groupe. C'est un album moins expérimental et finalement assez pop, malgré Dave Lombardo de Slayer qui augmente le tempo en nous offrant le morceau le plus agressif de l'album. Le reste est cependant très doux et commercial. Il n'empêche que la chanson Helden offre un très beau moment, surtout depuis la mort de celui qui l'a interprétée à l'origine, le très grand David Bowie...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20

samedi 13 février 2016

DRAGONFORCE - Inhuman Rampage

Le ridicule ne tue pas. C'est à tout le moins ce que l'on déduit d'un album comme l'est Inhuman Rampage de DragonForce. Le concept derrière ce groupe power metal basé à Londres semble se résumer à jouer le maximum de notes par seconde, de manière encore plus furieusement rapide que le speed metal. C'est évidemment virtuose à l'extrême, d'où l'appellation "extreme metal" pour qualifier le style de DragonForce par certains. Il est vrai que le groupe a reçu divers épithètes pour décrire le son très caractéristique qu'il nous sert sur ses albums, parfois de bien farfelus. Par exemple, on a dit de Inhuman Rampage que c'était un album de "Nintendo metal"...! Le plus effarant, c'est que c'est vrai: DragonForce réussit à imiter très bien les effets sonores d'un jeu vidéo! Comme on peut le voir, ce n'est rien de sérieux. Il est assez difficile de prendre DragonForce au sérieux quand il nous balance de la musique de jeux vidéo à cent notes par seconde, même s'il faut avouer que ça décoiffe! Cet art de la virtuosité gratuite chez DragonForce n'est pas sans me rappeler le compositeur et interprète Niccolò Paganini (1782-1840) au violon, mais version guitaristique. La seule différence, c'est que le virtuose Paganini exprimait des choses intéressantes avec son violon, ce que ne fait pas DragonForce à la guitare électrique. Les chansons de Inhuman Rampage sont toutes semblables, avec une mélodie power metal chantée de manière super héroïque et épique jusqu'à la caricature, un tempo de batterie infernal de speed metal gonflé aux hormones et de la guitare, une tonne de notes de guitare. Il y a quelque chose de compulsif dans DragonForce qui vous rend malade, un peu comme l'album I Get Wet du rockeur Andrew W.K. rendait malade à force de vouloir faire la fête à tout prix (voir ma critique de I Get Wet du 26 avril 2014). Bien sûr, I Get Wet était une plaisanterie, alors peut-être que Inhuman Rampage aussi. Les membres de DragonForce sont sûrement conscients de l'absurdité de ce qu'ils représentent, une virtuosité vertigineuse qui se veut être telle et qui n'a besoin de rien d'autre pour exister. Il y a pourtant une exception à la règle, c'est-à-dire que la dernière pièce de l'album est l'inévitable ballade de conclusion, même sur un album jusqu'au-boutiste comme Inhuman Rampage. Intitulée Trail Of Broken Hearts, cette chanson n'est pas sans évoquer les années '80 de la "power ballad". Est-ce vraiment ainsi que termine Inhuman Rampage? Pas sur l'album de collectionneur que je possède... J'ai la chance (si on veut) d'être l'heureux (ou presque) propriétaire de la version Special Edition de DragonForce qui vient avec une chanson en bonus après la ballade, ainsi qu'un DVD présentant les clips de la formation britannique, une prestation live de My Spirit Will Go On, des extras etc... Le boîtier des deux disques vient dans un étui cartonné en couleurs très joli (vous pouvez voir cet étui qui est illustré ici). Cette version n'est parue qu'en 2007 tandis que la version normale est sortie en 2006, ce qui explique que deux années de parution différentes figurent ici pour Inhuman Rampage. Même avec la piste en bonus, l'album de DragonForce n'a pourtant que neuf titres à nous présenter mais dépasse allègrement la durée d'une heure. C'est dire que les chansons sont plutôt longues, pour ne pas dire interminables, en raison de ses solos de guitares qui n'en finissent plus de finir... Les chansons font sept minutes en moyenne et la plus concise du lot dure cinq minutes et seize secondes! En guise de conclusion, DragonForce m'apparaît davantage comme un groupe metal composé de nerds de musique que d'un groupe grand public comme Bon Jovi. Oui, Inhuman Rampage n'est qu'un album fait par des geeks pour des geeks. Si on aime la musique avec beaucoup de notes inutiles, de la virtuosité superficielle et des mélodies chantées de façon stéréotypée et impersonnelle, vous aimerez peut-être Inhuman Rampage de DragonForce mais pour ce qui est de mon propre goût, je ne peux certainement pas déclarer être en possession d'un album génial de power metal. Il peut être cependant assez rigolo à écouter, mais c'est à peu près tout ce qu'il y a à en tirer...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 13/20

