samedi 28 mai 2016

OBITUARY - Xecutioner's Return

Pour ceux qui lisent assidûment mes critiques sur ce blog, vous savez peut-être que j'aime mon metal quand il est complexe et élaboré, avec un grand savoir-faire technique. Mais parfois, j'aime aussi prendre une pause et écouter quelque chose de plus simple. Pour reposer mon cerveau, j'écoute Xecutioner's Return. C'est du bon vieux death metal pas compliqué mais qui fait bien le travail. Il est vrai que Obituary est un groupe de death metal classique des années '90 et qu'il n'a donc plus rien à prouver, surtout pas de se perdre dans la trame étoffée du metal symphonique ou les méandres savants du metal progressif. Il n'y a absolument rien de progressif sur Xecutioner's Return, seulement un accompagnement de guitare facile à la voix familière de John Tardy émaillé de quelques solos virtuoses traditionnels. Écouter Obituary dans ces conditions revient un peu à remettre de vieilles pantoufles confortables et rassurantes. J'ai découvert Obituary avec l'album World Demise dans la décennie '90 et j'ai immédiatement adoré ce groupe. Pourtant, chose assez curieuse, je n'ai pas aimé Xecutioner's Return tout de suite quand je l'ai écouté. C'était trop simple, je ne voyais rien là de bien époustouflant. De surcroît, Xecutioner's Return est un album par Obituary qui ne ressemble pas à World Demise, ce qui m'a grandement déplu puisque je m'attendais à une suite de l'album World Demise. Précisons tout de même que Xecutioner's Return est paru en 2007, une douzaine d'années après que j'eusse découvert Obituary avec World Demise... Ça faisait trop longtemps que je n'avais pas écouté Obituary sans doute! C'est ce qui expliquerait ma déception par rapport à Xecutioner's Return. Mais il y a plus. La sonorité de la guitare accompagnatrice est plutôt sourde et les guitares qui font les solos ne sont pas très bonnes. La qualité des solos varient grandement d'une pièce à l'autre, certains d'entre eux ne servant qu'à faire du remplissage et à boucher les trous. Comme on est loin des solos techniquement impeccables d'une formation telle que DragonForce sur son album Inhuman Rampage (voir ma critique de Inhuman Rampage du 13 février 2016)! De plus, comme si ce n'était pas déjà assez déprimant, les chansons d'Obituary sur Xecutioner's Return ont tendance à toutes se ressembler et aucune ne se démarque vraiment. En fait, la seule qui émerge de l'ensemble est la pièce Contrast The Dead de par sa structure tripartite et sa longueur de sept minutes, alors que plusieurs autres ne font même pas trois minutes. Obituary essaie de varier la sauce avec des tempos parfois contrastés entre les diverses chansons, ce qui n'empêche pas une uniformité d'ensemble assez lassante. Mais je vous l'ai dit, il faut mettre sa cervelle en veilleuse afin d'apprécier Xecutioner's Return. C'est du metal qui s'écoute facilement sans rien de trop agressif pour le commun des mortels. Il ne sert à rien de demander plus à un album qui n'a pas d'autre prétention que de divertir les fans du fameux groupe de death metal. Je recommande néanmoins d'écouter en priorité World Demise si vous voulez découvrir Obituary et ce, bien avant Xecutioner's Return. N'écoutez pas les critiques de ces supposés experts en metal, moi je vous dis que Xecutioner's Return par le groupe américain de death metal Obituary est un album franchement décevant, même si je suis parvenu à aimer l'écouter après plusieurs reprises en raison de son empreinte vintage et de son style tout à fait intègre. Obituary fait ce qu'il a envie de faire, ce qui est déjà rare dans un monde où chacun cherche à obtenir du succès le plus rapidement possible avec un son délibérément commercial (il suffit de se rappeler une formation aussi démagogique que cette bande de zouaves de Five Finger Death Punch par exemple)!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 13/20

