samedi 10 décembre 2016

RADIOHEAD - Hail To The Thief

Il paraît que 2+2=5. C'est cette arithmétique que nous sert Radiohead sur son album Hail To The Thief. Cette œuvre de 2003 est en réalité un album de transition entre le précédent Amnesiac et le suivant In Rainbows. On le constate de par l'instrumentation utilisée par Radiohead, employant de multiples sonorités naturelles et organiques qu'on retrouvait sur les albums avant Hail To The Thief mais en laissant entrevoir ce que sera In Rainbows, plus électronique. En ce sens, une pièce comme Where I End And You Begin pourrait carrément figurer sur In Rainbows tandis que Radiohead n'hésite pas à recourir à la guitare acoustique sur Go To Sleep et la guitare électrique sur There There (le clip de There There est en passant absolument magnifique). En fait, There There est possiblement la plus rock des pièces que l'on retrouve sur Hail To The Thief, un album dont l'urgence et la qualité de l'inspiration en font une oeuvre importante dans la production de Radiohead. Plus convaincant que Amnesiac, plus complexe que In Rainbows et plus profond que The King Of Limbs, il est manifeste qu'on a ici un des meilleurs albums de Radiohead à être paru au 21e siècle jusqu'à présent (n'oubliez pas que Kid A est paru en l'an 2000, ce qui le disqualifie techniquement à faire partie de notre siècle). Mais il est vrai aussi que l'on pourrait dire la même chose de chaque album de Radiohead tant l'excellence de son art rock intransigeant et audacieux culmine sur chacune de ses parutions depuis OK Computer! Même un album moins important comme The King Of Limbs mérite des éloges et je ne me suis d'ailleurs pas trompé en le faisant (voir ma critique de The King Of Limbs du 11 janvier 2014). Avec Hail To The Thief cependant, on a un album encore meilleur et bien qu'il s'agisse d'un disque quelque peu étrange pour le quidam moyen, il montre où était rendu Radiohead à ce moment de sa carrière, en train de façonner des chansons qui adoptent des formats plus pop comme ce sera le cas des albums ultérieurs de la célèbre formation menée par cet indéniable génie qu'est Thom Yorke. Car il faut le dire, même si la recherche exploratoire est patente sur un album tel que Hail To The Thief, il n'en demeure pas moins que les chansons ne s'éparpillent guère et restent assez concises, permettant de placer pas moins de quatorze morceaux dans moins de 57 minutes de musique, attestant ainsi de la volonté de Thom Yorke à toucher le maximum de styles et de climats possibles dans un temps raisonnable sans manquer d'approfondir chacun d'entre eux. Bref, Radiohead est bref, efficace et donc pop. Hail To The Thief est bizarre et pop, expérimental mais commercial dans le sens où il a recueilli les suffrages de bien du monde, oui, c'est tout et son contraire, être commercial et anti-commercial à la fois, ce qui prouve avec ce paradoxe que Radiohead est bien plus génial que Coldplay ou U2... Comment résister à une chanson aussi cool et accrocheuse que A Punchup At A Wedding? S'il n'était qu'un groupe qui expérimente, on n'en parlerait probablement pas. C'est ce qui explique que Radiohead soit plus populaire que Sonic Youth ou Autechre par exemple. La pluralité des styles, l'ampleur de l'expression, l'efficacité concise de ces pièces et l'originalité manifeste de Hail To The Thief font en sorte qu'on doit le considérer parmi les meilleurs albums à être parus dans les années 2000 avec Turn On The Bright Lights d'Interpol ou bien encore Elephant par The White Stripes (ce sont tous des albums dont j'ai déjà fait la critique auparavant sur ce blog; n'hésitez pas à consulter le moteur de recherche pour en savoir plus)!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 19/20

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