samedi 25 août 2018

MILLENCOLIN - Machine 15

Comme son titre l'indique, Machine 15 est une machine bien huilée de 15 pièces parues en 2008 par nos amis suédois de Millencolin. En fait, il n'y a pas vraiment 15 chansons puisque la pièce au centre de l'album et qui s'intitule simplement Centerpiece est plutôt une introduction de quelques secondes à la chanson qui suit. De même, End Piece qui termine l'album n'est pas non plus une chanson mais plutôt du bruit expérimental pendant une minute et demie. Cela ne fait donc en réalité que 13 chansons, mais quelles chansons! J'ai été conquis par cette nouvelle mouture de Millencolin, beaucoup plus pop que le punk traditionnel. Certes, Machine 15 est bien un album punk, mais les mélodies très accrocheuses et les structures musicales très efficaces sont ici très proches de la pop. On pourrait presque dire qu'il s'agit là du premier album pop rock de Millencolin. Pourtant, l'album débute avec deux chansons punk et poignantes par leur urgence et presque sombres, vraiment excellentes. Millencolin allège toutefois l'atmosphère avec la troisième pièce intitulée Detox qui n'a rien à voir avec l'album de Treble Charger du même titre que j'avais jadis démoli à coups de hache (voir ma critique de Detox du 28 avril 2012). Rassurez-vous, Machine 15 est bien meilleur...! De manière générale, l'album de Millencolin est bon dans sa première moitié, avant Centerpiece, mais il est encore meilleur dans la seconde partie. La pièce qui ouvre cette dernière moitié de l'album est d'ailleurs aussi la meilleure de tout l'album. Intitulée Who's Laughing Now, cette chanson punk représente pour moi tout ce qu'une bonne chanson punk se doit d'être: tempo vif et soutenu, mélodie accrocheuse, urgence dans l'expression, cette pièce est visiblement inspirée. Il est seulement dommage que le morceau qui suit soit aussi la moins réussie sur l'album de Millencolin. Oui, Brand New Game est potable mais son refrain s'enlise en plus d'être nettement moins convaincant que son couplet. Ce n'est pas grave car les trois dernières chansons de Machine 15, celles avant End Piece bien sûr, sont excellentes et concluent l'album de fort belle façon. Mes chansons préférées sur Machine 15 de Millencolin sont donc par ordre chronologique: Done Is Done, Who's Laughing Now, Route One et Saved By Hell, mais les autres sont également très intéressantes. L'album de Millencolin s'appelle Machine 15... et c'est donc exactement la cote que je vais lui donner: 15/20 pour un opus revigorant qui ne réinvente pas la roue mais qui sait utiliser les formules éprouvées afin de nous offrir une musique rafraîchissante. Il faut vraiment écouter tout le disque au complet pour prendre la mesure du potentiel commercial d'un tel album. Tout est ici léché et très clean, structures pop et paroles qui vont droit à l'essentiel. Machine 15 a été pour moi une surprise. Machine 15 a été pour moi l'album qui m'a fait aimer Millencolin, bien meilleur à mon avis que Rise Against. Les gars de Millencolin ne se prennent pas pour d'autres, contrairement à Rise Against...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 18 août 2018

