samedi 27 mai 2017

NORMA JEAN - Redeemer

C'est un cauchemar. Ça ne s'adresse pas aux enfants et ça peut même faire saigner des oreilles. Je parle de l'album Redeemer que Norma Jean a publié en 2006. Quelle musique infernale! Cet album donne une idée de la violence et du chaos qui règnent dans la société dans laquelle on vit. Il se dégage une telle confusion dans le vacarme de Norma Jean que j'en suis amené à la réflexion après que l'album soit terminé. Est-il possible que l'on soit rendu là? En tous cas, une chose est sûre, c'est une œuvre d'art de la musique d'aujourd'hui, très loin de la musique populaire commerciale d'Ariana Grande. Redeemer est assez similaire à l'album The Anti Mother que j'ai déjà critiqué (voir ma critique de The Anti Mother du 17 septembre 2016). En fait, il est pire. Redeemer est encore plus chaotique et violent que The Anti Mother, avis aux amateurs de metal apocalyptique. Norma Jean a le don de créer des riffs dérangeants, un peu comme sur la chanson The Longest Lasting Statement qui s'élance dans un tempo effréné mais qui bloque à toutes les deux mesures, faisant en sorte que l'on ne peut même pas avoir un simple morceau qui déménage. Il y a toujours quelque chose qui perturbe le cours de la "musique", si on peut employer un tel mot. Les moments de repos se font rares et se comptent sur les doigts d'une main, comme par exemple Amnesty Please ou surtout A Small Spark Vs. A Great Forest, plus calme, quoique tout ça assez relatif avec Norma Jean... La pièce la moins agressive serait toutefois la dernière, un hymne poignant beaucoup plus musical intitulé No Passenger: No Parasite qui se retrouve pour cette raison un peu à part de ce qui précède sur l'album. D'ailleurs, il y a un décompte de quelques secondes avant que la pièce ne débute. Pour ce qui est du reste de l'album, on a affaire à ce que j'appellerais un "chaos organisé". Ce magma de bruit est en fait assez étudié, c'est du moins ce que l'on constate après quelques écoutes. On découvre qu'il y a des rythmes, puis même des mélodies, par-dessus le boucan engendré par Norma Jean. Bien sûr, ça crie par-dessus une batterie de bûcheron, mais il y a des points de référence qui donnent de la structure aux chansons de Redeemer. Cela n'est pas audible lors d'une première écoute, aussi faut-il persévérer malgré la douleur auditive et attendre que la clarté se fasse dans notre cerveau. Cela peut prendre un certain temps, il est évident que Norma Jean bouscule nos idées préconçues de ce que doit être la musique. À défaut d'être mélodieux, Redeemer est un album plutôt rythmique, c'est-à-dire qu'il faut se concentrer sur les rythmes pour en venir à bout. Je n'ai pas aimé cet album tout de suite, il m'a fallu maintes écoutes répétées pour parvenir à l'apprécier. Mais maintenant que je connais les morceaux de Redeemer, je peux vous dire qu'il est absolument enthousiasmant, croyez-moi sur parole! Il revient à vous d'en faire la découverte. N'est-ce pas Charles Baudelaire (1821-1867) qui disait que "le beau est toujours bizarre"?

