samedi 24 septembre 2016

TRAGEDY - Tragedy

Je ne suis pas un grand connaisseur de crust punk mais quand j'ai entendu Tragedy pour la première fois, j'ai aimé tout de suite. Ce groupe américain de hardcore, pas assez connu, m'a fait penser à Minor Threat qui est le groupe punk à qui il ressemble le plus parmi ceux que je connais. La comparaison est flatteuse et bien méritée. Tragedy est bien sûr un album homonyme, le premier produit par Tragedy en l'an 2000 sur l'étiquette Tragedy Records, mais on sent que le groupe a de l'expérience pour nous livrer un album aussi solide et mature. Voilà du punk intransigeant, totalement engagé politiquement et résolument anti-commercial comme le vrai punk doit l'être. L'art intègre de Tragedy n'a rien à voir avec le succès de groupes comme Green Day et The Offspring et veut rester dans l'ombre, dans l'underground. Les paroles ne font aucune concession, critiquant de façon virulente la société et faisant le triste constat de nos vies. C'est du punk très agressif, épuré et efficace, sans fla-flas ni chichis, Tragedy ne racontant jamais de sottises comme blink-182 sur son album Enema Of The State que j'avais trouvé mauvais (voir ma critique de Enema Of The State du 13 octobre 2012). En fait, Tragedy joue carrément dans une autre ligue: celle du punk rebelle au système et qui refuse l'argent et le succès commercial. Tragedy n'est pas là pour amuser ou faire du divertissement; il a des choses importantes à dire et il les crie avec rage et désespoir. Il y a deux chanteurs qui hurlent dans Tragedy, à savoir Todd Burdette qui tient également la guitare et Billy Davis à la basse, plus deux autres membres qui ont précédemment fait partie ensemble d'autres groupes punk. Comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas assez calé en punk "Do It Yourself" pour connaître tous les groupes dont les membres de Tragedy ont déjà fait partie, puisque le punk n'est pour moi qu'un style que j'aime parmi tant d'autres, alors que j'écoutais de la musique classique auparavant. Tragedy n'a rien à voir avec Vivaldi ou Mozart. Mais je peux témoigner du message percutant que livre Tragedy sur son album homonyme, tant musicalement qu'au niveau des paroles, et je dois vous avouer que le résultat est assez impressionnant. Il n'y a aucune faille dans cet art sobre et dépouillé, au tempo souvent effréné et au commentaire toujours intelligent. Tragedy ralentit néanmoins la cadence dans les dernières chansons de l'album avant que la pièce finale, Chemical Imbalance, débute lentement mais finisse dans la vitesse et la violence. Tragedy boucle la boucle car il avait commencé son album avec puissance et vélocité. En tout, l'album Tragedy compte dix chansons comme il est inscrit à l'endos mais dans le lecteur, il affiche quatorze pistes. C'est que l'album renferme quatre pièces instrumentales, dont une introduction à la guitare acoustique, deux interludes entre Confessions Of A Suicide Advocate et The Intolerable Weight (incluant un extrait d'un documentaire sur le danger représenté par les ordinateurs) ainsi qu'un autre moment instrumental avec guitare acoustique et violoncelle avant la pièce lente Tension Awaiting Imminent Collapse. Au quatuor original s'ajoute en effet de façon sporadique et discrète la participation de la violoncelliste Lisa Pesch. Mais oui, il y a du violoncelle sur l'album Tragedy de Tragedy, peut-être après tout qu'il y a un lien avec Vivaldi et Mozart... Je blague mais sérieusement, j'ai adoré l'album pour son authenticité et sa décharge d'agressivité, avec des morceaux rapides de deux minutes qui foncent dans le tas, aussi je ne puis que vous le conseiller sans attendre pour ceux qui aiment le vrai punk véritable... comme il doit l'être.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 17 septembre 2016

