vendredi 23 décembre 2016

Comme d'habitude...

«Comme d'habitude...»! C'est sur ces bons mots du grand Claude François (1939-1978) que je vous souhaite, comme d'habitude, un très joyeux Noël. Comme d'habitude, je ne serai pas disponible durant le temps des Fêtes de fin d'année pour écrire de nouvelles critiques de CD, aussi profitez de cette opportunité incroyable pour relire ou découvrir mes anciennes critiques musicales (il y en a plusieurs centaines sur ce blog). Je serai comme d'habitude de retour en 2017, plus précisément le premier samedi de janvier. J'aimerais en outre que vous partagiez avec ceux que vous aimez et aussi ceux que vous aimez moins, Noël étant comme d'habitude une occasion où l'amour est le seul véritable cadeau que l'on peut faire à ses proches. C'est une fête du partage, d'amour et de compassion envers les autres, et le monde en a bien besoin avec tout ce qui se passe de nos jours dans les nouvelles. Comme d'habitude, l'année nouvelle est un joli prétexte pour tout recommencer et repartir à neuf! Alors comme d'habitude, je vous souhaite une extraordinaire année couronnée de succès!!

JOYEUX NOËL À TOUS & BONNE ANNÉE 2017!!!

samedi 17 décembre 2016

THE PRIESTS - Noël

On l'oublie trop souvent, Noël n'est pas qu'une occasion prétexte à des beuveries entre employés de bureau et des fêtes en famille qui se terminent mal. C'est aussi une célébration religieuse rappelant la naissance de Jésus-Christ qui n'est probablement même pas né un 25 décembre. Quoi de plus naturel alors pour un album de Noël que de réunir des prêtres qui nous chantent cet anniversaire! The Priests forment un trio de véritables prêtres catholique de l'Irlande du Nord qui avaient déjà enregistré quelques disques avant de faire paraître leur album laconiquement intitulé Noël en décembre 2010, peu avant la fameuse fête religieuse (ce n'est pas parce qu'on est prêtre qu'on n'a pas le sens du marketing). On retrouve sur cet album proposé par The Priests tous les standards de Noël auxquels on peut s'attendre avec une généreuse quinzaine de titres à se mettre sous la dent. Afin d'éviter la redondance, on y retrouve tout de même quelques titres moins connus (en tous cas moi je ne les connaissais pas) comme Ding Dong Merrily On High qui débute l'album, le cantique de Noël Sussex Carol ainsi que le très bref In Dulci Jubilo d'une durée éphémère d'une minute et demie. Quant à Peace On Earth que je ne connaissais pas davantage, il est mêlé par The Priests avec Little Drummer Boy pour un petit medley mignon typique des Fêtes. D'ailleurs, ce medley est repris à la fin de l'album mais avec la participation du chanteur de la formation... The Pogues! Ce groupe punk irlandais n'a absolument rien en commun avec The Priests et on se demande ce que ça fait là. The Priests expliquent qu'il s'agit d'un clin d’œil au célèbre duo improbable de Noël réunissant feu Bing Crosby (1903-1977) et feu David Bowie (1947-2016)... Ceci n'excuse pas que Shane MacGowan chante comme un handicapé mental avec des problèmes d'élocution. Il est un peu ridicule d'entendre The Priests se forcer pour chanter de leurs plus belles voix tandis que le chanteur de The Pogues vient tout bousiller... Ceci met tout de même un peu de piquant à un album autrement ennuyant et prévisible. Noël est un album tout ce qu'il y a de plus conventionnel, avec son orchestre qui multiplie les clichés musicaux de Noël et le traitement très traditionnel de ces chansons rebattues. Il n'y a aucune originalité sur cet album soporifique chanté par The Priests, et il est clair qu'il s'agit d'un cadeau de Noël tout à fait superflu. On s'en passerait bien volontiers. Certains mélomanes aiment peut-être The Priests mais moi je préfère Judas Priest! Je trouvais que Home For Christmas de Susan Boyle était un album de Noël mal foutu mais c'est un chef-d’œuvre en comparaison avec cet album minable qu'ont concocté The Priests. Home For Christmas avait cette diversité dans les styles qui fait cruellement défaut à l'album de The Priests (voir ma critique de Home For Christmas du 19 décembre 2015). Il n'est donc pas étonnant que Noël soit un album qui colle très près à la musique classique, avec ses habituels morceaux de Haendel (1685-1759), Mendelssohn (1809-1847) et G. Holst (1874-1934) dans un traitement symphonique mais aussi ses airs anonymes qui remontent jusqu'au début des temps... On a déjà entendu ça des centaines de fois. Il n'y a toutefois pas que du négatif puisque le livret accompagnant le CD, même s'il ne contient pas les paroles que de toutes façons on connaît par cœur, renferme une mine de renseignements sur les pièces choisies. Même si je ne crois pas en Dieu, il est intéressant de savoir quelle est la genèse des célèbres airs religieux retenus par The Priests. Vous pouvez donc garder le livret et jeter le disque.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 12/20

samedi 10 décembre 2016

RADIOHEAD - Hail To The Thief

Il paraît que 2+2=5. C'est cette arithmétique que nous sert Radiohead sur son album Hail To The Thief. Cette œuvre de 2003 est en réalité un album de transition entre le précédent Amnesiac et le suivant In Rainbows. On le constate de par l'instrumentation utilisée par Radiohead, employant de multiples sonorités naturelles et organiques qu'on retrouvait sur les albums avant Hail To The Thief mais en laissant entrevoir ce que sera In Rainbows, plus électronique. En ce sens, une pièce comme Where I End And You Begin pourrait carrément figurer sur In Rainbows tandis que Radiohead n'hésite pas à recourir à la guitare acoustique sur Go To Sleep et la guitare électrique sur There There (le clip de There There est en passant absolument magnifique). En fait, There There est possiblement la plus rock des pièces que l'on retrouve sur Hail To The Thief, un album dont l'urgence et la qualité de l'inspiration en font une oeuvre importante dans la production de Radiohead. Plus convaincant que Amnesiac, plus complexe que In Rainbows et plus profond que The King Of Limbs, il est manifeste qu'on a ici un des meilleurs albums de Radiohead à être paru au 21e siècle jusqu'à présent (n'oubliez pas que Kid A est paru en l'an 2000, ce qui le disqualifie techniquement à faire partie de notre siècle). Mais il est vrai aussi que l'on pourrait dire la même chose de chaque album de Radiohead tant l'excellence de son art rock intransigeant et audacieux culmine sur chacune de ses parutions depuis OK Computer! Même un album moins important comme The King Of Limbs mérite des éloges et je ne me suis d'ailleurs pas trompé en le faisant (voir ma critique de The King Of Limbs du 11 janvier 2014). Avec Hail To The Thief cependant, on a un album encore meilleur et bien qu'il s'agisse d'un disque quelque peu étrange pour le quidam moyen, il montre où était rendu Radiohead à ce moment de sa carrière, en train de façonner des chansons qui adoptent des formats plus pop comme ce sera le cas des albums ultérieurs de la célèbre formation menée par cet indéniable génie qu'est Thom Yorke. Car il faut le dire, même si la recherche exploratoire est patente sur un album tel que Hail To The Thief, il n'en demeure pas moins que les chansons ne s'éparpillent guère et restent assez concises, permettant de placer pas moins de quatorze morceaux dans moins de 57 minutes de musique, attestant ainsi de la volonté de Thom Yorke à toucher le maximum de styles et de climats possibles dans un temps raisonnable sans manquer d'approfondir chacun d'entre eux. Bref, Radiohead est bref, efficace et donc pop. Hail To The Thief est bizarre et pop, expérimental mais commercial dans le sens où il a recueilli les suffrages de bien du monde, oui, c'est tout et son contraire, être commercial et anti-commercial à la fois, ce qui prouve avec ce paradoxe que Radiohead est bien plus génial que Coldplay ou U2... Comment résister à une chanson aussi cool et accrocheuse que A Punchup At A Wedding? S'il n'était qu'un groupe qui expérimente, on n'en parlerait probablement pas. C'est ce qui explique que Radiohead soit plus populaire que Sonic Youth ou Autechre par exemple. La pluralité des styles, l'ampleur de l'expression, l'efficacité concise de ces pièces et l'originalité manifeste de Hail To The Thief font en sorte qu'on doit le considérer parmi les meilleurs albums à être parus dans les années 2000 avec Turn On The Bright Lights d'Interpol ou bien encore Elephant par The White Stripes (ce sont tous des albums dont j'ai déjà fait la critique auparavant sur ce blog; n'hésitez pas à consulter le moteur de recherche pour en savoir plus)!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 19/20

