samedi 27 janvier 2018

HEDLEY - Cageless

La surprise en 2017 est venue du côté de Hedley. Jamais je n'aurais cru possible de pouvoir aimer un album de ce groupe pourtant très populaire au Canada. Hedley est un groupe originaire de la province de Colombie-Britannique où il est né dans les années 2000. Il a fait paraître depuis toute une pléiade d'albums tous aussi commerciaux les uns que les autres, s'adaptant avec le temps aux modes passagères. Leur premier album était rock mais Cageless est absolument pop. Ce qui est différent avec Cageless, c'est que Hedley semble avoir acquis une nouvelle maturité, une sérénité qui lui permet enfin de composer des chansons transcendantes. Il y a avec Cageless quelque chose qui élève le propos et qu'on ne retrouvait pas avec les albums précédents. Cet énième album de Hedley est pourtant passé relativement inaperçu, peut-être parce que le groupe venait tout juste d'en lancer un autre, l'album Hello. Qu'importe, je considère malgré tout que Cageless est le meilleur album que Hedley ait fait paraître dans sa longue carrière. On sent dans la voix de Jacob Hoggard, chanteur du groupe autour duquel tourne toute l'attention, une sincérité qui dément l'accusation de chercher le succès à tout prix. L'album Cageless est certes éminemment commercial, avec ses structures très pop qui appellent l'inévitable refrain accrocheur après le couplet et son format très radiophonique, mais Hedley montre ici qu'il est capable d'évoluer vers davantage de qualité dans sa musique en la sublimant. Cela étant dit, il demeure que Cageless n'est évidemment pas très original puisque ce n'est pas là où il faut chercher l'intérêt de cet album. Hedley ne fait pas de pop aussi originale que Gwen Stefani par exemple, je prends à témoin l'album The Sweet Escape qui était un pur orgasme de musique pop expérimentale (voir ma critique de The Sweet Escape du 17 décembre 2011). Il va bien sûr de soi que j'accorde à Cageless une cote bien inférieure qu'à The Sweet Escape de Gwen Stefani. Mais si vous aimez la musique commerciale, vous devriez jeter un coup d’œil et une oreille attentive à l'album Cageless de Hedley qui signe ici un album qui, somme toute, m'a fait passer un moment fort agréable, même si je n'ai pas normalement beaucoup d'estime pour le travail habituel de Hedley. L'année qu'on vient de vivre a été franchement généreuse en albums excellents car même les mauvais artistes ont fait des albums intéressants en 2017! C'est en tous cas l'album le plus commercial que j'aie écouté dans la dernière année et cela me prouve que je peux aimer la pop bien faite. Comment résister à des chansons aussi entraînantes que In Love With A Broken Heart ou bien encore All Night qui évoque curieusement pour moi un certain succès de Lionel Richie... Je fabule possiblement mais on ne peut nier que cela donne au moins le goût de danser! Hedley alterne les pièces dansantes avec les chansons plus émotives, comme il est coutume pour ce groupe, et des morceaux tels que Obsession et surtout Bad Tattoo montrent sa facette plus sérieuse. Ce n'est rien là de bien profond mais Jacob Hoggard ne triche pas et reste lui-même, sans se prendre pour un autre, son authenticité étant finalement tout à son honneur. Peut-on reprocher à un artiste d'exécuter son travail comme il faut? Ce n'est pas moi qui vais jeter la pierre à Hedley...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 20 janvier 2018