NORMA JEAN - Norma Jean Vs. The Anti Mother

Le titre exact de cet album paru en 2008 du groupe metal Norma Jean, originaire de la région d'Atlanta en Géorgie, est Norma Jean Vs. The Anti Mother mais comme on l'appelle plus communément et simplement The Anti Mother, c'est ce titre plus commode que j'utiliserai pour me référer à l'album que j'ai décidé de critiquer cette semaine. Le nom Norma Jean provient du nom véritable de naissance de Marilyn Monroe qui a aussi inspiré le nom d'emprunt de Marilyn Manson. Pour moi, Norma Jean est un groupe difficile à classifier pour mes oreilles, aussi je considère plus généralement qu'il s'agit ici d'un groupe d'extreme metal en raison du caractère extrême et jusqu'au-boutiste de sa musique. C'est suffisamment barbare, c'est du metal sauvage et agressif où le chanteur passe son temps à crier et où les mélodies se font rares parmi tout ce boucan. En vérité, la plus mélodique des chansons de cet album The Anti Mother serait peut-être Robots 3 Humans 0. Même là, la mélodie est décadente à souhait, ce n'est pas parce que c'est mélodique que ça en fait une chanson de musique pop! On est bien loin de Britney Spears. Le style de Norma Jean cumule diverses influences dont le sludge metal, le metalcore, le grunge, le post-hardcore et le nü metal. Il me fait même penser au style anarchique de Despised Icon et son album épouvantable The Healing Process (voir ma critique de The Healing Process du 9 avril 2016). The Anti Mother est bruyant, cacophonique, désespéré, violent et complètement chaotique. Même les titres funestes des chansons sont révélateurs de la musique: on n'a qu'à penser à Murphy Was An Optimist...! Ce n'est pas jojo, ce tintamarre. Écoutez la bestialité d'un morceau aussi brutal et effréné que Birth Of The Anti Mother par exemple, vous m'en direz des nouvelles. Pour ce qui est de hurler et de faire du tapage, The Anti Mother de Norma Jean vous satisfera absolument. Cela n'empêche pas que tout ce chaos infernal de décibels est en fait très structuré. C'est ainsi que Birth Of The Anti Mother a sa réponse deux chansons plus loin avec Death Of The Anti Mother et que Surrender Your Sons... se poursuit trois chansons après avec ...Discipline Your Daughters. La dernière chanson, quant à elle, dure près de neuf minutes et demie mais la deuxième moitié de la chanson se fait presque silencieuse, avec une petite musique douce et triste au loin pour décanter ce que l'on vient d'entendre. Par ailleurs, Norma Jean a des invités de marque sur son album-concept, comme Page Hamilton du groupe Helmet mais surtout Chino Moreno du groupe Deftones que l'on peut entendre sur Surrender Your Sons... et qui apporte avec lui ses perturbations mentales que l'on retrouvait sur l'album White Pony, un petit chef d’œuvre qui m'avait à l'époque laissé carrément pantois (voir ma critique de White Pony du 11 février 2012). On constate alors que la voix de Chino Moreno est beaucoup plus intéressante que celle de Cory Brandan, chanteur de Norma Jean. En fait, il est difficile de surpasser Deftones alors la comparaison est un peu injuste puisque Cory Brandan a quand même beaucoup d'intensité dans sa voix. Sans être aussi génial que White Pony, l'opus The Anti Mother de Norma Jean est donc assez intéressant pour justifier que j'en fasse mention sur ce blog. Il est paru sur l'étiquette Solid State Records basée à Seattle, ville du grunge, alors que des chansons issues de The Anti Mother évoquent ce style, comme par exemple Death Of The Anti Mother qui débute un peu comme du Alice In Chains. En résumé, The Anti Mother est un album certes difficile d'accès pour le mélomane mais sa charge émotionnelle fait en sorte qu'on ne peut l'ignorer. Quiconque aime le son cru des guitares et les voix torturées se doit de découvrir ou de connaître Norma Jean et son album The Anti Mother, un album résolument anti-commercial...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 10 septembre 2016

GALLOWS - Orchestra Of Wolves

Tandis que durant les années 2000 la plupart des groupes se cantonnaient dans le post-hardcore, le screamo ou le metalcore, nos amis de Gallows préféraient le punk revival. C'est ce que l'on constate à l'audition de l'album Orchestra Of Wolves, paru en 2006 initialement mais réédité avec des chansons en bonus à l'été 2007 sous la réputée étiquette Epitaph. Puisque c'est cette réédition que je détiens dans ma vaste collection de disques, c'est bien entendu celle-ci que je vais critiquer pour vous. La version que je possède contient quinze titres au total mais il faut savoir que la piste intitulée Last Fight For The Living Dead n'est en réalité qu'une brève introduction instrumentale d'une durée d'une minute à la pièce suivante au titre improbable et interminable Just Because You Sleep Next To Me Doesn't Mean You're Safe. Par contre, à la fin de l'album de Gallows, après la dernière chanson inscrite à l'endos qui est en réalité la fameuse reprise de Nervous Breakdown de Black Flag, on a un silence de dix minutes avant une autre reprise, celle d'un excellent morceau du groupe The Ruts qui s'intitule Staring At The Rude Bois. Ainsi, on a donc bel et bien quinze chansons sur Orchestra Of Wolves, avec en plus une plage instrumentale d'une minute si vous voulez. La durée complète de cet opus de Gallows, incluant le silence de dix minutes, dépasse l'heure. C'est certes un fort long album, ce qui est inhabituel pour un album de musique punk. Mais étant donné que la musique de Gallows est de qualité, on ne trouve pas que le temps est long. Gallows puise son inspiration dans le punk d'origine des années '70, lui ajoutant quelques jeux rythmiques occasionnels. On peut ouïr ce style délibérément rétro tout au long de l'album. Le son est plutôt cru, pas vraiment léché, et le chanteur passe son temps à crier. Ce n'est pourtant pas un album difficile, le mélomane moyen peu habitué au punk rock pouvant y trouver malgré tout son compte, pour autant qu'il soit ouvert d'esprit un tantinet. D'une certaine façon, Gallows tient la juste mesure entre punk commercial et punk pur et dur, sans sacrifier son intégrité ou son authenticité. C'est un bon album de punk comme on les aime, avec des guitares agressives mais pas trop, un chanteur qui est capable de crier dans le micro et une batterie d'enfer. Le début de l'album, avec la pièce féroce Kill The Rhythm, établit dès le départ que ce ne sera pas un album pop punk à la con comme blink-182. Au contraire, la chanson se fait violente et outrancière, exacerbée par des rythmes heurtés et une guitare presque sale. Ce n'est pas là forcément original mais au moins très efficace pour démarrer un album d'une heure de musique discordante. Gallows utilise parfois des harmonies dissonantes en plus de ses rythmes stressants, ce qui rehausse l'aspect agressif sans recourir à la vitesse ou au volume sonore. Bien sûr, on ne peut toutefois pas comparer Orchestra Of Wolves avec un album aussi original et innovateur que The Shape Of Punk To Come de Refused dont j'ai fait la critique récemment (voir ma critique de The Shape Of Punk To Come du 6 août 2016), éminemment plus hermétique et difficile d'accès, oui, presque trop élitiste. L'album de Gallows est simplement un bon album de punk comme il s'en fait peut-être malheureusement de plus en plus rarement, les groupes préférant se tourner vers des styles plus modernes de punk et de hardcore à la mode. Orchestra Of Wolves n'est pas à la mode, peut-être même un peu anachronique, mais réjouissant à entendre. Voilà un album qui mérite certainement de se faire connaître par l'amateur de punk, peu importe qu'il soit ou non un connaisseur...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 3 septembre 2016