samedi 3 décembre 2016

INTERPOL - Our Love To Admire

Le troisième album que nous offre Interpol en 2007 avec Our Love To Admire est simplement un mélange des deux albums précédents de la célèbre formation new-yorkaise. En effet, il reprend le côté expressif développé sur Antics et le marie avec la complexité et l'étrangeté du premier album, le classique Turn On The Bright Lights, permettant ainsi d'achever ce triptyque que l'on était si impatient d'écouter. Ceci aurait pu nous donner un résultat palpitant et intéressant. Il n'en est rien, hélas! Il y a quelque chose de forcé sur Our Love To Admire qui nous fait amèrement regretter la fraîcheur des deux premiers albums d'Interpol. On dirait que le groupe essaie à tout prix d'être bizarre mais sans que cela ne soit concluant pour autant. Our Love To Admire manque cruellement de naturel et parvient à atteindre l'émotion de manière très tordue et déroutante. Il faut passer par tout un labyrinthe musical avant de toucher à l'expression des sentiments qui était pourtant le point fort d'Interpol sur le précédent album. Il y avait quelque chose de simple et efficace sur Antics que j'avais si adoré (voir ma critique de Antics du 16 juillet 2016) mais qui a disparu ipso facto à cause de cette recherche obstinée pour le sens. Interpol cherche beaucoup sur Our Love To Admire mais trouve bien peu. Le diable est dans les détails et l'arbre cache souvent la forêt. À force de scruter les partitions dans tous les sens, on constate toutefois que les trois dernières pièces de l'album sont tout de même émouvantes, Interpol nous amenant là où il ne nous avait pas encore transportés jusqu'alors. Who Do You Think est enfin une chanson plus simple sur un album qui en avait tant besoin. Quant à Wrecking Ball, sa finale avec un orchestre est réussie, même si je trouve que le résultat est assez timide. Le point fort de Our Love To Admire arrive cependant avec le dernier morceau épicé de trémolos de guitare qui donne un aura éthéré à l'ensemble. Interpol n'a rien perdu de son originalité, rachetant cet album un peu décevant mais finalement pertinent dans un contexte où l'industrie musical tend à se répéter. Cet autre album étonnant de nos amis d'Interpol montre que le groupe est toujours inventif et créatif, produisant ainsi un album qui n'a par bonheur rien de commercial ou de linéaire. Il est certes moins enthousiasmant que Antics et très loin d'être un classique comme Turn On The Bright Lights mais il saura plaire aux mordus de la formation américaine. Our Love To Admire renferme malgré tout quelques balises lui permettant de conserver les anciens fans, comme The Heinrich Maneuver ou surtout une pièce plus accessible comme Mammoth. Tout n'est donc pas noir en ce qui concerne cet album et bien que certaines chansons me laissent indifférent, il n'en demeure pas moins que Interpol est trop original pour présenter un album ennuyant. Our Love to Admire est donc un album recommandable, en dépit du caractère hermétique de l’œuvre et de certains passages qui tournent un peu en rond. On ne comprend pas toujours où les gars d'Interpol veulent nous amener mais ils nous amènent souvent là où on ne s'y attendait pas. L'album Our Love To Admire du groupe Interpol n'est par conséquent qu'un album à réserver à un public au goût élitiste et ne s'adresse donc pas au commun des mortels. Mais il est fascinant, ce qui explique pourquoi j'ai décidé de vous en parler sur ce blog...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 26 novembre 2016

SHE WANTS REVENGE - She Wants Revenge

Que le dessus illustré ici de la couverture de cet album ne vous leurre point: She Wants Revenge n'est nullement un groupe de pop punk ou de musique emo comme je le croyais en achetant cet album. Au contraire, il s'agit plutôt de... gothic rock! Comme c'est un style que j'aime beaucoup, quoique je ne sois pas pour autant un connaisseur, il va de soi que j'ai tout de suite aimé cet album homonyme. Oui, She Wants Revenge va dans le même sens que l'album homonyme du groupe The Bravery que j'avais bien apprécié (voir ma critique de The Bravery du 24 mars 2012), c'est-à-dire des guitares qui s'harmonisent aux synthétiseurs pour recréer le feeling des années '80. La musique de She Wants Revenge est pleine de références, par exemple la pièce Someone Must Get Hurt évoque The Cure tandis que la voix du chanteur ressemble à celle de feu David Bowie (1947-2016) sur Broken Promises For Broken Hearts! She Wants Revenge s'inspire cependant aussi de groupes plus récents, l'influence de Interpol notamment étant assez patente. Lui-même influencé par Joy Division, le groupe Interpol est une référence majeure pour She Wants Revenge, la voix désincarnée, voire déshumanisée du chanteur rappelant celle que l'on retrouve chez Interpol, notamment leur album Turn On The Bright Lights (voir ma critique de Turn On The Bright Lights du 19 janvier 2013). Cependant, au fur et à mesure que l'on avance sur l'album She Wants Revenge, on constate que le groupe se fait de plus en plus émotif, trompant la première impression que l'on a en commençant à écouter l'album. Le tout évolue tranquillement jusqu'à culminer avec la dernière pièce She Loves Me, She Loves Me Not qui est une chanson à l'expression glauque et pathétique absolument formidable. En réalité, ce n'est pas vraiment la dernière pièce de She Wants Revenge puisque s'ensuit une série de pistes silencieuses de quatre secondes jusqu'à la piste numéro 66! Une chanson cachée débute alors, portant la durée totale de ce fort long album à plus de 64 minutes! Intitulée Killing Time mais n'apparaissant pas à l'endos de l'album, cette chanson de She Wants Revenge n'est toutefois pas la meilleure du lot. C'est la seule pièce faible sur un album autrement plus réjouissant. En effet, les douze pièces inscrites au dos de l'album sont toutes intéressantes, diversifiées et implacables dans leur logique propre, ce qui n'est pas exactement le cas de Killing Time qui semble trop répétitive. Peu importe, on a ici un album véritablement accrocheur, c'est pour moi un coup de cœur. Le hasard fait souvent bien les choses et je suis ravi d'être tombé par inadvertance sur cet album qui m'a induit en erreur lors de son achat. Beaucoup plus accessible et pop que Joy Division, nos amis de She Wants Revenge nous proposent un album où tout est bon du début à la fin, même Killing Time d'une certaine façon. La psychologie des morceaux sur She Wants Revenge est très étudiée, dressant un panorama complet de la difficile question amoureuse. Le thème central de cet album de She Wants Revenge est en effet l'amour, mais d'une façon un peu sinistre... C'est du gothic rock après tout! Il n'y a que Disconnect qui n'aborde pas ce thème mais c'est parce qu'il s'agit d'un court morceau instrumental assez tristounet. She Wants Revenge sait aussi être plus souriant, même avec des sujets ardus, comme la très ludique I Don't Wanna Fall In Love au tempo relevé et dansant. Dans l'ensemble, on a en somme un album qui explore la musique avec intelligence et sensibilité. Par sa profondeur, sa variété, son irrésistible côté pop accrocheur, je crois que She Wants Revenge parvient à compenser largement son manque flagrant d'originalité qui puise sans vergogne dans les années '80, pour notre plus grand bonheur néanmoins! Quiconque souhaite s'initier à ce style peut donc débuter avec l'album She Wants Revenge, un album de 2006 et non pas de 1981...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 19 novembre 2016

THE (INTERNATIONAL) NOISE CONSPIRACY - The First Conspiracy

Après la séparation du groupe Refused qui nous avait offert l'inconcevable The Shape Of Punk To Come en 1998 (voir ma critique de The Shape Of Punk To Come du 6 août 2016), voici le chanteur de Refused, le controversé Dennis Lyxzén, qui nous présente en 1999 son nouveau groupe The (International) Noise Conspiracy avec le premier album de la formation au titre logique, The First Conspiracy. En réalité, The First Conspiracy est une compilation de 45-tours parus en Europe quelques mois plus tôt. Cela fait en sorte que cet album est presque un EP puisqu'il ne contient que 27 minutes et demie de musique pour douze chansons. C'est dire que la plupart des chansons font à peine deux minutes, ce qui va dans le sens de la philosophie punk de l'album. Bien que cet opus par The (International) Noise Conspiracy s'oriente plutôt vers le rock garage et les sixties, il a beaucoup en commun avec le style punk: même brièveté des chansons, même simplicité harmonique, même rhétorique antisociale... De fait, The First Conspiracy est un album redoutablement efficace, qui va droit au but et qui s'entoure d'un aura mystérieux évoquant cette fameuse conspiration dont se revendique le groupe et qui donne son nom aussi à l'album. The (International) Noise Conspiracy apparaît alors comme une bande de cinq conspirationnistes révolutionnaires qui entendent libérer le prolétariat et annihiler le labeur du travail imposé par le système capitaliste... Les propos de la formation suédoise sont absolument jusqu'au-boutistes, extrêmement radicaux et certainement insurrectionnels. L'idéologie ultra-gauchiste révolutionnaire de The (International) Noise Conspiracy ferait passer le communisme marxiste et léniniste pour une doctrine de la droite! On n'est pas forcé d'adhérer au discours unilatéral du groupe, fort heureusement, pour en apprécier la musique. On peut notamment remarquer la ligne mélodieuse de la basse qui se détache du tissu musical ainsi que la présence de l'orgue tenu par la musicienne Sara Almgren qui rappelle rien de moins que The Doors. Dans un style aussi stéréotypé que celui perpétré par The (International) Noise Conspiracy, il est pratiquement un tour de force d'en renouveler l'intérêt sur douze chansons, ce que parvient à faire la formation rock scandinave. Un morceau comme T.I.M.E.B.O.M.B. par exemple adopte un ton plus intimiste que le reste de l'album assez extraverti, tandis que The Blast-Off s'élance dans un tempo rapide et contrastant qui induit de la variété à l'ensemble. Mais c'est surtout le style inimitable de la formation qui attire notre attention, nos amis révoltés parvenant à recréer le climat protestataire des années '60 avec une relative économie de moyens. Bref, The First Conspiracy par le groupe The (International) Noise Conspiracy, paru en 1999, n'est évidemment pas pour le premier quidam venu, tant le propos extrémiste et radical peut dérouter et la musique maniérée et stylisée s'avère tout-à-fait anti-commerciale. Néanmoins, il fait du bien d'entendre cet album à l'orée de l'ère républicaine d'un populiste comme Donald Trump aux États-Unis, puisque l'on se dit que la gauche des altermondialistes n'est finalement peut-être pas encore morte...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 12 novembre 2016