samedi 6 février 2016

PROTEST THE HERO - Fortress

Protest The Hero est un groupe ontarien de metal assez déroutant. Certains considèrent que leur album Fortress en est un de metal progressif et je peux comprendre pourquoi ils avancent cela mais moi, je décèle plutôt du post-hardcore, voire du metalcore, et certainement du math metal dans leur musique. Fortress est déroutant parce que Protest The Hero a une façon de penser la musique qui l'éloigne de la structure habituelle de la musique commerciale, ce qui fait en sorte qu'on identifie le groupe au style progressif. En fait, Fortress nous fait perdre tous nos points de repère, nous aventurant avec lui dans une épopée musicale extraordinaire. La musique de Protest The Hero est exubérante, voire extravagante, et le chanteur semble avoir un tempérament histrionique hors du commun. Les chansons de Fortress vont dans toutes les directions, pas du point de vue du style mais du point de vue formel, de l'enchaînement des idées musicales, créant ainsi ses propres structures musicales. Les idées abondent jusqu'à la saturation de ce qui est possible de mettre dans un morceau de musique, surprenant sans cesse l'auditeur qui peine à s'y retrouver. Protest The Hero passe ainsi d'une idée à l'autre aussi vite qu'il faut pour le dire, jetant rapidement tout ce qui précède aux orties et s'embusquant sans ambages dans une nouvelle logique de chanson, répétant ainsi ce schéma sans relâche du début à la fin. Car bien que maints critiques et autres experts de musique rock et metal aient encensé l'album à sa parution en 2008, je dois me faire plus circonspect que ces bien-pensants: je ne suis pas toujours la logique qui unit ce fatras d'idées et de mélodies. Il semble que Protest The Hero veuille à tout prix confondre son public sur la suite logique qui prévaudrait dans sa musique, l'amenant à cumuler les riffs diaboliquement virtuoses et les mélodies impossibles sans se soucier de la structure formelle que peut prendre chacun des morceaux de son album. Je suis donc partagé sur l'art de Protest The Hero: j'admire l'inventivité rythmique et mélodique de sa musique mais je déchante sur le sens que tout cela est supposé prendre. À trop vouloir épater la galerie, Protest The Hero se perd en chemin et on ne retient rien de son opus Fortress. À force d'outrances, le groupe finit par noyer le poisson. En d'autres termes, ce parti pris évident de la démesure et de la complexité finit par lasser. D'ailleurs, après une vingtaine de minutes, on n'écoute plus la musique car tout sonne pareillement extravagant sans que rien n'émerge de l'ensemble. Il faut une dose de concentration surhumaine pour survivre à l'épreuve que consiste l'audition attentive de Fortress dans son ensemble! Et pourtant, on ne peut qu'être subjugué par un tel tour de force. Les riffs sont virtuoses jusqu'à l'époustoufle, la musique d'une incroyable complexité mélodique et rythmique laisse carrément pantois et le chanteur a une personnalité fantasque et démesurée digne de feu Freddie Mercury (1946-1991). Si seulement Protest The Hero pouvait se ressaisir et composer de vraies chansons... Une autre formation bien reconnue pour son humour outrancier dans sa musique, System Of A Down, compose elle aussi des sections fortement contrastées et imprévisibles sans pour autant donner la moindre impression de gratuité ou d'illogisme. Sa musique est très bien charpentée et conséquente avec elle-même, comme on peut notamment le constater sur Hypnotize, son dernier album en date (voir ma critique de Hypnotize du 25 octobre 2014). Il serait d'ailleurs temps en passant que System Of A Down nous ponde un autre chef-d'œuvre. Protest The Hero devrait donc en prendre de la graine comme on dit familièrement, puisqu'il ne faut guère de doute qu'il a pour lui beaucoup de talent et une maîtrise technique indiscutable. Il n'empêche que je ne peux pas aimer Protest The Hero. Comme le disait l'empereur Joseph II à Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) concernant un de ses plus grands opéras: "il y a trop de notes". La seule différence, c'est que Protest The Hero n'est pas Mozart...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20