samedi 28 janvier 2017

THE DILLINGER ESCAPE PLAN - Dissociation

Pour clore ce mois de janvier consacré à ma rétrospective musicale de l'année 2016, j'ai pour vous un album bien moins douillet que celui de la semaine dernière. Dissociation du groupe expérimental The Dillinger Escape Plan est en effet une épreuve auditive à tout coup. Oreilles fragiles s'abstenir. Attention car écouter cet album peut faire en sorte que vous deveniez sourd. Dissociation est paru peu avant l'Halloween en 2016 et c'est approprié car effectivement, cet album donne froid dans le dos. The Dillinger Escape Plan fait de la musique stressante et tonitruante, c'est comme une explosion de bruit agressif et brutal au point d'endolorir votre ouïe. Le tempérament fortement expérimental dans The Dillinger Escape Plan justifie ce qui serait une cacophonie épouvantable en temps normal. Certains qualifient cela de math rock, d'autres de metal progressif, etc... Moi j'appelle ça du vacarme. Dans mon jeune temps, à l'adolescence, j'aurais aimé ce metal extrême mais peut-être que je me fais vieux car ça ne me plaît plus autant qu'auparavant. Pourtant, l'album débute de façon assez solide, avec certes une agression sonore évidente mais aussi un certain sens du style qui donne un aspect progressif à Dissociation. On a même un morceau complètement débridé de musique électronique avec la pièce FUGUE qui semble toutefois n'avoir que peu en commun avec la forme musicale tant prisée par Johann Sebastian Bach (1685-1750). En tous cas, si c'est une fugue, ou une forme fuguée, je n'ai rien vu passer et je préfère l'Art de la Fugue. Il faut dire que l'Art de la Fugue remonte au XVIIIe siècle alors que The Dillinger Escape Plan appartient au XXIe siècle. La modernité de l'art de ce groupe expérimental est assez évidente et on pense davantage à Karlheinz Stockhausen (1928-2007) qu'au Cantor de Leipzig. On peut également rapprocher The Dillinger Escape Plan du groupe québécois Despised Icon dont j'avais fait une critique dithyrambique de leur album The Healing Process sur ce blog (voir ma critique de The Healing Process du 9 avril 2016). The Dillinger Escape Plan est cependant plus éclaté que Despised Icon, il suffit d'écouter le morceau Low Feels Blvd sur l'album Dissociation pour s'en convaincre. The Dillinger Escape Plan y explore alors... le jazz fusion! C'est totalement farfelu. Ceci conclut la première partie de l'album. Malheureusement, la seconde moitié est moins probante. Les morceaux semblent moins inspirés et tendent à se ressembler les uns les autres. Des pièces telles que Manufacturing Discontent ainsi que Apologies Not Included sont passablement ennuyantes. À force de perpétrer du bruit, on perd intérêt à entendre ce que joue The Dillinger Escape Plan. Il n'y a plus ce sens du style qui démarquait plus tôt la musique du vacarme. Par bonheur, les deux dernières pièces renouent avec quelque chose qui soit un tantinet audible. La pièce finale, qui est aussi la pièce-titre de Dissociation, est probablement la meilleure chanson de l'album. C'est celle dont on se souvient le plus sur un album qui n'a autrement rien d'accrocheur et qui est difficile à mémoriser. Essayez de chanter sur la musique! Il est manifeste que l'album Dissociation du terrible collectif The Dillinger Escape Plan ne s'adresse pas à tout le monde et ne jouera pas à la radio. C'est une œuvre résolument rebelle et avant-gardiste, qui se tourne vers le futur du metal moins mélodique et plus expérimental. Je ne suis pas un fan mais il faut reconnaître l'audace quand elle se présente. Et avec Dissociation, elle est là assurément.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20

