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Si on se fiait à la couverture de la pochette de l'album
lovehatetragedy de
Papa Roach qui est illustrée ici, on pourrait croire, à voir le bébé qui semble apprécier le rock'n'roll de cet album, qu'il s'agit d'une oeuvre amusante et ludique. Pourtant, il n'en est rien. Les chansons sont plutôt sombres et déprimantes, un peu dans le genre de
Infest, l'album précédent de
Papa Roach que j'avais beaucoup apprécié (voir ma critique de
Infest du 6 juillet 2013). L'album
lovehatetragedy (on écrit le titre en un seul mot et tout en minuscules), paru en 2002, est néanmoins fort différent de
Infest parce qu'on n'y retrouve à peu près pas de rap metal. En l'an 2000,
Infest de
Papa Roach pouvait surfer sur la vague de rap metal qui déferlait sur l'Amérique mais en 2002, il fallait passer à autre chose et
Papa Roach l'a bien compris. Pour marquer la différence entre les deux albums, le chanteur a même changé son nom, délaissant l'épithète
Coby Dick pour son vrai nom,
Jacoby Shaddix. La plupart des groupes rap metal n'ont pas survécu à cette mode éphémère mais la musique poignante de
Papa Roach place le groupe dans une catégorie à part. En fait, la chanson la plus amusante de l'album
lovehatetragedy contenant du rap est probablement
She Loves Me Not mais les paroles ne sont pas gaies pour autant. Il y a aussi
Code Of Energy qui a un épisode parlé en son milieu mais ce n'est pas vraiment du rap. Non,
lovehatetragedy regarde ailleurs, se posant comme un album qui veut jouer du rock musclé mais très expressif. C'est un peu le genre d'album qu'on écoute en pleurant, recroquevillé sur soi-même dans le noir... De quoi plaire à tous les adolescents perturbés qu'on a délaissés lâchement. Cela n'empêche pas que les chansons de
Papa Roach soient très accrocheuses, avec plein de petits détails intéressants. Par exemple, la pièce
Decompression Period, avec son quintolet caractéristique qui est une métaphore musicale des irrégularités de l'âme, est troublante à souhait. La chanson
Singular Indestructible Droid débute par une procession des Krishnas tandis que
Black Clouds termine abruptement. À noter que l'album n'a que onze chansons mais il y a deux très bons morceaux en bonus pour un total de treize. Une de ces deux pièces, intitulée
Never Said It, peut faire penser au grunge, notamment à
Nirvana. Dans l'ensemble, cet album est moins apprécié des fans que
Infest mais il n'y a pas de raison pour justifier cela, tant la charge émotionnelle des morceaux qui composent
lovehatetragedy est convaincante. Certes,
Infest était tellement bon qu'il était difficile pour
Papa Roach de l'égaler mais je dois reconnaître que
lovehatetragedy est légèrement supérieur à
Infest. Il n'y a cependant pas suffisamment de différence de qualité pour que je lui accorde une cote différente, aussi je lui décerne la même note qu'à
Infest, un beau 16/20 bien mérité. La différence réelle se situe davantage au niveau du style qu'au niveau de la qualité. À moins d'être un mordu de rap metal et d'être déçu du changement de cap qu'opère
Jacoby Shaddix sur
lovehatetragedy, l'amateur de hard rock contemporain devrait trouver son compte dans cet album qui a su évoluer avec le passage du temps.
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