samedi 26 novembre 2016

SHE WANTS REVENGE - She Wants Revenge

Que le dessus illustré ici de la couverture de cet album ne vous leurre point: She Wants Revenge n'est nullement un groupe de pop punk ou de musique emo comme je le croyais en achetant cet album. Au contraire, il s'agit plutôt de... gothic rock! Comme c'est un style que j'aime beaucoup, quoique je ne sois pas pour autant un connaisseur, il va de soi que j'ai tout de suite aimé cet album homonyme. Oui, She Wants Revenge va dans le même sens que l'album homonyme du groupe The Bravery que j'avais bien apprécié (voir ma critique de The Bravery du 24 mars 2012), c'est-à-dire des guitares qui s'harmonisent aux synthétiseurs pour recréer le feeling des années '80. La musique de She Wants Revenge est pleine de références, par exemple la pièce Someone Must Get Hurt évoque The Cure tandis que la voix du chanteur ressemble à celle de feu David Bowie (1947-2016) sur Broken Promises For Broken Hearts! She Wants Revenge s'inspire cependant aussi de groupes plus récents, l'influence de Interpol notamment étant assez patente. Lui-même influencé par Joy Division, le groupe Interpol est une référence majeure pour She Wants Revenge, la voix désincarnée, voire déshumanisée du chanteur rappelant celle que l'on retrouve chez Interpol, notamment leur album Turn On The Bright Lights (voir ma critique de Turn On The Bright Lights du 19 janvier 2013). Cependant, au fur et à mesure que l'on avance sur l'album She Wants Revenge, on constate que le groupe se fait de plus en plus émotif, trompant la première impression que l'on a en commençant à écouter l'album. Le tout évolue tranquillement jusqu'à culminer avec la dernière pièce She Loves Me, She Loves Me Not qui est une chanson à l'expression glauque et pathétique absolument formidable. En réalité, ce n'est pas vraiment la dernière pièce de She Wants Revenge puisque s'ensuit une série de pistes silencieuses de quatre secondes jusqu'à la piste numéro 66! Une chanson cachée débute alors, portant la durée totale de ce fort long album à plus de 64 minutes! Intitulée Killing Time mais n'apparaissant pas à l'endos de l'album, cette chanson de She Wants Revenge n'est toutefois pas la meilleure du lot. C'est la seule pièce faible sur un album autrement plus réjouissant. En effet, les douze pièces inscrites au dos de l'album sont toutes intéressantes, diversifiées et implacables dans leur logique propre, ce qui n'est pas exactement le cas de Killing Time qui semble trop répétitive. Peu importe, on a ici un album véritablement accrocheur, c'est pour moi un coup de cœur. Le hasard fait souvent bien les choses et je suis ravi d'être tombé par inadvertance sur cet album qui m'a induit en erreur lors de son achat. Beaucoup plus accessible et pop que Joy Division, nos amis de She Wants Revenge nous proposent un album où tout est bon du début à la fin, même Killing Time d'une certaine façon. La psychologie des morceaux sur She Wants Revenge est très étudiée, dressant un panorama complet de la difficile question amoureuse. Le thème central de cet album de She Wants Revenge est en effet l'amour, mais d'une façon un peu sinistre... C'est du gothic rock après tout! Il n'y a que Disconnect qui n'aborde pas ce thème mais c'est parce qu'il s'agit d'un court morceau instrumental assez tristounet. She Wants Revenge sait aussi être plus souriant, même avec des sujets ardus, comme la très ludique I Don't Wanna Fall In Love au tempo relevé et dansant. Dans l'ensemble, on a en somme un album qui explore la musique avec intelligence et sensibilité. Par sa profondeur, sa variété, son irrésistible côté pop accrocheur, je crois que She Wants Revenge parvient à compenser largement son manque flagrant d'originalité qui puise sans vergogne dans les années '80, pour notre plus grand bonheur néanmoins! Quiconque souhaite s'initier à ce style peut donc débuter avec l'album She Wants Revenge, un album de 2006 et non pas de 1981...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 19 novembre 2016