EAGLES OF DEATH METAL - Zipper Down

Cela fera un an depuis les tragiques événements des horribles attentats de Paris du vendredi 13 novembre 2015. La formation Eagles Of Death Metal (ou EODM pour les intimes) s'est rendue tristement célèbre pour avoir été le groupe qui offrait alors une performance musicale sur la scène du Bataclan, lors de l'assaut par les terroristes, afin de faire connaître leur excellent album Zipper Down paru quelques semaines plus tôt durant l'année. Eagles Of Death Metal est un groupe sincèrement joyeux et joyeusement sincère, aussi cette injuste tragédie n'aurait jamais dû leur arriver. Bien sûr, on ne souhaite pas que cela survienne à personne mais Eagles Of Death Metal en particulier était un groupe auquel pareil cauchemar était la pire chose qui pouvait se produire. Constitué principalement par Jesse Hughes, sympathique bougre surnommé Boots Electric, mais secondé par Josh Homme, leader du groupe Queens Of The Stone Age qui joue de plusieurs instruments sur Zipper Down en plus d'avoir réalisé l'album (il semble que Josh Homme n'était toutefois pas sur scène lors de l'attentat), Eagles Of Death Metal a tout pour se faire aimer. Ses chansons amusantes et enjouées sont du genre à vous décrocher un sourire, même si vous êtes enragé et de mauvaise humeur. Des morceaux efficaces comme Got A Woman et Got The Power figurent parmi les plus drôles et amusantes mais il y a également des pièces plus sérieuses comme Oh Girl ou encore Save A Prayer, une reprise du groupe new wave... Duran Duran! Voilà qui est assez inattendu quand on connaît les influences boogie et rock'n'roll de Eagles Of Death Metal. De fait, en réécoutant bien Zipper Down, on constate que l'album est plus profond qu'il n'y paraît. Boots Electric fait même l'effort de chanter quelques mots de français sur I Love You All The Time, ce qui est tout à son honneur. La plus humoristique des chansons de l'album est cependant Silverlake (K.S.O.F.M.) avec son côté grandiloquent et histrionique. Il est difficile de choisir quelle chanson est la meilleure car elles sont toutes intéressantes, avec une psychologie souvent complexe et élaborée. La musique de nos amis de Eagles Of Death Metal recèle par ailleurs des arrangements d'une grande richesse sonore, avec plusieurs couches d'instruments qui donnent à l'album une finition plutôt touffue et très dense. Il ne faut donc pas prendre Zipper Down à la légère puisqu'il est beaucoup plus étudié et sophistiqué qu'il puisse sembler à une première écoute. C'est un album fantastique auquel je ne puis qu'accorder une note notable, une cote d'appréciation appréciable au sein du fatras d'albums que je critique à chaque semaine depuis plus de cinq ans. Eagles Of Death Metal n'est peut-être pas aussi génial que Queens Of The Stone Age mais il s'agit d'un groupe certainement pertinent qui mérite notre attention. Son originalité, même si elle reste avec Zipper Down en deçà d'un album aussi incroyable que Era Vulgaris par exemple (voir ma critique de Era Vulgaris du 8 août 2015), est malgré tout manifeste et il serait malencontreux de devoir s'en passer. Moi en tous cas, c'est une formation que je suis depuis un petit moment déjà et je n'ai jamais été déçu. Il est simplement dommage qu'il ait fallu une folie meurtrière pour le révéler à bien du monde. En conclusion, que dire de plus? Si vous voulez lutter contre la stupidité du terrorisme, allez acheter votre exemplaire de Zipper Down de Eagles Of Death Metal, d'autant plus qu'il s'agit d'un des meilleurs albums de l'année 2015 à mon humble avis...!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 5 novembre 2016

THE WHITE STRIPES - Get Behind Me Satan

À sa sortie au beau milieu de 2005, cet énième album par le groupe The White Stripes était attendu avec beaucoup de fébrilité. C'est parce qu'il faisait suite à l'incroyable album Elephant qui est à mon avis quasiment le meilleur album de toute la décennie, rien de moins (voir ma critique de Elephant du 25 février 2012). C'est donc dire que les attentes étaient très élevées, trop sans doute, ce qui explique qu'il soit évidemment décevant en comparaison avec Elephant. À vrai dire, Get Behind Me Satan est pour moi exactement le contraire de Elephant en ce sens qu'il est possiblement le pire album par The White Stripes que j'ai entendu jusqu'à présent. Il est même pire que White Blood Cells qui m'avait pourtant laissé perplexe (voir ma critique de White Blood Cells du 2 février 2013). Je ne suis et je n'ai jamais été un grand fan de ce groupe en raison de son style beaucoup trop ancré dans le passé de la musique. Get Behind Me Satan est malheureusement un exemple parfait de ce que je veux dire, avec ses sonorités folk et blues qui nous ramènent des lustres en arrière. Il y a beaucoup de piano sur Get Behind Me Satan, peut-être même plus que de guitare, et la seule pièce rock de l'album est la première, Blue Orchid. Les suivantes semblent tentées par l'expérimentation, notamment The Nurse avec ses interventions rageuses de la batterie de Meg White par-dessus de la musique de marimba (faut le faire...) ainsi que The Doorbell Jack White déconne un brin dans la partie chantée. The Doorbell est incontestablement le plus grand succès extrait de l'album mais pour ce qui est du vidéoclip, je lui préfère plutôt l'hallucinant The Denial Twist réalisé par l'excentrique Michel Gondry, le même qui avait fait Fell In Love With A Girl avec plein de blocs Lego. C'est dommage que la musique du vidéoclip ne soit pas à la hauteur des images. D'ailleurs, immédiatement après My Doorbell, les autres chansons de Get Behind Me Satan deviennent beaucoup plus traditionnelles et prévisibles. Prenez par exemple Little Ghost qui rappelle l'exécrable Hotel Yorba. Malgré tout, il y a de bons moments, comme la ballade White Moon, mais elle est suivie de Instinct Blues, un blues parfaitement inutile. On sait l'adoration de Jack White pour la musique blues et il se fait vraiment plaisir ici, à mon grand dam! On enchaîne ensuite avec la seule pièce chantée par Meg White, Passive Manipulation, une chanson qui dure... trente-cinq secondes! Après vient Take, Take, Take qui semble être un peu plus originale que les chansons qui précèdent mais c'est trop peu trop tard. On approche de la fin de l'album et As Ugly As I Seen, aussi belle qu'elle puisse être, manque d'originalité car elle aurait pu figurer en raison de son style sur l'album blanc des Beatles si elle avait été mieux composée... Red Rain est bonne mais la dernière chanson de Get Behind Me Satan, un morceau rudimentaire au piano intitulé I'm Lonely (But I Ain't That Lonely Yet), se présente comme étant la plus traditionnelle de l'album et je la trouve passablement ennuyante. Puis c'est tout, c'est déjà fini... En somme, ce n'est donc certainement pas avec cet opus décevant que nous offrent The White Stripes, malgré quelques pièces certes d'intérêt, qui va me réconcilier avec le groupe. Je dois néanmoins être objectif. Bien que Get Behind Me Satan soit le moins intéressant parmi les albums de la formation The White Stripes, je suis forcé d'admettre que c'est malgré tout un bon album mais ce n'est pas pour moi, ce qui explique ma cote d'appréciation relativement élevée que je dois décerner à cet album même si ça ne m'interpelle pas vraiment. Get Behind Me Satan par The White Stripes, paru il y a déjà de cela plus d'une décennie, restera peut-être dans l'Histoire de la musique en tant qu'album à écouter obligatoirement à cause de la célébrité du groupe mais en ce qui me concerne, il ne joue pas souvent à la maison...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 29 octobre 2016

CORPUS CHRISTI - A Feast For Crows

Il existe d'innombrables groupes de metalcore à avoir vu le jour depuis une quinzaine d'années mais Corpus Christi, formation originaire de Cincinnati, parvient à tirer son épingle du jeu en nous proposant leur album A Feast For Crows. Cet album paru en 2010, comme le nom du groupe le suggère, en est un de metal chrétien mais cela ne transparaît pas tellement dans la musique comme telle, ce qui est de toute façon souvent le cas avec les groupes chrétiens. Je dois dire que je ne suis pas fan des formations chrétiennes qui pullulent en Amérique, moi c'est la musique qui m'intéresse avant tout. Malheureusement, Corpus Christi fait dans le metalcore pas tellement original, quoique la batterie soit particulièrement active tout au long de l'album, ce qui est davantage une qualité qu'un défaut à mon ouïe. Le rock chrétien de Corpus Christi est en effet assez musclé, ça cogne fort par endroits et les guitares, bien que ça ne réinvente pas le genre du metalcore, sont tout de même efficaces. La véritable originalité, le véritable intérêt de l'album A Feast For Crows réside cependant dans la partie vocale du chanteur Jarrod Christman (remarquez son nom de famille divin). Il utilise sa voix clean et mélodieuse de manière très expressive, en plus d'avoir un timbre très particulier et unique. La musique de Corpus Christi se veut être en effet presque emo avec un sens du spleen réussi, le groupe parvenant à insuffler dans son metalcore stéréotypé un peu de sensibilité qui me touche personnellement. C'est certes, en ce sens, un album suffisamment intéressant pour que je vous en parle sur mon blog. Même si je ne crois pas en Dieu, je ne regrette pas mon achat de A Feast For Crows et il devrait en être logiquement de même pour vous. En tous cas, je préfère Corpus Christi à P.O.D. dont j'avais fait la critique de leur album Satellite en des termes pas tellement élogieux (voir ma critique de Satellite du 22 juin 2013). La raison en est principalement que P.O.D. a des paroles religieuses qui m'emmerdent alors que Corpus Christi se fait plus discret sur son album A Feast For Crows. On est très loin de Stryper...! Non, le plus grand reproche que j'aurais à faire envers A Feast for Crows est qu'il ne contient réellement que neuf chansons, puisque la première des onze titres de l'album n'est qu'une brève introduction et que la piste intitulée Windwalker n'est en fait qu'un interlude. A Feast For Crows dure tout de même presque trois quarts d'heure mais ça ne fait pas beaucoup de chansons à se mettre sous la dent. Il aurait fallu deux ou trois chansons de plus. Qu'à cela ne tienne, A Feast For Crows est quand même un album agréable d'écoute, peut-être même sous-estimé, certainement bien apprécié. Si Corpus Christi n'était pas du rock chrétien, il aurait même reçu une meilleure cote d'appréciation personnelle de ma part mais comme je considère cela comme un défaut, je dois tempérer mon enthousiasme. Néanmoins, allez vous le procurer si vous aimez le metalcore, c'est un album vraiment bien confectionné et divertissant à écouter. L'album A Feast For Crows du groupe de metalcore chrétien américain Corpus Christi ne réinvente évidemment pas la roue mais il est très touchant et émouvant grâce à son chanteur à qui je dois dire merci pour m'avoir fait passer un beau moment...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 22 octobre 2016