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 20 mai 2017

HATEBREED - The Rise Of Brutality

Ma conception de ce que doit être le metal hardcore est résumée parfaitement avec l'album The Rise Of Brutality par Hatebreed: des chansons très courtes de deux ou trois minutes au maximum, avec un chanteur ayant une voix musclée nous enjoignant de prendre notre vie en main par-dessus des riffs efficaces et menaçants. Les riffs ne sont pas très développés car il ne s'agit pas ici de montrer son savoir-faire musical mais plutôt de faire passer le message. Les paroles sont donc ce qu'il y a de plus important. Les chansons de Hatebreed vont droit à l'essentiel, sans chichis ni fla-flas. L'album ne dure que 32 minutes et ne perd pas de temps à des coquetteries musicales. Les tempos sont rarement rapides car chaque note est sentie. L'urgence du propos chez Hatebreed est manifeste de la première note à la dernière. The Rise Of Brutality est un album qui est visiblement inspiré par Pantera, ce qui est curieux car je n'aime pas beaucoup Pantera alors que je suis satisfait avec Hatebreed. Les hymnes féroces sur The Rise Of Brutality vont directement dans nos oreilles, ils nous prennent par les tripes et ne nous lâchent plus. J'adore Hatebreed mais je préfère néanmoins The Rise Of Brutality à son prédécesseur, l'album Perseverance que j'ai eu l'occasion de critiquer sur ce blog il y a un bon moment déjà (voir ma critique de Perseverance du 18 juillet 2015). La voix du chanteur sur The Rise Of Brutality est encore monotone mais elle l'est moins que sur Perseverance. Les deux albums de Hatebreed sont cependant des classiques du genre hardcore et metalcore, aussi il faut les écouter tous les deux. Hatebreed est en effet beaucoup plus crédible dans le genre hardcore que ces imposteurs de Rise Against, un groupe totalement nul que je déteste ouvertement. La crédibilité de Hatebreed est assez évidente sur les douze pistes de son album The Rise Of Brutality, que ce soit Facing What Consumes You, Live For This ou encore A Lesson Lived Is A Lesson Learned, ma préférée sur l'album. Quiconque s'intéresse au hardcore et au metalcore se doit de connaître The Rise Of Brutality, qui ramène le metalcore vers ce qu'il doit être, un puissant message de résiliation. Le metalcore de Hatebreed est en ce sens fort différent de celui de Bullet For My Valentine par exemple, parce qu'il est davantage punk et moins mélodique que ce dernier. J'aime toutefois les deux formations et chacun est légitime dans son style. Bref, tout n'est qu'affaire de goût, quoique le metalcore doit sonner davantage comme Bullet For My Valentine alors que le metal hardcore, plus hardcore que le metalcore, doit sonner davantage comme Hatebreed... C'est mon opinion personnelle et je la partage volontiers...! En somme, The Rise Of Brutality de Hatebreed, paru en 2003, est un must de la discographie metalcore et je n'ai que de bons mots pour cet album extrêmement solide et redoutable.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 13 mai 2017

UNDEROATH - Define The Great Line

Underoath (on écrit aussi parfois Underøath mais je vais plutôt utiliser l'autre typographie pour simplifier) est un groupe de metal chrétien qui pourrait faire pâlir d'envie bien des groupes sataniques à cause de la violence de sa musique. L'album Define The Great Line, paru à l'été 2006 dans la belle vague metalcore, est en effet extrêmement brutal et bruyant, à la limite de la cacophonie. Si c'est ça la musique chrétienne d'aujourd'hui, alors bien des moines qui psalmodiaient du chant grégorien dans l'Antiquité doivent se retourner dans leurs tombes. Si vous aimez souffrir des oreilles, l'album est pour vous. Underoath ne laisse présager aucun doute dès l'introduction de son album avec la pièce In Regards To Myself. On est littéralement assailli par la guitare assassine de Underoath et ce qui suit n'est guère plus mélodieux. En fait, il y a une pause de trois petites minutes avec la pièce instrumentale intitulée Sálmarnir (cela signifie "psaume" en islandais) qui combine musique d'ambiance et prose parlée mais c'est ensuite pour mieux repartir avec l'épouvantable Returning Empty Handed, d'une sauvagerie peu commune. Puis vient une œuvre vraiment intéressante, la pièce intitulée Casting Such A Thin Shadow qui est en fin de compte le climax de l'album Define The Great Line. Underoath crée un moment cathartique de pur émotion avec un tempo large et des guitares fascinantes par leur côté grandiose, un summum d'une rare intensité. Ce climat extatique n'est pas sans évoquer pour moi les albums de Thrice, incroyablement intenses eux aussi, comme par exemple le génial diptyque The Alchemy Index que j'ai eu le privilège de critiquer auparavant (voir ma critique de The Alchemy Index du 23 juillet 2016 et du 30 juillet 2016). Avec Casting Such A Thin Shadow, il faut attendre presque quatre minutes avant que le chanteur ne se mette à décharger sa douleur en criant comme un pendu que l'on torture. Cela fait d'ailleurs en sorte que la chanson dure au total six minutes et quart de bonheur musical mais ce n'est toutefois pas la plus longue de Define The Great Line. Effectivement, la palme revient plutôt à la pièce de clôture, la dernière chanson qui s'intitule To Whom It May Concern et qui dépasse les sept minutes. Comme Underoath n'est de toute façon pas exactement le genre de groupe qui va passer à la radio, ce minutage exceptionnel n'a pas de fâcheuses conséquences sur leur popularité. Le message biblique de Define The Great Line non plus, d'ailleurs le propos n'est pas ouvertement religieux dans le sens où l'on peut écouter l'album sans s'apercevoir que le groupe est en réalité une formation chrétienne, chose qui est plutôt positive si on ne croit pas au Saint-Esprit comme moi. À l'exception du morceau Sálmarnir, qui de toute façon n'est pas récité en français, le discours n'est pas outrancièrement évangélique au point d'être envahissant alors je ne m'étais même pas rendu compte que Underoath chantait à propos de ses croyances métaphysiques. On peut donc bénéficier d'un excellent ouvrage de musique metal à saveur post-hardcore, peu importe ses convictions religieuses. Avis aux amateurs de ce style musical, Underoath est très certainement une formation redoutable qu'il faut absolument découvrir, si ce n'est pas déjà fait. Define The Great Line de Underoath n'est cependant pas un album à mettre entre toutes les oreilles, en raison de la brutalité avec laquelle le groupe maltraite ses instruments...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 6 mai 2017

