samedi 23 février 2019

FINCH - What It Is To Burn

Si le groupe post-grunge Staind, le groupe pop punk blink-182 et le groupe rap metal Papa Roach s'associaient pour fonder une nouvelle formation de rock, ça donnerait Finch. On classe généralement Finch comme étant un groupe punk et il est vrai que c'est évident sur quelques chansons de son album mais sur d'autres, Finch puise ses influences ailleurs. C'est pour cette raison que j'aurais tendance à dire que Finch est plutôt un groupe nü metal ou à tout le moins un groupe de rock alternatif. Par exemple, la pièce Without You Here me fait penser quelque peu à Nirvana, surtout à cause des contrastes de dynamiques entre couplets et refrains. L'influence du grunge est manifeste. Certains disent que Finch est un groupe post-hardcore mais franchement, si What It Is To Burn est du hardcore, je m'appelle Georgette. Pour moi, du hardcore, ça doit sonner comme du Hatebreed par exemple. Avec Finch, on est très loin de là... Ce qui ne veut pas dire que Finch fasse dans la dentelle: dès la pièce Grey Matter qui est annonciatrice de ce qui va suivre quelques chansons plus tard avec Project Mayhem, Finch se révèle brutalement agressif de manière tout à fait gratuite. Ces deux chansons extrêmes s'écartent sensiblement du style général de l'album What It Is To Burn mais ont aussi en commun d'inviter le chanteur de Glassjaw à crier sur l'album de Finch. Le schisme musical entre les deux groupes mettent en péril l'unité de l'ensemble au point où la chanson Project Mayhem n'aurait jamais dû se retrouver sur l'album What It Is To Burn de Finch. À vrai dire, je ne connais Glassjaw que par leur réputation puisque je n'ai jamais écouté une de leurs chansons! Ça doit cogner fort... What It Is To Burn est dans l'ensemble assez costaud néanmoins. On retrouve déjà leur goût pour le progressif qui sera en vedette sur leur album suivant, Say Hello To Sunshine (voir ma critique de Say Hello To Sunshine du 29 juillet 2017). Par exemple, la pièce Awake arbore une rythmique en 6/8 au lieu du 4/4 habituel. Surtout, plusieurs minutes de musique expérimentale qui n'ont rien à envier à Pat Metheny occupent l'espace et le temps à la fin du disque... Comme Finch a de la suite dans les idées, l'album What It Is To Burn débute avec la pièce New Beginnings et finit avec la chanson Ender qui s'étire en d'agréables bruits et sons. En fait, il y a une ultime chanson qui suit Ender, mais il s'agit d'une piste en bonus qui est également la pièce-titre de l'album. What It Is To Burn est un opus paru en 2002 en pleine vague nü metal mais apporte quelque chose d'intéressant au genre. Le tempérament et l'originalité de Finch l'éloignent de ses acolytes ou confrères du début du millénaire, quoique le mystérieux groupe californien ne parvienne pas à surpasser Linkin Park ou Slipknot. J'aime beaucoup Finch, vous l'aurez compris, mais je ne peux légitimement lui octroyer une cote supérieure à 15/20 qui correspond pour moi à un bon album de qualité moyenne. Si, sur What It Is To Burn, Finch avait démontré encore plus d'originalité que sur Say Hello To Sunshine et n'avait point invité le débile de Glassjaw, il se serait fort possiblement mérité une note d'appréciation supérieure...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 16 février 2019