DEATH BY STEREO - Death For Life

Voici un album très rafraîchissant et qui semble ne pas trop se prendre au sérieux. Il s'agit de Death For Life, paru en 2005, un album de hardcore amusant par le groupe californien Death By Stereo. C'est un album assez court de quarante minutes avec des chansons brèves comme le punk doit l'être mais diablement efficaces. Le CD débute avec ce qui est possiblement la chanson la plus dure de l'album, un morceau intitulé Binge/Purge de pur hardcore qui s'avère très dynamique. La langage en est cependant plutôt ordurier, ce qui m'étonne puisqu'on ne retrouve aucun logo Parental Advisory sur la couverture de l'album de Death By Stereo. Les textes du groupe sont intelligents et sérieux mais le tout est fait dans un contexte musical si ludique qu'on oublie le côté sérieux de Death By Stereo. Les pièces qui suivent sont également très divertissantes, jusqu'à ce que l'on tombe sur Forever And A Day, une ballade inattendue qui montre aussi le côté tendre de Death By Stereo. En réalité, Forever And A Day commence doucement mais se met à s'énerver assez vite, jusqu'à ce que la ballade monte le volume, ce qui était inévitable avec Death By Stereo, mais qui retourne pour finir dans la douceur avec de la guitare acoustique. C'est une ballade qui aurait pu ne pas avoir rapport avec le reste de l'album mais qui trouve pourtant naturellement sa place sur celui-ci. Les chansons de Death For Life qui suivent cette ballade sont encore meilleures que les premières de l'album, montrant que Death By Stereo a de l'inspiration pour varier la sauce et qu'il est un groupe fort original et créatif. Middle Fingers est peut-être la plus originale de l'album, en tous cas c'est une de mes préférées sur le disque. Puis vient une autre ballade au titre très romantique, Don't Piss On My Neck And Tell Me It's Raining: c'est du moins ce que l'on croit dans les premières mesures de la chanson mais Death By Stereo se met à déconner et on s'aperçoit que ce n'était qu'un leurre. Le groupe a voulu nous faire une petite blague en nous induisant en erreur puisqu'il ne s'agit en fin de compte nullement d'une ballade! Death By Stereo est un groupe un brin facétieux, ce qui est chose rare dans le hardcore, et on pense immédiatement à des groupes metal comme Queens Of The Stone Age ou encore System Of A Down pour le côté humoristique. Il est vrai que le metal se prête mieux à l'humour que le hardcore, prenez par exemple The Darkness ou bien Steel Panther, tous des groupes metal qui font dans la farce ou la plaisanterie et dont j'ai fait la critique d'un de leurs albums par le passé, soient Permission To Land et Feel The Steel respectivement (voir ma critique de Permission To Land du 1er février 2014 et de Feel The Steel du 13 juin 2015). Dans le punk, on ne peut écarter bien sûr des groupes à l'humour juvénile tels que blink-182 et Sum 41, des albums qui encore là ont passé entre mes mains afin d'en écrire les critiques (cherchez donc ces albums grâce au moteur de recherche du blog). Bref, on ne s'ennuie pas une seconde avec Death By Stereo et même si le groupe n'est pas aussi loufoque que les groupes précités, il n'empêche qu'il nous arrache un sourire en plus d'être un rien cabotin et imprévisible. C'est évidemment la plus grande qualité d'un album comme Death For Life, celle de ne pas être du tout linéaire et de pouvoir surprendre son auditeur. C'est un excellent album, un peu à part certes, mais tout de même qui fait du bien et qui ne cherche qu'à amuser et à s'amuser. Les membres de Death By Stereo, c'est assez évident, on beaucoup de plaisir à concocter leurs albums, du moins celui-ci car je ne connais malheureusement pas les autres, et ce bonheur est agréablement communicatif. Death For Life par Death By Stereo est un album qui met de bonne humeur et qui par son originalité se distingue aisément de la masse de disques rock, punk, metal et hardcore qui paraissent à chaque année. Voici un album très rafraîchissant et qui semble ne pas trop se prendre au sérieux, écrivais-je... C'est un truisme pour un album dont je conseille évidemment l'achat, peu importe qu'il soit pour vous ou pour offrir en cadeau à un parent ou un ami. Après tout, octobre s'achève et voici une excellente suggestion d'achat pour un cadeau d'Halloween...!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 15 octobre 2016

ALEXISONFIRE - "Watch Out!"

Alexisonfire est un des groupes les plus originaux à être sortis du Canada dans les années 2000 et l'album "Watch Out!", le deuxième de la formation après un premier excellent album homonyme, est encore là pour le prouver. "Watch Out!" fait évoluer le son de l'album Alexisonfire et je serais enclin à dire qu'il se situe quelque part entre Alexisonfire et The Shape Of Punk To Come de Refused, deux albums que j'ai évidemment déjà critiqués précédemment (voir ma critique de Alexisonfire du 13 août 2016 et de The Shape Of Punk To Come du 6 août 2016). Il n'y a pourtant pas de jazz rock bizarre sur "Watch Out!" mais Alexisonfire y expérimente des changements de tempo et de dynamiques sonores qui en font un album sophistiqué et innovateur. "Watch Out!" passe du doux au fort et du calme à l'agressivité dans une même chanson avec une facilité désarmante et Alexisonfire, même s'il est moins surprenant ici que sur son album homonyme, réitère son allégeance à la musique de qualité et à l'expérimentation musicale. L'album d'Alexisonfire est par ailleurs aussi expressif que son prédécesseur, sinon même encore plus, et nous offre des moments tout à fait magiques. Il s'agit en fait possiblement de l'album avec les chansons qui me plaisent le plus, les meilleures étant la pièce d'ouverture Accidents, Control, No Transitory et Happiness By The Kilowatt qui évoque pour moi le grand morceau de clôture Videotape tiré de l'album In Rainbows de Radiohead, rien de moins (voir ma critique de In Rainbows du 14 janvier 2012)! Il faut dire que tous les albums de Alexisonfire sont géniaux alors il est difficile pour moi de choisir. Comment ne pas aimer Accidents qui vous propulse dans l'album avec une fougue frénétique et Happiness In The Kilowatt qui termine le périple par lequel on vient de passer avec apaisement et envoûtement? Quoi qu'il en soit, "Watch Out!" est un autre album incroyable d'Alexisonfire qu'il faut absolument avoir entendu si on s'intéresse au post-hardcore ou au rock moderne du 21e siècle en général. Tout n'est pas parfait cependant, "Watch Out!" ayant le même défaut que son prédécesseur, c'est-à-dire qu'il devient légèrement redondant à la longue et on aimerait un peu plus de variété. Mais c'est un défaut mineur, insuffisant pour lui valoir une cote inférieure à Alexisonfire. Alexisonfire est mon groupe de post-hardcore préféré, tout comme Avenged Sevenfold est mon groupe de metal des années 2000 préféré. Les deux formations ont en commun, outre le fait qu'ils appartiennent à notre siècle contrairement à Refused et Metallica qui datent du siècle précédent, d'explorer et de faire avancer le rock tout en ayant connu le succès commercial. Il est possible d'être artistiquement pertinent et commercialement viable, Alexisonfire étant là pour le prouver. Certes, Alexisonfire n'a pas vendu autant d'albums que Avenged Sevenfold mais il a quand même vendu des centaines de milliers d'albums en quinze ans d'existence. Je le considère donc comme un groupe majeur du rock moderne, un incontournable à découvrir. Paru en 2004, à peine moins de deux ans après Alexisonfire, l'album "Watch Out!" du groupe canadien Alexisonfire est à la hauteur du premier album qui avait tant ravi la critique et les fans de post-hardcore, même s'il n'est pas aussi étonnant. Alexisonfire semble avoir trouvé la voie à prendre pour demeurer intègre avec son album "Watch Out!" tout en épousant le succès commercial qui lui permette de survivre. Bravo Alexisonfire!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 8 octobre 2016

BULLET FOR MY VALENTINE - The Poison

Un bel exemple d'album metalcore que j'aime serait peut-être celui-ci de Bullet For My Valentine (BFMV pour les intimes), le classique The Poison paru bien sûr le jour de la St-Valentin 2006 en Amérique du Nord, prouvant que le groupe a de la suite dans les idées. Contrairement à l'album au son un peu daté Suicide Notes And Butterfly Kisses du groupe Atreyu que je critiquais la semaine passée (voir ma critique de Suicide Notes And Butterfly Kisses du 1er octobre 2016), The Poison de Bullet For My Valentine n'a pas pris une ride même s'il est paru il y a plus d'une décennie. Atreyu est certes un bon groupe metalcore mais je préfère légèrement Bullet For My Valentine au son un peu plus mainstream, allant jusqu'à évoquer plus tard avec leur opus Venom (remarquez la similitude avec le titre de l'album que je critique cette semaine, prouvant encore une fois que le groupe a de la suite dans les idées) un album aussi pop rock que Life Starts Now de Three Days Grace (voir ma critique de Life Starts Now du 30 mai 2015). Venom est en passant un bon album récent de la fameuse formation galloise si jamais la chose vous intéresse (voir ma critique de Venom du 16 janvier 2016). Bref, ça fait beaucoup de noms de groupe et de titres d'album mais sachez tout de même que The Poison est le premier album que Bullet For My Valentine a fait paraître et que le résultat est honorable, surtout pour un premier album. Avec treize chansons, il est de plus passablement plus long que Suicide Notes And Butterfly Kisses, la dernière pièce de l'album The Poison faisant même six minutes et demie plus une demi-minute de silence. Intitulé laconiquement The End, ce titre de Bullet For My Valentine poursuit musicalement la pièce instrumentale intitulée elle aussi laconiquement Intro et qui ouvre l'album avec un brin de mystère. Il s'agit en fait d'une composition du groupe Apocalyptica spécialement écrite pour The Poison. Ce groupe que j'aime bien et dont j'ai critiqué quelques albums par le passé, comme par exemple Worlds Collide (voir ma critique de Worlds Collide du 20 février 2016), est en réalité un projet se proposant de faire du heavy metal avec... du violoncelle! Comme Intro est assez doux, avec les sonorités envoûtantes et apaisantes du violoncelle, c'est le choc avec le départ subit et agressif de la chanson qui suit, Her Voice Resides! Il n'empêche que l'album The Poison en son entier n'est pas trop agressif et demeure assez mélodique, offrant même quelques ballades comme Tears Don't Fall, All These Things I Hate (Revolve Around Me), et bien sûr Intro et The End. Pourtant, les ballades de Bullet For My Valentine ont aussi à certains endroits un côté plus dur. En réalité, la balance entre doux et fort sur l'album The Poison est parfaitement dosée et réussie, ce qui explique peut-être son succès commercial. Pour l'anecdote, le refrain de All These Things I Hate (Revolve Around Me) me fait irrésistiblement penser à la chanson Kickstart My Heart de Mötley Crüe! Les meilleures chansons de l'album sont 4 Words (To Choke Upon), la pièce-titre The Poison, le titre 10 Years Today et enfin le morceau The End mentionné ci-haut. Il y a par ailleurs, fait plutôt notable, de fort bons solos de guitare sur l'album de Bullet For My Valentine, ce qui n'est pas le cas de Suicide Notes And Butterfly Kisses d'Atreyu. Je mets en parallèle les deux albums en raison de similitudes évidentes, comme le fait qu'il s'agisse des premiers albums de ces groupes mais aussi pour leur apport respectif à la mouvance metalcore dans les années 2000. J'ai toujours trouvé que Bullet For My Valentine et Atreyu allaient de pair. Bref, The Poison de Bullet For My Valentine n'est pas un chef-d’œuvre mais il est malgré tout un classique du metalcore, surtout parce qu'il est très apprécié des fans dont je fais partie. Il est bien représentatif de ce qu'un bon album metalcore doit être, agréable à écouter et très dynamique, sans non plus se casser trop la tête sur la signification métaphysique existentielle de l’œuvre en question. C'est simplement un sapristi de bon album rock. Merci beaucoup.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 1 octobre 2016