THE (INTERNATIONAL) NOISE CONSPIRACY - The First Conspiracy

Après la séparation du groupe Refused qui nous avait offert l'inconcevable The Shape Of Punk To Come en 1998 (voir ma critique de The Shape Of Punk To Come du 6 août 2016), voici le chanteur de Refused, le controversé Dennis Lyxzén, qui nous présente en 1999 son nouveau groupe The (International) Noise Conspiracy avec le premier album de la formation au titre logique, The First Conspiracy. En réalité, The First Conspiracy est une compilation de 45-tours parus en Europe quelques mois plus tôt. Cela fait en sorte que cet album est presque un EP puisqu'il ne contient que 27 minutes et demie de musique pour douze chansons. C'est dire que la plupart des chansons font à peine deux minutes, ce qui va dans le sens de la philosophie punk de l'album. Bien que cet opus par The (International) Noise Conspiracy s'oriente plutôt vers le rock garage et les sixties, il a beaucoup en commun avec le style punk: même brièveté des chansons, même simplicité harmonique, même rhétorique antisociale... De fait, The First Conspiracy est un album redoutablement efficace, qui va droit au but et qui s'entoure d'un aura mystérieux évoquant cette fameuse conspiration dont se revendique le groupe et qui donne son nom aussi à l'album. The (International) Noise Conspiracy apparaît alors comme une bande de cinq conspirationnistes révolutionnaires qui entendent libérer le prolétariat et annihiler le labeur du travail imposé par le système capitaliste... Les propos de la formation suédoise sont absolument jusqu'au-boutistes, extrêmement radicaux et certainement insurrectionnels. L'idéologie ultra-gauchiste révolutionnaire de The (International) Noise Conspiracy ferait passer le communisme marxiste et léniniste pour une doctrine de la droite! On n'est pas forcé d'adhérer au discours unilatéral du groupe, fort heureusement, pour en apprécier la musique. On peut notamment remarquer la ligne mélodieuse de la basse qui se détache du tissu musical ainsi que la présence de l'orgue tenu par la musicienne Sara Almgren qui rappelle rien de moins que The Doors. Dans un style aussi stéréotypé que celui perpétré par The (International) Noise Conspiracy, il est pratiquement un tour de force d'en renouveler l'intérêt sur douze chansons, ce que parvient à faire la formation rock scandinave. Un morceau comme T.I.M.E.B.O.M.B. par exemple adopte un ton plus intimiste que le reste de l'album assez extraverti, tandis que The Blast-Off s'élance dans un tempo rapide et contrastant qui induit de la variété à l'ensemble. Mais c'est surtout le style inimitable de la formation qui attire notre attention, nos amis révoltés parvenant à recréer le climat protestataire des années '60 avec une relative économie de moyens. Bref, The First Conspiracy par le groupe The (International) Noise Conspiracy, paru en 1999, n'est évidemment pas pour le premier quidam venu, tant le propos extrémiste et radical peut dérouter et la musique maniérée et stylisée s'avère tout-à-fait anti-commerciale. Néanmoins, il fait du bien d'entendre cet album à l'orée de l'ère républicaine d'un populiste comme Donald Trump aux États-Unis, puisque l'on se dit que la gauche des altermondialistes n'est finalement peut-être pas encore morte...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 12 novembre 2016

EAGLES OF DEATH METAL - Zipper Down

Cela fera un an depuis les tragiques événements des horribles attentats de Paris du vendredi 13 novembre 2015. La formation Eagles Of Death Metal (ou EODM pour les intimes) s'est rendue tristement célèbre pour avoir été le groupe qui offrait alors une performance musicale sur la scène du Bataclan, lors de l'assaut par les terroristes, afin de faire connaître leur excellent album Zipper Down paru quelques semaines plus tôt durant l'année. Eagles Of Death Metal est un groupe sincèrement joyeux et joyeusement sincère, aussi cette injuste tragédie n'aurait jamais dû leur arriver. Bien sûr, on ne souhaite pas que cela survienne à personne mais Eagles Of Death Metal en particulier était un groupe auquel pareil cauchemar était la pire chose qui pouvait se produire. Constitué principalement par Jesse Hughes, sympathique bougre surnommé Boots Electric, mais secondé par Josh Homme, leader du groupe Queens Of The Stone Age qui joue de plusieurs instruments sur Zipper Down en plus d'avoir réalisé l'album (il semble que Josh Homme n'était toutefois pas sur scène lors de l'attentat), Eagles Of Death Metal a tout pour se faire aimer. Ses chansons amusantes et enjouées sont du genre à vous décrocher un sourire, même si vous êtes enragé et de mauvaise humeur. Des morceaux efficaces comme Got A Woman et Got The Power figurent parmi les plus drôles et amusantes mais il y a également des pièces plus sérieuses comme Oh Girl ou encore Save A Prayer, une reprise du groupe new wave... Duran Duran! Voilà qui est assez inattendu quand on connaît les influences boogie et rock'n'roll de Eagles Of Death Metal. De fait, en réécoutant bien Zipper Down, on constate que l'album est plus profond qu'il n'y paraît. Boots Electric fait même l'effort de chanter quelques mots de français sur I Love You All The Time, ce qui est tout à son honneur. La plus humoristique des chansons de l'album est cependant Silverlake (K.S.O.F.M.) avec son côté grandiloquent et histrionique. Il est difficile de choisir quelle chanson est la meilleure car elles sont toutes intéressantes, avec une psychologie souvent complexe et élaborée. La musique de nos amis de Eagles Of Death Metal recèle par ailleurs des arrangements d'une grande richesse sonore, avec plusieurs couches d'instruments qui donnent à l'album une finition plutôt touffue et très dense. Il ne faut donc pas prendre Zipper Down à la légère puisqu'il est beaucoup plus étudié et sophistiqué qu'il puisse sembler à une première écoute. C'est un album fantastique auquel je ne puis qu'accorder une note notable, une cote d'appréciation appréciable au sein du fatras d'albums que je critique à chaque semaine depuis plus de cinq ans. Eagles Of Death Metal n'est peut-être pas aussi génial que Queens Of The Stone Age mais il s'agit d'un groupe certainement pertinent qui mérite notre attention. Son originalité, même si elle reste avec Zipper Down en deçà d'un album aussi incroyable que Era Vulgaris par exemple (voir ma critique de Era Vulgaris du 8 août 2015), est malgré tout manifeste et il serait malencontreux de devoir s'en passer. Moi en tous cas, c'est une formation que je suis depuis un petit moment déjà et je n'ai jamais été déçu. Il est simplement dommage qu'il ait fallu une folie meurtrière pour le révéler à bien du monde. En conclusion, que dire de plus? Si vous voulez lutter contre la stupidité du terrorisme, allez acheter votre exemplaire de Zipper Down de Eagles Of Death Metal, d'autant plus qu'il s'agit d'un des meilleurs albums de l'année 2015 à mon humble avis...!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 5 novembre 2016