FROM FIRST TO LAST - Heroine

En 2006, From First To Last a fait paraître un album fort intéressant intitulé Heroine et qui a retenu mon attention cette semaine. Cet album de post-hardcore plutôt théâtral doit beaucoup en fait au tempérament histrionique de son chanteur, le dénommé Sonny Moore, qui a d'ailleurs donné son nom de famille à la pièce Waltz Moore qui se retrouve sur l'album Heroine. Sa façon de chanter est très particulière, se faisant tantôt plaintive, tantôt impérieuse, mais toujours animée par un certain sentiment d'urgence. Sa voix nous interpelle, à tout le moins moi, elle m'a interpellé. Ce ne serait rien si les compositions n'étaient pas solides; or, elles le sont. From First To Last débute son album Heroine avec Mothersound, une pièce énergique qui se termine par un solo de guitare électrique qui déconne. Les premières chansons sont généralement excellentes mais la musique évolue au fur et à mesure qu'on avance dans l'album, faisant en sorte qu'on a jamais une mauvaise impression qu'elle soit linéaire ou redondante. Au contraire, l'inspiration de From First To Last est toujours renouvelée et parvient même à nous surprendre. Vers la fin de l'album, dans les dernières et ultimes chansons de Heroine, le style se fait davantage expérimental, ce que n'a pas osé Sum 41 sur son album Screaming Bloody Murder que j'ai critiqué la semaine dernière (voir ma critique de Screaming Bloody Murder du 27 août 2016). Par exemple, avec la pièce Waves Goodbye, c'est au tour de l'équipement électronique de déconner avant de terminer la chanson. From First To Last aime bien déconner, que ce soit à la guitare ou aux percussions électroniques, mais le groupe est généralement assez sérieux dans sa musique. C'est à la fois noir et théâtral, dramatique et urgent, rarement souriant. C'est en tous cas du post-hardcore comme je n'en ai pas entendu souvent dans ma relative courte nouvelle vie de mélomane de ce style pour adolescents (j'écoutais Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) avant cela)...! Je considère par ailleurs que From First To Last est plus crédible dans le rock qu'il nous propose que Bring Me The Horizon et son album extrêmement adolescent There Is A Hell Believe Me Ive Seen It. There Is A Heaven Lets Keep It A Secret dont j'ai déjà fait une critique sur ce blog (voir ma critique de There Is A Hell Believe Me Ive Seen It. There Is A Heaven Lets Keep It A Secret du 23 janvier 2016), tout en faisant preuve de plus d'originalité. J'ai bien aimé Heroine et je le conseille évidemment, mais sachez qu'en n'étant pas un album de post-hardcore commercial typique, il peut désorienter certains auditeurs. C'est en outre un style qui peut ne pas plaire à tout le monde. Je ne dirais pas qu'il s'agit d'un album hermétique mais il faut un peu d'ouverture d'esprit pour écouter cet album de From First To Last. Pour finir, si vous songez à vous procurer le CD, il faut savoir que la couverture blanche de l'album qui est illustrée ici est en réalité la couverture de l'étui de carton dans lequel le boîtier de plastique du CD est inséré. La couverture du livret dans le boîtier est identique à celle de l'étui, sauf qu'elle est noire, ce qui était exactement le cas aussi pour l'album Antics de Interpol que j'ai critiqué cet été (voir ma critique de Antics du 16 juillet 2016). D'ailleurs, le CD lui-même, chose assez rare il faut en convenir, est également noir sur les deux faces, même celle habituellement en miroir sur laquelle le lecteur lit les données audio du CD. Voilà donc un bel objet à collectionner pour les génies en herbe de la musique qui comme moi, aiment collectionner les CD de musique rock. Il ne me reste alors plus qu'à vous souhaiter une bonne écoute et au plaisir que vous veniez me lire la semaine prochaine!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20