ATREYU - Suicide Notes And Butterfly Kisses

Les gens chez Victory Records ont le don de dénicher des groupes fort intéressants de musique rock. C'est ainsi que Hawthorne Heights nous avait offert l'album If Only You Were Lonely que j'avais bien aimé (voir ma critique de If Only You Were Lonely du 18 juin 2016). Avec l'album incroyable Suicide Notes And Butterfly Kisses, c'est au tour du groupe Atreyu de faire honneur à Victory Records. Paru en juin 2002, cet album était à sa parution vraiment original et novateur. Atreyu fait véritablement figure de pionnier dans le genre screamo et metalcore avec cet album pourtant assez succinct de dix chansons ne totalisant même pas quarante minutes. Suicide Notes And Butterfly Kisses prend un peu de temps à démarrer, les premières chansons étant bonnes comme tout le reste mais se faisant quand même un peu moins originales. L'album évolue au fur et à mesure qu'on avance dans celui-ci et se termine avec la populaire chanson Lip Gloss And Black, probablement la plus populaire d'Atreyu. Il y a de beaux moments sur l'album et on sent que le groupe cherche un son, recherche un style qui lui soit propre et qui n'ait pas été déjà entendu. On est très loin de ce que le groupe fera plus tard, comme par exemple l'album Long Live paru récemment et dont j'ai fait une critique mitigée sur ce blog (voir ma critique de Long Live du 9 janvier 2016). Il est évident que bien des groupes de metalcore, dont Atreyu, se sont depuis rangés sous la bannière de la musique commerciale. À l'époque pourtant, aux débuts des années 2000, l'aventure musicale était intéressante et emballante. Il y avait beaucoup d'épisodes en screamo chez Atreyu, le chanteur utilisant sa voix monstrueuse sur presque tous les titres du disque. Suicide Notes And Butterfly Kisses n'est pas un album immédiatement accrocheur comme Long Live et il exige du temps pour se faire amadouer. C'est avant tout un album pour les aficionados de musique, les vrais, ceux qui aiment le travail de terrain et qui comprennent comment fonctionne la composition d'un album de musique. Atreyu s'est appliqué à ne composer que des chansons ayant de la substance, de la matière musicale. Cet album marque le début de la carrière d'Atreyu en étant son premier opus et on constate tout de suite le sérieux et le travail dont a fait preuve le groupe lors de sa confection. Suicide Notes And Butterfly Kisses est en effet solidement charpenté, très uni au niveau stylistique et parfaitement cohérent. C'est une impressionnante réalisation de la part d'un groupe dont on ignorait tout avant la parution de Suicide Notes And Butterfly Kisses. Il a influencé maints groupes et reste une référence pour bien des fans. Bien sûr, avec l'évolution du style emo, du metal symphonique et du metalcore depuis quinze ans, on en a vu d'autres. Mais cet album d'Atreyu demeure encore aujourd'hui un album qui se tient debout par lui-même. Quiconque s'intéresse au genre se doit de connaître Suicide Notes And Buttefly Kisses d'Atreyu. En ce qui me concerne, je possède la quasi-totalité de la discographie d'Atreyu même si les albums que le groupe fera par la suite seront légèrement moins intéressants ou originaux. J'aime bien Atreyu, c'est un groupe qui mérite d'être connu et que je conseille à ceux qui me demandent de la bonne musique. Avec Suicide Notes And Butterfly Kisses, nos amis d'Atreyu prouvent qu'ils étaient capables de faire de la bonne musique.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 24 septembre 2016

TRAGEDY - Tragedy

Je ne suis pas un grand connaisseur de crust punk mais quand j'ai entendu Tragedy pour la première fois, j'ai aimé tout de suite. Ce groupe américain de hardcore, pas assez connu, m'a fait penser à Minor Threat qui est le groupe punk à qui il ressemble le plus parmi ceux que je connais. La comparaison est flatteuse et bien méritée. Tragedy est bien sûr un album homonyme, le premier produit par Tragedy en l'an 2000 sur l'étiquette Tragedy Records, mais on sent que le groupe a de l'expérience pour nous livrer un album aussi solide et mature. Voilà du punk intransigeant, totalement engagé politiquement et résolument anti-commercial comme le vrai punk doit l'être. L'art intègre de Tragedy n'a rien à voir avec le succès de groupes comme Green Day et The Offspring et veut rester dans l'ombre, dans l'underground. Les paroles ne font aucune concession, critiquant de façon virulente la société et faisant le triste constat de nos vies. C'est du punk très agressif, épuré et efficace, sans fla-flas ni chichis, Tragedy ne racontant jamais de sottises comme blink-182 sur son album Enema Of The State que j'avais trouvé mauvais (voir ma critique de Enema Of The State du 13 octobre 2012). En fait, Tragedy joue carrément dans une autre ligue: celle du punk rebelle au système et qui refuse l'argent et le succès commercial. Tragedy n'est pas là pour amuser ou faire du divertissement; il a des choses importantes à dire et il les crie avec rage et désespoir. Il y a deux chanteurs qui hurlent dans Tragedy, à savoir Todd Burdette qui tient également la guitare et Billy Davis à la basse, plus deux autres membres qui ont précédemment fait partie ensemble d'autres groupes punk. Comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas assez calé en punk "Do It Yourself" pour connaître tous les groupes dont les membres de Tragedy ont déjà fait partie, puisque le punk n'est pour moi qu'un style que j'aime parmi tant d'autres, alors que j'écoutais de la musique classique auparavant. Tragedy n'a rien à voir avec Vivaldi ou Mozart. Mais je peux témoigner du message percutant que livre Tragedy sur son album homonyme, tant musicalement qu'au niveau des paroles, et je dois vous avouer que le résultat est assez impressionnant. Il n'y a aucune faille dans cet art sobre et dépouillé, au tempo souvent effréné et au commentaire toujours intelligent. Tragedy ralentit néanmoins la cadence dans les dernières chansons de l'album avant que la pièce finale, Chemical Imbalance, débute lentement mais finisse dans la vitesse et la violence. Tragedy boucle la boucle car il avait commencé son album avec puissance et vélocité. En tout, l'album Tragedy compte dix chansons comme il est inscrit à l'endos mais dans le lecteur, il affiche quatorze pistes. C'est que l'album renferme quatre pièces instrumentales, dont une introduction à la guitare acoustique, deux interludes entre Confessions Of A Suicide Advocate et The Intolerable Weight (incluant un extrait d'un documentaire sur le danger représenté par les ordinateurs) ainsi qu'un autre moment instrumental avec guitare acoustique et violoncelle avant la pièce lente Tension Awaiting Imminent Collapse. Au quatuor original s'ajoute en effet de façon sporadique et discrète la participation de la violoncelliste Lisa Pesch. Mais oui, il y a du violoncelle sur l'album Tragedy de Tragedy, peut-être après tout qu'il y a un lien avec Vivaldi et Mozart... Je blague mais sérieusement, j'ai adoré l'album pour son authenticité et sa décharge d'agressivité, avec des morceaux rapides de deux minutes qui foncent dans le tas, aussi je ne puis que vous le conseiller sans attendre pour ceux qui aiment le vrai punk véritable... comme il doit l'être.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 17 septembre 2016

