samedi 30 septembre 2017

MUTE - Remember Death

C'est un secret de Polichinelle qu'il se fait de la bonne musique rock au Québec et Mute en est un exemple frappant. Remember Death est le cinquième album studio de cette formation punk prolifique québécoise et pourtant, il n'est pas encore assez connu à l'échelle internationale. Voici donc une excellente occasion pour parler de ce groupe fort intéressant qui mérite d'être découvert. Remember Death est paru sur l'étiquette Bird Attack Records l'année dernière, en 2016, et a été tiré à 4000 exemplaires dont chacun est numéroté à la main. Moi par exemple, je possède le numéro 487. C'est un album qui démontre le savoir-faire de Mute tout au long des onze chansons qui composent le disque. C'est du punk plutôt sophistiqué pour un genre qui n'est l'est pas toujours. Du point de vue des accords et de l'harmonie, Remember Death est un album très riche et dense, avec parfois des envolées virtuoses à la guitare surprenantes. D'ailleurs, Mute déroge du code de déontologie punk sur plusieurs points. D'abord, ces solos de guitare peu communs dans le punk et qui rappellent inévitablement le metal. Il est manifeste que le groupe a beaucoup écouté de metal, en raison de l'aspect technique des chansons. Pourtant, le tout est bien intégré et ça fonctionne bien, même dans un contexte punk. Le résultat est probant et est notamment plus réussi que l'album Blackhawks Over Los Angeles de Strung Out que je critiquais récemment et qui m'avait désappointé (voir ma critique de Blackhawks Over Los Angeles du 9 septembre 2017). Ensuite, il y a des morceaux franchement longs alors que ma conception personnelle du punk veut que les chansons soient courtes et efficaces, faisant moins de trois minutes. Pour ce qui est de l'efficacité, Mute n'a pas de problème mais il y a tout de même des pièces comme Allies, d'une durée de quatre minutes et trois quarts, ou Walking On A Thin Line, avoisinant les six minutes! Encore une fois, Mute tend vers le metal. En fait, je qualifierais le style de Mute comme étant du punk progressif. Il est trop technique et sophistiqué pour le punk traditionnel mais c'est aussi ce qui fait la marque de commerce du groupe, ce qui le rend si intéressant. Parmi les meilleures chansons de l'album Remember Death, notons Resistance, The Dagger, Dead White Desert Route et Santa Muerte. Par contre, A Love Affair With Fire semble moins remarquable. Dans l'ensemble cependant, on a davantage de hauts que de bas et il ne fait guère de doute que cet autre album emballant de Mute saura ravir les connaisseurs et autres aficionados de punk bien ficelé. Remember Death n'est jamais trop agressif, ce qui devrait attirer les fans de rock en général que le hardcore violent rebute. Remember Death de Mute est un album de punk québécois dont je recommande l'acquisition, pour sa maîtrise technique, son sens du style, sa sophistication et sa richesse d'écriture. Les curieux se procureront donc l'album sans faute mais dépêchez-vous, il n'existe que 4000 copies en circulation. Et vous, quel est votre numéro?