samedi 21 janvier 2017

KILLSWITCH ENGAGE - Incarnate

Killswitch Engage nous a offert en 2016 son énième album heavy metal intitulé Incarnate. Si le fameux groupe roule sa bosse depuis belle lurette, il ne fait toutefois pas de doute que Killswitch Engage n'a plus grand-chose à dire. Cet album convenu et prévisible lorgne vers le metalcore le plus vil et commercial et force est d'admettre que l'album Incarnate n'apporte malheureusement pas beaucoup d'eau au moulin. Certes, le tout est évidemment professionnel et peaufiné puisqu'il existe un public pour ce genre de musique. Néanmoins, je suis obligé de dire que Incarnate de Killswitch Engage n'est pas une œuvre artistique mais plutôt un produit commercial. Tout est mesuré, calibré et arrangé pour que rien ne dépasse, sans surprise et sans prise de risque. L'élément de danger semble complètement absent de cet album agréable mais aussi décevant. C'est un album où le tempo n'est jamais très rapide, où l'agressivité est très contrôlée et qui procure une sensation d'écoute très confortable. C'est pourquoi je l'ai aimé tout de suite: tout est mis en œuvre pour que cette marchandise puisse plaire et être plaisante à l'adolescent moyen qui écoute du heavy metal. Il y a les refrains accrocheurs, les guitares pesantes et le mélange réussi de la voix clean avec la voix monstrueuse. On a même prévu les incontournables ballades metal avec It Falls On Me, tout de même émouvante, ou encore We Carry On. Mais je ne suis plus un adolescent et je suis en droit d'attendre tout autre chose d'un album de heavy metal. Avec Incarnate, on est très loin par exemple de l'étonnant et audacieux album Toxicity de System Of A Down qui renouvelait le heavy metal de singulière façon (voir ma critique de Toxicity du 25 janvier 2014). C'est toute la différence entre un album ayant des prétentions artistiques comme Toxicity et un album n'aspirant qu'à faire passer un bon moment à l'auditeur comme Incarnate. Pour cette raison, il m'est difficile de me résoudre à accorder une cote d'appréciation aussi faible à un album aussi divertissant que Incarnate mais je dois le faire, même si certains pourraient s'en offusquer. Killswitch Engage est en effet une formation dont la réputation n'est plus à faire et qui a ses fans. Moi-même, j'ai acheté la version Special Edition de Incarnate qui présente trois chansons en bonus, pour un grand total d'une quinzaine de morceaux. Cette édition spéciale aurait pu être trop longue mais sa durée finale est d'environ 53 minutes, ce qui montre que les pièces de Killswitch Engage sont structurées de manière très concise et efficace, allant droit à l'essentiel et ne s'égarant pas dans les méandres du metal progressif auquel certains mélomanes peuvent associer le groupe (ce n'est pas mon cas). Ces pistes en bonus sont généralement plus agressives que la moyenne de l'album, ce qui fait en sorte qu'il est préférable de se procurer la version Special Edition. Parce que Loyalty, la dernière des trois pièces, provient de Catch The Throne: The Mixtape Volume 2, le niveau sonore est comme abaissé d'un cran par rapport au reste de l'album, ce qui est plutôt fâcheux pour une écoute en continu. Ça n'empêche pas qu'il vaut mieux avoir la version Special Edition et non la version standard. De toute façon, je considère que si on aime vraiment la musique comme moi, on devrait toujours choisir l'album avec un maximum de chansons au magasin. En somme, si vous ne connaissez rien au heavy metal, il peut être une bonne idée d'acheter Incarnate de Killswitch Engage. Si toutefois vous n'avez pas envie d'en faire l'acquisition, sachez que ce n'est pas bien grave et qu'il y a une tonne d'autres albums de metalcore à écouter avant Incarnate...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20

samedi 14 janvier 2017

ASKING ALEXANDRIA - The Black

Poursuivant ma rétrospective de l'année 2016 en musique, voici un album plus intéressant que celui de la semaine dernière. Il s'agit de l'album The Black par Asking Alexandria, un groupe qui n'a plus besoin de présentation. Présentons-le tout de même, en commençant par dire que ce groupe metalcore du Royaume-Uni roule sa bosse depuis plus d'une décennie. L'arrivée de The Black en 2016 tombait à pic puisque les fans en délire attendaient cet opus avec impatience. On peut le comprendre en écoutant l'album qui sonne de façon forte et puissante. C'est du metalcore de qualité et je m'aventurerais à dire que le style confectionné par Asking Alexandria se situe quelque part entre ceux de Bullet For My Valentine et de Bring Me The Horizon. The Black est néanmoins moins extrémiste dans sa volonté de faire de l'effet que l'album There Is A Hell Believe Me Ive Seen It. There Is A Heaven Lets Keep It A Secret de Bring Me The Horizon que j'avais critiqué mais que j'avais eu de la difficulté à prendre au sérieux (voir ma critique de There Is A Hell Believe Me Ive Seen It. There Is A Heaven Lets Keep It A Secret du 23 janvier 2016). Même le titre de leur album est impossible... Enfin bref, il vaut mieux s'en tenir à Asking Alexandria qui nous occupe ici. Le chanteur principal (celui qui a une voix clean) expose sur The Black ses démons personnels, en particulier son problème d'alcoolisme qu'il associe à un mode de vie rock 'n roll. Cela est d'ailleurs patent avec la pièce Just A Slave To Rock 'N Roll Asking Alexandria s'éloigne du metalcore pour épouser un style rock furieux et déchaîné comme l'on fait notamment certains groupes similaires. L'album The Black est généralement très énergique et agressif comme on l'aime mais il ne faudrait pas oublier les ballades. Il y en a trois, progressant sur l'album par ordre chronologique selon un intérêt croissant: Send Me Home, plutôt convenue, Here I Am, tout de même jolie, et Gone, la plus expressive. Cela induit de la variété mais ne permet pourtant pas Asking Alexandria d'éviter un certain ennui, en raison du caractère éminemment prévisible de sa musique. C'est certes très professionnel, voire impressionnant pour le néophyte, les arrangements sont super et le tout grandiose à souhait. Mais il faut aussi reconnaître qu'on a déjà entendu cela auparavant, nonobstant la volonté de faire plaisir aux fans qui ne demandent pas mieux que du metalcore bien envoyé dans les oreilles. L'album The Black d'Asking Alexandria n'est pas un chef-d’œuvre, même s'il peut en avoir l'air par ses dimensions énormes et flamboyantes, un véritable feu d'artifice de notes tonitruantes à la guitare et de voix en screamo qui glace le sang. Toutefois, c'est un album malgré tout intéressant de l'année 2016 qui a été chiche en frais d'albums rock de qualité, il faut le reconnaître. Il est donc recommandable, assez pour que je daigne vous le conseiller.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 7 janvier 2017