NOFX - Wolves In Wolves' Clothing

NOFX nous prévient dès la première phrase de son album Wolves In Wolves' Clothing paru en 2006 qu'ils ne sont pas là pour nous divertir: "I'm not here to entertain you" déclare le chanteur punk Fat Mike. Pourtant, il ne faut guère leur en tenir rigueur, leur album est tout ce qu'il y a de plus varié et divertissant. Cela n'empêche pas le groupe d'être intègre et différent de ce qui se fait dans l'univers du punk. D'ailleurs, NOFX va même jusqu'à se questionner dans sa chanson The Marxist Brothers à savoir si le groupe est révolutionnaire ou non: "Are we enemies of the state or idealist bourgeoisie?" La vérité est que le punk est depuis longtemps devenu une affaire de marchandise capitaliste davantage que d'un discours révolutionnaire ou anarchiste. Il suffit de regarder blink-182 et Good Charlotte pour s'en convaincre... Non, NOFX fait de l'argent et ne s'en cache pas. On leur pardonne volontiers parce qu'ils sont extrêmement originaux dans leur discours et qu'ils n'ont pas peur d'être différents. On ne sait jamais trop à quoi s'attendre de NOFX, tant au niveau des paroles que de la musique. Ils sont révolutionnaires à leur manière, peu importe ce qu'en disent les critiques et leurs détracteurs. NOFX évite précautionneusement les clichés du punk et la langue de bois, ce qui leur vaut tout mon respect. Le commentaire social peut aller du plus vil (la chanson Instant Crassic est particulièrement scatologique) au plus réfléchi mais peu importe, on ne s'ennuie jamais en compagnie de NOFX. Leurs clips sont aussi assez marrants, notamment celui pour la chanson Seeing Double At The Triple Rock où l'on peut apercevoir des nonnes sexy boire et faire le party... Ce n'est pas la première fois que l'idée des nonnes sexy apparaît dans un clip, on n'a qu'à penser à She Said du groupe The Jon Spencer Blues Explosion ou encore à Devotion And Desire du groupe Bayside que l'on peut regarder avec le DVD joint au CD de Hawthorne Heights intitulé If Only You Were Lonely que j'ai déjà critiqué (voir ma critique de If Only You Were Lonely du 18 juin 2016). Avec Wolves In Wolves' Clothing, dont le titre provient de la onzième chanson sur le disque, on a un album qui correspond à ma conception du punk, à savoir des chansons très courtes mais très nombreuses: on a ici dix-huit pistes qui ne font chacune que une ou deux minutes, Instant Crassic étant le plus courte avec seulement trente-quatre secondes! En réalité, il y a une dix-neuvième piste cachée à la fin du disque: on entend des brouillons de chansons que Fat Mike a enregistrés pour de futures chansons. On assiste à la naissance de chansons, comme c'est le cas de USA-holes par exemple, ainsi que du processus créatif chez NOFX. Cela est non seulement palpitant d'avoir ainsi accès privilégié à des germes de chansons de Fat Mike mais en outre, cela démontre le peu de prétention intellectuelle du groupe qui n'hésite pas à s'ouvrir librement à ses auditeurs. Il faut une bonne dose d'humilité pour oser dévoiler des brouillons musicaux qui se cherchent et qui sont bourrés de fautes mais qui exposent la façon dont NOFX compose et écrit. Ce qui ajoute encore à mon enthousiasme pour le fameux groupe punk. Il m'apparaît alors que NOFX s'impose aisément parmi les meilleurs groupes punk de l'Histoire avec les Sex Pistols, les Ramones et Rancid. Pour son originalité, son honnêteté, son énergie et sa façon d'être rafraîchissant, il est clair pour moi que Wolves In Wolves' Clothing de NOFX est un must de ma discothèque punk dont je ne saurais me passer. Je n'ai jamais entendu un mauvais album de NOFX car tous ses albums sont juste excellents. Wolves In Wolves' Clothing ne fait pas exception à la règle, fort heureusement.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 11 août 2018

DOWN BY LAW - Fly The Flag

La décennie '90 a vu le renouveau du style punk avec des supergroupes fantastiques tels que Green Day, The Offspring, NOFX et Rancid. Mais ce fût également l'apparition funeste de l'édulcoration du punk avec des groupes pop rock aussi fameux et médiocres que blink-182 et Down By Law. Je n'avais vraiment pas le goût de me livrer à la corvée d'écouter Fly The Flag par Down By Law. Le graphique fort laid de sa couverture ne m'inspirait rien qui vaille. Mais comme l'album est paru sur la réputée maison de disques Go-Kart Records, je me suis forcé et j'ai finalement mis le disque dans le lecteur. Hélas! La musique était à l'image de sa couverture: juste un monde de laideur. Le son très exécrable suggère que l'album de Down By Law a été enregistré sans budget véritable. Ce n'est pas comme si le groupe américain aurait fait exprès d'épouser une esthétique lo-fi... C'est juste mal enregistré, c'est tout. C'est moche, c'est insignifiant, c'est mauvais. L'album ne va nulle part, on se demande quel est le but de cet album! Rien n'émerge vraiment de ce tas de merde. Pourtant, Down By Law fait des chansons punk plutôt courtes, ce qui correspond à ma conception du punk. Il y a bien des morceaux plus longs, comme Breakout! ainsi que Firey Shade Of Blue qui durent chacune quatre minutes et demie mais dans l'ensemble, on a des chansons de deux ou trois minutes qui ne s'éternisent pas trop. Les pièces de Down By Law ont cependant tendance à s'allonger quand approche la fin de l'album. Cela n'aide en rien un disque dont on a hâte qu'il se termine. Fly The Flag est un album qui manque de punch, duquel on ne retient rien. On ne comprend pas à quoi il sert. Ce n'est ni original, ni pertinent. L'ironie veut qu'une des chansons de Down By Law qu'on retrouve sur leur album et qui s'intitule Nothing Good On The Radio accuse le contenu des médias radiophoniques d'être sans intérêt. Tout le monde y passe, de Mariah Carey à Matchbox 20 en passant même par 2Pac...! Le principe est en fait le même que celui de la chanson Death To All But Metal qu'on retrouve sur l'album Feel The Steel du groupe Steel Panther (voir ma critique de Feel The Steel du 13 juin 2015), excepté que le punk est souhaité par Down By Law au lieu du heavy metal chez Steel Panther...! Il est difficile de prendre Nothing Good On The Radio au sérieux quand il déclare que Jewel n'est qu'une ordure sans valeur ("worthless trash"). Je m'excuse mais Jewel a infiniment plus de profondeur et de talent que cette bande d'idiots de Down By Law qui n'ont absolument aucune substance dans leur art! On ne touche pas à ma Jewel adorée. Dave Smalley est un enculé de crétin! Qu'il aille se faire foutre. Bref, Down By Law a fait tout ce qu'il faut pour que je les déteste. Je ne perdrai donc pas davantage de temps sur eux et je conclurai en déconseillant fortement l'achat de n'importe quel album de Down By Law. Leur album Fly The Flag, paru en 1999, terminent les merveilleuses années '90 sur une fausse note, et on peut leur reprocher à l'instar de blink-182 et de Rise Against d'être une honte pour le punk. Je préfère Green Day à 100%!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 12/20

