samedi 29 août 2015

SERJ TANKIAN - Elect The Dead

Serj Tankian, c'est bien sûr le chanteur un peu nerd de l'excellente formation metal System Of A Down, un des fleurons du metal des années 2000. Il a senti le besoin de s'exprimer en solo et le résultat est arrivé en 2007 sous le titre Elect The Dead. La question se pose instantanément: est-ce que l'album Elect The Dead de Serj Tankian ressemble aux albums qu'il faisait avec son groupe System Of A Down? Pour répondre honnêtement à cette interrogation existentielle, je dois dire que oui. Néanmoins, même si le fan de System Of A Down ne se sentira pas totalement dépaysé à l'écoute de Elect The Dead, on sent tout de même que l'album solo de Serj Tankian est son projet bien à lui, et que le résultat est bien plus personnel qu'avec son groupe. On entend ici comme il faut la personnalité sensible de Serj Tankian qui transparaît dans sa musique comme jamais auparavant. De fait, Elect The Dead est un album plus sérieux, voire plus mature, que ce dont System Of a Down nous avait habitués avec par exemple son extraordinaire diptyque Mezmerize / Hypnotize (voir ma critique de Mezmerize du 18 octobre 2014 et de Hypnotize du 25 octobre 2014). Il n'y a pas d'humour sur Elect The Dead, ou si peu, et on ressent l'urgence qui habite Serj Tankian à traiter de sujets graves qui habitent ses pensées. C'est ainsi que sont abordés des thèmes comme la guerre, la démocratie ou le culte de l'argent notamment. On peut dire que Elect The Dead est un album politiquement engagé en quelque sorte, chose qui était également un peu vrai des albums précédents de System Of A Down mais qui ressort ici avec une nette évidence. Le monde va mal et Serj Tankian nous sensibilise sur l'état de la situation avec une poésie et un lyrisme dont il est difficile de se défaire après l'écoute de cet album. La chanson la plus humoristique, si on veut, serait Praise The Lord And Pass The Ammunition qui est une chanson bizarre et peut-être la plus expérimentale sur Elect The Dead, mais en général, les chansons sont moins farfelues et le constat de la condition humaine que dresse Serj Tankian est assez dramatique. Il me serait difficile de choisir quelle chanson de Elect The Dead est ma préférée car elles sont toutes excellentes mais il est certain que Empty Walls, la première pièce de l'album et aussi celle qui a été choisie pour promouvoir l'album, est franchement irrésistible. À l'opposé, la dernière pièce de l'album qui est aussi la pièce-titre de l'album, est vraiment poignante et émouvante bien qu'elle soit très courte. Serj Tankian termine son album sur une note de pure émotion et il n'est pas certain que cela aurait été possible sur un album de System Of A Down. Bien que pour Elect The Dead, Serj Tankian se soit servi de l'instrumentation traditionnelle du rock, avec la guitare électrique souvent en avant-plan, on note aussi l'utilisation occasionnelle de la guitare acoustique et du piano qui sonne un peu détimbré, donnant une touche sensible et personnelle à un album qui n'a rien à envier à Mezmerize ou Hypnotize. La qualité d'écriture et le soin artistique apportés par Serj Tankian à son album font en sorte que Elect The Dead est un album remarquable de la cuvée de 2007 et permet aux fans de System Of A Down de patienter encore pour un nouvel album de la formation qui tarde à venir. Serj Tankian fait véritablement montre de son talent d'auteur-compositeur-interprète avec Elect The Dead et il me serait impensable de devoir m'en priver tant la personnalité du chanteur nerd est attachante. Il n'y a donc pas à hésiter pour se le procurer sans faute...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 22 août 2015