samedi 21 mai 2016

SUFFOCATION - Blood Oath

Voici une formation moins connue en dehors des cercles fermés du death metal mais que les mordus de ce genre connaissent sûrement. Je parle bien sûr de Suffocation, un groupe qui n'a pas besoin de présentation pour peu que l'on s'y connaisse dans ce type de musique. En fait, Suffocation a permis l'émergence du death metal dans les années '90 et c'est avec Blood Oath, un album de 2009, que je propose de faire connaissance avec le groupe. Blood Oath est assez représentatif du style de Suffocation et offre un bel exemple de ce dont le death metal est capable. J'aime beaucoup cet album pour ces riffs de guitare élaborés, pour ne pas dire complexes, et sa rythmique implacable. Il y a sur Blood Oath d'intéressants changements de tempo, comme par exemple la pièce Mental Hemorrhage qui fait suivre une suite de mesures en 3/4 au ralenti par un 4/4 rapide et frénétique. Tout est peaufiné et je dirais même raffiné sur cet autre excellent album de Suffocation, que ce soient le rythme, les riffs recherchés ou la partition du batteur. La voix du chanteur Frank Mullen est un peu monotone mais ce n'est pas là qu'il faut regarder; l'intérêt réside plutôt dans les guitares. Pourtant, il n'y a pas beaucoup de solos et ils sont très brefs, mais quand je parle de guitares, je parle des riffs qui accompagnent le chanteur. On a ici du véritable travail bien fait, ce qui explique mon attachement pour cet album. Parce qu'il est plus connu que Lifeless Design, un autre album death metal par ce groupe obscur Iscariot dont j'avais fait une critique élogieuse pour la même raison que Blood Oath, ça explique qu'il reçoive une cote encore plus élevée que l'excellent album d'Iscariot (voir ma critique de Lifeless Design du 19 septembre 2015). Iscariot et Suffocation représentent bien le genre de death metal qui me plaît, avec des guitares professionnelles bien travaillées et compliquées. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? Vous connaissez maintenant mes goûts en la matière alors tenez-vous le pour dit. Les pièces sont relativement assez courtes, avec une durée moyenne de quatre minutes, ce qui est concis dans le style metal. Blood Oath n'est pas trop agressif par ailleurs, ce qui en fait un bon représentant pour le genre death metal, un bel exemple de style si vous souhaitez vous initier au genre. En fait, les pièces plus corsées de Suffocation arrivent en dernier sur Blood Oath, avec une montée de l'intensité qui culmine avec la dernière et ultime chanson, Marital Decimation. Sachez toutefois que Marital Decimation est en réalité un ré-enregistrement d'une pièce d'un des albums importants de Suffocation dans le death metal des années '90. Sauf que ce n'est pas vraiment la dernière chanson car je possède un exemplaire deluxe avec deux morceaux en bonus venant après Marital Decimation, c'est-à-dire deux reprises de pièces déjà présentes sur l'album: une version instrumentale de Pray For Forgiveness ainsi qu'une reprise de Dismal Dream dans sa version "rough mix un-mastered" comme l'indique l'endos de l'album de Suffocation. Le son est donc un peu plus cru, quoique la différence soit assez subtile. Bref, l'album Blood Oath de Suffocation n'est pas aussi important que les premiers albums de la légendaire formation death metal mais il est facile à approcher et témoigne de ce que mon style préféré de musique metal, je parle du death metal, à de mieux à présenter à de jeunes novices. Les fans aguerris de death metal y trouvant également leur compte, je ne peux donc que recommander chaudement cet album à tout le monde. Vive le death metal!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 14 mai 2016

CANNIBAL CORPSE - Torture

S'il est un groupe légendaire dans l'univers du metal, c'est bien Cannibal Corpse. Ce groupe death metal américain avait déjà produit une kyrielle d'albums tous aussi fameux les uns que les autres lorsqu'il fît paraître Torture en 2012. J'aurais pu choisir un autre album parmi ma collection de disques mais Torture est le plus récent que je possède. Cannibal Corpse n'a aucunement perdu de sa capacité à effrayer avec ce nouvel album et sa passion pour les histoires à saveur gore, comme son titre l'exprime d'ailleurs très bien, demeure intacte. La plupart des albums de Cannibal Corpse présente une imagerie extrême de cadavres mutilés et de corps démembrés et sanguinolents mais Torture a ceci de particulier qu'il faut retirer le boîtier recouvert d'images horrifiantes de l'étui qui le censure. En effet, on aperçoit le tortionnaire au travers d'un orifice comme le montre ici l'illustration mais les carcasses humaines sont dissimulées par l'étui. Les paroles de Cannibal Corpse sont dérangeantes et défient la liberté d'expression avec des thèmes gore et violents. Même moi qui ne suis pas une poule mouillée, je dois dire que les propos du chanteur ont de quoi m'indisposer. J'éprouve un mélange d'attirance et de répulsion pour l'univers macabre de Cannibal Corpse, et c'est ce qui rend un album comme Torture aussi fascinant à écouter. C'est morbide et terrifiant à la fois, de sorte qu'il faut prendre l'album Torture avec modération. Des titres de chansons tels que As Deep As The Knife Will Go ou encore Followed Home Then Killed ne laissent planer aucun doute sur la volonté de Cannibal Corpse de présenter un contenu subversif. Quant à la musique de Torture, cela peut être étonnant mais les chansons sont très accrocheuses, même pour du death metal. Quand on écoute beaucoup de nü metal ou de black metal, il est rafraîchissant de revenir au bon vieux death metal une fois de temps en temps. C'est la base du metal actuel, n'en déplaise au thrash metal de Metallica ou Slayer... Torture propose un son classique indémodable, avec une musique qui va droit à l'essentiel agrémentée de solos brefs mais intéressants, surtout dans la pièce Courge Of Iron qui est par ailleurs la plus originale de l'album avec ses jeux rythmiques imprévisibles. Les chansons sont concises et efficaces et ne s'étalent pas dans le temps comme le black metal ou le metal symphonique, avec une durée moyenne inférieure à quatre minutes pour chaque pièce de cet autre album redoutable de Cannibal Corpse. La façon de composer les chansons chez Cannibal Corpse est d'utiliser de petits motifs qui servent à structurer les morceaux, un peu comme KoRn le fait sur son album Take A Look In The Mirror (voir ma critique de Take A Look In The Mirror du 29 juin 2013), mais de manière moins systématique que KoRn. Il n'y a donc pas de mélodies très développées sur Torture à cause de la façon dont les membres de Cannibal Corpse structurent leurs chansons. C'est ce qui permet à Torture d'être aussi accrocheur malgré l'absence de mélodies très travaillées comme on en voit dans le power metal par exemple. Bref, Torture de Cannibal Corpse est un autre album réussi de la célèbre formation death metal américaine et si vous ne connaissez pas encore ce groupe, il est urgent que vous vous précipitiez pour acquérir un de leurs albums. Pourquoi ne pas commencer avec Torture justement?