NORMA JEAN - Norma Jean Vs. The Anti Mother

Le titre exact de cet album paru en 2008 du groupe metal Norma Jean, originaire de la région d'Atlanta en Géorgie, est Norma Jean Vs. The Anti Mother mais comme on l'appelle plus communément et simplement The Anti Mother, c'est ce titre plus commode que j'utiliserai pour me référer à l'album que j'ai décidé de critiquer cette semaine. Le nom Norma Jean provient du nom véritable de naissance de Marilyn Monroe qui a aussi inspiré le nom d'emprunt de Marilyn Manson. Pour moi, Norma Jean est un groupe difficile à classifier pour mes oreilles, aussi je considère plus généralement qu'il s'agit ici d'un groupe d'extreme metal en raison du caractère extrême et jusqu'au-boutiste de sa musique. C'est suffisamment barbare, c'est du metal sauvage et agressif où le chanteur passe son temps à crier et où les mélodies se font rares parmi tout ce boucan. En vérité, la plus mélodique des chansons de cet album The Anti Mother serait peut-être Robots 3 Humans 0. Même là, la mélodie est décadente à souhait, ce n'est pas parce que c'est mélodique que ça en fait une chanson de musique pop! On est bien loin de Britney Spears. Le style de Norma Jean cumule diverses influences dont le sludge metal, le metalcore, le grunge, le post-hardcore et le nü metal. Il me fait même penser au style anarchique de Despised Icon et son album épouvantable The Healing Process (voir ma critique de The Healing Process du 9 avril 2016). The Anti Mother est bruyant, cacophonique, désespéré, violent et complètement chaotique. Même les titres funestes des chansons sont révélateurs de la musique: on n'a qu'à penser à Murphy Was An Optimist...! Ce n'est pas jojo, ce tintamarre. Écoutez la bestialité d'un morceau aussi brutal et effréné que Birth Of The Anti Mother par exemple, vous m'en direz des nouvelles. Pour ce qui est de hurler et de faire du tapage, The Anti Mother de Norma Jean vous satisfera absolument. Cela n'empêche pas que tout ce chaos infernal de décibels est en fait très structuré. C'est ainsi que Birth Of The Anti Mother a sa réponse deux chansons plus loin avec Death Of The Anti Mother et que Surrender Your Sons... se poursuit trois chansons après avec ...Discipline Your Daughters. La dernière chanson, quant à elle, dure près de neuf minutes et demie mais la deuxième moitié de la chanson se fait presque silencieuse, avec une petite musique douce et triste au loin pour décanter ce que l'on vient d'entendre. Par ailleurs, Norma Jean a des invités de marque sur son album-concept, comme Page Hamilton du groupe Helmet mais surtout Chino Moreno du groupe Deftones que l'on peut entendre sur Surrender Your Sons... et qui apporte avec lui ses perturbations mentales que l'on retrouvait sur l'album White Pony, un petit chef d’œuvre qui m'avait à l'époque laissé carrément pantois (voir ma critique de White Pony du 11 février 2012). On constate alors que la voix de Chino Moreno est beaucoup plus intéressante que celle de Cory Brandan, chanteur de Norma Jean. En fait, il est difficile de surpasser Deftones alors la comparaison est un peu injuste puisque Cory Brandan a quand même beaucoup d'intensité dans sa voix. Sans être aussi génial que White Pony, l'opus The Anti Mother de Norma Jean est donc assez intéressant pour justifier que j'en fasse mention sur ce blog. Il est paru sur l'étiquette Solid State Records basée à Seattle, ville du grunge, alors que des chansons issues de The Anti Mother évoquent ce style, comme par exemple Death Of The Anti Mother qui débute un peu comme du Alice In Chains. En résumé, The Anti Mother est un album certes difficile d'accès pour le mélomane mais sa charge émotionnelle fait en sorte qu'on ne peut l'ignorer. Quiconque aime le son cru des guitares et les voix torturées se doit de découvrir ou de connaître Norma Jean et son album The Anti Mother, un album résolument anti-commercial...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 10 septembre 2016

GALLOWS - Orchestra Of Wolves

Tandis que durant les années 2000 la plupart des groupes se cantonnaient dans le post-hardcore, le screamo ou le metalcore, nos amis de Gallows préféraient le punk revival. C'est ce que l'on constate à l'audition de l'album Orchestra Of Wolves, paru en 2006 initialement mais réédité avec des chansons en bonus à l'été 2007 sous la réputée étiquette Epitaph. Puisque c'est cette réédition que je détiens dans ma vaste collection de disques, c'est bien entendu celle-ci que je vais critiquer pour vous. La version que je possède contient quinze titres au total mais il faut savoir que la piste intitulée Last Fight For The Living Dead n'est en réalité qu'une brève introduction instrumentale d'une durée d'une minute à la pièce suivante au titre improbable et interminable Just Because You Sleep Next To Me Doesn't Mean You're Safe. Par contre, à la fin de l'album de Gallows, après la dernière chanson inscrite à l'endos qui est en réalité la fameuse reprise de Nervous Breakdown de Black Flag, on a un silence de dix minutes avant une autre reprise, celle d'un excellent morceau du groupe The Ruts qui s'intitule Staring At The Rude Bois. Ainsi, on a donc bel et bien quinze chansons sur Orchestra Of Wolves, avec en plus une plage instrumentale d'une minute si vous voulez. La durée complète de cet opus de Gallows, incluant le silence de dix minutes, dépasse l'heure. C'est certes un fort long album, ce qui est inhabituel pour un album de musique punk. Mais étant donné que la musique de Gallows est de qualité, on ne trouve pas que le temps est long. Gallows puise son inspiration dans le punk d'origine des années '70, lui ajoutant quelques jeux rythmiques occasionnels. On peut ouïr ce style délibérément rétro tout au long de l'album. Le son est plutôt cru, pas vraiment léché, et le chanteur passe son temps à crier. Ce n'est pourtant pas un album difficile, le mélomane moyen peu habitué au punk rock pouvant y trouver malgré tout son compte, pour autant qu'il soit ouvert d'esprit un tantinet. D'une certaine façon, Gallows tient la juste mesure entre punk commercial et punk pur et dur, sans sacrifier son intégrité ou son authenticité. C'est un bon album de punk comme on les aime, avec des guitares agressives mais pas trop, un chanteur qui est capable de crier dans le micro et une batterie d'enfer. Le début de l'album, avec la pièce féroce Kill The Rhythm, établit dès le départ que ce ne sera pas un album pop punk à la con comme blink-182. Au contraire, la chanson se fait violente et outrancière, exacerbée par des rythmes heurtés et une guitare presque sale. Ce n'est pas là forcément original mais au moins très efficace pour démarrer un album d'une heure de musique discordante. Gallows utilise parfois des harmonies dissonantes en plus de ses rythmes stressants, ce qui rehausse l'aspect agressif sans recourir à la vitesse ou au volume sonore. Bien sûr, on ne peut toutefois pas comparer Orchestra Of Wolves avec un album aussi original et innovateur que The Shape Of Punk To Come de Refused dont j'ai fait la critique récemment (voir ma critique de The Shape Of Punk To Come du 6 août 2016), éminemment plus hermétique et difficile d'accès, oui, presque trop élitiste. L'album de Gallows est simplement un bon album de punk comme il s'en fait peut-être malheureusement de plus en plus rarement, les groupes préférant se tourner vers des styles plus modernes de punk et de hardcore à la mode. Orchestra Of Wolves n'est pas à la mode, peut-être même un peu anachronique, mais réjouissant à entendre. Voilà un album qui mérite certainement de se faire connaître par l'amateur de punk, peu importe qu'il soit ou non un connaisseur...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 15/20

samedi 3 septembre 2016

FROM FIRST TO LAST - Heroine

En 2006, From First To Last a fait paraître un album fort intéressant intitulé Heroine et qui a retenu mon attention cette semaine. Cet album de post-hardcore plutôt théâtral doit beaucoup en fait au tempérament histrionique de son chanteur, le dénommé Sonny Moore, qui a d'ailleurs donné son nom de famille à la pièce Waltz Moore qui se retrouve sur l'album Heroine. Sa façon de chanter est très particulière, se faisant tantôt plaintive, tantôt impérieuse, mais toujours animée par un certain sentiment d'urgence. Sa voix nous interpelle, à tout le moins moi, elle m'a interpellé. Ce ne serait rien si les compositions n'étaient pas solides; or, elles le sont. From First To Last débute son album Heroine avec Mothersound, une pièce énergique qui se termine par un solo de guitare électrique qui déconne. Les premières chansons sont généralement excellentes mais la musique évolue au fur et à mesure qu'on avance dans l'album, faisant en sorte qu'on a jamais une mauvaise impression qu'elle soit linéaire ou redondante. Au contraire, l'inspiration de From First To Last est toujours renouvelée et parvient même à nous surprendre. Vers la fin de l'album, dans les dernières et ultimes chansons de Heroine, le style se fait davantage expérimental, ce que n'a pas osé Sum 41 sur son album Screaming Bloody Murder que j'ai critiqué la semaine dernière (voir ma critique de Screaming Bloody Murder du 27 août 2016). Par exemple, avec la pièce Waves Goodbye, c'est au tour de l'équipement électronique de déconner avant de terminer la chanson. From First To Last aime bien déconner, que ce soit à la guitare ou aux percussions électroniques, mais le groupe est généralement assez sérieux dans sa musique. C'est à la fois noir et théâtral, dramatique et urgent, rarement souriant. C'est en tous cas du post-hardcore comme je n'en ai pas entendu souvent dans ma relative courte nouvelle vie de mélomane de ce style pour adolescents (j'écoutais Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) avant cela)...! Je considère par ailleurs que From First To Last est plus crédible dans le rock qu'il nous propose que Bring Me The Horizon et son album extrêmement adolescent There Is A Hell Believe Me Ive Seen It. There Is A Heaven Lets Keep It A Secret dont j'ai déjà fait une critique sur ce blog (voir ma critique de There Is A Hell Believe Me Ive Seen It. There Is A Heaven Lets Keep It A Secret du 23 janvier 2016), tout en faisant preuve de plus d'originalité. J'ai bien aimé Heroine et je le conseille évidemment, mais sachez qu'en n'étant pas un album de post-hardcore commercial typique, il peut désorienter certains auditeurs. C'est en outre un style qui peut ne pas plaire à tout le monde. Je ne dirais pas qu'il s'agit d'un album hermétique mais il faut un peu d'ouverture d'esprit pour écouter cet album de From First To Last. Pour finir, si vous songez à vous procurer le CD, il faut savoir que la couverture blanche de l'album qui est illustrée ici est en réalité la couverture de l'étui de carton dans lequel le boîtier de plastique du CD est inséré. La couverture du livret dans le boîtier est identique à celle de l'étui, sauf qu'elle est noire, ce qui était exactement le cas aussi pour l'album Antics de Interpol que j'ai critiqué cet été (voir ma critique de Antics du 16 juillet 2016). D'ailleurs, le CD lui-même, chose assez rare il faut en convenir, est également noir sur les deux faces, même celle habituellement en miroir sur laquelle le lecteur lit les données audio du CD. Voilà donc un bel objet à collectionner pour les génies en herbe de la musique qui comme moi, aiment collectionner les CD de musique rock. Il ne me reste alors plus qu'à vous souhaiter une bonne écoute et au plaisir que vous veniez me lire la semaine prochaine!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 16/20