STAIND - Break The Cycle

On oublie parfois que même si le grunge appartient au début des années '90, il perdura jusqu'au début des années 2000. L'album Break The Cycle de Staind, paru en mai 2001, en offre un bon exemple. Les influences de tous les groupes grunge originaux s'y font sentir, que ce soient Stone Temple Pilots, Alice In Chains ou bien sûr Nirvana, et Break The Cycle va encore plus loin que Dysfunction, l'album précédent de Staind, dans l'émulation du style grunge. J'avais bien aimé Dysfunction et je m'étais empressé à faire l'éloge du groupe dans ma critique sur ce blog (voir ma critique de Dysfunction du 21 mars 2015). Avec Break The Cycle cependant, je suis un peu plus circonspect. Il est moins original et même si l'on y reconnaît le style du groupe, il est décevant par rapport à Dysfunction. Il semble que Staind ait décidé d'adopter une approche plus commerciale avec Break The Cycle, avec des chansons à la structure pop et un ton moins déprimant. Pourtant, Break The Cycle est encore définitivement dépressif mais Dysfunction était tellement noir qu'il était peut-être impossible de refaire le même album pour la formation Staind. Peu importe, le résultat est honorable mais sans plus cependant, faisant de Break The Cycle un album standard de musique post-grunge pour les nostalgiques de la belle époque des années '90. En fait, Staind sonne un peu ici comme sur l'album Come Clean de Puddle Of Mudd, l'autre groupe parrainé par l'ami Fred Durst (voir ma critique de Come Clean du 21 septembre 2013). D'ailleurs, les deux albums sont parus la même année, en 2001. Il est assez curieux que Break The Cycle et Come Clean soient tous les deux meilleurs que les propres albums de Fred Durst... Il semble que le post-grunge doive beaucoup à Fred Durst. Les chansons les plus accrocheuses de Staind sur Break The Cycle sont indéniablement It's Been Awhile qui est reprise en tant que bonus et chanson cachée à la fin de l'album ainsi que Outside interprétée à la guitare acoustique. Break The Cycle est très bien enregistré avec un son certes grunge mais plutôt clean, avec notamment la basse qui ressort de façon bien audible, donnant du relief à l'ensemble. C'est véritablement un album agréable à écouter en dépit de son côté assez sombre en raison de son format délibérément pop rock et de ses mélodies insidieuses qui pénètrent dans votre cerveau pour ne plus en ressortir... Cet album de Staind est évidemment plus accessible quoique moins intéressant que Dysfunction et je le recommanderais en priorité pour découvrir le groupe. Break The Cycle n'est pas un mauvais album et il est bien plus intéressant que bon nombre de groupes rap metal qui faisaient la manchette au début du millénaire (pensons par exemple à Crazy Town)... C'est pourtant un album fort long de quatorze chansons (incluant la pièce cachée à la fin du disque) d'une durée de plus de cinquante-cinq minutes, soit presque une heure, de musique triste. C'est donc en somme une bonne chose qu'il soit plus pop puisque ça tempère toute cette noirceur. Tout compte fait, Staind offre avec son album Break The Cycle l'album qu'il fallait qu'il produise afin de connaître le succès et c'est en effet ce qui se produisit: l'album est encore à ce jour le plus populaire de la formation post-grunge américaine. Même si vous n'aimez pas ce gros moron de Fred Durst, vous devriez écouter Break The Cycle de Staind car vous serez peut-être surpris comme moi de le fredonner contre votre propre gré!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 9 février 2019

DEFTONES - Gore

Voici un album qui ne passera pas à la radio. Gore de Deftones est un album intègre et difficile, loin des sottises que la radio débite en permanence. Il est paru en 2016 et je l'écoute encore sans m'en lasser. C'est un album glauque, intense et cathartique, comme c'est souvent le cas avec Deftones. J'avais bien aimé jadis leur album White Pony qui d'ailleurs peut être maintenant considéré comme un classique du metal alternatif, même si je l'avais trouvé peut-être un petit peu trop adolescent (voir ma critique de White Pony du 11 février 2012). Avec Gore, cette impression a complètement disparu. On sent que Deftones a atteint l'âge de la maturité artistique et la musique vous prend directement aux tripes. La première moitié de l'album cogne fort et est émotionnellement violente, avant que la poussière ne retombe un peu avec Hearts/Wires au centre de l'album. La musique de Deftones est sombre, pour ne pas dire parfois carrément noir, mais il y a heureusement des rayons de lumière qui apparaissent dans la seconde moitié de l'album. L'avant-dernière pièce intitulée Phantom Bride passerait quasiment pour une chanson optimiste et aurait très bien terminé l'album mais Deftones a souhaité ajouter un dernier morceau, Rubicon. Toutes les chansons de Gore sont excellentes. C'est un album parfaitement artistique dans tous les sens du terme, il ne vise pas le commerce comme c'était le cas avec Disobey du groupe metal Bad Wolves que j'ai critiqué la semaine dernière (voir ma critique de Disobey du 2 février 2019). Ça n'a pourtant pas empêché Deftones de l'écouler en grande quantité, tant la réputation du groupe mené par Chino Moreno n'est plus à faire. Son style inimitable et qui échappe à toutes tentatives de classification est prisé par les amateurs de metal de par le monde, moi y compris. Il peut en effet plaire autant aux fans de Cannibal Corpse que d'Interpol, en passant bien sûr par Alice In Chains dont le guitariste Jerry Cantrell vient d'ailleurs faire son petit tour. Deftones est un des rares groupes à avoir survécu à la mode passagère du nü metal de la fin des années '90, KoRn excepté. C'est un de mes groupes favoris des vingt dernières années avec AFI et System Of A Down, et je ne saurais trop le recommander tant il est viscéralement poignant. Gore est tout simplement beau, pas dans le sens de "décoratif et joli" mais plutôt dans le sens que Charles Baudelaire (1821-1867) l'entendait, lui qui disait que la "beauté est toujours bizarre"... Gore de Deftones est un album merveilleux, superbe, grandiose, pour ne pas dire vertigineux... Les mots me manquent pour décrire ce chef-d’œuvre! J'espère ainsi vous avoir convaincu de l'acheter et de l'ouïr sans préjugé, même s'il peut sembler rebutant lors d'une première écoute. Il s'adresse sûrement aux personnes ouvertes d'esprit, aux mélomanes qui apprécient l'art avant tout.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 18/20

