samedi 27 août 2016

SUM 41 - Screaming Bloody Murder

Sum 41 est un groupe que j'ai déjà apprécié à l'époque, au début des années 2000, pour son mariage loufoque ou parfois sérieux du punk avec le metal. C'était bien avant la publication de Underclass Hero, un album que Sum 41 aurait dû ne jamais produire. Underclass Hero était parfaitement abominable, prétentieux et tellement vide que j'en ai eu des cauchemars (voir ma critique de Underclass Hero du 24 août 2013). Avec Screaming Bloody Murder, le célèbre groupe punk canadien Sum 41 remet ça de plus belle et fait une suite à Underclass Hero, tout comme Green Day avait fait une suite à American Idiot avec son œuvre 21st Century Breakdown (voir ma critique de 21st Century Breakdown du 1er septembre 2012). Tandis que Green Day avait baissé d'un cran la qualité de son album suivant, Sum 41 nous offre plutôt avec Screaming Bloody Murder quelque chose d'un peu moins catastrophique. Certes, il n'y a pas lieu de crier au génie mais je m'attendais à bien pire à cause de l'épouvantable naufrage de Underclass Hero. C'est ainsi que Screaming Bloody Murder est encore un album-concept qui avoisine l'opéra rock, avec même en son centre un morceau tripartite intitulé A Dark Road Out Of Hell qui est constitué de trois chansons. On voit que Sum 41 avait beaucoup d'ambition pour son nouvel album et même si le résultat est évidemment bien en deçà de ce que peut faire Green Day dans le même genre, il demeure que Deryck Whibley, chanteur de la formation, a eu le courage de mettre ses tripes sur la table et nous livre un produit en fin de compte plus convaincant avec Screaming Bloody Murder. C'est d'ailleurs Deryck Whibley qui a réalisé l'album par lui-même et le résultat est assez réussi, arborant une sonorité plus crue et dépouillée comme celle des albums de Rick Rubin. Il n'empêche que l'instrumentation typique des opéras rock avec piano et tout le tralala n'est pourtant pas écartée, nous donnant finalement l'album de Sum 41 qui sonne le moins punk de toute sa prolifique production. Il y a même en fait de bons vieux rock'n'roll bien tapés sur l'album, comme Time For You To Go ainsi que Baby You Don't Wanna Know. Malgré tout, Screaming Bloody Murder n'évite pas certains clichés, mais Underclass Hero nous avait si désappointés qu'on est prêt à pardonner ici Sum 41. Il semble que Deryck Whibley soit plus sincère, ou du moins essaie d'être plus sincère, un peu comme sa petite copine Avril Lavigne sur son album Goodbye Lullaby (voir ma critique de Goodbye Lullaby du 28 février 2015). D'ailleurs, c'est la rupture amoureuse très médiatisée au Canada entre Deryck et Avril qui est à l'origine du concept de Screaming Bloody Murder. C'est bizarre mais Goodbye Lullaby et Screaming Bloody Murder se ressemblent quelque peu, les deux albums ayant pour points forts la beauté du son et de la réalisation ainsi que la sincérité des principaux protagonistes, mais aussi comme points faibles les clichés et l'aspect prétentieux. En outre, l'album de Sum 41 est un peu redondant à cause des tonalités utilisées. Bref, Screaming Bloody Murder n'est pas vraiment une réussite, pas plus qu'un album brillant de la discographie de Sum 41 (écoutez l'album Chuck, c'était bien meilleur), surtout parce qu'il y a une accumulation de clichés et d'idées musicales mal développées (écoutez la chanson Blood In My Eyes où la musique se met à déconner vers le milieu mais ne va nulle part). Somme toute, Screaming Bloody Murder de Sum 41, paru à la fin de la carrière du groupe en 2011, est un album assez frustrant, avec des plus et des moins, qui était prometteur en théorie et aurait pu être totalement bon mais qui ne l'est malheureusement qu'à moitié...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20