samedi 27 août 2016

SUM 41 - Screaming Bloody Murder

Sum 41 est un groupe que j'ai déjà apprécié à l'époque, au début des années 2000, pour son mariage loufoque ou parfois sérieux du punk avec le metal. C'était bien avant la publication de Underclass Hero, un album que Sum 41 aurait dû ne jamais produire. Underclass Hero était parfaitement abominable, prétentieux et tellement vide que j'en ai eu des cauchemars (voir ma critique de Underclass Hero du 24 août 2013). Avec Screaming Bloody Murder, le célèbre groupe punk canadien Sum 41 remet ça de plus belle et fait une suite à Underclass Hero, tout comme Green Day avait fait une suite à American Idiot avec son œuvre 21st Century Breakdown (voir ma critique de 21st Century Breakdown du 1er septembre 2012). Tandis que Green Day avait baissé d'un cran la qualité de son album suivant, Sum 41 nous offre plutôt avec Screaming Bloody Murder quelque chose d'un peu moins catastrophique. Certes, il n'y a pas lieu de crier au génie mais je m'attendais à bien pire à cause de l'épouvantable naufrage de Underclass Hero. C'est ainsi que Screaming Bloody Murder est encore un album-concept qui avoisine l'opéra rock, avec même en son centre un morceau tripartite intitulé A Dark Road Out Of Hell qui est constitué de trois chansons. On voit que Sum 41 avait beaucoup d'ambition pour son nouvel album et même si le résultat est évidemment bien en deçà de ce que peut faire Green Day dans le même genre, il demeure que Deryck Whibley, chanteur de la formation, a eu le courage de mettre ses tripes sur la table et nous livre un produit en fin de compte plus convaincant avec Screaming Bloody Murder. C'est d'ailleurs Deryck Whibley qui a réalisé l'album par lui-même et le résultat est assez réussi, arborant une sonorité plus crue et dépouillée comme celle des albums de Rick Rubin. Il n'empêche que l'instrumentation typique des opéras rock avec piano et tout le tralala n'est pourtant pas écartée, nous donnant finalement l'album de Sum 41 qui sonne le moins punk de toute sa prolifique production. Il y a même en fait de bons vieux rock'n'roll bien tapés sur l'album, comme Time For You To Go ainsi que Baby You Don't Wanna Know. Malgré tout, Screaming Bloody Murder n'évite pas certains clichés, mais Underclass Hero nous avait si désappointés qu'on est prêt à pardonner ici Sum 41. Il semble que Deryck Whibley soit plus sincère, ou du moins essaie d'être plus sincère, un peu comme sa petite copine Avril Lavigne sur son album Goodbye Lullaby (voir ma critique de Goodbye Lullaby du 28 février 2015). D'ailleurs, c'est la rupture amoureuse très médiatisée au Canada entre Deryck et Avril qui est à l'origine du concept de Screaming Bloody Murder. C'est bizarre mais Goodbye Lullaby et Screaming Bloody Murder se ressemblent quelque peu, les deux albums ayant pour points forts la beauté du son et de la réalisation ainsi que la sincérité des principaux protagonistes, mais aussi comme points faibles les clichés et l'aspect prétentieux. En outre, l'album de Sum 41 est un peu redondant à cause des tonalités utilisées. Bref, Screaming Bloody Murder n'est pas vraiment une réussite, pas plus qu'un album brillant de la discographie de Sum 41 (écoutez l'album Chuck, c'était bien meilleur), surtout parce qu'il y a une accumulation de clichés et d'idées musicales mal développées (écoutez la chanson Blood In My Eyes où la musique se met à déconner vers le milieu mais ne va nulle part). Somme toute, Screaming Bloody Murder de Sum 41, paru à la fin de la carrière du groupe en 2011, est un album assez frustrant, avec des plus et des moins, qui était prometteur en théorie et aurait pu être totalement bon mais qui ne l'est malheureusement qu'à moitié...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 14/20

samedi 20 août 2016

FUNERAL FOR A FRIEND - Juneau

J'en ai raconté des conneries. En cinq ans d'existence, ce blog a vu passer les critiques de Radiohead, Pixies, System Of A Down, Cannibal Corpse, Nightwish, Alanis Morissette, Primus, Three Days Grace, Franz Ferdinand, The Beatles, Natalie Cole, LeAnn Rimes, Oasis, Metallica, j'en passe et des meilleures... Pas toujours pertinentes, j'en conviens, et éminemment subjectives, certes, mais je l'espère agréables à lire pour le lecteur que vous êtes. Ce qu'il y a de bien avec l'Internet, c'est que n'importe quel zouave de mon espèce peut s'improviser critique de musique et publier ses âneries sur son blog...! Cela fait donc cinq ans aujourd'hui que je démarrais ce blog parfois zinzin, parfois sérieux, le samedi 20 août 2011, avec comme sujet l'intéressant album I Should Coco de Supergrass, alors je puis dire que de l'eau a bien coulé sous les ponts. Au début, je publiais parfois une critique le mercredi alors que maintenant, ça s'est standardisé pour une parution hebdomadaire le samedi, et mes critiques se sont fort allongées (il suffit de lire mes premières critiques pour s'en rendre compte). Bref, le blog a évolué, dans le bon sens du terme espérons-le, et je suis prêt, si Dieu le veut (bah, je ne crois même pas en Dieu), pour cinq autres années de conneries bien écrites. Alors, quoi dire de plus, sinon que je souhaite à tout le monde un joyeux cinquième anniversaire!!! Pour ma critique d'aujourd'hui, je serai succinct puisqu'il s'agit d'un album un peu particulier, c'est-à-dire qu'on a affaire à un EP de seulement trois chansons qui totalisent moins de onze minutes de musique. Publié en 2003 par le groupe Funeral For A Friend, cet EP est surtout destiné à faire connaître la chanson Juneau qui semble être leur plus grand succès à ce jour. À vrai dire, cela m'embête un tantinet car je ne vois pas vraiment en quoi cette pièce aux allures post-hardcore, voire pop punk, pourrait bien avoir de spécial... C'est peut-être une jolie chanson mais n'a-t-on pas déjà entendu cela cent fois? Pourtant, tout tourne autour de Juneau puisque les deux autres chansons sur le EP de Funeral For A Friend servent bien sûr de cartes de visite à la formation mais paraissent bien dépareillées en la circonstance. En effet, la chanson qui suit Juneau est beaucoup plus agressive et ne convient pas ici. Le chanteur y déconne de façon très douteuse avec sa voix et les guitares sont franchement calamiteuses. Intitulée Getaway Plan, elle se retrouve de toute façon sur un autre EP du groupe, Seven Ways To Scream Your Name que je possède aussi à la maison (attention aux doublons). C'est aussi le cas de la dernière pièce du EP Juneau, la pièce très mal enregistrée Kiss & Make Up (All Bets Are Off) pour Radio One Rock Show qui se retrouve donc elle aussi sur Seven Ways To Scream Your Name. Évidemment, la chanson Juneau ne se retrouve pas seulement sur le EP Juneau mais aussi sur Casually Dressed & Deep In Conversation. Bref, si on possède quelques albums de Funeral For A Friend, il est fort à parier qu'on possède déjà les trois chansons décousues du EP que je critique cette semaine. Juneau est donc un EP parfaitement oubliable, et vous pouvez vous en foutre comme de l'an quarante. Bien sûr, moi je l'ai acquis quand même, parce que je suis un collectionneur de musique, mais à quoi bon écouter un album qui ne fait même pas onze minutes? Je préfère écouter mon album Seven Ways To Scream Your Name, plus long et plus complet. Je finirai sûrement par le critiquer un de ces jours, alors restez à l'affût! En attendant, je suis obligé d'avouer que je considère Juneau de Funeral For A Friend comme étant un album totalement superflu, que ce soit pour connaître le groupe ou pour découvrir le post-hardcore, un peu comme l'était l'insipide album vert de Weezer (voir ma critique de Weezer (green album) du 23 février 2013)! Pour ceux qui aime le rock insignifiant, je leur conseille donc Juneau, de même que l'album vert de Weezer! Bonne écoute!

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 10/20

samedi 13 août 2016

ALEXISONFIRE - Alexisonfire

Je me souviens quand cet album est paru en 2002, je trouvais ça vraiment innovateur. Depuis lors, on peut dire que Alexisonfire a fait bien des émules. Cette formation ontarienne de post-hardcore aux accents emo et screamo est vraiment épatante. La façon bien personnelle de calibrer les épisodes en screamo avec la voix chantée très expressive par-dessus a été mise au point avec bonheur par Alexisonfire dès son premier album homonyme. C'est possiblement le meilleur album du groupe, si ce n'est à tout le moins le plus marquant. En fait, il y a trois chanteurs dans la formation originale, soit un gars qui crie en screamo, un gars qui chante avec la voix clean et un gars qui parle. Souvent, les deux premiers interviennent en même temps, sans qu'il n'y ait trop de confusion. Toutefois, il est vrai qu'il est assez difficile de comprendre les paroles en mode screamo, mais elles ne rendent pas le texte chanté inintelligible. C'est sûrement le point fort de cet album d'Alexisonfire, ce qui le rend si attrayant: le mélange contrapuntique des diverses manières de s'exprimer oralement est fort réussi. Je n'avais pas entendu cela très souvent en 2002. Le rôle dévolu aux guitares chez Alexisonfire passe donc au second plan, malgré un accompagnement efficace qui sait être agressif ou doux quand c'est le temps. Il y a, dans les épisodes plus doux, une sorte de poésie musicale fort grisante, ce qui donne de la profondeur à cet album qui ne serait fait que de cris insensés si ce n'était pas le cas. Prenez par exemple la magnifique introduction de la première pièce, 44. Caliber Love Letter: c'est vraiment beau. On pourrait aussi mentionner le piano à la fin de Adelleda qui est inusité pour un album de post-hardcore. Voilà ce que j'appelle du rock intelligent, qui peut être musclé et montrer les dents mais qui sait aussi exprimer des émotions plus subtiles. En outre, Alexisonfire est un album dont l'influence s'est fait sentir chez plein de groupes que j'adore comme par exemple SikTh et son excellent album Death Of A Dead Day (voir ma critique de Death Of A Death Day du 2 avril 2016). Le seul reproche que je ferais à ce bel album d'Alexisonfire est qu'il devient légèrement redondant vers la fin, on aimerait avoir plus de surprises. Cette impression est amplifiée par la voix en screamo qui devient un peu monotone à la longue. Il y a moins de diversité que certains autres albums même si le tempo change d'une chanson à l'autre et les mélodies ne sont pas les plus accrocheuses que j'aie entendues: en fait, la chanson la plus accrocheuse sur Alexisonfire est possiblement Waterwings (And Other Pool Side Fashion Faux Pas) avec son tempo rapide et très entraînant. Il n'empêche que Alexisonfire est un album qui a contribué à faire avancer le style post-hardcore en l'emmenant dans les territoires du screamo et de la musique plus expérimentale. Même aujourd'hui, malgré l'évolution intensive du genre dans les décennies 2000 et 2010, ce premier opus d'Alexisonfire s'écoute encore très bien et ne paraît pas trop daté ou obsolète, chose remarquable pour un style où les groupes tendent habituellement à se ressembler et à tomber dans l'oubli les uns après les autres. Alexisonfire a su résister au passage du temps en nous proposant un album indémodable et toujours aussi grisant à écouter. C'est la raison pour laquelle je le considère comme le meilleur album du groupe, même s'il n'est pourtant pas mon préféré (j'aime tous les albums d'Alexisonfire et il y en a d'autres qui me plaisent encore plus que cet album homonyme); je sais reconnaître la qualité quand elle se manifeste. Bref, il faut absolument connaître cet album si on s'intéresse à ce type de musique ou bien si on est originaire du Canada. Comme ces deux conditions sont le cas pour moi, il va de soi que je lui accorde une cote assez élevée même si l'album manque un peu de variété à mon goût. J'espère néanmoins que cela ne vous fera pas reculer devant l'éventualité d'une acquisition. Ce serait trop bête. Pour l'originalité, l'expressivité et l'innovation d'un tel album, Alexisonfire du groupe Alexisonfire est certes un incontournable de la musique post-hardcore de ce siècle à posséder chez soi.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20