samedi 2 février 2019

BAD WOLVES - Disobey

Pourquoi ne pas faire durer le plaisir? Le mois de janvier consacré à ma revue musicale des albums parus l'année dernière est terminé mais c'est que je m'en voudrais de passer sous silence la reprise de Zombie que l'on retrouve sur l'album Disobey de Bad Wolves (attention à ne pas confondre avec We Are Wolves, Wolf Parade ou Wolfmother) et qui a connu beaucoup de succès en 2018. La chanson a été lancée en janvier, à peu près en même temps que décédait Dolores O'Riordan, la célèbre chanteuse du groupe The Cranberries qui l'a popularisée, et il est certain que cette reprise n'aurait pas connu autant de succès sans cette mort malheureuse. C'est d'autant plus vrai que la version de Bad Wolves n'est pas très bonne, aussi il vaut peut-être mieux s'en tenir à la version originale qui figure sur l'album No Need To Argue (voir ma critique de No Need To Argue du 5 janvier 2013). Le massacre de ce classique du rock, de cet hymne à la paix par Bad Wolves devrait normalement suffire à décourager le mélomane d'occasion d'acquérir Disobey. C'est qu'il faut savoir que les musiciens de Bad Wolves font dans le metal et Zombie n'a que très peu à voir avec le style général de ce groupe. Le style de Bad Wolves est en effet plus près de Five Finger Death Punch que d'un groupe rock comme The Cranberries! En fait, Disobey est un album de metal très commercial, reflétant bien le son du metal pratiqué en 2018. Certains classifient Bad Wolves dans le style groove metal mais je ne sais pas, je ne suis pas féru de ce style et je m'y connais que fort peu en groove metal, quoique je puis reconnaître que le jeu de guitare soit assez nerveux sur des titres tels que Better The Devil ou encore The Conversation. Il y a même des influences prog metal sur Truth Or Dare qui haussent le niveau de qualité de cet album autrement très commercial, heureusement! Par contre, je n'avais guère hésité à écrire une critique acerbe pour le vaste diptyque The Wrong Side Of Heaven And The Righteous Side Of Hell, Vols. 1 & 2 (voir mes critiques de The Wrong Side Of Heaven And The Righteous Side Of Hell, Vol. 1 du 3 octobre 2015 et Vol. 2 du 10 octobre 2015), lancé en 2013 par Five Finger Death Punch qui est signé aujourd'hui, ô surprise, sur la même étiquette de disques que Bad Wolves! Parfois, Bad Wolves sonnent tellement comme Five Finger Death Punch que ça en devient gênant. Non seulement copier est un manque d'originalité, mais la source d'où Bad Wolves puisent leur inspiration laisse grandement à désirer. À la fin de Jesus Slaves, Bad Wolves y vont gaiement de leurs "six six six" sataniques qui semblent bien candides et hors de propos sur un tel album. Il y a donc du bon et du mauvais sur Disobey, mais il est sûr que Bad Wolves demeurent nettement préférables à Five Finger Death Punch... Les textes de Disobey y sont moins idiots et la musique plus évoluée. Mais il faut aimer le metal, car si vous voulez acheter Disobey à cause de Zombie, vous risquez d'être surpris et déçus... Zombie n'a pas sa place sur un tel album et détonne allègrement avec le reste. Ma cote pour cet album de Bad Wolves sera finalement plus élevée que celles des albums exécrables de Five Finger Death Punch, évidemment, mais sans être très élevée non plus. Disobey de Bad Wolves est un autre album paru en 2018 qui me fait dire que cette année a été bien décevante musicalement. L'album le moins catastrophique que j'aurai écouté en 2018 reste possiblement Graffiti U de Keith Urban (voir ma critique de Graffiti U du 5 janvier 2019)!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20