samedi 12 mars 2016

NECROFROST - Bloodstorms Voktes Over Hytrunghas' Dunkle Necrotroner

Il serait assez difficile de trouver plus obscur que l'album de black metal de Necrofrost qui s'intitule Bloodstorms Voktes Over Hytrunghas' Dunkle Necrotroner et qui est paru en 2001. Obscur parce que d'une part, c'est un groupe relativement peu connu hors des circuits underground du black metal, mais obscur aussi parce que les thèmes et la musique sont absolument sombres et cauchemardesques comme seul le black metal sait l'être. D'une certaine façon, Necrofrost représente l'archétype de ce que le black metal a de plus tordu et malsain à offrir, et c'est l'auditeur qui reçoit la décharge en pleine figure. Bloodstorms Voktes Over Hytrunghas' Dunkle Necrotroner n'est pourtant pas un album très agressif, du moins relativement; c'est plutôt une œuvre dont la sensibilité est nihiliste et déprimante jusqu'au bout des ongles, obligeant l'auditeur à vivre des sensations fortes par le style, l'ambiance et l'émotion perpétrés par ses créateurs. Necrofrost ne veut surtout pas connaître du succès commercial, contrairement notamment à Dimmu Borgir dont j'ai écrit la critique pour son album Enthrone Darkness Triumphant la semaine dernière (voir ma critique de Enthrone Darkness Triumphant du 5 mars 2016), du moins si l'on en juge par le son lo-fi de sa musique volontairement mal enregistrée, la chanson Me The Tundra de Necrofrost étant même coupée à la fin si brusquement que l'on se demande s'il s'agit ou non d'une erreur, comme pour bien statuer son positionnement underground, ainsi que sa présentation matérielle vraiment déficiente. Le livret traditionnel est ici remplacé par un simple feuillet qui semble avoir été mal photocopié en noir et blanc tel qu'illustré ci-contre, l'endos du feuillet ne comportant aucune information pertinente en dehors des paroles de deux chansons, Me The Tundra ainsi que Raw Ravens Journey. Quant à l'endos de l'album lui-même, il figure de mauvaises photographies de trois membres de Necrofrost qui ressemblent à des possédés de Satan, dont le chanteur Seirim qui oscille par son chant apocalyptique entre les gémissements du damné aux enfers et les vociférations du démon, avec les titres des neuf morceaux composant Bloodstorms Voktes Over Hytrunghas' Dunkle Necrotroner. À part cela, aucune information pertinente sur Necrofrost ou sur l'album lui-même, outre le fait que l'enregistrement ait eu lieu, en dépit de sa parution en 2001, entre septembre et octobre 1997 puis entre février et juin 2000. Aucune explication concernant le hiatus entre les deux périodes d'enregistrement de l'album par Necrofrost, ni moyen de contacter le groupe hormis une adresse douteuse de boîte postale en Suède alors que le groupe serait plutôt originaire d'Allemagne. Beaucoup d'incertitude donc, ce qui curieusement rend la chose mystérieuse et plus intéressante sur la petite histoire de Necrofrost. Car pour ce qui est d'épouser les atmosphères envoûtantes et glauques du black metal le plus pur (ou le plus impur), Necrofrost est absolument épatant et assez difficile à surpasser, croyez-moi sur parole. La musique est pourtant construite le plus souvent de manière assez simple, répétant à profusion un riff lancinant jusqu'à obtenir un effet hypnotique, réinventant comme bien souvent dans le genre black metal les structures de chansons habituelles du metal commercial, comme c'est particulièrement le cas entre autres de la pièce My Winter Of Forgotten Souls. Il n'y a que neuf morceaux sur l'album de Necrofrost mais la première pièce intitulée Veistu Hve Blota Skal (ne me demandez pas ce que ça peut bien signifier, je ne sais même pas de quelle langue il s'agit) est davantage une introduction à l'album que d'une chanson amusante à fredonner et Thulecandra est un morceau purement instrumental. La pièce qui suit Thulecandra est totalement contrastante, une chanson au titre pas très sympa et rigolo, Slaughtered With Misanthropic Intent, épouvantable et infernale comme on les aime. Comme partout ailleurs, Seirim crie et gémit sur ce titre, tout comme la suivante pas trop jojo The Return Of Animalian Bloodlust. Cependant, même si tout l'album est parcouru des horribles cris et gémissements démoniaques de Seirim et que le style soit impeccable du point de vue black metal, on se lasse un peu vers la fin de l'album, surtout à cause d'une trop grande redondance entre les morceaux. Peu importe, l'album Bloodstorms Voktes Over Hytrunghas' Dunkle Necrotroner de Necrofrost mérite largement qu'on s'y arrête si vous pouvez dénicher cette rareté discographique, à cause de l'intégrité artistique et de la folie d'un tel groupe et d'un tel album, pour moi ne faisant aucun doute qu'il s'agisse d'une œuvre puissante que j'adore réécouter pour me foutre les jetons et ainsi clamer que j'ai écouté de la véritable musique démoniaque par cette bande de psychopathes...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

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