THE WHITE STRIPES - Get Behind Me Satan

À sa sortie au beau milieu de 2005, cet énième album par le groupe The White Stripes était attendu avec beaucoup de fébrilité. C'est parce qu'il faisait suite à l'incroyable album Elephant qui est à mon avis quasiment le meilleur album de toute la décennie, rien de moins (voir ma critique de Elephant du 25 février 2012). C'est donc dire que les attentes étaient très élevées, trop sans doute, ce qui explique qu'il soit évidemment décevant en comparaison avec Elephant. À vrai dire, Get Behind Me Satan est pour moi exactement le contraire de Elephant en ce sens qu'il est possiblement le pire album par The White Stripes que j'ai entendu jusqu'à présent. Il est même pire que White Blood Cells qui m'avait pourtant laissé perplexe (voir ma critique de White Blood Cells du 2 février 2013). Je ne suis et je n'ai jamais été un grand fan de ce groupe en raison de son style beaucoup trop ancré dans le passé de la musique. Get Behind Me Satan est malheureusement un exemple parfait de ce que je veux dire, avec ses sonorités folk et blues qui nous ramènent des lustres en arrière. Il y a beaucoup de piano sur Get Behind Me Satan, peut-être même plus que de guitare, et la seule pièce rock de l'album est la première, Blue Orchid. Les suivantes semblent tentées par l'expérimentation, notamment The Nurse avec ses interventions rageuses de la batterie de Meg White par-dessus de la musique de marimba (faut le faire...) ainsi que The Doorbell Jack White déconne un brin dans la partie chantée. The Doorbell est incontestablement le plus grand succès extrait de l'album mais pour ce qui est du vidéoclip, je lui préfère plutôt l'hallucinant The Denial Twist réalisé par l'excentrique Michel Gondry, le même qui avait fait Fell In Love With A Girl avec plein de blocs Lego. C'est dommage que la musique du vidéoclip ne soit pas à la hauteur des images. D'ailleurs, immédiatement après My Doorbell, les autres chansons de Get Behind Me Satan deviennent beaucoup plus traditionnelles et prévisibles. Prenez par exemple Little Ghost qui rappelle l'exécrable Hotel Yorba. Malgré tout, il y a de bons moments, comme la ballade White Moon, mais elle est suivie de Instinct Blues, un blues parfaitement inutile. On sait l'adoration de Jack White pour la musique blues et il se fait vraiment plaisir ici, à mon grand dam! On enchaîne ensuite avec la seule pièce chantée par Meg White, Passive Manipulation, une chanson qui dure... trente-cinq secondes! Après vient Take, Take, Take qui semble être un peu plus originale que les chansons qui précèdent mais c'est trop peu trop tard. On approche de la fin de l'album et As Ugly As I Seen, aussi belle qu'elle puisse être, manque d'originalité car elle aurait pu figurer en raison de son style sur l'album blanc des Beatles si elle avait été mieux composée... Red Rain est bonne mais la dernière chanson de Get Behind Me Satan, un morceau rudimentaire au piano intitulé I'm Lonely (But I Ain't That Lonely Yet), se présente comme étant la plus traditionnelle de l'album et je la trouve passablement ennuyante. Puis c'est tout, c'est déjà fini... En somme, ce n'est donc certainement pas avec cet opus décevant que nous offrent The White Stripes, malgré quelques pièces certes d'intérêt, qui va me réconcilier avec le groupe. Je dois néanmoins être objectif. Bien que Get Behind Me Satan soit le moins intéressant parmi les albums de la formation The White Stripes, je suis forcé d'admettre que c'est malgré tout un bon album mais ce n'est pas pour moi, ce qui explique ma cote d'appréciation relativement élevée que je dois décerner à cet album même si ça ne m'interpelle pas vraiment. Get Behind Me Satan par The White Stripes, paru il y a déjà de cela plus d'une décennie, restera peut-être dans l'Histoire de la musique en tant qu'album à écouter obligatoirement à cause de la célébrité du groupe mais en ce qui me concerne, il ne joue pas souvent à la maison...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20