samedi 27 septembre 2014

EVE 6 - It's All In Your Head

Cette semaine, j'aimerais attirer votre attention sur un album méconnu d'un petit groupe pop punk californien à découvrir. Je parle de l'album It's All In Your Head lancé en 2003 par la formation EVE 6. Je dis qu'il s'agit d'un album méconnu car ce n'est pas l'album le plus populaire du groupe, mieux connu pour ses deux albums précédents et pour sa chanson à succès Inside Out. L'album It's All In Your Head s'est moins vendu que les autres, ce qui ne signifie surtout pas qu'il soit moins intéressant. Au contraire, EVE 6 prouve avec son album It's All In Your Head qu'il a acquis davantage de maturité, notamment avec des pièces comme Friend Of Mine, plutôt festive, Girlfriend avec l'accompagnement grisant d'un orchestre à cordes ou alors l'ultime pièce Arch Drive Goodbye. Ce sont des morceaux plus matures que ce que nous livrent habituellement les formations pop punk, que ce soit blink-182 ou Sum 41 par exemple. En fait, ce sont des ballades qui n'ont plus grand-chose à voir avec le punk, quoique le groupe EVE 6 n'hésite pas non plus à monter le volume d'un cran avec des pièces très rock comme Without You Here ou bien Hokis. La chanson Still Here Waiting est résolument punk, voire presque hardcore! C'est d'ailleurs l'originalité de cet album que de réunir des morceaux aussi disparates sur un seul même album sans qu'on sente que cela soit forcé. La chanson la plus originale sur cette album de EVE 6 est probablement Hey Montana, une autre ballade très expressive usant avec parcimonie des instruments de musique, mais s'accompagnant tout de même de ce qui semble être... des maracas! It's All In Your Head est un album inhabituel, étonnant mais pourtant pas inaccessible ou difficile d'accès. Ce sont des chansons livrées sans détour, très émouvantes pour la plupart, présentant une belle diversité de styles et de moyens. EVE 6 parvient ainsi à transcender le genre balisé du pop punk pour quelque chose de plus universel. En fait, c'est peut-être même mon album préféré de la formation EVE 6 car c'est le moins commercial mais aussi le plus profond et le plus sincère. Les mélodies sont mises en lumière de façon très accrocheuse et il est regrettable, pour ne pas dire injuste, que It's All In Your Head ait connu moins de succès. Un album comme Get Your Heart On! du groupe pop punk Simple Plan par exemple, pour comparer des artistes similaires, a connu davantage de succès tout en étant bien moins intéressant que It's All In Your Head (voir ma critique de Get Your Heart On! du 23 août 2014). Toutes les chansons de cet opus inattendu de EVE 6 sont excellentes sans exception et je ne peux que le recommander chaudement. À noter toutefois qu'il y a une erreur à l'endos de l'album de EVE 6: il y est indiqué que la chanson Still Here Waiting a une durée de 4:08 alors qu'en réalité, la durée réelle est plutôt 2:13. La durée correcte est par contre inscrite avec le titre de la pièce sur le disque même. Enfin, mentionnons que le logo Parental Advisory se retrouve en bas à droite de la couverture de pochette, ce qui n'est pas le cas avec la reproduction illustrée ici. Il n'empêche que It's All In Your Head de EVE 6 devrait être un album à mettre entre toutes les oreilles...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 20 septembre 2014