samedi 20 août 2016

FUNERAL FOR A FRIEND - Juneau

J'en ai raconté des conneries. En cinq ans d'existence, ce blog a vu passer les critiques de Radiohead, Pixies, System Of A Down, Cannibal Corpse, Nightwish, Alanis Morissette, Primus, Three Days Grace, Franz Ferdinand, The Beatles, Natalie Cole, LeAnn Rimes, Oasis, Metallica, j'en passe et des meilleures... Pas toujours pertinentes, j'en conviens, et éminemment subjectives, certes, mais je l'espère agréables à lire pour le lecteur que vous êtes. Ce qu'il y a de bien avec l'Internet, c'est que n'importe quel zouave de mon espèce peut s'improviser critique de musique et publier ses âneries sur son blog...! Cela fait donc cinq ans aujourd'hui que je démarrais ce blog parfois zinzin, parfois sérieux, le samedi 20 août 2011, avec comme sujet l'intéressant album I Should Coco de Supergrass, alors je puis dire que de l'eau a bien coulé sous les ponts. Au début, je publiais parfois une critique le mercredi alors que maintenant, ça s'est standardisé pour une parution hebdomadaire le samedi, et mes critiques se sont fort allongées (il suffit de lire mes premières critiques pour s'en rendre compte). Bref, le blog a évolué, dans le bon sens du terme espérons-le, et je suis prêt, si Dieu le veut (bah, je ne crois même pas en Dieu), pour cinq autres années de conneries bien écrites. Alors, quoi dire de plus, sinon que je souhaite à tout le monde un joyeux cinquième anniversaire!!! Pour ma critique d'aujourd'hui, je serai succinct puisqu'il s'agit d'un album un peu particulier, c'est-à-dire qu'on a affaire à un EP de seulement trois chansons qui totalisent moins de onze minutes de musique. Publié en 2003 par le groupe Funeral For A Friend, cet EP est surtout destiné à faire connaître la chanson Juneau qui semble être leur plus grand succès à ce jour. À vrai dire, cela m'embête un tantinet car je ne vois pas vraiment en quoi cette pièce aux allures post-hardcore, voire pop punk, pourrait bien avoir de spécial... C'est peut-être une jolie chanson mais n'a-t-on pas déjà entendu cela cent fois? Pourtant, tout tourne autour de Juneau puisque les deux autres chansons sur le EP de Funeral For A Friend servent bien sûr de cartes de visite à la formation mais paraissent bien dépareillées en la circonstance. En effet, la chanson qui suit Juneau est beaucoup plus agressive et ne convient pas ici. Le chanteur y déconne de façon très douteuse avec sa voix et les guitares sont franchement calamiteuses. Intitulée Getaway Plan, elle se retrouve de toute façon sur un autre EP du groupe, Seven Ways To Scream Your Name que je possède aussi à la maison (attention aux doublons). C'est aussi le cas de la dernière pièce du EP Juneau, la pièce très mal enregistrée Kiss & Make Up (All Bets Are Off) pour Radio One Rock Show qui se retrouve donc elle aussi sur Seven Ways To Scream Your Name. Évidemment, la chanson Juneau ne se retrouve pas seulement sur le EP Juneau mais aussi sur Casually Dressed & Deep In Conversation. Bref, si on possède quelques albums de Funeral For A Friend, il est fort à parier qu'on possède déjà les trois chansons décousues du EP que je critique cette semaine. Juneau est donc un EP parfaitement oubliable, et vous pouvez vous en foutre comme de l'an quarante. Bien sûr, moi je l'ai acquis quand même, parce que je suis un collectionneur de musique, mais à quoi bon écouter un album qui ne fait même pas onze minutes? Je préfère écouter mon album Seven Ways To Scream Your Name, plus long et plus complet. Je finirai sûrement par le critiquer un de ces jours, alors restez à l'affût! En attendant, je suis obligé d'avouer que je considère Juneau de Funeral For A Friend comme étant un album totalement superflu, que ce soit pour connaître le groupe ou pour découvrir le post-hardcore, un peu comme l'était l'insipide album vert de Weezer (voir ma critique de Weezer (green album) du 23 février 2013)! Pour ceux qui aime le rock insignifiant, je leur conseille donc Juneau, de même que l'album vert de Weezer! Bonne écoute!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 10/20

