samedi 29 juillet 2017

FINCH - Say Hello To Sunshine

Il y a deux manières pour un groupe d'aborder le rock progressif: la passéiste et la moderniste. Finch se range à l'évidence dans la seconde catégorie. Say Hello To Sunshine, paru en 2005, sonne comme un album progressif de 2005 et non pas comme un album d'il y a quarante ans, ce qui est le cas de certaines formations nostalgiques sans imagination... D'aucuns argueront que Finch est en réalité un groupe de post-hardcore. Qu'ils aillent au diable. Le matériel vénéneux de Finch fait merveille sur son album Say Hello To Sunshine, avec une recherche musicale manifeste et une balance sonore entre le mélodique et le rythmique idéale. Il n'y a rien de punk sur cet album magnifique de Finch, juste une volonté de repousser les limites du style rock tout en demeurant accessible. De fait, on retrouve des changements de chiffres indicateurs et des accords étonnants et pourtant, l'album s'écoute comme un charme. Say Hello To Sunshine s'écoute sans effort, comme si le rock progressif coulait de source. Même si vous étiez allergique à la musique bizarroïde, vous aimeriez Finch. N'hésitez pas à l'écouter. Le style de cet album est difficile à décrire, aussi je le comparerais à Prior To The Fire de l'excellent groupe québécois Priestess (voir ma critique de Prior To The Fire du 25 février 2017). En réalité, Say Hello To Sunshine est encore meilleur que Prior To The Fire. Parfois, Finch se fait agressif, comme sur la pièce The Casket Of Roderick Usher, un morceau de moins de deux minutes! En général, Finch alterne toutefois le doux et le dur, le "piano" et le "forte", comme sur Fireflies qui n'a rien à voir avec la chanson à succès de Owl City... Malgré tout, le rythme est en fait l'invité d'honneur, volant la vedette aux autres paramètres musicaux, comme sur les pièces Ink et Miro. À vrai dire, il y a tant de bonnes chansons sur Say Hello To Sunshine que je ne puis les nommer toutes. Je trouve que chaque morceau a sa place sur l'album, les quatorze titres étant aussi excellents les uns que les autres. Il est incroyable d'avoir des moments aussi violents et commerciaux à la fois, aussi expérimental et pop en même temps. Satané Finch, il nous surprendra toujours! Tous les albums de Finch sont bons mais j'ai un faible pour celui-ci. Inutile d'insister: vous l'avez compris, j'ai adoré Say Hello To Sunshine de Finch et j'espère vraiment qu'il en sera de même pour vous. Je suis en amour avec Igor Stravinski (1882-1971), Francis Poulenc (1899-1963) et Olivier Messiaen (1908-1992), et il va de soi que je veuille faire découvrir la musique moderne au plus grand nombre. Il devient alors une bonne manière de commencer en écoutant le rock moderniste de Finch. C'est fichtrement intéressant tout ce foutoir, et je vous prierais de bien débuter en partant du bon pied. On y va avec une musique plus accessible, puis on bascule avec Anton Webern (1883-1945) et Edgard Varèse (1883-1965). Si vous n'avez rien compris, ce n'est pas grave. Allez écouter Madonna.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 22 juillet 2017