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 23 septembre 2017

GOB - Muertos Vivos

Il existe beaucoup de mauvais disques punk sur le marché alors j'ai décidé cette semaine de vous en proposer un qui soit vraiment bon. Je parle de Gob et de son album Muertos Vivos paru en 2007. Gob est un groupe punk canadien qui n'est pas suffisamment connu à l'échelle international, voici donc une excellente occasion de découvrir un nouveau groupe si vous ne les connaissez pas déjà. Gob roule sa bosse depuis plusieurs années, son premier album remontant au milieu des années '90 durant la seconde vague punk. Son style a bien entendu évolué depuis lors et nous offre avec Muertos Vivos quelque chose de rafraîchissant et d'original, assez éclectique dans son approche. S'il y a bien des morceaux typiquement punk, surtout au début de l'album, Gob ne se gêne cependant pas pour explorer diverses sonorités nouvelles dans les chansons qui suivent, nous entraînant avec lui dans une odyssée musicale fort intéressante. Notamment, des pièces telles que Underground et surtout Banshee Song sont indubitablement plus sophistiquées que le punk conventionnel et tendent à s'éloigner du style punk d'origine. Il est évident que la diversité stylistique et la richesse musicale de Gob le rendent bien plus fréquentable qu'un groupe totalement honteux comme Rise Against, trop conformiste et commercial. Ainsi va la vie: il y a des groupes punk nuls comme Rise Against et blink-182, puis d'autres fichtrement plus intéressants comme Against Me! et Gob... pour peu que l'on soit ouvert d'esprit, ce qui devrait normalement être le cas si on écoute du punk. En tous cas, Muertos Vivos est un album qui me plaît beaucoup plus que Appeal To Reason, parce que je suis moi-même très ouvert d'esprit et éclectique dans mes goûts musicaux, allant de Vivaldi à Prokofiev, de Miles Davis à Pat Metheny, de Iggy Pop à Gob (voir ma critique de Appeal To Reason du 29 avril 2017). Qui peut se vanter d'écouter à la fois de l'opéra et du punk de garage? Sûrement pas Rise Against. Mais ne refaisons pas le procès de ce groupe que je déteste et concentrons-nous plutôt sur Gob. Son chanteur est tellement talentueux qu'il alla même jouer en tant que guitariste principal sur l'album Screaming Bloody Murder de Sum 41, un autre groupe canadien dont la réputation n'est plus à faire (voir ma critique de Screaming Bloody Murder du 27 août 2016). Ma chanson favorite extraite de Muertos Vivos est évidemment Banshee Song, un morceau qui a tout pour devenir un classique du rock, si seulement le groupe était plus connu en dehors des frontières du Canada. Il faut avouer aussi que le son progressif de l'album Muertos Vivos ne l'aide pas à s'imposer dans les radios commerciales, l'album de Gob étant trop original et sophistiqué pour pouvoir lui assurer un succès auprès d'un vaste auditoire. À recommander donc aux oreilles averties avant tout, car le fan moyen pourra être un peu perdu après une première écoute. Les chansons de Gob sont pourtant très accrocheuses, la preuve est que cela faisait plusieurs mois que je n'avais pas entendu l'album avant de le réécouter pour ma critique hebdomadaire et je me souvenais néanmoins de toutes les chansons. Bref, si on aime l'originalité, on sera servi avec Muertos Vivos de Gob, un album de punk progressif accrocheur et résolument revigorant, qui n'a pas peur de ne pas être commercial et qui propose des thèmes engagés (écoutez entre autres War Is A Cemetary, un hymne contre la guerre) et tout à fait punk sans pour autant emprunter les mêmes sentiers battus que ses pairs. Je vous le suggère fortement...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 16 septembre 2017

GOOD RIDDANCE - My Republic

My Republic de Good Riddance, paru en 2006 sur l'étiquette Fat Wreck Chords (les deux derniers albums que j'ai critiqués étaient aussi sur cette étiquette), se conforme en tous points à ce que je m'attends d'un album punk. Les chansons sont efficaces et mélodiques, ce qui n'empêche pas d'avoir des paroles traitant de la rébellion, et surtout elles sont courtes: certaines chansons, comme Torches And Tragedies ainsi que Up To You, ne font même pas 90 secondes! L'album de Good Riddance contient quatorze chansons mais en raison de leur brièveté, l'album entier peine à dépasser la demi-heure. Pourtant, malgré que j'apprécie habituellement ce format, je dois dire que My Republic est un album qui m'a laissé plutôt indifférent. Peut-être est-il justement trop prévisible, trop conformiste. L'album louvoie entre pop punk et post-hardcore mais peu importe le chemin qu'il emprunte, le résultat est toujours éminemment commercial. Good Riddance doit visiblement beaucoup, avec son énième album My Republic, à des groupes renommés tels que Pennywise et Bad Religion. Le manque d'originalité de cet album complaisant mine sa crédibilité, même si Good Riddance est un groupe punk établi. Le problème n'est donc pas que My Republic soit un album ennuyant à écouter, bien au contraire il est assez sympa et distrayant, mais plutôt qu'il soit incapable de se démarquer d'une quelconque façon de ses pairs. Son manque flagrant de personnalité l'empêche d'obtenir de ma part une cote supérieure à The Unraveling de Rise Against, un groupe que pourtant je déteste jusqu'au bout de mes orteils (voir ma critique de The Unraveling du 17 juin 2017). Si la chose en est une possible, My Republic est encore moins original que The Unraveling, un autre album issu comme par hasard de la compagnie Fat Wreck Chords! Ceci fait en sorte que My Republic soit un album parfaitement oubliable, qui se soucie d'ailleurs de cet album de nos jours? Il semble que tout le monde soit trop occupé à écouter les succès de Ed Sheeran et de Harry Styles! Que l'état de la musique rock d'aujourd'hui est à pleurer mes amis... My Republic est tout de même plus crédible que les albums de ces sots qui composent le groupe Rise Against. Les meilleurs chansons de My Republic surviennent à la fin avec This Beast Is Dangerous, étonnamment original sur un album qui ne l'est pas, et bien sûr Uniform, vraiment accrocheuse et possiblement la plus mémorable du lot. En fin de compte, l'album My Republic de Good Riddance, bien qu'il ne soit pas le meilleur de la célèbre formation punk, présente quand même des moments charmants, s'écoute comme un charme et recèle le pouvoir de vous charmer, si bien sûr vous n'avez jamais entendu de musique punk dans votre vie. Pour les autres, on passera son tour, ou alors on se rabattra sur les anciens albums des années '90 de Good Riddance, autrement plus réjouissant. My Republic n'est donc pas un grand album, ni même un bon album, quoiqu'il ne soit pas non plus mauvais. Il est très "ordinaire", si vous voyez ce que je veux dire...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20

