samedi 28 septembre 2019

BILLIE EILISH - When We All Fall Asleep, Where Do We Go?

C'est peut-être le meilleur album de l'année. Avec son album When We All Fall Asleep, Where Do We Go? paru il y a six mois, Billie Eilish (que je surnomme affectueusement Billie Hellish) frappe fort, très fort. C'est d'autant plus vrai que la jeune auteure-compositrice-interprète n'avait que 17 ans au moment de la parution de son album, ce qui signifie qu'elle était encore mineure à ce moment-là! C'est incroyable. Les critiques dithyrambiques ont fusé de toutes parts, le concert d'éloges allant jusqu'à comparer l'album de Billie Eilish avec le mythique Nevermind de Nirvana pour son côté révolutionnaire...! La jeune sensation de l'heure nous a certes offert un étonnant album fort rafraîchissant et substantiel mais je ne dresserais pas personnellement un parallèle avec Nevermind, le style musical grunge de Nirvana n'ayant de toute façon aucun rapport avec When We All Fall Asleep, Where Do We Go? qui est beaucoup plus électro-pop, voire hip hop dans sa conception (voir ma critique de Nevermind du 15 octobre 2011). C'est néanmoins un bel hommage et c'est vrai que Billie Eilish nous arrive avec un album qui peut paraître révolutionnaire pour certains. Elle s'écarte en tout cas de la pop préfabriquée superficielle et interchangeable qui joue à la radio par les temps qui courent. Il y a une véritable profondeur chez Billie Eilish, un mélange inédit de noirceur et de douceur qui fait merveille sur un album tel que When We All Fall Asleep, Where Do We Go? et qu'on ne peut guère retrouver ailleurs. Billie Eilish fait montre véritablement d'originalité, le clip pour son plus gros tube, la pièce Bad Guy qui a quand même réussi à trouver des stations commerciales pour y être diffusée, nous la présentant comme une fille insolente et fantasque qui est libre de faire ce qui lui plaît. Elle n'apparaît pas dans le clip Bad Guy comme une chanteuse pop à l'image lisse et léchée, convenue et sexualisée, contrairement aux autres chanteuses pop à la mode. C'est d'ailleurs peut-être un des clips les plus féministes que l'on ait vus, les autres chanteuses qui se revendiquent du néo-féminisme n'offrant la plupart du temps que des clichés et des stéréotypes faussement féministes dans l'industrie de la musique. Billie Eilish n'essaie pas d'être belle et sexy, elle est plutôt un petit trublion qui fait la pluie et le beau temps. Ça c'est révolutionnaire! Mais de là à comparer When We All Fall Asleep, Where Do We Go? avec Nevermind, cela me semble tout de même abusif. Un peu comme Radiohead où une certaine presse spécialisée ne peut en dire du mal sans jurer, il est manifeste que Billie Eilish aussi semble être à l'abri de critiques négatives à son sujet. Bref, il est impossible de dire du mal de cette artiste de génie sans avoir l'air fou, ce qui me semble fort malheureux car il faut toujours et incessamment pourfendre les bien-pensants et la pensée magique déjà toute faite qui circule sur les réseaux sociaux. Billie Eilish est talentueuse, oui, mais elle n'est quand même pas Thom Yorke, ni Kurt Cobain d'ailleurs. Sa valeur artistique est surestimée et sa cote de popularité est surfaite. En somme, j'ai adoré ce premier album de Billie Eilish mais je n'ai pas perdu connaissance, ni tombé dans les pommes. Il reste maintenant à voir si elle saura résister et tenir tête aux conglomérats capitalistes afin de ne pas être récupérée par l'industrie musicale, sa collaboration avec Justin Bieber pour un remake de Bad Guy étant assez inquiétante...  En attendant de voir ce qu'elle fera, When We All Fall Asleep, Where Do We Go? de Billie Eilish est malgré tout mon album préféré à être paru en 2019... même si l'année n'est pas encore terminée!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 21 septembre 2019