COHEED AND CAMBRIA - No World For Tomorrow

Pour le quidam moyen, le rock progressif évoque des figures rythmiques complexes et savantes avec des harmonies bizarroïdes et une instrumentation baroque dans des pièces expérimentales qui n'en finissent plus de finir. Ce préjugé bien ancré dans la population n'est pas sans avoir un fond de vérité, il est vrai. Mais alors qu'on écoute No World For Tomorrow de Coheed and Cambria pour s'apercevoir que ce peut être tout autre chose. En effet, cet album est progressif jusqu'au bout des ongles, ce qui ne l'empêche pas d'être absolument accessible. Les excentricités musicales de ce style sont mises au rancart au profit de la ligne mélodique, tout simplement. En réalité, Coheed and Cambria a beaucoup gagné en maturité depuis son album In Keeping Secrets Of Silent Earth:3 qui était un peu déroutant (voir ma critique de In Keeping Secrets Of Silent Earth:3 du 25 juin 2016). Le style sur No World For Tomorrow est certes moins original mais il est plus mesuré, oui, plus subtil. Coheed and Cambria refuse de céder à la facilité et évite d'utiliser des effets flamboyants tape-à-l’œil qu'on retrouve parfois dans le metal progressif. Les chansons de No World For Tomorrow sont tout en finesse et on ne peut qu'admirer la probité et l'intégrité artistique d'un tel album. Il y a pourtant plusieurs sources sonores différentes, plusieurs instruments utilisés mais leur présence se veut discrète au lieu d'occuper toute la place pour épater la galerie. L'album de Coheed and Cambria débute avec The Reaping, une brève introduction d'à peine une minute et quart à la guitare acoustique avant de passer à la pièce-titre où l'album démarre vraiment. Il faut savoir que No World For Tomorrow est construit en deux parties distinctes, un premier bloc de huit morceaux, incluant The Reaping, qui démontre l'art maîtrisé et la nuance dont est capable le groupe, puis un second bloc intitulé The End Complete constitué de cinq pièces, dont la chanson The End Complete elle-même, qui renouent avec la conception populaire du rock progressif, avec davantage de recherche sonore. En quelque sorte, on assiste à une gradation des effets employés par Coheed and Cambria tout au long de l'album, pour culminer dans le second bloc et aboutir enfin à On The Brink, irrésistiblement progressive... Plusieurs chansons sont longues comme c'est la coutume dans ce style musical, par exemple Mother Superior dépasse les six minutes et demie tandis que la chanson The End Complete fait plus de sept minutes et demie et On The Brink dure plus de sept minutes. Ce n'est pourtant pas un album trop long puisqu'il fait une heure très exactement, ce qui est bien moins que les 70 ou 75 minutes qu'on retrouve souvent dans les albums interminables de metal progressif. No World For Tomorrow s'écoute comme un charme, il n'est pas abscons alors vous ne devriez pas être intimidé de l'écouter. Bien au contraire, il peut être une excellente porte d'entrée à ce style si vous êtes novice en la matière. No World For Tomorrow de Coheed and Cambria, paru en 2007 sur l'étiquette Columbia Records, deviendrait peut-être l'album de rêve pour tous ceux qui répugnent à s'exposer au rock progressif, et je le conseille bien évidemment volontiers.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 15 juillet 2017

PIERCE THE VEIL - Selfish Machines

Parmi les groupes inclassables dont il est difficile de définir le style, Pierce The Veil se taille une place enviable. Ce n'est pas vraiment screamo, ni post-hardcore, ni emo, ni progressif, aussi je qualifierais leur style comme étant du rock expérimental. Cette dénomination large est en effet assez vague pour inclure à peu près n'importe quel groupe inclassable. Sur son opus, on retrouve même de la musique latino, à témoin un peu la pièce d'ouverture Besitos, mais surtout Fast Times At Clairemont High avec son titre de film pornographique, et même le début de The New National Anthem! Pierce The Veil a aussi des ballades, comme l'excellente Stay Away From My Friends ainsi que la chanson de clôture Kissing In Cars. Attention toutefois car bien que l'album mentionne treize titres, Southern Constellations n'est pas une vraie chanson mais un interlude. Pierce The Veil propose des chansons plus complexes que ses congénères dans l'expression des sentiments avec son album Selfish Machines, aussi je le trouve bien plus intéressant que l'album que je critiquais la semaine dernière, à savoir The Black Parade dont la réputation est surfaite. Les ballades de Pierce The Veil sont effectivement plus réussies que celles de My Chemical Romance (voir ma critique de The Black Parade du 8 juillet 2017). Il est vrai que The Black Parade s'adressait à la masse des auditeurs tandis que Selfish Machines est plus subtil et ne peut être apprécié que par des fans fidèles et avertis. Selfish Machines ne s'adresse donc pas à tout le monde, avis aux mélomanes. Je n'ai d'ailleurs pas été tout de suite ravi par Pierce The Veil, surtout à cause de la voix déplaisante du chanteur, très aigu et assez monotone, irritante à souhait. Si l'on passe par-dessus ce vilain défaut, on est cependant grandement récompensé, le groupe nous offrant des morceaux variés et recherchés, mes préférés étant Disasterology et Fast Times At Clairemont High, en plus des ballades sus-mentionnées. Par contre, Million Dollar Houses (The Painter) a la fâcheuse idée de faire intervenir l'auto-tune, ce n'est donc pas ma favorite. Cette exception confirmant la règle ne devrait point vous décourager de prêter l'oreille à cet album enthousiasmant, Pierce The Veil étant une formation fort originale qu'il faut découvrir. Si la chose vous intéresse, notez cependant que l'album est paru en 2010 mais a été remixé et réédité en 2013. Moi je possède la version de 2013 et je ne connais pas la précédente version. Je ne peux pas vous informer sur les différences entre les deux albums, aussi je recommanderais plutôt de vous procurez la nouvelle édition de 2013 qui sonne comme une tonne de briques, je veux dire qu'elle sonne admirablement. En outre, l'album vient dans un bel étui cartonné noir, la couverture du livret de Selfish Machines étant identique à celle de l'étui. Bref, voilà une bien jolie chose à collectionner. En résumé, Selfish Machines de Pierce The Veil est un album original, subtil, complexe et recherché, expliquant facilement qu'il batte The Black Parade de My Chemical Romance qui est une formation que je respecte mais qui paraît bien commerciale en comparaison d'un groupe de rock expérimental comme Pierce The Veil. Ma cote d'appréciation est donc naturellement plus élevée cette semaine que celle de la semaine dernière. Il ne me reste donc plus qu'à vous souhaiter une bonne écoute...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 8 juillet 2017

