samedi 21 mars 2015

STAIND - Dysfunction

Qui a dit que le grunge est mort avec le décès de Kurt Cobain? Certainement pas Staind qui nous offrait en 1999 son album Dysfunction. Cet album de post-grunge est apparu à la même époque où le style rap metal commençait à naître et d'ailleurs, Dysfunction a été réalisé en partie par Fred Durst, chanteur du célèbre groupe rap metal Limp Bizkit. Notons aussi la participation de DJ Lethal à l'album. En fait, il semble que les membres de Limp Bizkit apprécient le grunge car Fred Durst était aussi impliqué dans la production de l'album Come Clean de Puddle Of Mudd, lui aussi au son post-grunge, mais qui m'avait paru trop commercial (voir ma critique de Come Clean du 21 septembre 2013). Avec Dysfunction cependant, les choses sont différentes puisqu'on ne peut pas dire que l'album de Staind soit facile d'approche. Les paroles excessivement déprimantes et les guitares tantôt menaçantes, tantôt douloureuses, font de cet album un pur joyau de musique cauchemardesque. Le style sombre et dépressif de Dysfunction est un peu la rencontre de Razorblade Suitcase de Bush, groupe grunge, et de White Pony de Deftones, groupe nü metal. Le chanteur de Staind, le malheureux Aaron Lewis, est ici aussi perturbé que Chino Moreno de Deftones dont l'album White Pony m'avait vraiment fait un drôle d'effet en raison du caractère malsain des chansons (voir ma critique de White Pony du 11 février 2012). Toutefois, il semble que Dysfunction soit un album plus structuré que White Pony. Les chansons sont basées sur des motifs répétitifs tandis que le chanteur utilise parfois des cris étouffés pour déclamer son texte aux paroles suicidaires. Dysfunction est un album génial pour se suicider, il suffit d'écouter l'album et on a automatiquement envie de se trancher les veines... Certes, cette approche peut sembler quasiment caricaturale par rapport au grunge original de Nirvana et de Pearl Jam qui chantaient haut et fort le misérabilisme de leurs vies. Aaron Lewis est ici complaisant sur son malheur au point où on se demande s'il est masochiste. Néanmoins, Staind est plus original que Puddle Of Mudd et mérite qu'on s'y arrête. En fait, si on est un peu tordu comme moi, ou comme Aaron Lewis, on éprouve du plaisir à écouter cet album hermétique et angoissant, étouffant et pessimiste, qui est à cent lieues de la banalité. L'écoute n'est pas évidente, il faut se le mettre dans les oreilles plusieurs fois avant d'embarquer dans l'atmosphère bien particulière de Dysfunction. C'est un album pénible à endurer les premières fois qu'on le subit mais ensuite, une fois qu'on a appris les mélodies et les motifs à la guitare, on est emballé par toute cette douleur. En définitive, cet album de Staind, le premier qui a eu réellement un peu de succès, est destiné à ceux qui souhaite découvrir du post-grunge de qualité à une époque où les groupes de grunge mainstream s'appelaient... Creed et Nickelback. À noter que les neuf chansons de l'album de Staind sont suivies de douze minutes de silence avant qu'une ultime dixième chanson ne débute, l'intitulée Excess Baggage Aaron Lewis s'accompagne seulement d'arpèges mélancoliques à la guitare acoustique. La douce et triste atmosphère de cette pièce procure un apaisement après un album aussi angoissant et misérable que Dysfunction. C'est donc un album de dix chansons que je recommande, moi en tous cas il m'a bien plu. Je tiens ici à remercier personnellement Fred Durst de m'avoir permis de découvrir ce groupe.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

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