samedi 13 août 2016

ALEXISONFIRE - Alexisonfire

Je me souviens quand cet album est paru en 2002, je trouvais ça vraiment innovateur. Depuis lors, on peut dire que Alexisonfire a fait bien des émules. Cette formation ontarienne de post-hardcore aux accents emo et screamo est vraiment épatante. La façon bien personnelle de calibrer les épisodes en screamo avec la voix chantée très expressive par-dessus a été mise au point avec bonheur par Alexisonfire dès son premier album homonyme. C'est possiblement le meilleur album du groupe, si ce n'est à tout le moins le plus marquant. En fait, il y a trois chanteurs dans la formation originale, soit un gars qui crie en screamo, un gars qui chante avec la voix clean et un gars qui parle. Souvent, les deux premiers interviennent en même temps, sans qu'il n'y ait trop de confusion. Toutefois, il est vrai qu'il est assez difficile de comprendre les paroles en mode screamo, mais elles ne rendent pas le texte chanté inintelligible. C'est sûrement le point fort de cet album d'Alexisonfire, ce qui le rend si attrayant: le mélange contrapuntique des diverses manières de s'exprimer oralement est fort réussi. Je n'avais pas entendu cela très souvent en 2002. Le rôle dévolu aux guitares chez Alexisonfire passe donc au second plan, malgré un accompagnement efficace qui sait être agressif ou doux quand c'est le temps. Il y a, dans les épisodes plus doux, une sorte de poésie musicale fort grisante, ce qui donne de la profondeur à cet album qui ne serait fait que de cris insensés si ce n'était pas le cas. Prenez par exemple la magnifique introduction de la première pièce, 44. Caliber Love Letter: c'est vraiment beau. On pourrait aussi mentionner le piano à la fin de Adelleda qui est inusité pour un album de post-hardcore. Voilà ce que j'appelle du rock intelligent, qui peut être musclé et montrer les dents mais qui sait aussi exprimer des émotions plus subtiles. En outre, Alexisonfire est un album dont l'influence s'est fait sentir chez plein de groupes que j'adore comme par exemple SikTh et son excellent album Death Of A Dead Day (voir ma critique de Death Of A Death Day du 2 avril 2016). Le seul reproche que je ferais à ce bel album d'Alexisonfire est qu'il devient légèrement redondant vers la fin, on aimerait avoir plus de surprises. Cette impression est amplifiée par la voix en screamo qui devient un peu monotone à la longue. Il y a moins de diversité que certains autres albums même si le tempo change d'une chanson à l'autre et les mélodies ne sont pas les plus accrocheuses que j'aie entendues: en fait, la chanson la plus accrocheuse sur Alexisonfire est possiblement Waterwings (And Other Pool Side Fashion Faux Pas) avec son tempo rapide et très entraînant. Il n'empêche que Alexisonfire est un album qui a contribué à faire avancer le style post-hardcore en l'emmenant dans les territoires du screamo et de la musique plus expérimentale. Même aujourd'hui, malgré l'évolution intensive du genre dans les décennies 2000 et 2010, ce premier opus d'Alexisonfire s'écoute encore très bien et ne paraît pas trop daté ou obsolète, chose remarquable pour un style où les groupes tendent habituellement à se ressembler et à tomber dans l'oubli les uns après les autres. Alexisonfire a su résister au passage du temps en nous proposant un album indémodable et toujours aussi grisant à écouter. C'est la raison pour laquelle je le considère comme le meilleur album du groupe, même s'il n'est pourtant pas mon préféré (j'aime tous les albums d'Alexisonfire et il y en a d'autres qui me plaisent encore plus que cet album homonyme); je sais reconnaître la qualité quand elle se manifeste. Bref, il faut absolument connaître cet album si on s'intéresse à ce type de musique ou bien si on est originaire du Canada. Comme ces deux conditions sont le cas pour moi, il va de soi que je lui accorde une cote assez élevée même si l'album manque un peu de variété à mon goût. J'espère néanmoins que cela ne vous fera pas reculer devant l'éventualité d'une acquisition. Ce serait trop bête. Pour l'originalité, l'expressivité et l'innovation d'un tel album, Alexisonfire du groupe Alexisonfire est certes un incontournable de la musique post-hardcore de ce siècle à posséder chez soi.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 6 août 2016