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 7 mai 2016

BEHEMOTH - Demigod

J'ai plusieurs albums de Behemoth dans ma vaste collection de disques mais je ne suis pas un fan pour autant. Je m'intéresse au black metal moins qu'au thrash metal, au metalcore ou au power metal par exemple, aussi je dois dire que Demigod est un album qui ne me touche pas vraiment. Je dois reconnaître que cet énième opus de Behemoth est vraiment bien fait et qu'il est à la hauteur de la réputation du désormais fameux groupe polonais mais les conneries à propos des dieux et des démons et la vieille rhétorique nietzschéenne sacrilège que Dieu n'existe pas (ça remonte au 19e siècle, ne pourrait-on pas passer à autre chose?) ne m'impressionnent vraiment pas du tout. Je n'ai rien contre le satanisme quand c'est drôle mais hey, Behemoth se prend un peu trop au sérieux pour que je leur accorde du sérieux justement. J'imagine que ça doit donner des frissons aux âmes faibles mais pour un agnostique comme moi qui en a vu d'autres, seule la musique de Behemoth serait susceptible de m'intéresser. Malheureusement, la musique de l'album Demigod ne tombe pas non plus dans mes goûts. Les riffs de guitares chez Behemoth sont à peine corrects, sans plus, et l'absence quasi généralisée de mélodies à la partie vocale fait en sorte qu'aucune pièce n'est véritablement accrocheuse. Les chansons sont répétitives une par rapport à l'autre et rien n'émerge réellement de cet album linéaire, sauf peut-être la dernière intitulée The Reign Ov Shemsu-Hor, d'une durée de près de huit minutes et demie, c'est-à-dire plus longue comme le veut la tradition dans le style metal. De surcroît, la voix absurde du chanteur Nergal, le maître d’œuvre véritable chez Behemoth, est volontairement trafiquée pour que les paroles soient inaudibles, comme si le son était bouché de par en dedans, de sorte que ça devienne lassant, voire désagréable à écouter. Curieusement, pour une raison que j'ignore, ça me fait penser à la voix de la chanteuse de Arch Enemy sur l'album Khaos Legions (voir ma critique de Khaos Legions du 17 octobre 2015). Pourtant les voix ne se comparent pas réellement et j'aime Arch Enemy, aussi je dois sûrement délirer... Il semble en effet que la Suède, patrie de Arch Enemy et de maintes formations metal célèbres, soit plus attirante que la Pologne. Mais encore là, je me souviens d'avoir fait la critique d'un obscur groupe polonais à découvrir sur ce blog, Artrosis. Certes, il est peut-être vrai que Fetish, l'album gothique d'Artrosis que j'avais analysé avec un certain enthousiasme (voir ma critique de Fetish du 19 mars 2016), ne dise rien à bien du monde alors que Behemoth a une réputation planétaire incontestable mais si j'avais à choisir entre les deux, je préférerais Artrosis. J'ai bien peu d'affinités avec Behemoth, je n'y peux rien. Pourtant, j'entends bien qu'il y a de la substance et de la subtilité dans son art, Nergal étant un être fort cultivé et intelligent. Behemoth me fait penser un peu à un tableau de Véronèse (1528-1588) ou plutôt de Nicolas Poussin (1594-1665), c'est raffiné et le style est assez recherché mais je préfère la verdeur du clair-obscur chez Le Caravage (1571-1610). Il faut savoir que Nicolas Poussin détestait Le Caravage, l'accusant de vouloir détruire l'art de la peinture. Bref, pour revenir au propos qui nous occupe ici, Demigod aborde des thèmes littéraires complexes et savants allant de pair avec sa musique mais on ne comprend pas ce que dit Nergal. Heureusement qu'on a le livret avec les paroles à l'intérieur. Par ailleurs, cet album qui dépasse à peine les quarante minutes a la particularité d'avoir en bonus le clip de la chanson Conquer All qui se retrouve également dans la liste des pistes audio du disque. Demigod de Behemoth, paru en 2005 en Amérique du Nord, n'est donc pas un album qui retient mon attention mais si Satan est un personnage qui vous impressionne encore à votre âge, peut-être que vous aimerez le discours impie et païen de cet album de metal extrême, mais moi je trouve cela extrêmement ennuyant. Dans le genre black metal, je préfère nettement Dimmu Borgir! Je lui accorde cependant une cote appréciable car je respecte Behemoth ainsi que le goût de tous et chacun. À ce qu'on dit, il paraît que tous les goûts sont dans la nature, n'est-il pas?

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20