SUM 41 - Chuck

Il fallait bien un jour que Sum 41 change. Pour conserver sa crédibilité, Sum 41 se devait d'évoluer, ce que n'a pas fait par exemple Simple Plan avec son album Get Your Heart On! (voir ma critique de Get Your Heart On! du 23 août 2014). C'est ainsi que suite à quelques mésaventures au Congo, nos amis de Sum 41 ont trouvé une nouvelle vision de la vie et cela transparaît sur leur album Chuck paru en 2004. Chuck marque un changement car le groupe délaisse son humour juvénile habituel pour épouser des chansons bien plus sombres et sérieuses. On retrouve sur l'album Chuck quelques pièces où Sum 41 ralentit la cadence comme Some Say ou encore Pieces qui furent malgré tout de grands succès. La transformation aurait pu ne pas marcher mais fort heureusement pour Sum 41, les choses se sont bien passées pour eux. Il faut dire que l'album présente aussi des morceaux plus durs, tels que Welcome To Hell qui adopte un style punk hardcore ou alors The Bitter End qui emprunte le style thrash metal de Metallica des années '80. On retrouvera par la suite encore du thrash metal sur la dernière pièce, intitulée laconiquement 88. C'est probablement ce mélange détonnant mais plutôt réussi qui a assuré le succès de Chuck, à cause de la présence d'un côté plus doux et d'un côté plus dur, d'un côté plus sombre et d'un côté plus énergique. On remarque également le mélange du punk avec du metal, Sum 41 puisant dans toutes ses sources d'inspiration sans recourir à l'humour. Le succès We're All To Blame a par exemple un véritable couplet metal, sans rire! Il y a même un côté expérimental à l'affaire puisque la pièce Slipping Away ressemble davantage à un interlude musical qu'à une vraie chanson. Toutes les pièces de Chuck sont excellentes et il faut saluer ici le courage de vouloir changer au risque de décevoir les fans de la première heure. Il est vrai que Sum 41 en a fait du chemin depuis Half Hour Of Power (voir ma critique de Half Hour Of Power du 12 juillet 2014). Ce premier opus était très expérimental lui aussi, bien plus même que Chuck, et pourtant il n'a pas la même maturité que les albums ultérieurs dont l'album qui nous préoccupe ici, à savoir Chuck et son pas en avant vers davantage de profondeur et la fin des pitreries adolescentes. Mais le tout est fait avec talent, ce qui sauve Chuck du risque de l'ennui ou du mélodrame. On discerne une émotion sincère dans tous les succès de l'album, des pièces plus lentes et touchantes aux pièces plus dures ou pesantes. Pour toutes ces raisons, Chuck de Sum 41 doit être acclamé comme un pas dans la bonne direction, même si l'album suivant, Underclass Hero (voir ma critique de Underclass Hero du 24 août 2013), ne sera pas à la hauteur des attentes...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 13 septembre 2014

KORN - Untouchables

KoRn a été incontestablement un des groupes majeurs de la scène metal des années '90 avec Alice In Chains, Rage Against The Machine et Pantera. Je n'ai commencé à m'intéresser à KoRn qu'à partir de l'album Issues (1999). L'ancien son de KoRn, bien qu'original et innovateur, ne me rejoignait pas à cause de l'absence de mélodies et de recherche sonore. Mais à partir de Issues, et même avant sur Follow The Leader, nos amis de KoRn ont commencé à explorer les possibilités sonores de textures et d'atmosphères riches qui m'envoûtent encore aujourd'hui. Les mélodies sont bien travaillées et le résultat est bien moins hermétique que sur les premiers albums de KoRn. Avec l'album Untouchables paru en 2002, KoRn poursuit le travail déjà réalisé sur le précédent album Issues. Le groupe est maintenant très à l'aise avec leur nouveau son et on peut considérer Untouchables comme l'album de la maturité pour KoRn. Le style a mûri et la musique semble avoir été composée sans effort, comme allant de soi. Pourtant, ce n'est pas le cas et il y a beaucoup de travail derrière cet album. Untouchables n'est pourtant pas très novateur par rapport à Issues et se situe simplement dans la suite logique de l'opus précédent. KoRn semble moins intéressé d'explorer les sons étranges comme sur Issues et davantage préoccupé par l'expression des sentiments. Peut-être que je me suis simplement habitué à l'univers bizarre du fameux groupe. Cependant, je me dois de mentionner que Jonathan Davis, le leader de KoRn, utilise sa voix comme jamais auparavant, exploitant les multiples possibilités vocales qu'il peut produire. Il se sert autant de sa grosse voix de chanteur metal que de sa petite voix plus tendre. Sur des chansons comme Hollow Life ou encore Hating, il semble se servir de sa voix de tête et se présente sans masque. Sa voix de fausset nous le montre tout nu et vulnérable, alors que sa grosse voix semble le rendre plus viril. L'émotion de Hollow Life est en outre décuplée par les harmonies poignantes et tordues comme KoRn en a le secret. J'adore la musicalité unique et originale de KoRn lorsque le groupe prend des risques et se met ainsi en position de danger. KoRn est beaucoup plus intéressant à écouter que Godsmack par exemple, un groupe idiot dont j'ai déjà fait la critique de son album Faceless sur ce blog (voir ma critique de Faceless du 4 février 2012). À mon avis, les meilleures chansons de Untouchables sont Here To Stay, bien sûr Hollow Life ainsi que Thoughtless (cette chanson sera reprise par la formation Evanescence sur l'album live Anywhere But Home que j'ai déjà critiqué et où je vous avais d'ailleurs promis de faire une critique de Untouchables avant la fin de l'année, ce qui est maintenant chose faite (voir ma critique de Anywhere But Home du 3 mai 2014)) et sans oublier bien sûr Beat It Upright mais il y a plein de bons moments sur Untouchables et je ne peux tous les nommer. Il y a en tout quatorze chansons sur l'album mais il faut savoir que KoRn nous réserve une pièce cachée à la fin, ce qui fait en tout quinze titres au total pour une durée généreuse de 65 minutes. La pièce en bonus est une version remixée du succès Here To Stay, donnant à la chanson un côté plus dance. KoRn aime bien la musique dance, il suffit d'écouter par exemple la pièce à succès Got The Life sur l'album Follow The Leader et son utilisation d'une piste rythmique très dansante et entraînante. Bref, pour résumer l'album Untouchables de KoRn, je dirais qu'il s'agit d'un bon album mais un peu décevant par rapport à Issues car KoRn semble surtout se mouvoir dans les sons qu'il connaît déjà au lieu d'explorer encore plus. Il s'agit donc d'un album qui sonne un peu ordinaire. Par "ordinaire", je veux dire que c'est "ordinaire" pour KoRn alors que ce serait génial pour un autre artiste, comme par exemple... Godsmack!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 6 septembre 2014