MY CHEMICAL ROMANCE - The Black Parade

Décidément, My Chemical Romance (MCR pour les intimes) aura été un groupe marquant de la décennie 2000. Avec son album-concept et opéra rock The Black Parade paru en 2006, on peut dire qu'il a marqué les mémoires de bien des mélomanes. De l'avis même de nombreux critiques et experts du rock, cet album ambitieux est non seulement le meilleur album du groupe, mais aussi un des meilleurs de toute sa génération. Assez étrangement toutefois, ce n'est pas celui que je préfère. Je dois même dire que c'est l'album de My Chemical Romance que j'apprécie le moins. J'aime The Black Parade mais je crois que les deux autres albums du groupe sont bien meilleurs. La raison principale de ce désaveu tient dans le fait que The Black Parade ne m'apporte rien musicalement que je ne connaissais déjà. En outre, cet album rock est farci de "power ballads" soporifiques qui n'évitent guère la facilité: I Don't Love You, ainsi que Cancer et Disenchanted, sont en effet trop téléphonées pour que j'y éprouve du plaisir. En plus, Cancer semble n'être pas assez aboutie, un peu comme si la pièce était inachevée. L'originalité n'est donc vraiment pas au rendez-vous avec cet album prétentieux, par exemple House Of Wolves rappelle The White Stripes, la chanson Mama s'inspire sans surprise de l'autre album-concept des années '70 The Wall de Pink Floyd et Teenagers fait penser fâcheusement à Why Don't You Get A Job? du groupe The Offspring qui lui-même parodiait Ob-La-Di, Ob-La-Da de Paul McCartney. L'idée même d'un album-concept n'est évidemment pas sans nous rappeler American Idiot de Green Day, paru peu de temps auparavant (voir ma critique de American Idiot du 27 août 2011). De manière générale, The Black Parade baigne cependant dans le rock des années '70, quoique Famous Last Words semble se tourner plutôt vers les années '80, ce qui n'est pas de mon goût personnel puisque je préfère les années '90 et 2000, et encore là, on pense notamment à Queen, signe de l'absence cruelle d'une quelconque originalité véridique. Même le look inventé par My Chemical Romance pour son chef-d’œuvre évoque autant The Beatles (voir ma critique de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band du 26 novembre 2011) que Smashing Pumpkins (voir le clip Tonight, Tonight sur YouTube). Comme quoi My Chemical Romance n'aura rien inventé... Malgré tout, la dernière moitié de The Black Parade est dans l'ensemble plus intéressante que la première, les meilleurs morceaux étant Mama ainsi que Sleep et Blood. En fait, Blood est une chanson cachée qui démarre après une minute et demie à la quatorzième piste de l'album. Il n'empêche que My Chemical Romance, en dépit de mon mécontentement, représente le groupe emo par excellence, proposant à chaque nouvel album quelque chose qu'il n'avait pas déjà fait, ce qui n'est pas le cas de certains autres groupes emo de cette époque fort heureusement révolue. De par l'ampleur de la conception, The Black Parade se distingue des albums mièvres du style emo moribond du milieu des années 2000. À part American Idiot en effet, il n'y a plus vraiment d'album-concept de cette ampleur au 21e siècle, puisque le genre est mort avec la fin des opéras rock dans les années '70. Toutefois, je serais tenté de comparer The Black Parade avec un album-concept récent bien plus intéressant, l'excellent Chinese Democracy de Guns N'Roses!! Comparer les deux albums fait pâlir sérieusement celui de My Chemical Romance... Il y a davantage de musique dans une seule chanson de Chinese Democracy que dans tout l'album de My Chemical Romance. On voit tout de suite que Guns N'Roses et My Chemical Romance ne jouent pas dans la même ligue (voir ma critique de Chinese Democracy du 22 mars 2014). Bref, comme je l'ai déjà dit, je trouve que The Black Parade est agréable à écouter, c'est un album accrocheur et il réussit l'exploit d'être un grand album d'opéra rock au succès commercial indéniable, mais je préfère les premier et troisième albums du groupe qui se situent davantage dans mes goûts personnels. Ceci étant dit, il faut malgré tout avoir au moins écouté The Black Parade de My Chemical Romance si on s'intéresse sérieusement au rock des années 2000, emo ou pas...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20