samedi 9 septembre 2017

STRUNG OUT - Blackhawks Over Los Angeles

Capitalisant sur le succès incroyable remporté par l'album-concept American Idiot de Green Day paru quelques années plus tôt, les gars de Strung Out ont décidé eux aussi qu'ils gagneraient la cagnotte avec leur grand album Blackhawks Over Los Angeles de 2007. S'il est manifeste que Blackhawks Over Los Angeles doit visiblement beaucoup à American Idiot, il faut spécifier cependant que l'album de Green Day a été une véritable bombe larguée dans le petit monde de la musique punk et son influence sur à peu près tout ce qui a suivi est assez patent (voir ma critique de American Idiot du 27 août 2011). Ceci ne veut pas dire pour autant que l'album de Strung Out soit comparable à un chef-d’œuvre tel que American Idiot. D'abord, le manque de mélodies accrocheuses mémorables, alors que Strung Out se réclame pourtant du hardcore mélodique, mine considérablement Blackhawks Over Los Angeles d'un point de vue purement commercial. Alors que American Idiot s'adressait à un vaste auditoire, il semble que le public visé par Strung Out soit bien plus restreint, limité au giron des fans de musique punk. Ensuite, la voix du chanteur Jason Cruz n'est pas des plus agréables et peut déplaire à certaines oreilles fines. Son timbre vocal semble voilé, adapté au style punk mais guère à la musique pop. Finalement, c'est peut-être le point principal à retenir, la réalisation sonore est extrêmement indigente, le tout sonnant d'une part de manière très plate, chose plutôt étonnante pour un album ambitieux comme Blackhawks Over Los Angeles, et la guitare accaparant souvent d'autre part toute la place au détriment de la mélodie principale en se lançant dans une logique de démonstration de virtuosité pure et gratuite qui sied mal à un album punk. Pour toutes ces raisons, Blackhawks Over Los Angeles de Strung Out est un album qui déçoit, surtout si l'on pense à la promesse faite par un album de cette envergure. Le groupe visa haut avec cet album, ce qui est tout à son honneur, mais rata sa cible et finit par ennuyer. Il y a certes quelques beaux moments, comme l'ouverture de l'album avec des chansons telles que Calling ainsi que la pièce-titre, ou alors la pièce A War Called Home vraiment très efficace, mais dans l'ensemble, c'est bien peu et le résultat final laisse à désirer. Il n'empêche que c'est là un bel effort et que Strung Out saura susciter l'enthousiasme des fans de musique punk, mais pour les autres dont je fais partie (j'aime écouter du punk à l'occasion mais pas assez pour me définir comme un fan de ce style qui ne présente pas assez d'éléments intéressants dans sa musique d'un point de vue technique), Blackhawks Over Los Angeles peut lasser à la longue. J'avais bien aimé cet album lors des premières écoutes mais après avoir réécouté American Idiot et The War On Errorism (je critiquais cet album de NOFX la semaine dernière), je me suis rendu compte à quel point il est faible et même mal conçu. Strung Out ne sait pas comment accrocher l'oreille de l'auditeur pour faire de son opus un grand album de rock au même niveau que Toxicity de System Of A Down ou Elephant par The White Stripes qui sont des albums que j'ai déjà critiqués sur ce blog et qui réussissent à transcender leur style musical propre pour pouvoir s'inscrire directement dans le panthéon du rock'n'roll avec Led Zeppelin, U2 et Nirvana. Blackhawks Over Los Angeles est peut-être simplement trop ambitieux pour les moyens du groupe qu'il l'a produit...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20