TWENTY ONE PILOTS - Blurryface

Le rock est mort. Ça ne veut pas dire que ce soit la fin de la musique. Bien des groupes d'aujourd'hui continuent de faire de la musique, inspirés par d'autres influences que le rock. C'est décidément le cas de Twenty One Pilots qui a enfin connu la célébrité avec la parution de son album Blurryface en 2015. Il était temps que le monde se réveille car il s'agit du quatrième album studio du groupe! Ce qui prouve qu'avec de la persévérance, le talent finit toujours par payer. Car il faut bien le dire, Twenty One Pilots est un groupe indubitablement talentueux. Sa maîtrise des différents styles qu'il utilise dans sa musique est manifeste sur un album tel que Blurryface, alliant pop, hip hop et reggae avec intelligence et créativité. Twenty One Pilots parvient à s'ingérer dans la mouvance rock en réquisitionnant le rap comme nul ne sait aussi bien le faire. Un peu comme Imagine Dragons qui nous a créé un chef-d'œuvre des temps modernes avec son album Smoke + Mirrors lui aussi paru en 2015 (voir ma critique de Smoke + Mirrors du 13 juillet 2019), Twenty One Pilots prouve avec Blurryface que le rock n'est pas indispensable pour réaliser un album marquant de l'Histoire de la musique. C'est encore plus vrai avec Trench, l'album qui succédera à Blurryface, où Twenty One Pilots confine au génie, rien de moins. La facilité avec laquelle le groupe parvient à mélanger les genres sur son album Blurryface, le naturel de sa démarche artistique et la pertinence du propos expliquent largement son succès commercial. On connaît surtout Twenty One Pilots pour sa chanson Stressed Out, larguée dans les médias de masse telle une bombe de musique dangereusement accrocheuse, mais il y a d'autres pièces encore meilleures sur l'album, notamment l'impressionnante Fairly Local ou alors l'émouvante Goner qui termine l'album avec profondeur. Tout l'album est d'ailleurs parcouru par une angoisse existentielle dans les paroles qui dénote la sincérité de Twenty One Pilots dans son art. J'aime personnellement beaucoup Lane Boy qui nous rappelle à quel point le reggae est un style sous-estimé. C'est toujours bon du reggae, spécialement quand c'est Twenty One Pilots qui en a composé. Je ne ferai pas la liste exhaustive de toutes les quatorze chansons de cet album certes généreux car ce serait trop long, sachez simplement qu'il n'y a pas de temps mort et qu'on ne s'y ennuie jamais. C'est un des meilleurs albums de la décennie, même s'il a été surclassé depuis par Trench en 2018. Blurryface est plus accessible que Trench, aussi vaut-il mieux débuter par lui avant d'aborder l'autre. On pourra alors écouter d'autres succès du groupe, dont Ride ou encore Tear In My Heart. Quoi qu'il en soit, Twenty One Pilots est un de mes groupes préférés par les temps qui courent. Avec son album rap Blurryface, Twenty One Pilots se classe véritablement parmi les meilleurs groupes rock du moment, avec ses nouveaux acolytes qui définissent le son d'aujourd'hui comme Imagine Dragons et Portugal. The Man!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 14 septembre 2019

VAMPIRE WEEKEND - Father Of The Bride

Il est plutôt rare que je fasse la critique d'albums récents sur ce blog, la plupart du temps ce sont des albums qui datent déjà d'une dizaine d'années. Il est encore plus rare que je fasse la critique d'un album paru la même année que ma critique; en fait, cela est arrivé... zéro fois. C'est donc une première pour Father Of The Bride, paru plus tôt cette année, le vendredi 3 mai 2019. Cet album de Vampire Weekend mérite que je fasse exception à la règle car il est en fait si extraordinaire que je ne pouvais patienter davantage pour vous en parler. Ce groupe est habitué à recevoir des fleurs de la part de la presse spécialisée mais ne m'avait jamais totalement convaincu. Avec Father Of The Bride cependant, Vampire Weekend vise en plein dans le mille. C'est que leur nouveau son s'éloigne de l'afropop de leurs premiers albums pour adopter une démarche artistique beaucoup plus orienté vers l'indie rock. L'extrême richesse des arrangements instrumentaux, au son organique méticuleusement travaillé, se combine à l'inventivité mélodique et à l'originalité de ton pour produire un des meilleurs albums de cette année! D'une certaine façon, Father Of The Bride de Vampire Weekend rappelle White Blood Cells par The White Stripes (voir ma critique de White Blood Cells du 2 février 2013). La variété des styles et la créativité musicale sont selon moi assez similaire. On a plein de petits moments excitants sur Father Of The Bride, un album généreux qui comporte dix-huit chansons! Pour tout vous dire, je n'avais pas été emballé par White Blood Cells au début mais avec le recul et la maturité, je le considère bien meilleur que ce que j'en avais pensé dans ma critique de 2013. Je lui décernerais probablement une cote différente aujourd'hui. Il est vrai que je n'ai pas toujours porté The White Stripes dans mon cœur. Parfois, je relis mes anciennes critiques et je les trouve franchement navrantes par leur négativisme car j'ai grandement évolué depuis et mon opinion a changé. Ce ne sera toutefois pas le cas de Father Of The Bride que j'ai immédiatement adoré et adopté! Peut-être que je vais un jour aimé aussi Contra mais je ne suis pas encore rendu là. Cela fait en sorte que Father Of The Bride est donc présentement mon album préféré de Vampire Weekend... C'est comme si le groupe s'était réinventé. On retrouve même des moments plus graves et plus sombres comme la chanson My Mistake par exemple alors que Vampire Weekend était plutôt ensoleillé sur leur premier album homonyme. Ça donne une toute nouvelle profondeur au groupe, moi qui n'aime pas toujours les albums trop radieux. Bref, Father Of The Bride de Vampire Weekend est définitivement un des albums qui m'a le plus impressionné dans les six derniers mois. Courez pour aller l'acheter tout de suite!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 7 septembre 2019