OPERATOR - Soulcrusher

Pour ma critique hebdomadaire de cette semaine, j'ai décidé de vous présenter un petit groupe pas tellement connu mais que je trouve fort intéressant. La semaine dernière, il était question dans mon article de Chris Cornell et ça sera encore le cas cette semaine. Non pas que le chanteur de Soundgarden ait collaboré à Soulcrusher, le premier et unique album du groupe de rock américain Operator, mais plutôt que la voix de son chanteur Johnny Strong imite à la perfection la sonorité de Chris Cornell quand il chante. En fait, Operator pourrait être une sorte d'hommage à Soundgarden tant le style est similaire. En quelque sorte, c'est ici un peu le même cas de figure que pour Runnin' Wild de Airbourne, un album que j'avais aimé en dépit de ma cote peu flatteuse que j'avais réservée à cet album (voir ma critique de Runnin' Wild du 6 juin 2015). En effet, tandis que Airbourne plagie AC/DC de façon éhontée sur Runnin' Wild, on a Operator qui copie lui aussi un groupe rock fameux, soit Soundgarden au point de paraître bien peu original en vérité. Pourtant, il y a plusieurs bonnes idées musicales sur l'album, en plus du fait que je suis fan de Soundgarden, ce qui fait en sorte que j'ai tout de même apprécié mon album Soulcrusher de nos amis d'Operator. On note qu'il y a plusieurs chansons au tempo modéré, voire lent, et que les pièces plus corrosives se retrouvent pour la plupart au début de l'album. Ce n'est donc pas un album très agressif mais il faut dire que Soundgarden n'est tout de même pas aussi pesant que Pantera par exemple. Des ballades comme Delicate ou What You Get témoignent de la sensibilité dont fait preuve Operator dans ses chansons. Quant à la dernière pièce Live Your Way, c'est une longue chanson de plus de sept minutes et demie en deux parties qui n'est pas sans évoquer Black Hole Sun, le fameux succès de Soundgarden. La première section rappelle Black Hole Sun mais la seconde va complètement ailleurs avec du piano et le ton émouvant du chanteur. Tout n'est pas ressemblant à Soundgarden néanmoins, puisque Delicate me fait penser au Dave Matthews Band tandis que The Only One et surtout Burn Up The Road lorgnent plutôt vers le groupe grunge Stone Temple Pilots. D'ailleurs, Soulcrusher est évidemment anachronique car son style grunge était passé date depuis une bonne décennie au moment de la parution de l'album. C'était bien sûr le même cas avec Airbourne et son album auquel il se compare. D'une certaine façon, on peut dire que Soulcrusher est un bon album grunge, avec d'excellentes chansons inspirées et accrocheuses qui seraient véritablement dignes de Soundgarden, même si Soulcrusher ne peut évidemment pas se comparer à quelque chose d'aussi génial que Superunknown, le meilleur album de Soundgarden à ce jour. Soulcrusher du groupe hard rock Operator est paru en 2007 mais ça aurait pu être un album de Soundgarden en 1993. Un peu comme pour Runnin' Wild, j'ai bien aimé Soulcrusher mais je ne peux pas lui accorder une cote élevée à cause de son plagiat évident de Soundgarden. Ma cote de 13/20 pour Soulcrusher ne veut alors rien dire car je lui aurait accordé facilement 16/20 ou 17/20 si Soundgarden n'avait pas déjà tout fait ça. C'est un album fait avec le coeur et ça, on ne peut le nier. Si vous adorez le grunge ou que vous êtes un fan de Soundgarden, précipitez-vous chez votre disquaire ou ruez-vous sur l'Internet pour vous procurer sans faute votre album Soulcrusher d'Operator.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 13/20

samedi 15 août 2015

AUDIOSLAVE - Audioslave

La rencontre entre musiciens de divers horizons donne souvent un résultat inattendu. C'est ainsi que par exemple, Travis Barker de blink-182 alla rejoindre Tim Armstrong de Rancid pour nous donner l'excellent groupe Transplants au son si unique. C'est la même chose lorsque Dave Grohl de Foo Fighters prêta secours à Josh Homme pour l'incroyable Songs For The Deaf de Queens Of The Stone Age... Avec Audioslave, le résultat escompté de la rencontre entre le chanteur Chris Cornell de Soundgarden et des membres de Rage Against The Machine semble moins surprenant. L'album homonyme du nouveau groupe ressemble beaucoup à du Rage Against The Machine avec la voix de... Chris Cornell. Bien sûr, il ne s'agit pas totalement d'une redite de Rage Against The Machine car Chris Cornell poussa les membres de son nouveau groupe à explorer un ton plus intimiste. Mais dans l'ensemble, le fan de Rage Against The Machine ne se trouvera certainement pas dépaysé. Il y a toujours les gros riffs de guitare électrique et les rythmes à l'expression viscérale irrésistible. C'est particulièrement évident sur des morceaux comme Cochise ou bien Set It Off. Sauf qu'il y a aussi les pièces plus retenues comme I Am The Highway et Getaway Car Chris Cornell peut exprimer ses sentiments. L'album d'Audioslave est un bon mélange entre extraversion et introspection, chose qui était impensable du temps de Zach de la Rocha (l'ancien chanteur de RATM). Au fur et à mesure que l'on avance dans l'album, l'expression psychologique devient plus profonde et marque une belle gradation jusqu'à la pièce finale. L'album se tient debout par lui-même, c'est-à-dire qu'il présente une forte unité de style et s'avère tout à fait cohérent. De ce point de vue, on peut dire que Audioslave est une réussite assurée. En fait, les chansons qui détonnent le plus sur cet opus de nos amis d'Audioslave sont sûrement Hypnotize, une pièce de dance music qui n'est pas sans évoquer... The Stone Roses (!) et The Last Remaining Light, la dernière chanson et aussi la plus profonde. Il est un véritable tour de force que Chris Cornell ait réussi le pari de nous sortir un album aussi personnel avec la musique de Rage Against The Machine en arrière-plan! C'est du hard rock intelligent, rien de moins, J'ai adoré Audioslave, c'est un album formidable même si le résultat est moins original que Transplants et Songs For The Deaf que j'avais également aimés (voir ma critique de Transplants du 5 octobre 2013 et de Songs For The Deaf du 12 octobre 2013). Il faut dire que je suis un grand fan de Soundgarden et de Rage Against The Machine, et du rock des années '90 en général. D'accord, tout n'est pas parfait sur Audioslave, c'est un album un peu long (il dépasse les 65 minutes) et il y a des chansons superflues comme par exemple Light My Way qui est de trop, mais putain on s'en fiche comme d'une guigne! J'en redemande alors il ne faut pas se plaindre de la mariée qui est trop belle. Les critiques qui n'ont pas aimé Audioslave ne sont pas des vrais fans, c'est pour ça qu'ils disent que tout n'est pas parfait. Quant à moi, je réserve une belle cote à cet album, recommandant à tout un chacun de se le procurer sans faute. Datant de 2002, voilà un album passionnant de rock comme il ne s'en fait plus depuis les années 2000...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 8 août 2015