samedi 6 août 2016

REFUSED - The Shape Of Punk To Come

Avec un titre pareil, on voit tout de suite que les rockers suédois de Refused avaient de l'ambition pour cet album. Redéfinir la nature même du punk à l'époque où les groupes punk populaires à MTV s'appelaient blink-182 ou bien Green Day (The Shape Of Punk To Come est paru en 1998) était nécessaire à cause de la puérilité dans laquelle s'était enfoncé le punk. Comme on était loin des Sex Pistols et The Clash à la fin du siècle! The Shape Of Punk To Come tourne radicalement le dos à ce punk adolescent qui avait plus à voir avec la pop manufacturée du groupe N*Sync que la révolte des Dead Kennedys. À la place, Refused s'inspire d'un tas de trucs différents allant de la littérature marxiste à la musique jazz, portant le fanion de la révolution punk à bout de bras. On trouve sur The Shape Of Punk To Come des instruments totalement inhabituels dans le punk comme par exemple du saxophone et un jeu de batterie jazz au début de la pièce The Deadly Rythm et du violon avec archet ainsi que de la contrebasse en pizzicato sur le medley Tannhäuser/Derivè... Remarquez les erreurs d'orthographe, il y en a plusieurs autres dans la liste des chansons à l'endos de l'album (Bruitist Pome #5 ainsi que The Apollo Programme Was A Hoax par exemple), chose étonnante puisque les membres de Refused sont instruits et lettrés. Il y a ce quelque chose de brouillon comme le punk doit l'être et ces erreurs participent à cette impression que crée The Shape Of Punk To Come. En outre, l'instrumentation expérimentale de Refused se double de jeux rythmiques complexes comme sur la pièce The Deadly Rythm, libérant l'expressivité du rythme qui est souvent simpliste dans le punk traditionnel. La mélodie s'efface au profit du rythme, un peu comme c'est le cas avec le compositeur Igor Stravinski (1882-1971). Certaines chansons de cet étonnant album de Refused sont passablement expérimentales, comme Bruitist Pome #5 et Tannäuser/Derivè, mais ma préférée est Protest Song '68, elle aussi parmi les plus évoluées musicalement avec ses accords dissonants inusités. D'autres chansons, par contre, sont plus près de ce que l'on s'attend d'un album punk, la plus accessible étant New Noise qui a d'ailleurs été choisie pour faire connaître l'album au public et dont le clip pique la curiosité. On y voit les membres de Refused dans divers accoutrements et l'effet recherché de dépaysement est particulièrement réussi. Allez regarder ce clip franchement épatant, un de mes préférés depuis l'apparition de MTV en 1981. New Noise a été la première chanson de Refused que j'ai appris avant même d'écouter l'album en entier mais il y a aussi la pièce Summerholidays Vs. Punkroutine que je connaissais déjà puisque je l'avais entendue sur la compilation Punk-O-Rama 4 de la prestigieuse étiquette Epitaph. J'adore leurs compilations annuelles et j'avais fait en passant une critique de Punk-O-Rama 8 il y a quelques années (voir ma critique de Punk-O-Rama 8 du 15 septembre 2012). Refused termine son album dans la douceur après avoir semé la pagaille, un peu comme l'album Fever To Tell de Yeah Yeah Yeahs (voir ma critique de Fever To Tell du 26 mai 2012), comme quoi le groupe tient à s'éloigner des clichés associés au style punk. The Shape Of Punk To Come a eu une influence sur plusieurs artistes qui ont suivi et on peut entendre son héritage jusque chez Queens Of The Stone Age avec leur album Songs For The Deaf (voir ma critique de Songs For The Deaf du 12 octobre 2013) puisque le concept radiophonique du groupe de Josh Homme semble inspiré de la fin de la pièce Faculties Of The Skull Refused cherche un canal sur un poste de radio avant de tomber sur une station hispanophone... Il y a du bruit, du jazz et beaucoup de culot sur The Shape Of Punk To Come et c'est un album qui ne doit manquer à la culture d'aucun mélomane. Bref, si le pop punk de Good Charlotte et de Simple Plan vous emmerde, sachez qu'il y a eu de la musique de qualité avant cela, comme l'album The Shape Of Punk To Come de Refused...

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 19/20

samedi 30 juillet 2016

THRICE - The Alchemy Index Vols. III+IV

Thrice poursuit son exploration musicale et littéraire des quatre éléments traditionnels de la nature avec son album double The Alchemy Index Vols. III+IV. Ce nouvel opus, comme c'était également le cas pour The Alchemy Index Vols. I+II dont j'ai fait la critique élogieuse la semaine dernière (voir ma critique de The Alchemy Index Vols. I+II du 23 juillet 2016), est constitué de deux volumes qui sont en réalité deux EP de six chansons chacun, le troisième volume étant consacré à l'air tandis que la terre occupe le propos du dernier volume. Encore une fois, c'est un pari risqué mais Thrice remporte une fois de plus sa gageure. C'est qu'il n'est pas forcément facile de représenter musicalement des thèmes aussi insaisissables que l'air et la terre tout en étant intéressant, chose encore plus vraie que pour le feu et l'eau qui étaient les thèmes des deux premiers volumes. En effet, ça prend le génie du compositeur Antonio Vivaldi (1678-1741) pour parvenir à intéresser avec le thème de ses célébrissimes Quatre Saisons par exemple. Pourtant, Thrice y parvient très bien, les cas les plus évocateurs étant par exemple A Song For Milly Michaelson et surtout As The Crow Flies pour l'air alors que Thrice a recours principalement au style folk, voire à la musique country, pour son élément de la terre. La pièce A Song For Milly Michaelson pourrait, quant à elle, figurer sur un album de Radiohead! On est très loin du punk des origines qui alimentait l'inspiration de Thrice quelques années auparavant. Il n'y a en fait rien de punk sur The Alchemy Index Vols. III+IV alors qu'il en restait un peu pour le volume du feu. La nouvelle exploration musicale de Thrice était déjà audible avec le volume de l'eau qui plongeait dans les sons électroniques et se poursuit donc avec le volume de l'air, au style alternatif, ainsi qu'avec celui de la terre très axé sur les guitares sèches et acoustiques. En fait, la seule pièce de la terre qui ne soit pas jouée à la guitare acoustique est The Lion And The Wolf au piano, une curieuse comptine pour enfants dont les paroles sont épouvantablement horrifiantes. Ce contraste entre la musique enfantine et les paroles de Thrice, qui font encore plus peur que Le Petit Chaperon Rouge, est admirablement rendu et réussi. Malgré cela, The Alchemy Index Vols. III+IV est moins génial que The Alchemy Index Vols. I+II, mais il faut dire que c'était difficile de répéter l'exploit d'un album double aussi incroyable que celui des deux premiers volumes. Le quatrième volume de Thrice, celui de la terre, est un peu plus traditionnel et prévisible, et donc moins étonnant. C'est probablement le moins intéressant des quatre volumes, même s'il est très inspiré et expressif, ce qui ne l'empêche pas d'obtenir une note appréciable de 16/20 qui correspond selon mes standards à un disque malgré tout fort intéressant. Le troisième volume atteint quant à lui 17/20 alors si on fait la moyenne et qu'on arrondit, on obtient une note d'appréciation de 17/20 pour The Alchemy Index Vols. III+IV, ce qui est un résultat moindre que celle pour The Alchemy Index Vols. I+II. Il faut néanmoins se procurer absolument les deux albums doubles afin d'avoir l'ensemble des quatre thèmes traités par Thrice mais aussi pour la magnifique musique des deux derniers volumes. En fait, le principal défaut de The Alchemy Index Vols. III+IV est qu'il ne totalise que trois quarts d'heure si on additionne les deux volumes, et certaines chansons sont trop courtes. Par exemple, la pièce qui clôt le volume de l'air, Silver Wings, ne dure que deux minutes et aurait gagné à être moins laconique. On a l'impression que la chanson est inachevée. Quant au volume de la terre, il y a une minute inexplicable de silence à la toute fin et encore là, il y aurait pu avoir de la musique à la place. Qu'à cela ne tienne, les quatre volumes ensemble dépassent la durée d'une heure et demie, ce qui est satisfaisant même si on en redemanderait encore plus. Paru en 2008, six mois après The Alchemy Index Vols. I+II, l'extraordinaire album double The Alchemy Index Vols. III+IV de Thrice mérite qu'on s'y arrête pour qu'on puisse enfin juger de la qualité du travail de ce groupe vraiment bourré de talent. De par sa puissance d'évocation, sa profondeur, l'originalité de sa démarche et sa musique néanmoins accrocheuse et accessible, Thrice prouve avec The Alchemy Index Vols. III+IV qu'il est un groupe majeur mais pourtant sous-estimé de la décennie 2000.

COTE D'APPRÉCIATION PERSONNELLE: 17/20