THE BLACK KEYS - Turn Blue

Il y a deux manières d'envisager le blues à notre époque: soit on est flamboyant et histrionique comme The White Stripes (allez donc écouter leur fantastique album Icky Thump pour vous en convaincre facilement (voir ma critique de Icky Thump du 7 juillet 2012)), soit on s'exprime avec plus de retenue si l'on est introverti comme le groupe The Black Keys. L'extraversion chez The White Stripes et l'introversion chez The Black Keys sont parfaitement antinomiques et également complémentaires. Même leurs noms de scène sont en opposition! J'ai fait la critique de nombreux albums pour The White Stripes mais jamais pour The Black Keys. J'ai donc choisi, pour remédier à cette injustice, l'album Turn Blue parce qu'il est mon préféré, même si en fait tous les albums du fameux groupe originaire de l'Ohio sont excellents. C'est aussi leur plus récent au moment d'écrire ces lignes, si l'on fait exception de leur tout nouvel album encore chaud intitulé Let's Rock et paru au mois de juin dernier. Je ne peux faire la critique de Let's Rock pour la simple raison que je ne l'ai pas encore acheté et que je ne le connais pas. Par contre, je connais Turn Blue qui est paru en 2014 puisque je l'ai souvent écouté. C'est l'album le plus léché que nous aient offert The Black Keys, en grande partie à cause de l'apport de Danger Mouse à la réalisation de l'album. Turn Blue est en effet extrêmement mélodique et léché, où même les riffs de guitares sont des mélodies en soi (allez écouter par exemple la pièce-titre)! C'est du blues rock très tranquille, au tempo modéré et tout en mezzo forte. Ceux qui aiment les décibels passeront donc leur tour ou écouteront The White Stripes. La pièce la plus échevelée de Turn Blue, si l'on peut dire, est peut-être Fever avec sa ligne de basse accrocheuse caractéristique un rien groovy incitant à la danse. C'est aussi le plus grand succès extrait de l'album mais il ne faudrait pas qu'elle fasse de l'ombre aux autres chansons de Turn Blue car toutes les pièces de cet album sont mémorables et excellentes. Il n'y a rien ici à jeter aux orties, juste des tubes accrocheurs et ultra-mélodiques. The Black Keys terminent leur opus avec Gotta Get Away, un southern rock entraînant tout droit sorti des années '70 qui est aussi dynamique que Fever mais dans un tout autre registre. Cette ultime chanson s'écarte sensiblement du style général de cet album très cohérent parce que présentant une forte unité de style, au point d'être presque un peu trop linéaire. Néanmoins, ce n'est pas ici un défaut car l'imagination mélodique de Danger Mouse et du groupe fait en sorte qu'on ne peut guère s'y ennuyer. Bien au contraire, on a avec Turn Blue un album parfaitement réussi, expressif et parfois mélancolique, toujours agréable et finalement assez extraordinaire dans son genre. Ce blues saura ravir même les gens réfractaires habituellement à ce type de musique. Bref, si le blues contemporain ressemble à Turn Blue, on peut alors dire que le blues se porte vachement bien! Je le recommande sans réserve, un des meilleurs albums rock de 2014 quant à moi. Merci The Black Keys...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20