QUEENS OF THE STONE AGE - Era Vulgaris

Ça n'a rien de surprenant. Era Vulgaris est, comme d'habitude, un autre album génial de Queens Of The Stone Age. On ne s'étonne plus des éclairs de génie de Josh Homme, leader original de la célèbre formation de stoner rock. Pourtant, Queens Of The Stone Age parvient encore, une fois de plus, à nous épater et nous entraîner dans des univers sonores fort éloignés de la musique commerciale, sans pour autant donner la moindre impression de gratuité. Oui, Era Vulgaris est un album étrange et tordu, mais comment diable Josh Homme s'y prend-il pour que tout cela passe comme une lettre à la poste? Il y a quelque chose d'évident et de logique dans la démarche artistique et musicale pourtant bizarroïde de cet album qui figure parmi les meilleurs à avoir vu le jour en 2007 et carrément dans toutes les années 2000... Le rythme implacable des chansons et la conduite harmonique tortueuse de la musique font en sorte qu'il est pratiquement impossible de se soustraire au pouvoir maléfique de Josh Homme pour nous confondre. La clé de cet album réside en effet dans le rythme qui structure l'oeuvre tout en volant la vedette aux autres aspects musicaux proprement dits. Le rythme est le plus souvent plaqué avec sauvagerie et permet d'articuler le discours musical de Queens Of The Stone Age pour son album, comme c'est aussi le cas notamment pour... Le Sacre du printemps du grand Igor Stravinski (1882-1971). On dirait que Josh Homme a composé les chansons sous l'influence de la cocaïne! Il s'agit ici probablement de l'album le plus dur et agressif de Queens Of The Stone Age en raison du caractère démentiel de la section rythmique de morceaux tels que I'm Designer ou encore Battery Acid qui semble échapper à tout contrôle. L'utilisation du rythme qu'en fait Josh Homme révèle un côté humoristique, surtout dans I'm Designer. Il y a néanmoins des pièces plus posées comme Into The Hollow ainsi que Suture Up Your Future. En quelque sorte, il y a un bel équilibre entre le sérieux et le comique, entre l'intériorité et l'extraversion qui sinon aurait transformé l'album en une coquille certes très dynamique mais vide de sens. Malgré la dimension expérimentale apportée par le rythme, Queens Of The Stone Age sait aussi se tourner vers le rock classique quand vient le temps d'exprimer ses sentiments. C'est ainsi que la pièce de rock'n'roll 3's & 7's évoque The Raconteurs tandis que Make It Wit Chu fait penser au style adopté par The Rolling Stones dans les années '70, période disco! Era Vulgaris forme un album très abouti et réussi, exploitant sous toutes les coutures les possibilités offertes par le rythme de façon fort imaginative, surpassant selon moi un album comme Rated R qui marquait les débuts de Queens Of The Stone Age dans la cour des grands (son premier album homonyme n'était qu'un prélude, une pratique avant Rated R) et rejoignant même Songs For The Deaf qui est le chef-d'oeuvre ultime et absolu du groupe (voir ma critique de Rated R du 18 avril 2015 ainsi que ma critique de Songs For The Deaf du 12 octobre 2013). J'adore l'aspect ludique qu'on retrouve sur Era Vulgaris et je le trouve en effet aussi amusant et original que Songs For The Deaf, tout en étant encore plus énergique. Era Vulgaris est possiblement mon album préféré à être paru en 2007 et se hisse dans le peloton de tête des albums de Queens Of The Stone Age selon mon goût personnel. Queens Of The Stone Age se range dans mon palmarès musical parmi mes groupes rock favoris de la décennie. En terminant, il est à noter que la couverture de l'album Era Vulgaris présente une trace d'usure en forme de microsillon, un peu comme si la pochette du disque aurait été usée par le contour du disque vinyle qui se trouve à l'intérieur et ce, même sur les versions en CD! Je croyais au début que j'avais acheté un album abîmé pour ma collection de disques mais quand j'ai vu que toutes les couvertures pour Era Vulgaris de Queens OF The Stone Age étaient semblables, j'ai poussé un grand soupir de soulagement!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 18/20