ALL THAT REMAINS - The Fall Of Ideals

The Fall Of Ideals est le genre d'album qui me plaît pour la qualité sonore. J'aime quand les musiciens sont aguerris et non pas seulement des amateurs en herbe comme ça se voit parfois dans le punk, mais surtout quand la réalisation sonore est agréable à entendre. All That Remains est un groupe metalcore qui réunit ces conditions. Les solos de The Fall Of Ideals sont professionnels et finement exécutés, en plus d'avoir un son léché et vraiment beau. On sent que le tout a été longuement peaufiné et le résultat ne se fait pas attendre. Encore mieux, All That Remains nous propose une musique présentant une indéniable beauté sonore mais cela ne l'empêche pas d'être agressif contrairement à Killswitch Engage. En effet, Incarnate était un album de Killswitch Engage trop bonbon et sage comme une image (voir ma critique de Incarnate du 21 janvier 2017). Chansons préférées de cet album par All That Remains: This Calling, We Stand et The Weak Willed. Il est difficile de comparer The Fall Of Ideals avec un album que j'ai déjà critiqué mais j'opterais faute de mieux pour un autre album metalcore assez léché, The Powerless Rise par As I Lay Dying (voir ma critique de The Powerless Rise du 4 avril 2015). Le style chez As I Lay Dying, quoique plutôt convenu, est tout de même un plus original que celui chez All That Remains. Je concède que All That Remains soit un groupe un peu générique, qui ne se démarque pas vraiment du lot. Les formules musicales employées par All That Remains ne sont malheureusement pas suffisamment imaginatives pour que le groupe retienne l'attention. C'est dommage car on avait enfin affaire avec de vrais musiciens. Peut-être que les autres albums de la formation sont plus convaincants mais je ne puis me prononcer là-dessus car The Fall Of Ideals est le seul album par All That Remains que je possède dans ma discothèque et donc aussi le seul que je connaisse et aie déjà écouté. Je ne peux donc pas vraiment recommander All That Remains à vos oreilles, même si The Fall Of Ideals est un album franchement agréable et idéal pour s'initier au metalcore. Qu'à cela ne tienne, rien ne vous empêche d'aller l'écouter quand même en cachette. Moi, je préfère tout de même Bullet For My Valentine. Le metalcore est un style que j'affectionne, tout comme le death metal et la musique classique. Quel lien y a-t-il entre All That Remains et Wolfgang Amadeus Mozart? Absolument aucun. Bref, trêve de nigauderies, je me vois obligé de n'accorder qu'une cote d'appréciation plutôt modérée, voire assez faible à The Fall Of Ideals, même si la réalisation de l'album est magnifique. Ce n'est pas une cote catastrophique, mais cela n'indique pas non plus un album très intéressant. The Fall Of Ideals par All That Remains, album paru à l'été 2006 dans la belle grande vague metalcore, est un album qui ne parvient guère à se démarquer, faute d'originalité et de personnalité, mais demeure pour certains aficionados du genre un album classique à posséder impérativement. C'est à vous de décider ce que vous voulez faire avec ça...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20