samedi 2 septembre 2017

NOFX - The War On Errorism

Avant d'être surclassé par Donald Trump, le plus crétin des présidents américains que l'on avait connu était George W. Bush. Sa guerre injustifiée en Irak sous le prétexte que le pays renfermait des armes de destruction massive qui n'ont jamais été découvertes ont suscité bien des groupes punk à dénoncer en musique cet idiot en poste à la Maison-Blanche. On pense bien sûr immédiatement à American Idiot de Green Day, album que j'ai évidemment encensé (voir ma critique de American Idiot du 27 août 2011). Il ne faudrait pas toutefois oublier The War On Errorism, paru en 2003 avant American Idiot et tout aussi virulent envers l'infâme président. Il suffit pour s'en convaincre de regarder la couverture de l'album illustrée ici qui figure George W. Bush avec une tête de clown. NOFX expose ses idées avec franchise et conviction sur la chanson Franco Un-American extraite de l'album et qui avance que l'on ne peut en Amérique être du bord de la France qui s'était alors opposé aux États-Unis à l'ONU. Cette déclaration antipatriotique de la part de NOFX demandait d'avoir des couilles dans la foulée des événements du 11 septembre 2001, ce qui correspond pourtant à l'idéologie du punk d'origine. En effet, sur une autre chanson, NOFX se questionne à savoir quand le punk est-il devenu aussi sage et peureux. Cette pièce intitulée The Separation Of Church And Skate sert d'introduction à The War On Errorism et met la table à un album ambitieux qui propose de redéfinir le punk dans les années 2000. NOFX y va de commentaires souvent délectables concernant la démocratie ("majority rule don't work in mental institutions" sur la pièce Idiots Are Taking Over) ou la musique ("is it absurd to compose music no one's ever heard" sur la pièce Medio-core) et nous sert un album franchement revigorant. NOFX remporte sa gageure de nous servir un album à la fois pertinent pour le punk mais commercialement exploitable (Franco Un-American a été le plus gros succès pour la formation) et prouve qu'il n'a rien à envier à Green Day. En fait, The War On Errorism est possiblement le meilleur album de NOFX, et même le deuxième meilleur album punk des années 2000, tout juste derrière American Idiot. C'est en tous cas un de mes albums punk préférés, NOFX faisant partie des groupes punk pour qui j'ai du respect avec Against Me! et Rancid. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que je parle de NOFX sur ce blog car sa chanson Idiots Are Taking Over figure sur la compilation Punk-O-Rama 8 que j'ai également bien apprécié (voir ma critique de Punk-O-Rama 8 du 15 septembre 2012). NOFX est en effet un groupe punk original et toujours surprenant, qui a des couilles et qui ne mâche pas ses mots. Chaque chanson de l'album The War On Errorism apporte un nouveau point de vue et se distingue des autres. On retrouve même du saxophone sur la pièce Anarchy Camp! Cet album est assurément un classique du punk au même titre que Smash par The Offspring ou même Combat Rock par The Clash! C'est délirant! Il m'apparaît assez clairement que The War On Errorism de NOFX est un album à connaître absolument et qu'il est vraiment sous-estimé par rapport à sa véritable valeur artistique. Pourquoi ne figure-t-il point dans les listes des meilleurs albums de la décennie 2000 rédigées par les critiques de rock alors que American Idiot y figure presque tout le temps? Pour sa pertinence, son intelligence, son originalité, son franc-parler, il ne fait guère de doute pour moi que The War On Errorism de NOFX est un monument du rock. Quiconque prétend aimer le punk devrait écouter cet album extraordinaire au moins une fois dans sa vie.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 18/20