samedi 4 août 2018

THRICE - The Artist In The Ambulance

La décennie 2000 aura vu bon nombre d'albums punk et hardcore de qualité. On pense par exemple à American Idiot de Green Day (voir ma critique de American Idiot du 27 août 2011). Cela s'explique peut-être par la situation géopolitique de l'époque, notamment de l'entrée en guerre des États-Unis au Moyen-Orient. Un de ces bons albums hardcore est The Artist In The Ambulance que nous a offert Thrice en 2003. La charge émotionnelle est puissante, certains allant même jusqu'à considérer que The Artist In The Ambulance soit de style emo. Ce n'est pas mon avis, même si la voix plaintive du chanteur de Thrice puisse porter à un tel jugement. À mon sens, Thrice est ici beaucoup plus proche du punk moderne que du emo. On pense ainsi à Rise Against, un groupe quasiment pop punk que je n'apprécie pas du tout. J'avais jadis démoli leur album Appeal To Reason avec férocité (voir ma critique de Appeal To Reason du 29 avril 2017). La différence entre Rise Against et Thrice est que ce dernier n'a pas vendu son âme au diable pour plaire à la masse des consommateurs avec son hardcore certes mélodique et accrocheur mais tout de même intransigeant. Rise Against a voulu devenir parfaitement commercial alors que Thrice est demeuré intègre. Oui, même en changeant de style par la suite pour quelque chose de moins agressif. Plusieurs ont comparé le nouveau style de Thrice à celui de Radiohead, ce qui est une preuve selon moi que Thrice n'a pas choisi la facilité. La musique de Thrice est absolument magnifique sur des albums tels que ceux de son diptyque The Alchemy Index (voir ma critique de The Alchemy Index Vols. I+II & III+IV du 23 et 30 juillet 2016). Il n'y a toutefois pas de rapport entre ce diptyque et The Artist In The Ambulance, sinon justement cette volonté chez Thrice de rester vrai et honnête dans l'expression de son art. En outre, il y a de véritables petites perles sur The Artist In The Ambulance, par exemple l'allusion à la légende d'Icare sur la pièce The Melting Point Of Wax. Ma chanson préférée serait cependant Silhouette, simplement pour son riff de guitare électrique qui vous rentre dedans... En somme, j'ai fichtrement eu bien du plaisir à écouter un album aussi pertinent et empreint du sentiment d'urgence que The Artist In The Ambulance de Thrice, même si j'adore encore plus le style qu'empruntera plus tard la formation californienne. C'est que je suis un fan de Radiohead davantage que de post-hardcore, même si j'aime aussi le punk, le hardcore mélodique et le post-hardcore bien entendu. Vous pouvez consulter mes nombreuses critiques d'albums de Radiohead en faisant une recherche sur mon blog. Bref, The Artist In The Ambulance de Thrice est un bon album à se mettre sous la dent, encore d'actualité et qui a finalement passé le test du temps. Un album comme The Artist In The Ambulance ne se démodera jamais, croyez-moi...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20