PORTUGAL. THE MAN - Woodstock

S'il est une chanson qui a pris d'assaut les ondes de la radio en 2017, c'est bien le tube Feel It Still du groupe Portugal. The Man dont le nom s'écrit de façon bizarre avec un point dans le milieu. Hé! bien, il n'y a pas que leur nom qui soit bizarre, mais aussi leur musique. Feel It Still a été un énorme succès commercial mais qu'en est-il du reste de l'album Woodstock? Bizarre, je vous le dis. Bien plus bizarre en tous cas que Feel It Still, comme en témoigne le début de l'album de Portugal. The Man assez déroutant. En fait, lors d'une première audition, il y a de quoi être dérouté, aussi faut-il être avisé avant de se procurer l'album. Mais lorsqu'on persévère, la musique de Portugal. The Man grandit en vous et vous devenez accro. Ce groupe, aidé dans son bon travail par Danger Mouse, a réellement une personnalité unique, en dépit de son penchant fâcheux à "coller" sur les dernières tendances de la musique. Les compositions sont vraiment bonnes mais ensevelies sous une tonne d'enrobage inutile et d'effets sonores qui détournent hélas! l'attention de l'essentiel. Car je dois le dire, Woodstock est un album franchement bon et il est dommage que la volonté de Portugal. The Man à vouloir être "cool" et "à la mode" l'amène à produire des chansons tellement travaillées qu'elles ressemblent à des exercices de style. Il est assez fascinant de constater que Portugal. The Man ait à la fois un style qui soit original et une manie paradoxale à copier tout ce qui est "hot". Ce n'est pas comme cet album que je critiquais la semaine dernière, No Culture de Mother Mother, qui était lui aussi fort original mais sans chercher à être à la mode à tout prix (voir ma critique de No Culture du 13 janvier 2018). Pour cette raison, je dois donner une cote moins élevée à Woodstock qu'à No Culture. En fait, je ne crois pas honnêtement que Woodstock de Portugal. The Man soit un album qui résistera au passage du temps et il sombrera éventuellement dans l'oubli. Cela n'empêche pas que pour faire le point sur les dernières tendances musicales, Woodstock est un parfait exemple de ce qui se fait de plus innovateur par les temps qui courent. Ce mélange réussi d'indie rock et de sonorités trafiquées est vraiment très stimulant et saura donner le goût de bouger aux aficionados de musique dansante. Feel It Still ne représente peut-être pas totalement l'album, Live In The Moment non plus, mais ce sont deux chansons qui restent dans la tête et s'avèrent être d'excellents appâts pour recruter une nouvelle armée de fans de Portugal. The Man. Une fois que le groupe aura capturé ces nouvelles oreilles, une toute nouvelle ère s'ouvrira pour lui, celle où son style indie bizarre se fera pop commerciale, un peu comme c'était le cas de Franz Ferdinand avec son album homonyme il y a de cela une décennie (voir ma critique de Franz Ferdinand du 25 août 2012). Je rêve certes en couleurs, mais j'aimerais bien que Woodstock remporte le titre d'album de l'année 2017 car je l'aime vraiment beaucoup. En tous cas, grâce à Feel It Still, les projecteurs sont braqués sur Portugal. The Man le temps de terminer la décennie et d'entamer les années 2020 avec une toute nouvelle attitude, celle du retour très attendu aux années '90 (trip hop, drum 'n' bass, techno, rave et compagnie). Car bien avant nos amis de Portugal. The Man, il y avait Fatboy Slim et Massive Attack...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 13 janvier 2018

MOTHER MOTHER - No Culture

Poursuivant ma rétrospective musicale de l'année dernière, voici un album vraiment chouette à vous proposer. Il s'agit de l'un des meilleurs albums de 2017, sinon le meilleur. Il y a eu beaucoup de "meilleurs" albums depuis un an mais avec No Culture de Mother Mother, c'est vraiment vrai. Mother Mother est un groupe de rock indie originaire de la grande province de Colombie-Britannique, dans la partie occidentale du Canada. Son tube intitulé The Drugs l'a fait connaître d'un nouveau public, tant cette chanson est accrocheuse et porteuse d'un potentiel commercial assez évident. Pourtant, l'album No Culture est plutôt alternatif et d'une certaine manière, on pourrait dire que The Drugs ne représente pas tout à fait l'album. C'est que la dualité entre la pop "mainstream" et le rock "underground" est omniprésente sur ce petit chef-d’œuvre qu'est No Culture. Les mélodies sont absolument mémorables mais le tout est ciselé dans un style particulièrement original et innovateur. The Drugs est peut-être la plus commerciale des chansons qui composent cet album de Mother Mother. Il est difficile de définir le style de l'album puisque c'est absolument nouveau et inédit. No Culture ne ressemble à rien que j'aie déjà entendu. Et pourtant, il y a quelque chose de parfaitement classique, voire universel, pouvant rejoindre le grand public sur cet album. No Culture est vraiment étonnant, ce qui explique pourquoi il est un incontournable de l'année 2017. Si vous ne connaissez pas Mother Mother, il faut absolument que vous écoutiez No Culture au complet (pas seulement la chanson The Drugs), d'autant plus que l'album s'écoute facilement puisqu'il est court et ne compte que dix pièces, car il s'agit d'un must du rock canadien. Chaque chanson de l'album est différente et unique, faisant en sorte que l'album soit aussi varié et diversifié. Pour les mordus de Mother Mother, je conseille fortement la version deluxe que j'ai acheté et qui présente trois chansons additionnelles en bonus, portant le total à treize pièces. Ces trois chansons supplémentaires sont un peu différentes du reste de l'album, étant réalisées de façon plus simple et intimiste. Il n'en demeure pas moins qu'elles sont aussi intéressantes que les autres chansons sur No Culture. On a par ailleurs le privilège d'entendre la voix de Jasmin Parkin en tant que chanteuse principale, remplaçant donc Ryan Guldemond, sur la pièce Worry. On entend aussi une voix féminine sur l'incroyable morceau Baby Boy qui n'a rien à voir avec le succès de Beyoncé mais qui se rapproche plus d'une musique fascinante composée sous l'influence de la drogue (décidément, Mother Mother qui chante aussi The Drugs aime beaucoup les drogues). Je ne peux m'empêcher de penser au tube Strawberry Fields Forever chanté par The Beatles, alors complètement gelés au LSD... Cela nous a donné de la très bonne musique, comme par exemple le célébrissime Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band de 1967 (voir ma critique de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band du 26 novembre 2011)! Bref, alors que la consommation du cannabis à un usage récréatif sera bientôt légale au Canada, il va de soi que Mother Mother, aussi original qu'il puisse être, s'impose parmi les tendances récentes de la musique rock canadienne...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 6 janvier 2018