REFUSED - The Shape Of Punk To Come

Avec un titre pareil, on voit tout de suite que les rockers suédois de Refused avaient de l'ambition pour cet album. Redéfinir la nature même du punk à l'époque où les groupes punk populaires à MTV s'appelaient blink-182 ou bien Green Day (The Shape Of Punk To Come est paru en 1998) était nécessaire à cause de la puérilité dans laquelle s'était enfoncé le punk. Comme on était loin des Sex Pistols et The Clash à la fin du siècle! The Shape Of Punk To Come tourne radicalement le dos à ce punk adolescent qui avait plus à voir avec la pop manufacturée du groupe N*Sync que la révolte des Dead Kennedys. À la place, Refused s'inspire d'un tas de trucs différents allant de la littérature marxiste à la musique jazz, portant le fanion de la révolution punk à bout de bras. On trouve sur The Shape Of Punk To Come des instruments totalement inhabituels dans le punk comme par exemple du saxophone et un jeu de batterie jazz au début de la pièce The Deadly Rythm et du violon avec archet ainsi que de la contrebasse en pizzicato sur le medley Tannhäuser/Derivè... Remarquez les erreurs d'orthographe, il y en a plusieurs autres dans la liste des chansons à l'endos de l'album (Bruitist Pome #5 ainsi que The Apollo Programme Was A Hoax par exemple), chose étonnante puisque les membres de Refused sont instruits et lettrés. Il y a ce quelque chose de brouillon comme le punk doit l'être et ces erreurs participent à cette impression que crée The Shape Of Punk To Come. En outre, l'instrumentation expérimentale de Refused se double de jeux rythmiques complexes comme sur la pièce The Deadly Rythm, libérant l'expressivité du rythme qui est souvent simpliste dans le punk traditionnel. La mélodie s'efface au profit du rythme, un peu comme c'est le cas avec le compositeur Igor Stravinski (1882-1971). Certaines chansons de cet étonnant album de Refused sont passablement expérimentales, comme Bruitist Pome #5 et Tannäuser/Derivè, mais ma préférée est Protest Song '68, elle aussi parmi les plus évoluées musicalement avec ses accords dissonants inusités. D'autres chansons, par contre, sont plus près de ce que l'on s'attend d'un album punk, la plus accessible étant New Noise qui a d'ailleurs été choisie pour faire connaître l'album au public et dont le clip pique la curiosité. On y voit les membres de Refused dans divers accoutrements et l'effet recherché de dépaysement est particulièrement réussi. Allez regarder ce clip franchement épatant, un de mes préférés depuis l'apparition de MTV en 1981. New Noise a été la première chanson de Refused que j'ai appris avant même d'écouter l'album en entier mais il y a aussi la pièce Summerholidays Vs. Punkroutine que je connaissais déjà puisque je l'avais entendue sur la compilation Punk-O-Rama 4 de la prestigieuse étiquette Epitaph. J'adore leurs compilations annuelles et j'avais fait en passant une critique de Punk-O-Rama 8 il y a quelques années (voir ma critique de Punk-O-Rama 8 du 15 septembre 2012). Refused termine son album dans la douceur après avoir semé la pagaille, un peu comme l'album Fever To Tell de Yeah Yeah Yeahs (voir ma critique de Fever To Tell du 26 mai 2012), comme quoi le groupe tient à s'éloigner des clichés associés au style punk. The Shape Of Punk To Come a eu une influence sur plusieurs artistes qui ont suivi et on peut entendre son héritage jusque chez Queens Of The Stone Age avec leur album Songs For The Deaf (voir ma critique de Songs For The Deaf du 12 octobre 2013) puisque le concept radiophonique du groupe de Josh Homme semble inspiré de la fin de la pièce Faculties Of The Skull Refused cherche un canal sur un poste de radio avant de tomber sur une station hispanophone... Il y a du bruit, du jazz et beaucoup de culot sur The Shape Of Punk To Come et c'est un album qui ne doit manquer à la culture d'aucun mélomane. Bref, si le pop punk de Good Charlotte et de Simple Plan vous emmerde, sachez qu'il y a eu de la musique de qualité avant cela, comme l'album The Shape Of Punk To Come de Refused...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 19/20