samedi 14 décembre 2019

RADIOHEAD - Kid A

Dans ma critique de l'album Amnesiac de Radiohead qui remonte à près de sept ans en arrière, j'avais écrit à propos de Kid A "que je n'ai pas encore critiqué cet album mais surveillez mon blog car j'en ferai peut-être la critique dans les prochaines années à venir" (voir ma critique de Amnesiac du 26 janvier 2013). Outre le fait qu'il s'agisse d'un malheureux pléonasme, ce sont des paroles qui m'ont hanté pendant plusieurs années. Il était temps que je passe à l'acte et que je me décide à critiquer ce monument. Kid A de Radiohead est donc l'album que j'ai choisi de critiquer cette semaine. L'album paru en l'an 2000 est en effet intimidant, tout comme OK Computer qui est paru en 1997 mais que je n'ai pas eu le courage de critiquer (je doute d'ailleurs que je le fasse un jour). Que dire de Kid A? Il s'agit certes d'un changement drastique de direction musicale après OK Computer qui lui-même était un changement drastique de direction musicale après The Bends. Radiohead aime les changements drastiques parce que Thom Yorke et sa bande sont de vrais artistes et ne sont pas là pour empocher vulgairement de l'argent ou obtenir du succès et de la popularité. On pourrait dire aussi que l'album est déroutant et difficile d'approche mais tout cela est évident et déjà connu. Les pièces électroniques comme Everything In Its Right Place, la pièce-titre Kid A, la magnifique Treefingers qui évoque pour moi une œuvre picturale de Mark Rothko (1903-1970) ou encore le "single" Idioteque ne sont pas aussi révolutionnaires qu'elles en ont l'air, quoiqu'elles soient révolutionnaires dans l'art de Radiohead qui nous avait plutôt présenté jusqu'alors du rock intelligent (certains diraient du prog rock à la Pink Floyd). Il y a pourtant du rock aussi, par exemple Optimistic qui est la plus conventionnelle de l'album ou bien ce fatras cacophonique ironiquement intitulé The National Anthem dont le début rock vire vite au free-jazz. L'exploit réel de Kid A réside donc en fait dans l'audace de Radiohead à déjouer tous les pronostics. Kid A n'a rien d'innovateur pour le rock mais qu'est-ce que Radiohead pouvait bien faire après OK Computer? C'était le geste artistique qu'il fallait poser. C'est avec Kid A et non pas OK Computer que Radiohead prouve qu'il fait de l'art. C'est un album éclaté aux styles contradictoires mais qui paradoxalement se tient ensemble comme une magistrale œuvre de la peinture. L'album Kid A débute en fait avec les pièces électroniques Everything In Its Right Place et Kid A, ce qui a confondu une certaine presse spécialisée qui aime s'égosiller et s'entendre parler mais qui n'a rien compris à l'art de Kid A, un peu comme ce fut le cas des contemporains de Vincent van Gogh (1853-1890). Car il faut le dire même si c'est évident, les morceaux de cet album sont extraordinaires. Comment ne pas frissonner en entendant How To Disappear Completely avec ses violons dans le suraigu? Comment ne pas s'extasier à l'audition des envolées de harpe sur Motion Picture Soundtrack? C'est évident que Kid A est un chef-d'œuvre. Plusieurs pièces de Kid A annonce déjà les albums à venir, à commencer par Amnesiac évidemment qui n'est qu'une séquelle de l'intense laboratoire que fut Kid A, bien que Amnesiac ne soit pas du tout à la hauteur d'un chef-d'œuvre tel que Kid A. Au fait, Morning Bell sera repris sur Amnesiac mais l'originale figure sur Kid A. Il s'agit donc d'un album visionnaire, en avance sur son temps malgré qu'il n'apporte rien de neuf. C'est un paradoxe évident. Sa beauté défie les conventions de l'Art et déjoue les bien-pensants qui croient que toute la musique devrait ressembler à du Coldplay. Que dire de plus sur Kid A? Il y aurait tant à dire qu'il n'y a rien à ajouter. C'est l'évidence même.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 20/20

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