THREE DAYS GRACE - Three Days Grace

Il y a des albums qui vous scotchent sur votre siège. L'album homonyme que le groupe rock canadien Three Days Grace a fait paraître en 2003 est un de ceux-là. C'est un album fascinant, émouvant, qui ne laisse pas indifférent, d'autant plus surprenant qu'il s'agit d'un premier album. J'aime beaucoup le rock que produit le Canada et cet album ne dément pas la réputation de ce pays en ce qui a trait à la bonne musique. Toutes les chansons sont excellentes et il n'y a rien à jeter aux ordures. Tout au plus, je dirais que la très bonne chanson Born Like This casse un peu l'implacable logique de cet album en étant d'une qualité d'inspiration moins spontanée, comme quoi la beauté n'est jamais parfaite. Ce n'est là que mon opinion personnelle et je répète que c'est une bonne pièce, placée seulement à la mauvaise place. L'album a été minutieusement réalisé par Gavin "Golden" Brown qui a notamment travaillé aussi avec Billy Talent et Metric, des groupes de rock alternatif bien connus en sol canadien, et il lui a donné un son très simple mais diablement efficace, laissant seulement parler la musique par elle-même. Le son est dépouillé, presque nu, faisant toute la place à la guitare électrique, à la batterie et à la voix très expressive du chanteur Adam Gontier. Nul besoin de rajouter des claviers ou de l'enrobage sonore lorsque les compositions sont bonnes et que l'émotion se livre à vous dans toute son évidence. D'une certaine façon, la réalisation sonore de cet album de Three Days Grace peut rappeler un peu le style du légendaire réalisateur Rick Rubin à cause du parti pris d'un dépouillement sonore sublimé. Je n'avais cependant pas aimé le travail de Rick Rubin sur l'album Make Believe de Weezer (voir ma critique de Make Believe du 4 août 2012) parce qu'il manquait de mordant. Heureusement, ce n'est pas le cas ici puisque la guitare est acérée, pesante mais précise, les riffs sont accrocheurs et Three Days Grace est capable de nous livrer la marchandise. Ce style très propre donne paradoxalement encore plus de croquant à la musique du groupe. On peut par ailleurs avancer que Three Days Grace a ici trouvé un son qui lui appartient, malgré le fait qu'il l'abandonnera sur ses albums suivants. L'album Three Days Grace est d'ailleurs le meilleur album de Three Days Grace et le groupe ne parviendra pas à retrouver un niveau expressif semblable sur ses autres albums. C'est que Three Days Grace est un album où l'émotion douloureuse est à couper au couteau, à couper le souffle, s'approchant d'un grand album d'une autre formation canadienne, j'ai nommé l'album Beautiful Midnight par l'excellent Matthew Good Band (voir ma critique de Beautiful Midnight du 30 novembre 2011). Je considère même que Three Days Grace fait encore mieux en raison de la qualité de ses mélodies qui sont absolument accrocheuses. Je lui décerne par le fait même une cote d'appréciation exceptionnelle que je ne réserve habituellement qu'aux albums dignes de mention. J'irai encore plus loin en statuant que le style d'écriture des chansons, simple mais efficace, accrocheur et émouvant, où chaque note compte et où il n'y a rien de superflu, me fait penser au compositeur de l'époque baroque Pergolèse (1710-1736)! L'album Three Days Grace est vraiment à part dans la carrière du groupe et il est franchement regrettable que les albums suivants de Three Days Grace ne répètent point cet exploit. Mais consolons-nous. Au moins, on a cet album de rock canadien qui nous fait dire merci. Vive le Canada!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20