OF MICE & MEN - Cold World

2016 vient tout juste de s'achever et c'est le temps des rétrospectives. J'ai donc décidé de consacrer le mois de janvier à des parutions de la dernière année, à commencer par l'album Cold World de Of Mice & Men. Feu John Steinbeck (1902-1968) est l'auteur dont s'est inspirée la formation pour son nom de groupe. Of Mice & Men fait dans le nü metal et bien que l'album Cold World soit paru en 2016, on dirait qu'il aurait pu sortir quinze ans plus tôt. En effet, le son du groupe californien doit beaucoup à Linkin Park, ce qui rend son album quelque peu anachronique. De plus, on doit noter un manque d'originalité assez évidente. Certaines chansons de Cold World ressemble tellement à du Linkin Park que ça en devient presque gênant... Le chanteur de Of Mice & Men imite parfois très bien celle de Chester Bennington, leader de Linkin Park, et il est clair que nous avons là des exemples de pastiches à éviter. C'est que Cold World ressemble davantage à un exercice de style qu'à un album que l'on puisse prendre au sérieux. Certaines chansons sont carrément des copies de Linkin Park et manquent singulièrement de sincérité. Il faut attendre les dernières pièces de l'album, comme Down The Road ou bien Away, pour que Of Mice & Men s'écarte un tantinet de sa source d'inspiration fétiche et affiche un brin d'authenticité dans sa palette d'émotions. De toute façon, même quand il est influencé par Linkin Park, le groupe est rarement aussi bon que l'original. Il suffit de comparer Cold World à n'importe quel album de Linkin Park, prenons au hasard Minutes To Midnight (voir ma critique de Minutes To Midnight du 16 mai 2015). Linkin Park y dévoile son côté profond qui fait pâlir Of Mice & Men en comparaison. Quand il essaie plutôt d'être "cool", en se lançant dans sa chanson rap metal obligée, le résultat est mitigé: Relentless semble ici curieusement déplacée. C'est un autre point faible de cet album discutable, à savoir que l'ensemble des pièces de l'album semblent manquer non seulement de naturel, mais aussi d'unité. C'est un album inégal, avec quelques chansons potables mais d'autres qui sont très décevantes. Malgré tout, pour certaines raisons, le fan invétéré de Linkin Park y trouvera peut-être son compte et ne voudra pas manquer cet album qui sonne un peu comme un hommage à la fameuse formation nü metal. Certes, Cold World est un album mauvais mais il est quand même agréable à écouter si on n'a guère d'attentes en le plaçant dans son lecteur de CD. L'aspect très clean, léché et accrocheur de cet album de Of Mice & Men n'est pas étranger à cette impression confortable, car il faut dire que Cold World a tout de même un certain potentiel commercial. Ce n'est évidemment pas une grande œuvre mais il peut faire passer un bon moment. Notez, avant que je ne conclusse ma première critique annuelle dévolue à des albums parus en 2016, que Cold World renferme treize pistes audio mais que deux d'entre elles ne sont que de brefs interludes instrumentaux, pour un total réel de onze chansons. Ce n'est pas un album très long, ce qui pourrait constituer un atout si on ne souhaite point s'appesantir sur un style dont on a par ailleurs vite fait le tour. Cold World de Of Mice & Men n'est peut-être pas très intéressant mais 2016 ayant été une année musicale assez minable, il est difficile de trouver des opus qui soient dignes d'attention...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 13/20