samedi 1 août 2015

PRIESTESS - Hello Master

Dans les années 2000, un sentiment de nostalgie pour le bon vieux rock'n'roll s'est fait sentir sur la scène musicale. On n'a qu'à penser à des groupes rock populaires comme Wolfmother, Jet, Airbourne, The Darkness etc... C'est aussi le cas de Priestess mais plus spécifiquement de son album Hello Master paru en 2005 au Québec. Priestess est un groupe hard rock originaire de Montréal et on sait comment cette ville est le théâtre de nombreux projets musicaux foisonnants depuis les années 2000, le plus connu d'entre eux étant sûrement Arcade Fire. Pour ce qui est de Priestess cependant, on a un style beaucoup plus ancré dans le rock traditionnel des années '70, même si le groupe appartient bien au 21e siècle. À ce titre, on peut cataloguer Priestess dans le genre stoner rock comme c'est le cas de Queens Of The Stone Age par exemple. Le style de Priestess est toutefois moins expérimental que celui de Queens Of The Stone Age et la seule chanson de Priestess qui ressemble au style de nos amis de QOTSA est la dernière sur l'album, la pièce Blood. Ce morceau s'écarte sensiblement du reste de l'album qui penche plutôt vers le style de Wolfmother dont j'ai par ailleurs déjà fait une critique positive de son album homonyme sur ce blog (voir ma critique de Wolfmother du 8 février 2014). Ce sera aussi le cas de Hello Master car j'ai bien aimé cet album de Priestess, quoique je l'ai trouvé un peu court puisque l'album dépasse à peine les quarante minutes. Ceci s'explique par le fait que Priestess va droit à l'essentiel et refuse de s'égarer dans les méandres complexes et élaborés du rock progressif qui s'étale pendant d'interminables minutes. Ironiquement, l'album de Priestess qui suivra Hello Master sera... un album de rock progressif! Comme quoi les joyeux lurons de Priestess n'ont pas fini de nous étonner! Mais pour revenir à Hello Master, l'instrumentation de Priestess est réduit au strict minimum puisqu'il s'agit ici d'émuler le rock classique. C'est du rock simple et bruyant, catchy et amusant. On les compare souvent à Black Sabbath et AC/DC et c'est vrai que Run Home ou l'intro de la pièce The Shakes peuvent évoquer AC/DC mais Priestess a tout de moins un style bien à lui et facilement reconnaissable, ce qui n'est pas le cas de Airbourne et de son album Runnin' Wild qui n'est qu'une imposture, un vil plagiat de AC/DC (voir ma critique de Runnin' Wild du 6 juin 2015). De fait, comment résister au rythme contagieux et accrocheur que Priestess infuse à The Shakes? De plus, les membres de Priestess explorent différents styles de rock sur Hello Master, offrant ainsi une belle diversité d'une chanson à l'autre. Les comparer à AC/DC est assez réducteur et s'éloigne donc de la vérité. En fait, il y a ici une grande utilisation de la gamme blues comme c'est le cas chez Black Sabbath mais tandis que le groupe du grand Ozzy Osbourne sonne plutôt metal (en fait, ils ont carrément inventé le genre), Priestess se cantonne plutôt dans le hard rock. Peu importe: que ce soit du stoner rock, du blues rock ou du hard rock, une chose est sûre, c'est que Priestess s'est fait tatoué le rock sur le coeur! Quiconque aime le rock'n'roll des années '70 se doit de faire un détour par l'album Hello Master de Priestess. Il est peut-être moins impressionnant ou extravagant que l'album homonyme de Wolfmother dont je parlais plus tôt mais ce n'est en fait qu'une question de style. Si vous aimez Wolfmother, vous pourriez (et devriez) être tenté de découvrir ce dont les rockers canadiens de Priestess sont capables. Une heureuse découverte!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20