AFI - AFI (The Blood Album)

Après une année qui s'achève, il est temps de faire la rétrospective de ce que l'on vient de vivre. Janvier sera donc entièrement consacré à une rétrospective musicale de l'année 2017 avec des critiques d'albums parus dans la dernière année. On a connu des pertes importantes dans le monde de la musique, comme le décès de Chris Cornell suivi par celle de Chester Bennington. Par bonheur, on a aussi connu des albums fort intéressants, comme c'est le cas de l'album homonyme que le groupe californien AFI a fait paraître en début d'année. Pour ne pas le confondre avec une compilation homonyme elle aussi, AFI a rebaptisé son album AFI (The Blood Album). Cela fait presque un an qu'il est sorti dans les bacs des disquaires et je ne m'en lasse tout simplement pas. Il s'agit peut-être même du meilleur album que j'aie entendu en 2017. C'est véritablement pour moi un coup de cœur, faisant encore augmenter mon adoration que j'entretenais déjà pour ce groupe depuis plusieurs années. Loin de se caser ou de se ranger dans un style commercial pour passer à la radio, AFI plonge tête première dans un passionnant album de post-punk inspiré fortement par les années '80. La fureur, l'énergie, la véhémence, la fougue de Davey Havok sont carrément électrisantes. Après trois chansons servant à établir le style de l'album, AFI se lance dans une série de chansons effrénées accrocheuses et contagieuses au point où il est inutile de vouloir résister. Hidden Knives, Get Hurt, Above The Bridge et So Beneath You sont autant de pièces menées à fond de train par AFI qui semble jouer ici comme si c'était la dernière fois de sa carrière. AFI a tout donné sur son album AFI (The Blood Album) et on en ressort quasiment épuisé, je n'exagère pas. Tout est admirable ici: les mélodies infectieuses et vénéneuses, la voix formidable de Davey Havok et la créativité de Jade Puget, les arrangements musicaux par couches d'instruments particulièrement denses et riches, le style parfaitement crédible et convaincant, la générosité dans le nombre de morceaux (AFI (The Blood Album) compte quatorze titres et aucune chanson de remplissage), la sincérité et le sérieux de AFI pour sa musique et pour ses fans, mais surtout l'expression des émotions marquée par l'intensité et l'urgence... Il faut que vous ayez entendu vous aussi cet album avant de mourir. Si vous avez aimé Sing The Sorrow comme moi (voir ma critique de Sing The Sorrow du 5 août 2017), il y a même une pièce de AFI (The Blood Album) qui s'en inspire, à savoir White Offerings. Le seul bémol de cet album est que les sons utilisés par AFI ont déjà été entendus maintes fois depuis les années '80. AFI est pourtant crédible mais AFI (The Blood Album) est tout de même moins original que Sing The Sorrow. C'est pourquoi je lui décerne une cote inférieure à Sing The Sorrow, en espérant que cela ne vous effarouchera point et que vous tendrez l'oreille à l'un des meilleurs albums de l'année 2017...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20